Lorsque je suis arrivée à Casablanca, le 20 janvier 2011, Ben Ali venait de tomber sous la pression populaire. Le monde entier venait de prendre une leçon de refus de l’oppression et d’organisation collective. Simple, chirurgical et inespéré, cet événement allait en inspirer d’autres. Le 11 février, Moubarak tombait après 33 ans de pouvoir. Aujourd’hui même, alors qu’à Bahrein, en Lybie et en Jordanie, malgré la répression furieuse de l’archaïsme, les gens se battent pour arracher leurs droits les plus élémentaires, de jeunes Marocains préparent une journée de protestation. Le « mouvement du 20 février » est en marche pour exiger le changement. Le Maroc a une image plutôt positive en France. Il est, dans l’imaginaire de nombre d’entre nous, un pays où il fait bon vivre, où le pouvoir est certes ferme, mais bienveillant avec ses sujets. Pour mieux comprendre les revendications de la jeunesse marocaine et le Maroc de Mohammed VI, j’ai réuni Omar Radi, Aziz El Yaakoubi, Souad Guennoun et Hind Dadssi, journalistes pour les uns et militants altermondialistes pour les autres. Discussion croisée à Casablanca, mercredi 16 février dernier.