Syrie : ce que François Hollande demande, la propagande l’exige

Mounadil al Djazaïri

On peut lire dans la presse, par exemple dans le magazine Le Point que

Hollande exige "la libération immédiate" de deux journalistes français disparus en Syrie

L’Est Républicain comme Le Point et nombre d’autres médias titre aussi :

HOLLANDE EXIGE LA LIBÉRATION DE 2 JOURNALISTES FRANÇAIS DISPARUS EN SYRIE

Pourtant, si on se donne la peine de lire les articles dans la presse, on constate que François Hollande n’exige pas mais demande, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Le journal 20 minutes est un des seuls médias à titrer avec le verbe "demander" :

Syrie : Hollande demande la « libération » de deux journalistes disparus

Il est vrai que c’est en anglais que le verbe "to demand" signifie exiger.

M. Hollande se garde sans doute d’exiger parce qu’il ne sait pas trop entre les mains de qui se trouvent les deux journalistes.

On peut gager que s’il avait la certitude qu’ils sont entre les mains du gouvernement syrien il aurait vitupéré et exigé.

Dans le cas présent, François Hollande se contente de gloser sur la mission des journalistes

"qui sont des hommes qui travaillent pour que le monde puisse recevoir des informations" (bien vu M. Hollande, note de Djazaïri)

et

"doivent être traités comme des journalistes et en aucune façon comme des éléments sur lesquels (on ferait) peser une menace pour agir au détriment d’un Etat ».
« La presse doit pouvoir circuler en Syrie pour donner les informations qui sont attendues dans le monde entier » sur ce qui s’y passe, a insisté François Hollande.

Un gentil discours sur l’éthique journalistique pourtant contredit par Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères de François Hollande ainsi que par ses comparses, de pseudo journalistes du Monde qui ont cru bon de fournir au gouvernent français des arguments susceptibles de justifier une intervention militaire contre la Syrie.

Des journalistes qui pourraient aussi bien travailler pour la DICoD.

M. Hollande qui confond japonais et Chinois confond également semble-t-il le journalisme et la vulgaire propagande des nostalgiques de la IVème République.

 http://dzmounadill.blogspot.fr/2013/06/syrie-ce-que-francois-hollande-demande.html

COMMENTAIRES  

11/06/2013 22:27 par njama

Très d’accord. "demand" signifie exiger, (ou) réclamer, dans le sens de "request", demande, requête (sollicitation par écrit ou oral adressée à quelqu’un ayant autorité pour prendre une décision).

Les journalistes jouent sur les mots comme l’Elysée d’ailleurs :

Si ces 2 journalistes avaient été enlevés par des agents du gouvernement, on l’aurait su immédiatement.

Quelques précisions sur l’enlèvement des journalistes, fournies par la Presse :
" Selon l’Élysée , Didier François, grand reporter à Europe 1 et Édouard Élias, jeune photographe indépendant missionné par la radio, ont été interceptés à un checkpoint. "Ils ont disparu, il faut faire attention, on ne sait pas qui les a pris, ce sont parfois des groupes d’opposition« , soulignait-on vendredi dans l’entourage du président.  » (tempsreel.nouvelobs.com 07-06-2013 à 06h52)

ladepeche.fr (08/06/2013 à 07:35) apporte quelques précisions : "Deux journalistes français ont été enlevés au nord de la Syrie ...Selon les premiers témoignages, les deux Français auraient été enlevés, en même temps que leur « fixeur », par quatre hommes armés."
Quels témoins ?
Un checkpoint ? (selon l’Élysée). Le terme, litt. « point de contrôle » usité en sous-entendant implicitement « de forces de sécurité (police, armée) », laisse planer une ambiguïté ... mais la France accordant légitimité à ses rebelles syriens, un checkpoint des rebelles pourquoi pas !

Si interceptés à un checkpoint de l’Armée Arabe Syrienne, et qu’ils n’avaient pas de visas et/ou d’autorisations officielles toujours sollicitées pour les journalistes, pourquoi la Syrie les garderait puisqu’elle peut simplement les expulser comme n’importe quel étranger sans visa, ou journaliste sans autorisation. En admettant qu’elle les aurait arrêtés, pourquoi s’en cacherait-elle, car elle peut faire savoir par voie diplomatique pour répondre à Hollande qu’ils n’avaient pas de visas et/ou autorisation officielle pour se trouver sur le territoire syrien, et que donc elle les expulsera dès la fin de leur « garde à vue ».
On imaginerait mal que le gouvernement syrien userait d’une prise d’otages ... par contre, que des rebelles le feraient pour faire pression sur la France, pour recevoir des armes, ou avoir de l’argent ... c’est une hypothèse nettement plus plausible et cohérente.

La France espère-t-elle par son annonce la coopération du Gouvernement syrien dans cette enquête ?

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