Le texte ci-après fut prononcé à Ramallah lors de la cérémonie de dédicace du recueil Comme les fleurs d’amandiers ou plus loin, paru dans Al-Karmel (Ramallah), n° 85, 2005
Je ne suis pas de ceux qui se regardent dans le miroir avec satisfaction. En ce qui me concerne, le miroir reflète un moi tombé dans le domaine public. Autrement dit, les autres ont maintenant le droit d'y rechercher le reflet de leur moi. Si quelqu'un trouve des expressions et des images qui lui ressemblent ou le concernent, il dira : c'est bien moi. S'il n'y trouve aucun point commun avec le texte/image, il s'en détournera en disant : cela n'a rien à voir avec moi !
Par ailleurs, j'appréhende ce débat qui porte sur la relation qu'entretiennent la production poétique moderne et la majorité des lecteurs, débat qui a cours depuis que de nombreux poètes prennent un malin plaisir à creuser le fossé qui sépare le poème et ce second auteur qu'est son récepteur, car sans ce dernier et sans le mouvement qui le porte vers le texte, il n'y a point de projet poétique. Les accusations fusent des deux côtés. Mais la crise de la poésie, si crise il y a, est celle des poètes. C'est à chaque (…)Lire la suite »