Y a-t-il encore une vie après Gaza ? Récemment, un ex-collègue, professeur dans les prisons, m’envoyait ce message à propos de Gaza, adressé à tous ses contacts : « Plus jamais ça ! et Pas en mon nom ! Vous voyez de quoi je parle, n’est-ce pas ? Inacceptable, intolérable, insupportable, immonde, ignoble, à gerber, ces événements me rendent malade, pas vous ? » Oui, comme beaucoup d’autres, ce qui se passe à Gaza me rend malade, moi aussi. Nie wieder, Never again, Plus jamais ça, nous l’avions écrit en grandes lettres dans les livres d’histoire après le ghetto de Varsovie, après Hiroshima, après Auschwitz. Mais, comme le disait Arundhati Roy lors d’une conférence sur Gaza, le « Nie » et le « No » sont tombés, il ne reste que « Wieder » et « Again ». Les horreurs d’il y a quatre-vingts ans ont repris vie à Gaza 2024.
Les plus froids, honnêtes et avisés des observateurs de la Palestine ont compris qu'en commettant un génocide, cette fois à Gaza après un autre en 82 à Sabra et Chatila, Israël se choisissait un nouveau destin, celui d'une guerre perpétuelle qui pourrait conduire à sa disparition.
C’est un bouleversement majeur qui s’annonce dans les sociétés occidentales : Israël et une partie influente de la diaspora juive se préparent à une alliance avec une extrême droite occidentale pourtant historiquement antisémite et raciste.
Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter son appartement de la ville de Gaza avec sa femme et son fils Walid, deux ans et demi. Il partage maintenant un appartement de deux chambres avec une autre famille. Il raconte son quotidien et celui des Gazaouis de Rafah, coincés dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Cet espace lui est réservé.
Alors que les affrontements à la frontière israélo-libanaise se multiplient et que le niveau d’intensité des engagements ne cesse de croître, le spectre d’une guerre régionale plane à nouveau dans la région.