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Auteur : Hind AISSAOUI BENNANI

Maroc : regards croisés sur une révolution en marche.

Hind AISSAOUI BENNANI

Lorsque je suis arrivée à Casablanca, le 20 janvier 2011, Ben Ali venait de tomber sous la pression populaire. Le monde entier venait de prendre une leçon de refus de l’oppression et d’organisation collective. Simple, chirurgical et inespéré, cet événement allait en inspirer d’autres. Le 11 février, Moubarak tombait après 33 ans de pouvoir. Aujourd’hui même, alors qu’à Bahrein, en Lybie et en Jordanie, malgré la répression furieuse de l’archaïsme, les gens se battent pour arracher leurs droits les plus élémentaires, de jeunes Marocains préparent une journée de protestation. Le « mouvement du 20 février » est en marche pour exiger le changement. Le Maroc a une image plutôt positive en France. Il est, dans l’imaginaire de nombre d’entre nous, un pays où il fait bon vivre, où le pouvoir est certes ferme, mais bienveillant avec ses sujets. Pour mieux comprendre les revendications de la jeunesse marocaine et le Maroc de Mohammed VI, j’ai réuni Omar Radi, Aziz El Yaakoubi, Souad Guennoun et Hind Dadssi, journalistes pour les uns et militants altermondialistes pour les autres. Discussion croisée à Casablanca, mercredi 16 février dernier.

Omar et Aziz, je vous ai vus intervenir lors d'une table ronde sur les violences politiques au Maghreb dans la toute nouvelle école de gouvernance à Rabat. Vous étiez bien remontés. Pourtant, à lire la presse marocaine, le Maroc est une référence dans la région en matière de démocratie et à lire la presse française, ici on pratique un islam modéré. Alors, pourquoi vous crachez dans la soupe comme ça ? Omar Radi : Au Maroc, non seulement la situation sociale est catastrophique, mais il y a une absence totale de règles démocratiques, aussi bien au niveau de l'Etat que dans le secteur privé. Et la presse n'y échappe pas. Je ne peux pas parler pour la presse française, mais je peux affirmer que la presse marocaine ne peut en aucun cas traduire ou refléter ce qui se passe réellement ici. Et ce qui se passe ici, ça ressemble tout à fait à ce que les révolutions ont révélé des sociétés tunisienne et égyptienne. Aziz El Yaakoubi : J'ajouterais que le problème c'est le système politique (…) Lire la suite »