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Thème : Culture

Critique de “ Bye Bye Africa ”

Maxime-JRCF
Tous les pays d’Afrique souffrent de l’impérialisme, et le Tchad en particulier. Ancienne colonie française, ce pays formellement indépendant depuis 1960 demeure une place forte de l’impérialisme français, qui y déploie ses troupes et contrôle le pays par l'intermédiaire de despotes dociles à son égard et cruels envers le peuple tchadien, qui subit la guerre et la répression depuis des décennies. Les artistes tchadiens - et plus généralement africains - des années 90 vont chercher à restituer, à leur peuple respectif, la dignité qui permettrait à tous de relever la tête pour le bien du pays. Mahamat Saleh Haroun, réalisateur tchadien de Bye Bye Africa (son premier film, sorti en 1998) disait : « [...] je me sens avant tout profondément Africain. Mes films traitent du Tchad mais ils débordent toujours de ce cadre pour parler de toute l’Afrique. Dans les représentations qui sont faites de nous, j’ai parfois l’impression que l’on nous refuse l’humanité... Ce qui m’intéresse, c’est (…) Lire la suite »

Stop à la colonisation intellectuelle !

Rorik DUPUIS VALDER

Ce qui est assez fascinant chez l’intelligentsia française autoproclamée – qui, en réalité, tient davantage de la confrérie de nouveaux riches en mal d’inspiration –, c’est sa propension à se planter grossièrement sur tous les sujets sans jamais être inquiétée pour son privilège de pouvoir s’adresser au monde. Fascinant comme les micros attirent les c**s !

Des va-t-en-guerre pathologiques de studio, qui de leur hystérie tribale appelleraient au génocide des mendiants pour ne plus avoir à supporter leur regard dans la rue, aux faux experts plus ou moins stipendiés en passant par les journalistes qu’on embauche pour leur servilité irrationnelle, la désinformation est à son apogée. Imaginons les jeunes gens un tant soit peu équilibrés, qui cherchent à s’orienter, s’affirmer, dans l’angoisse et la vulgarité ambiantes du monde de 2023, quelles épreuves existentielles il leur est demandé de traverser devant pareille profusion de mensonges, d’ignorance et de mauvais goût. Imaginons-les, perdus entre cette propagande télévisuelle de fin de race et les poubelles démocratiques d’Internet que sont TikTok et Instagram – permettant au moins à tout quidam opportuniste de se croire génial et digne d’intérêt public, à coups de vidéos et de commentaires postés compulsivement comme on lance des crachats. Si nous vivons sous le règne de (…) Lire la suite »

De quoi Barbenheimer est-il le nom ?

Rosa LLORENS

Nous venons de vivre un phénomène médiatique (et non cinématographique) énorme : tous les écrans saturés par deux films en apparence très différents, mais tous deux étasuniens, Barbie et Oppenheimer ; cela veut forcément dire quelque chose. Pourtant, on cherche encore les articles stimulants sur ce sujet. Pourquoi ? Et quel symbole peut-on lire sous ce blitzkrieg médiatique ?

Pour Barbie, la réponse à la première question paraît claire : on est simplement stupéfié, médusé ; par quel bout prendre un film aussi imbécile et une telle arnaque (deux heures de placement de produit) ? « Les cons, ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnaît » : hélas, on n’en est plus là. Il faut être futé, au contraire, pour comprendre qu’à partir d’un certain degré, la connerie réduit l’adversaire au silence : comment argumenter contre Barbie, si on ne veut pas répéter des évidences qui risqueraient d’apparaître comme de fastidieux poncifs ? Bien sûr, Oppenheimer est un autre cas de figure : là, on a affaire à un film sérieux (3 heures !), d’un réalisateur dont on vante l’intelligence, Christopher Nolan. Mais, là non plus, on ne trouve guère d’angle d’attaque pertinent, et les critiques se limitent le plus souvent à des aspects secondaires. Curieusement, même les critiques le plus à gauche prennent le film au sérieux au premier degré, celui des discussions entre (…) Lire la suite »

Revenir à une culture populaire

Quentin-JRCF
Il y a environ 4 ans, j’avais rédigé un article au titre « Retrouver une culture populaire » (1) où j’exprimais alors mes pensées concernant la façon de renouer avec une culture populaire progressiste et anticapitaliste, notamment en posant le constat de l’implantation de l’idéologie capitaliste dans le cerveau des jeunes via le phénomène de l’américanisation. À l’époque, malgré moi, mon identification de la culture populaire ressemblait peu ou prou à la définition de la « pop culture ». Cependant, après de nouvelles réflexions sur cette question, après avoir lu divers auteurs, la série d’article sur les classiques et l’avant-garde du camarade Blu publiée sur le blog des JRCF (2), je me suis rendu compte des lacunes de mon article précédent. Je corrige donc ici ce qui m’apparaît aujourd’hui comme étant des erreurs. Bien entendu, le texte qui va suivre n’est qu’un texte de réflexion n’engageant que l’auteur de ces lignes et n’a pour but que d’amener à réfléchir dans le cadre d’un (…) Lire la suite »

Nos soleils (Alcarràs) : une famille paysanne face à la mondialisation

Rosa LLORENS
En général, je ne vais pas voir les films de femmes, œuvres le plus souvent mièvres et médiocres, dont on fait la promotion en guise d’arme de guerre soft contre les pays qui sont censés ne pas donner la même place que nous aux femmes, et qui se trouvent être ceux qui résistent à l’impérialisme étasunien et ses horreurs. Ras le bol des films vus par des yeux de petites filles, avec leurs femmes qui veulent s’émanciper, leur " sororitude ", leurs récriminations contre les hommes qui ne font pas la vaisselle, et j’en passe. Mais j’aurais eu bien tort de ne pas aller voir Alcarràs (le titre français, Nos soleils, ne rend absolument pas justice au contenu du film). En effet, Carla Simón réunit le meilleur des qualités féminines et des qualités viriles (je sais que j’aurais dû mettre plein de guillemets, mais j’en ai assez de la camisole de force du politiquement correct) : Alcarràs est une chronique pleine de tendresse, mais enracinée dans un contexte socio-économique qui lui donne (…) Lire la suite »
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Sans filtre : la lutte des classes dans un film formellement magistral

Rosa LLORENS
Les critiques sur une Palme d’or abondent ; sur ce film, toutes s’accordent sur la maestria du réalisateur, sa force comique et le caractère décapant de la satire. Pourtant, certains se demandent si le film vaut d’être vu et Ecran large intitule son article : « Critique d’une Palme d’or tarée ». Les reproches qu’on lui fait se justifient-ils ? Ne vaudrait-il pas mieux commenter les richesses d’un film rare dans la production actuelle, et aux multiples références culturelles ? Les reproches sont de deux types. Certains, n’ayant pas peur du ridicule, s’offusquent du festival scatologique de la deuxième partie (les convives du repas de gala vaincus par le mal de mer), comme, au XIXe siècle, on se scandalisait des scènes « ordurières » des romans de Zola. Plus intéressantes sont les critiques concernant l’idéologie de Ruben Östlund : misanthrope, il porterait sur l’humanité un regard d’entomologiste, au lieu de condamner clairement une classe sociale. Et, surprise, on trouve parmi (…) Lire la suite »
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Mouvement ouvrier et cinéma d’horreur. Aux origines : du gothique au romantisme

Jacques FRANJU
Le gothique désigne à l’origine des vestiges architecturaux de l’époque médiévale anglaise [1]. Un temps oublié et moqué, il devient au cours du XVIIIème siècle de plus en plus apprécié, notamment par les artistes et certains membres de la haute société qui trouvent de la mélancolie dans les ruines. En même temps que cette recherche d’architecture médiévale anglaise se développe une redécouverte des romans de chevalerie. Ces histoires, à l’instar des légendes de la Table ronde, font souvent appel au fantastique, à la tradition et aux nobles élans de l’âme. Elles sont peu en adéquation avec les idées des Lumières et la vénération pour l’art grec de l’époque. Tout naturellement, ce mouvement de retour sur le passé anglais se fait en antagonisme avec le mouvement philosophique en cours en Europe, qui se moque des clichés et des croyances ridicules d’un autre siècle. Pour les Lumières, ces histoires sont surfaites et pleines d’idioties. Les œuvres réalistes et à portée pédagogique sont (…) Lire la suite »

Tolstoï et l’art au temps des bûchers de livres

Roberto PECCHIOLI
Là où on brûle les livres, on finit par brûler aussi les hommes [à la vérité, en Ukraine, on a commencé par brûler les hommes, à Odessa, dès le 2 mai 2014, NdT], comme l’écrivait le poète allemand Heinrich Heine. En 2022, après le cheikh Omar au VIIe siècle avec la bibliothèque d’Alexandrie, somme de la sagesse antique [que les Chrétiens avaient déjà brûlée en 391 sous l’empereur Théodose ! NdT], le ministère ukrainien de la Culture (???), en continuité d’idées avec les bûchers nazis en 1933, a ordonné la destruction de 100 millions d’exemplaires de livres. Ce sont des textes en langue russe, ou traduits du russe, langue maternelle (interdite) de millions d’Ukrainiens. Ce décret, voulu par Volodymir Zelensky, n’épargnera pas Alexandre Pouchkine, Léon Tolstoï, Fiodor Dostoïevski et, dans le domaine artistique, il chassera Vassili Kandinsky, novateur de la peinture au XXe siècle. Nous ne savons pas si Gogol et Boulgakov, Ukrainiens qui écrivirent en russe, seront sauvés. C’est bien (…) Lire la suite »
A propos du fameux : « Dans la Révolution, tout ; contre la Révolution, rien ».

Juin 1961 : Fidel Castro s’adresse aux intellectuels

Fidel CASTRO

Allocution de conclusion aux trois réunions tenues avec des intellectuels cubains (16, 23 et 30 juin 1961) à la Bibliothèque nationale José Martí, de La Havane, le 30 juin 1961.

Décadence : en France, 60 ans plus tard, notre président a réfléchi à ce qu’est une tenue vestimentaire « décente » et il a un avis sur le « crop top » (haut court).
LGS

Compagnes et compagnons À la fin des trois séances où vous avez discuté ce problème, où vous avez soulevé beaucoup de choses intéressantes, dont un certain nombre avait déjà été discuté, quoique d’autres n’aient pas eu de réponses – concrètement, il était impossible d’aborder tout ce que vous aviez soulevé – mon tour est venu. Je ne suis pas la personne la plus autorisée pour parler de ce thème, mais puisqu’il s’agit d’une rencontre entre vous et nous, je me dois de donner ici quelques points de vue. J’étais très intéressé par ces discussions. Je crois avoir fait preuve, comme on dit, d’une « grande patience » (rires). En fait, je n’ai dû faire aucun effort héroïque, parce que nos discussions ont été instructives et, à vrai dire, agréables. Bien entendu, nous qui sommes les hommes du gouvernement – c’est mon cas – nous ne sommes pas les mieux placés pour discuter des questions dans lesquelles vous êtes des spécialistes. Nous, ceux du gouvernement, les agents de cette (…) Lire la suite »

The Last Hilbilly : on achève bien les hilbillies.

Rosa LLORENS
Les critiques de The Last Hilbilly, unanimement positives, semblaient promettre une nouvelle vision de l’Amérique profonde, non plus la vision, moraliste, méprisante et haineuse, qu’en donnent les opinion-makers citadins des deux côtes, mais le péquenot vu par lui-même. Mais au lieu de l’anti-Easy Rider qu’on pouvait espérer, on a un Easy Rider aggravé, où c’est le hilbilly qui se condamne lui-même. Easy Rider, film culte de 1969, est présenté comme une ode à la liberté, symbolisée par les deux bikers qui traversent l’Amérique, dormant à la belle étoile, échappant à toute obligation sociale, jusqu’à ce qu’ils se heurtent à des rustres violents, qui les haïssent « parce que, explique doctement le héros, Captain America, ils ont peur de la liberté ». Mais la conception de la liberté des deux bikers est singulièrement indigente : elle consiste à faire ce qu’on veut, sans être limité par aucune contrainte sociale. Pas de contrainte sociale, parce que les deux héros financent leur (…) Lire la suite »
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