Le pacte signé entre l’Iran et les puissances mondiales pour cesser le programme nucléaire iranien a été le sommet d’une série de négociations secrètes entre Washington et Téhéran, débutées en mars dernier quand Mahmoud Ahmadinejad était encore président du pays. Du côté des USA, c’est un pas de plus dans la mise en œuvre de la « Doctrine Obama : le Retour vers l’Asie », qui tend à concentrer ses forces pour contenir la Chine dans la région Asie-Pacifique, réduisant du même coup le rôle du pays et de ses forces armées au Proche Orient. Au moment de la signature de l’accord, les avions militaires des USA survolaient la mer de Chine Orientale...
Il y a deux ans, des millions de personnes en Afrique du Nord et au Proche-Orient se sont levées pour obtenir la démocratie, politique mais aussi économique. Certains annoncèrent alors que l’islamisme touchait à sa fin [3]. De même, à la suite de la chute du gouvernement du Frère musulman Mohamed Morsi, provoquée par le soulèvement de 20 millions d’Égyptiens, réapparaît cette question : s’agit-il de la fin définitive d’un mouvement avide de pouvoir ? Il est étonnant qu’un an à peine ait suffi pour que les Égyptiens « musulmans » tournent le dos à une organisation qui, cantonnée dans l’opposition depuis 80 ans, apportait une aide sociale aux plus démunis. Mais ceux qui appellent à la patience un peuple affamé ont, eux, la peau du ventre bien tendue.
Ils portent les prénoms des petits-fils de Mahomet : Hussein et Hasan, qui représentent deux manières différentes d’agir face à l’ennemi. Le premier, surnommé « le prince des guerriers », s’est lancé dans une bataille suicide pour le califat, et a perdu la vie dans une embuscade à Kerbala (Irak) en 608, alors que le second, voyant qu’il ne pouvait s’imposer face à Mu`âwîya Omeya et à sa puissante armée, a choisi de lui céder le pouvoir. Dans leur conflit, Hussein Obama et Hassan Rohani ont décidé de proclamer un cessez-le-feu, évitant ainsi une bataille qui serait mère de toutes les guerres. Si le premier, qui a nommé 25 fois l’Iran dans son discours devant l’ONU, parvient à empêcher l’entrée de ce pays dans le club nucléaire, il obtiendra son plus beau résultat en politique extérieure.
Si ce n’était en raison du nombre de réfugiés morts sur les côtes italiennes, qui a dépassé le plafond de la « normalité » (autour de 60 à 70 personnes), la tragédie des passagers de cette embarcation serait passée inaperçue. Deux ans auparavant, 61 réfugiés, incluant des enfants, ont fait naufrage au même endroit, à court de nourriture et de carburant, pendant qu’un porte-avion de l’OTAN les regardait sans sourciller. Sans noms, sans histoires d’amour ou d’intrigues, aucune chanson n’immortalisera leur voyage jusqu’à la mort, personne ne fera de film sur ces hommes et femmes courageux, capables de risquer leurs vies, non seulement pour réaliser leurs rêves, mais pour aider leurs familles et anoblir, au passage, l’histoire de la civilisation humaine.