Retrouver une culture populaire

QUENTIN

Il nous faut faire un constat amer : « l’américanisation » des consciences prend de l’ampleur chez la jeunesse française, c’est-à-dire l’hégémonie d’un vide culturel capitaliste sur les esprits à coups d’émissions abrutissantes, de tolérance accrue envers les drogues, de manipulation historique au profit de la classe dominante et autres destructions de la culture nationale.

Quelles formes prend cette américanisation de la culture ? Celle d’un panel de séries et de films sur Netflix, celle de la marche au Tout-Hollywood dans les cinémas, au Tout-anglais dans la musique, même chantée par des français, dans la publicité ou encore par de nombreuses phrases où l’on insert (sans comprendre des fois leur signification) des mots anglais pour faire « cool ». Cette « culture » est fortement présente chez la jeunesse (et pas seulement) qui ne jure que par elle malgré, des fois, le manque sérieux de qualité de certaines « œuvres » * et la façon ridicule de parler anglais de certains de nos compatriotes qui ne jurent pourtant que par les « States » !

Dans le même temps est opéré une dévalorisation de la culture française. Combien de fois n’avons nous pas entendu ou dit que le cinéma français était moisi ? La musique française pas terrible ? Qu’en générale la France n’est pas un beau pays ? En se moquant aussi de sa langue trop "complexe"...

Et là se pose à nous une question : Est-il possible de laisser faire la globalisation d’une seule culture tout en promouvant la diversité culturelle ? J’en doute. Mise à part celle du Japon fortement influencé par celle-ci, il n’y a que la culture américaine qui est montrée, les autres étant reléguées loin derrière voire moquées**. Ainsi l’Amérique règne sans partage sur les esprits !

Dans un discours d’il y a quelques mois, le secrétaire à la JRCF, Gilliatt De Staërck, disait :

« Que dire également du choix musical que nous proposent ces stations de radio diffusant "non-stop" les mêmes compositions, toutes écrites de la même façon, toujours en anglais évidemment, et de plus dans un anglais très simple qui ne rend pas honneur à la langue de Shakespeare... Ils sont très rares les paroliers d’aujourd’hui, chantant en français, à passer sur les médias les plus suivis. Ceux portant un message politique cohérent sont évidemment bannis sans ménagement. La langue est porteuse de conscience et, d’autant plus aujourd’hui que la domination du Capital montre son potentiel hégémonique sur le plan linguistique en y préférant le "globish", cette langue "anglaise" simplifiée au maximum pour assurer les affaires, défendre la langue française, notre langue, et son apprentissage sérieux dès le plus jeune âge, c’est, d’abord se défendre en tant que classe sociale luttant pour ses intérêts, et également défendre la diversité linguistique planétaire, donc les autres langues. »

On conforte aussi avec l’américanisation un certain confort, dont vestimentaire, qui va de paire avec une pseudo-culture de la différence et un pseudo-culte du rebelle (mais non révolutionnaire). Bref, une culture qui privilégie largement le spectateur à l’acteur. De plus, qui pourrait nier au vu des diverses fictions l’image très anticommuniste véhiculé ?

Comme le disait le camarade Gilliatt :

« La jeunesse, elle, subit cet état des choses et est doucement formatée à la consommation de la culture simpliste, voir vide de contenue. On forme la génération NETFLIX et PlayStation, l’incitant à rester au chaud chez elle, l’empêchant de sortir, de communiquer avec ses congénères en lui donnant tout à domicile. Consommation rapide, sans temps de réflexion afin de vivre et de profiter de "l’instant présent", d’oublier nos soucis et de ne pas se soucier du lendemain que ceux qui organisent l’offre du vide intellectuel sont entrain de condamner à la nuit. »

Nuançons ! Nous ne jetons pas l’anathème sur les jeunes (et moins jeunes) se jetant sur le cinéma américain, sa littérature ou sa musique. En premier lieu car il y a de très bonnes œuvres. Ensuite il serait idiot de procéder à une culpabilisation alors que tous le monde le fait et est poussé à le faire ! L’auteur de ces lignes ne s’exclut pas d’ailleurs du lot ! Il faut simplement faire la part des choses.

Il faut dès aujourd’hui redonner l’élan à la culture populaire existante, en y écartant les éléments sectaires du passé et en y intégrant une véritable ligne révolutionnaire et progressiste.

A titre d’exemple, nous avons déjà le génial Le fil rouge de Gilda Landini, un roman qui raconte la vie, sur la moitié d’un siècle, d’une famille d’origine italienne communiste et résistante avec leurs luttes, leurs espoirs, leurs amours, leurs joies et leurs peines. Au niveau musical nous avons déjà Le combat ordinaire des Fatals picards, Racailles de Kery James, Jeunesse lève-toi de Damien Saez, Aux armes de Melissmell ou encore les chansons de Cyril Mokaiesh. Qu’on pense aussi aux spectacles musicaux-théâtraux de la Compagnie Jolie Môme, dont le dernier sur la guerre 14-18 est un véritable bijou. Au niveau cinématographique, nous avons les films de Gilles Perret, Merci patron de François Ruffin, En guerre ou Le jeune Karl Marx.

N’oublions pas qu’en matière de culture et d’œuvre, le monde ne se limite pas aux Etats-Unis !

*Citons la série (qui a fait un succès pendant quelques années) Californication qui suit l’histoire d’un écrivain trash essayant de reconquérir sa femme et sa fille, mais qui fini toujours par la trompé car accro au sexe et à diverses substances. Tous les personnages sont à quelques rares exceptions des gens friqués mais qui ne passe leur temps qu’à déblatérer des philosophies petites-bourgeoises à la noix et l’autre à se taper tout ce qui bouge... La série, évidemment comique, essaye tout de même de provoquer de la compassion pour ces écorchés vifs et rebelle de la société. Mais en réalité elle montre surtout une bourgeoisie parasitaire post-soixante-huitarde ne faisant que consommer sans produire (le travail des personnages étant une chose que l’on voit rarement au fil des saisons) décrite par Michel Clouscard.

**Que l’on pense quand on parle d’un film d’un pays de l’est, et qu’avant même d’avoir fini l’un de nos interlocuteurs répond « c’est chiant... ».

 http://jrcf.over-blog.org/2018/09/retrouver-une-culture-populaire-par-quentin.html

COMMENTAIRES  

01/10/2018 10:58 par Assimbonanga

Quentin ! Quentin ! Trouve quelqu’un pour corriger tes textes avant envoi.
Sinon à part ça, d’accord avec toi. Je voudrais signaler que Plus Belle La Vie est une production bien française qui fait état de l’actualité et des courants du peuple français, série malheureusement décriée. Certes, on ne la saluera pas pour la qualité de la photographie ni pour le talent de tous les comédiens. Certes, certaines intrigues, parfois, pour se résoudre, révoltent un peu par leur raccourcissement ou illogisme, mais la vertu de cette série quotidienne réside plutôt dans ses questionnement sociétaux et sa lucidité sur les caracters ( en bon français : personnages ? archétypes ?) . Mirta, la paroissienne mauvaise langue et souvent peu scrupuleuse, le couple homo, marié dès promulgation de la loi , ayant adopté des adolescents noirs de peau, la green entreprise feignant la décontraction et l’écologie mais vérolée de corruption et d’abus de pouvoir, Blanche Marcy devenue visiteuse de prison, la petite journaleuse fouille-merde, le jeune mineur clandestin, la réfugiée syrienne, les thèmes "de gauche" sont innombrables et j’en ai d’ailleurs obtenu confirmation par le fait que les gens "de droite" détestent ce feuilleton et le boycottent. Les fachos détestent PBLV. C’est congénital. Du coup, j’espère que France 2 n’est pas en train de chercher à en détourner le public par le lancement d’un autre feuilleton dans la même tranche horaire...

01/10/2018 11:01 par Assimbonanga

Sur Arte, on peut tomber sur des films "de l’est" qui sont un véritable régal.

01/10/2018 12:15 par Renard

C’est à ce niveau que le projet européen pourrait être intéressant, la mise en place d’une véritable Europe culturelle permettrait de contrer la toute puissance américaine à ce niveau. Le cinéma italien, allemand, espagnol etc est de grande qualité et la mise en place de quota de films européen permettrait de réduire l’importance des blockbuster américain abrutisant. Pareil pour la musique, la littérature etc.
Il est malheureux qu’on ne connaisse pas ou très peu ce qu’il se passe culturellement chez nos voisins les plus proches alors qu’on connaît tout ce qu’il se passe de l’autre côté de l’Atlantique.

Si on veut construire l’Europe, ce qui est mon cas même si je suis anti-euro, il aurait fallu commencer par l’Europe culturelle, ça me semble être la base des base car vouloir construire un projet politique entre des peuples qui ne se connaissent pas me semble une absurdité.

03/10/2018 10:58 par Alain

Défendre la grandeur de la langue et de la culture françaises dans un français approximatif : joli paradoxe...

04/10/2018 08:02 par calame julia

Avec Arte je peux suivre les pays de l’est européen, certains pays d’Asie, certains pays d’Amérique du Sud.
Avec France O, je découvre un monde encore différent que je peux connaître de manière livresque mais
l’image m’en donne toute la splendeur.
Quant à l’Amérique du Nord, j’en suis suffisamment informée par les chaînes d’information de mon pays
et je n’ai donc plus de curiosité pour cette partie du globe terrestre... pas même pour ses écrivains.
Le revers de la médaille sans doute.

04/10/2018 11:06 par Assimbonanga

Oui, Julia. Hier, France Ô nous a emmené en Nouvelle Calédonie où des tas de gens très dynamiques poussent pour accroître le tourisme. Ils font peur ! "Savoir se vendre", tel est leur credo. Se vendre, être un vendu. Ils ignorent que c’est une insulte. Ils veulent vendre tout ce qu’il y a de beau. Ils veulent massifier l’ancrage de bateaux de plaisance sur le fond marin jusque-là à peu près intact. Ils veulent standardiser l’accueil pour recevoir la beaufitude mondiale débarquée d’immeubles flottants. Ils veulent qu’on commercialise du bling-bling que l’on trouve dans toutes les boutiques de souvenir de la planète. A cause de cette engeance, à cause de la défiscalisation, la privatisation de terres collectives avance à pas feutrée, inexorablement.

05/10/2018 11:25 par Yannick

Le problème le plus préoccupant c’est que les films français ou européens sont désormais sur le modèle américain bourgeois : des gens dans des villas ou de grands appartements jamais dans le besoin ...
Idem Arte se tourne de plus en plus vers des séries (sic) européennes qui ne sont que des copies de leurs homologues américaines

Amusant Californication est la seule série américaine (avec My name is Earl) que j’ai du regarder depuis que nous avons basculé dans le XXIe siècle (bien que les 3 dernières saisons soient de trop). Outre une bande son audible, elle possède un coté subversif qui s’approche de ce que l’on retrouvait chez la famille Bundy dans Marié, deux enfants (première série sur la classe populaire dans les années 80) voir les cartoons Hanna Barbera et Looney Tunes de notre enfance.

L’accès aux films soviétiques tient tout de même du parcours du combattant. Gros coup de cœur pour La Belle, film de 1969 ressorti par miracle dans nos salles le mois dernier : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Belle_(film)

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