19 novembre 2019
Dotés de battes de base-ball, de chaînes, de grenades, d’armes à feu, ils chargent des paysannes sans défense
Álvaro GARCIA LINERA
Tel un épais brouillard nocturne, la haine parcourt voracement les quartiers des classes moyennes urbaines traditionnelles de Bolivie. Leurs yeux débordent de rage. Ils ne crient pas : ils crachent ; ils ne réclament pas : ils imposent.
Leurs slogans ne sont pas d’espoir ni de fraternité : ils sont de mépris et de discrimination envers les Indiens. Ils enfourchent leurs motos, montent sur des camionnettes, se regroupent dans leurs fraternités carnavalesques et leurs universités privées et partent à la chasse des Indiens soulevés qui ont osé leur ôter le pouvoir.
À Santa Cruz, ils organisent des hordes motorisées 4 x 4, gourdin à la main, pour faire un exemple contre les Indiens, qu’ils appellent collas et qui vivent dans les quartiers marginaux et dans les marchés. Ils scandent des slogans : Tuons des collas, et s’ils croisent en chemin une Indienne portant la pollera, ils la frappent, la menacent et la somment d’abandonner leur territoire. À Cochabamba, ils organisent des convois pour imposer la suprématie raciale dans la zone Sud où vivent les classes nécessiteuses et chargent comme des régiments de cavalerie contre des milliers de femmes, des paysannes sans défense qui marchent en demandant la paix. Ils (…) Lire la suite »
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