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Auteur : Ammar BELHIMER

« Irreal politik »

Ammar BELHIMER

Roland Lombardi, consultant indépendant, associé au groupe d’analyse de JFC Conseil, revient sur la prise de Palmyre, la « Perle du désert », en Syrie, par les hordes de Daesh depuis le 30 mai dernier.

La question pertinente qu’il se pose est dans le titre de sa contribution : « Palmyre : otage de Daesh ou des Occidentaux ? »(*). La prise de Palmyre et les relatives « victoires » de Daesh en Syrie et en Irak sont associées à de l’« irreal politik » et aux « flottements stratégiques » des deux piliers de la coalition internationale que sont la France et les Etats-Unis. S’agissant des « flottements stratégiques », l’auteur de l’article rappelle : « Les stratèges occidentaux, plus pragmatiques et réalistes que leurs dirigeants, le savent pertinemment : il n’y aura pas de victoire sur Daesh sans Assad et surtout son puissant allié iranien, voire même la Russie ! » Aussi, ne faut-il pas « enterrer trop vite le maître de Damas », relève encore Roland Lombardi. Une remarque pertinente que semble continuer d’ignorer le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, et certains autres responsables français qui réitèrent « les sempiternelles sornettes que leur soufflent aux oreilles (…) Lire la suite »

Nasrallah s’attaque au takfirisme

Ammar BELHIMER
Aucun dogme, de quelque nature qu’il soit, ne peut transcender durablement les intérêts fondamentaux, nécessairement contradictoires, qui s’opposent parmi ses adeptes. Le discours religieux emprunte, lui aussi, forcément, la voie étroite de ces intérêts. S’agissant plus particulièrement de ce qui incarne les aspirations à la dignité et à la justice sociale, le Hezbollah incarne, à bien des égards, tout à la fois la vieille gauche radicale arabe, le réformisme religieux et le nationalisme le plus conséquent. Il est, à lui seul, plus performant que tous les syndicats, les partis et associations de gauche du monde arabo-islamique réunis. Depuis qu’il a brisé le mythe de l’invincibilité de l’armée d’Israël au cours de la deuxième guerre du Liban, il a gagné l’estime et le respect de larges secteurs de l’opinion publique, dans le monde arabe et au-delà. Une lecture attentive des deux derniers discours de son leader témoigne de la constance de positions fondées sur une analyse lucide (…) Lire la suite »

Le fil conducteur

Ammar BELHIMER
Le capitalisme financier a-t-il enfanté une nouvelle structure sociale radicalement différente de celle qui a accompagné l’ère industrielle du même système ? Oui, si l’on croit Jean-Marc Vittori, éditorialiste au quotidien parisien de l’économie, Les Echos (*). « Le salariat était parfaitement adapté à l’usine du XXe siècle. Il correspond de moins en moins à l’organisation de la production du XXIe siècle ... et aux aspirations de ceux qui travaillent », argumente-t-il. Une « énorme vague » que « personne ne voit arriver » est résumée ainsi : « Les gouvernants, leurs opposants, les partenaires sociaux d’hier débattent de la meilleure façon de relancer l’emploi. Mais le travail change. Il change en profondeur. Il va changer dans les années qui viennent comme jamais depuis la dernière révolution industrielle. Encourager l’emploi sans voir ce bouleversement à venir, c’est ne pas voir la vague. » Le travail, « qui a pris différentes formes au cours du temps », est profondément (…) Lire la suite »

Menaces sur l’État-nation

Ammar BELHIMER
Un récent ouvrage de l’universitaire canadien, le professeur Michel Chossudovsky, connaît un énorme succès sur la Toile altermondialiste (*). Il remet au goût du jour une ancienne thèse soutenant que les différents conflits auxquels nous assistons aujourd'hui en Ukraine, en Syrie, en Irak, en Palestine ou ailleurs, relèvent d’un même agenda d’une simplicité ahurissante qui témoigne de la poursuite de l'hégémonie mondiale des États-Unis et de leurs alliés de l'Ouest sur les autres régions du monde. La préface de l’ouvrage revient sur la notion de « globalisation de la guerre » comme projet hégémonique combinant les opérations militaires et de renseignement dans le Moyen-Orient, en Europe de l'Est, en Afrique sub-saharienne, en Asie centrale et en Extrême-Orient. L'agenda militaire américain est entièrement dévoué à la déstabilisation et la violation de la souveraineté des Etats. « Dans tous les pays analysés, l'intention a été de détruire, déstabiliser et appauvrir des pays (…) Lire la suite »

Les lignes bougent en Syrie

Ammar BELHIMER
L’implication, directe et féroce, de la Turquie dans la destruction de ce qui était considéré comme la perle de l’Orient ne fait déjà pas l’ombre d’un doute depuis déjà bien longtemps. Elle remonte à loin. En avril 2011, la direction du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir en Turquie s’est réunie à Ankara pour débattre des troubles qui viennent de secouer la Syrie. La réunion a porté sur les réactions du gouvernement à la répression, jugée sévère et violente, des manifestations anti-Bachar Al-Assad. Le magazine américain de politique internationale, Foreign Affairs, revient sous la plume d’Aaron Stein, sur les grands marqueurs des relations entre les deux voisins. Il rappelle, à juste titre, que depuis 2002, la Turquie accorde un soin particulier à entretenir « de bonnes relations » avec Damas, faisant valoir notamment que les régions du nord de la Syrie s’intègrent dans ce qu’elle appelle « l’arrière-pays » (« natural hinterland »). Jusqu’à ce fameux (…) Lire la suite »

A fonds perdus, l’OMC jubile

Ammar BELHIMER

Le rapport sur le commerce mondial, édition 2014, de l’Organisation mondiale du commerce pointe du doigt quatre grandes tendances qui n’ont pas échappé à Roberto Azevêdo, son directeur général, dans son avant-propos : des taux de croissance exceptionnels dans les régions du Sud, une expansion des chaînes de valeur mondiales, la hausse des prix des produits agricoles et matières premières et, enfin, la mondialisation des chocs macroéconomiques.

La première tendance identifiée est l’accélération de la croissance économique des pays en développement à un rythme soutenu depuis le début du siècle. Cette accélération s’est faite dans des proportions inattendues puisque, malgré de fortes variations d’un pays à l’autre, les taux de croissance moyens ont carrément triplé par rapport aux années 1990. La deuxième tendance est l’expansion des chaînes de valeur mondiales (CVM). Elle résulte naturellement du perfectionnement des technologies de communication et de la baisse des coûts de transport ; autant de facteurs qui ont facilité le « dégroupage » des tâches au niveau international. « Ainsi, des tâches qui étaient naguère exécutées dans une seule usine ou un seul pays sont de plus en plus fractionnées entre différents pays pour tirer parti de leurs compétences respectives et de leurs avantages en termes de coûts », se félicite l’OMC. Aussi, même si les chaînes de valeur mondiales sont généralement perçues comme une relation (…) Lire la suite »

Menaces sur la démocratie

Ammar BELHIMER
Selon un sondage Gallup sur la confiance qu’accordent les Américains à leurs institutions, le Congrès arrive à la dernière place, avec seulement 7 % des sondés qui disent avoir « une grande » ou « une assez grande » confiance envers lui(*). Le discrédit qui frappe une institution majeure et plusieurs fois centenaires, pourtant issue des urnes, surprend à plus d’un titre. Les autres institutions ne sont pas nettement mieux loties : la Cour suprême n’inspire confiance qu’à 30 % des Américains, la présidence 29 %, les écoles publiques 26 %, les journaux et les syndicats 22 %. Curieusement, c’est l’armée qui arrive en tête, à 74%, suivie par les PME (62%) et la police (53%). A première lecture, ces chiffres donnent froid au dos, mais si l’on croit Dani Rodrik, professeur de sciences sociales à l’Institute for Advanced Study, Princeton, New Jersey, il ne faut pas s’inquiéter outre mesure de ces marques de défiance, de scepticisme ou de nihilisme (**). Pour lui, notre monde n’a (…) Lire la suite »

Les inégalités font débat

Ammar BELHIMER
« Le capitalisme au XXIe siècle » de Thomas Piketty – nous en avons rendu compte dans une de nos précédentes chroniques (*) – ne laisse aucune école de pensée indifférente. Succès de librairie en France et aux Etats-Unis (400.000 exemplaires y ont été déjà vendus), il commence à sonner le rappel des troupes néolibérales pour contenir son audience. Du côté des médias, Financial Times. Le quotidien financier publie le 23 mai dernier une mise en cause, qui se veut argumentée, de certaines données statistiques utilisées par l’économiste français, évoquant même des chiffres construits « à partir de rien ». Dans une autre lecture critique du livre, Kenneth Rogoff, professeur d’économie et des politiques publiques à Harvard University, précédemment « chief economist » au Fonds monétaire international de 2001 à 2003, trouve étranger le constat du jeune économiste français estimant que le monde n'a jamais été aussi inégal depuis le temps « des barons voleurs et des rois » (**). (…) Lire la suite »
« si vous vous mettez à écrire une histoire sociale des années Obama (...) vous constaterez que la race, qui a tout saturé, le fait comme jamais auparavant »

L’illusion Obama

Ammar BELHIMER
« Sonorité blanche, hommes politiques noirs ». C’est le titre d’une récente chronique de Melissa Harris-Perry dans l’une des rares publications progressistes des Etats-Unis, The Nation (*). « Que se passe-t-il lorsque l'expérience noire est reléguée à un bruit de fond ? », s’interroge-t-elle dans une réflexion qui lui a été inspirée par la révolte des étudiants afro-américains de Harvard ce printemps. Le mouvement estudiantin qui a largement attiré l’attention des médias nationaux avait pour mot d’ordre : « Moi, aussi, je suis d’Harvard ». On devine le sous-entendu : il n’y a pas qu’Obama comme ancien étudiant noir à pouvoir rêver d’un destin national ! Les organisateurs de la campagne précisent leurs doléances dans les termes suivants : « Nos voix vont souvent inaudibles sur ce campus, nos expériences sont dévaluées, notre présence est remise en cause. » C’est pourquoi ils se proposent de « revendiquer leur retour, réclamer leur campus, rester debout pour dire : "Nous sommes (…) Lire la suite »

Fin de mission pour le Qatar

Ammar BELHIMER
Les dirigeants du Golfe se rappellent des vertus de l’Unité arabe lorsqu’ils sont divisés ; et ils le sont souvent. Le récent conflit saoudo-qatari, né principalement d’une divergence d’approche sur l’évolution politique en égypte, n’est pas près de s’estomper. Doha soutient ouvertement les Frères musulmans, massivement et férocement pourchassés, après une brève escapade dans les arcanes du pouvoir central monopole historique de l’armée du Nil dans ce que Marx qualifiait de mode de production asiatique ; alors que Riyad voit en eux une menace stratégique au modèle de gouvernement (monarchie héréditaire) qu’elle préconise. Par ailleurs, la monarchie wahhabite ressent une sorte d’isolement régional accentué par le rouleau compresseur iranien et son soutien aux chiites. La marge de manœuvre saoudienne est, également, d’autant plus réduite que Washington développe sa propre ligne sur des dossiers vitaux pour le Royaume, qu’il s’agisse de la Syrie ou du nucléaire iranien. Pour (…) Lire la suite »