Je me demande si le vrai d’un créateur n’est pas, partiellement à tout le moins, dans ses brouillons, ses esquisses, ses carnets plus ou moins secrets. La critique génétique – en vogue depuis une trentaine d’années mais qui risque de disparaître puisqu’avec l’ordinateur et internet nous n’aurons bientôt plus un seul manuscrit à nous mettre sous la dent – se nourrit des brouillons, des corrections, des paperolles chères à Proust. Elle nous dit qu’une œuvre n’est jamais close dans la mesure où son avant nous montre à quel point elle est l’aboutissement d’un travail de maturation constitué bien souvent de ballons d’essai, d’hésitations, de remises en cause, de moments de désespoirs, voire de régression. La lecture génétique vise à connaître le processus d’écriture (le work in progress des Anglo-Saxons). Tout texte a un avant-texte qui nous permet bien souvent de repérer l’étincelle qui jaillit de la braise et des fioritures que le créateur a éliminées en pleine conscience dans son (…)Lire la suite »