"Encore merci au gouvernement et à la direction de la SNCF pour le souci qu’ils prennent de nos candidats au bac, ils ne leur reste plus qu’à faire comme si chaque jour de l’année et pour tous les usagers c’était un jour d’examen".
Très bien dit.
Le mouvement lutte contre les réorganisations successives, les suppressions de postes, le découpage des activités de la SNCF, de plus en plus autonomisées et établissant entre elles des rapports marchands, la multiplication des filiales et la généralisation de la sous-traitance. Elle vise à stopper la casse du statut et de la règlementation du travail des salariés.
Le comble, c’est qu’en réalité, les responsables politiques s’acharnent aussi à démanteler le bac, autre fleuron de la spécificité française, encore populaire auprès du public.
En effet, cela fait des années que, sur ordre de leurs maîtres, les médias sont à l’œuvre pour dénigrer le bac (organisation trop lourde, "énorme" cout de l’opération, fraudes, etc.) et que les épreuves du bac sont progressivement remplacées - mais subrepticement pour ne pas éveiller les soupçons et pour endormir les enseignants - par un contrôle continu, ce à quoi les petits potentats de la province France de l’UE veulent le généraliser en fin de compte.
Or, le contrôle continu impose aux enseignants, toujours dans le cadre de leur service (c.à.d. sans qu’ils aient droit à une indemnité pour ce surcroit de travail), de préparer leurs propres épreuves écrites ou orales, les faire passer dans leur lycée et les corriger, s’il s’agit d’écrit.
(À signaler que les épreuves écrites nationales sont, en principe, sélectionnées parmi celles proposées par une poignée d’enseignants réunis par les rectorats, et tenus au secret).
Le contrôle continu est, donc, du travail supplémentaire non rémunéré qui va encore alourdir leur tâche et permettre de débaucher encore du personnel administratif (déjà réduit à peau de chagrin), et qui mène à l’abrogation du statut des enseignants, cela, ni vu ni connu du grand public (qui s’y intéresse autant qu’à celui des cheminots).
Mais il signe également la fin du caractère national et, donc, universel, de l’examen, et ouvre grand la porte à la généralisation de la concurrence entre écoles, à la course aux sponsors (qui préfèrent le privé) et aux abus de toutes sortes, et à grande échelle.
Comme par hasard, c’est aussi ce qu’ils veulent faire à la SNCF.
Le contrôle continu, c’est également la fin de l’école républicaine laïque, puisque, à terme, les écoles privées confessionnelles feront passer toutes les épreuves elles-mêmes (leurs locaux, eux, sont, depuis plus d’une dizaine d’années, utilisés pour certaines épreuves, dont les épreuves écrites, avec un crucifix qui veille sur les candidats).
Mais cela n’ameute pas, pour autant, les foules actuelles de défenseurs de la "laïcité", qui doivent estimer qu’un crucifix ou autre image pieuse dans chaque salle de classe ne sont pas des signes "ostentatoires", et encore moins prosélytes.
Ensuite, le ministre de l’Éducation nationale lui-même avait, pourtant, annoncé précédemment que les dispositions nécessaires seraient prises pour que les élèves ne pâtissent pas de la mobilisation du rail.
Alors pourquoi tant d’agitation ?
Cette campagne mensongère est clairement destinée à provoquer de l’anxiété dans la population et rendre impopulaire une grève légitime pour la défense du service public ferroviaire et des droits des salariés.
Un comportement typique de la duplicité séculaire du PS, qui, tout en faisant croire qu’il se porte garant de la bonne tenue de l’examen, manipule l’opinion publique pour briser le mouvement de grève.
Une fois cela fait, les responsables du gouvernement pourront ensuite compter sur les fidèles médias pour reprendre la rengaine habituelle sur les "problèmes" que pose l’organisation du bac.
Et la grève des cheminots leur fournira même, sans doute, l’occasion d’annoncer qu’ils vont le supprimer … afin d’éviter la menace de problèmes de transports.
Fourbe un jour …