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Qui a dit que Kadhafi devait partir ? (The London Review of Books) - 3/3

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L’affirmation selon laquelle la «  communauté internationale » n’avait pas d’autre choix que d’intervenir militairement et que la seule alternative était de ne rien faire est fausse. Une alternative active, concrète et non-violente avait été proposée, et délibérément rejetée. L’argument en faveur de l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne et ensuite d’une intervention militaire employant «  tous les moyens nécessaires » était qu’il n’y avait pas d’autre moyen pour faire cesser la répression et protéger les civils. Et pourtant beaucoup ont rappelé que la façon de protéger les civils n’était pas d’intensifier le conflit en intervenant en faveur d’un camp ou d’un autre, mais d’y mettre fin en instaurant un cessez-le-feu suivi de négociations politiques. Le International Crisis Group, par exemple, où j’ai travaillé pendant un temps, a publié une déclaration le 10 mars proposant une initiative en deux points : 1) la formation d’un groupe de contact ou d’un comité issu des voisins nord-africains de la Libye et d’autres états africains avec un mandat pour négocier un cessez-le-feu immédiat ; 2) initiation par le groupe de contact de négociations entre les protagonistes en vue de remplacer le régime actuel par un gouvernement moins autoritaire, plus représentatif et respectueux de l’état de droit. Cette proposition fut reprise par l’Union Africaine et représentait le point de vue de nombreux pays non-africains - la Russie, la Chine, le Brésil et l’Inde, sans parler de l’Allemagne et la Turquie. Cette proposition fut confirmée de façon plus détaillée (en ajoutant une clause pour le déploiement d’une force de maintien de la paix sous mandat de l’ONU et chargée de faire respecter le cessez-le-feu) dans une lettre ouverte au Conseil de Sécurité de l’ONU le 16 mars, la veille du débat qui allait adopter la résolution 1973. En bref, avant que le Conseil de Sécurité ne vote en faveur d’une intervention militaire, une proposition complète avait été présentée pour répondre à la nécessité de protéger les civils en tentant de faire cesser les combats, et pour jeter les bases d’une transition ordonnée vers une forme de gouvernement plus légitime, qui éviterait le risque d’un effondrement brusque dans l’anarchie, avec tout ce que cela signifierait pour la révolution tunisienne, la sécurité des pays voisins et pour la région dans son ensemble. L’imposition d’une zone d’exclusion aérienne constituait un acte de guerre : chose que le secrétaire à la défense US, Robert Gates, a confirmé devant le Congrès (US) le 2 mars. Une telle décision nécessitait, en guise de préliminaire, la destruction des défenses aériennes de la Libye. En autorisant une telle mesure et «  tous les moyens nécessaires », le Conseil de Sécurité a choisi la guerre alors qu’aucun autre moyen n’avait encore été tenté. Pourquoi ?

De nombreux critiques de l’intervention de l’OTAN lui ont reproché de s’être écartée des termes de la résolution 1973 et, pour cette raison, d’être illégale ; et que la résolution n’autorisait ni le changement de régime ni l’introduction de troupes au sol. Il s’agit d’une erreur d’interprétation. L’article 4 excluait l’introduction d’une force occupante. Mais l’article 42 des Régulations de la Haye de 1907 déclare que «  un territoire est considéré comme occupé lorsqu’il est effectivement placé sous l’autorité d’une armée hostile, » une définition conservée par les Conventions de Genève de 1949. Ce que la résolution 1973 avait exclu était l’introduction d’une force destinée a prendre le contrôle politique et légal du lieu, mais cela n’a jamais été l’intention ; des forces terrestres ont effectivement été introduites mais n’ont à aucun moment assumé une responsabilité politique ou légale de quoi que ce soit et par conséquent n’entrent pas dans la définition conventionnelle d’une force occupante. Il se peut que cette ambiguïté ait été intentionnellement introduite par les gouvernements auteurs de la résolution dans l’intention d’obtenir le maximum de voix en faveur de la résolution du 17 mars ; ceci bien sûr ne serait qu’un exemple parmi d’autres de l’art du sophisme dont les «  metteurs en scène » (en français dans le texte - NdT) de l’intervention ont fait preuve. Et le changement de régime était tacitement couvert par la phrase «  tous les moyens nécessaires ». Et s’il a pu y avoir des doutes sur l’interprétation de la résolution, celles-ci avaient déjà été balayées par la rhétorique martiale de Cameron et Hague, Sarkozy et Juppé, et Obama et Clinton avant même le vote du Conseil de Sécurité. Puisqu’il avait été affirmé que l’enjeu était la protection de civils d’un massacre par Kadhafi contre «  son propre peuple », il en résulte que leur protection passait pas l’élimination de la menace, qui était Kadhafi lui-même tant qu’il était au pouvoir (phrase qui fut ensuite transformée en «  tant qu’il était en Libye » avant de devenir «  tant qu’il était en vie »). L’attitude des puissances occidentales au cours de la période précédant le débat du Conseil de Sécurité ne laisse aucune doute que la résolution, très intelligemment rédigée, autorisait de façon tacite une guerre et un changement de régime. Ceux qui ont ensuite affirmé qu’ils ne savaient pas que le changement de régime était autorisé n’ont soit pas compris la logique des évènements, soit ont fait semblant de ne pas la comprendre pour justifier leur impuissance à s’y opposer. En insérant «  par tous les moyens nécessaires » dans la résolution, Londres, Paris et Washington s’autorisaient, par l’intermédiaire de l’OTAN, à faire ce que bon leur semblait où bon leur semblait, sachant par avance qu’ils n’auraient aucun compte à rendre puisque, en tant que membres permanents du Conseil de Sécurité, ils étaient au-dessus de toutes les lois.

En fait, à deux égards, la conduite de l’intervention par les puissances occidentales et l’OTAN a bien clairement violé les résolutions du Conseil de Sécurité. D’abord parce que rebelles ont été armés par la France, le Qatar et l’Egypte (selon le Wall Street Journal) et sans doute par d’autres membres de la coalition - ce qui constitue une violation claire de l’embargo sur les armes imposée par le Conseil de Sécurité dans les articles 9, 10 et 11 de la résolution 1970 adoptée le 26 février et reprise dans les articles 13, 14 et 15 de la résolution 1973. On a ensuite expliqué que la résolution 1973 remplaçait la résolution 1970 et que la phrase magique «  par tous les moyens nécessaires » autorisait la violation de l’embargo sur les armes ; ainsi l’article 4 de la résolution 1973 avait priorité sur les articles 13 à 15 de cette même résolution. C’est ainsi que la livraison d’armes aux rebelles par n’importe quel gouvernement fût autorisée tout en l’interdisant pour le gouvernement libyen qui, à l’époque, avait déjà été déclaré illégitime par Londres, Paris et Washington. Pratiquement personne n’a souligné cette deuxième violation.

Les efforts de l’ICG et d’autres instances pour trouver une alternative à la guerre ne sont pas passés complètement inaperçus. Apparemment, leurs propositions ont fait quelque impression sur les membres les moins naïvement enthousiastes du Conseil de Sécurité, et c’est ainsi qu’un hommage de la main gauche leur a été rendu par les rédacteurs du brouillon de la Résolution 1973. Dans la version finale - ce qui n’était pas le cas dans les précédentes -, l’idée d’une solution pacifique fut incorporée aux deux premiers articles, qui disaient :

[ Le Conseil de Sécurité...]

(1)    Exige l’établissement immédiat d’un cessez-le-feu et un arrêt complet des violences et de toutes les attaques et violences contre les civils ;

(2)   Met l’accent sur la nécessité d’intensifier les efforts pour trouver une solution à la crise, qui réponde aux exigences légitimes du peuple libyen et prenne note des décisions du Secrétaire Général d’envoyer son représentant spécial en Libye, et du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine d’y envoyer son haut-comité ad hoc, dans le but de faciliter le dialogue devant conduire aux réformes politiques nécessaires à une solution pacifique et durable.

De cette manière, la Résolution 1973 paraissait envisager activement et préférentiellement une alternative pacifique, tout en autorisant une intervention militaire comme position de repli, si un cessez-le-feu était refusé. En réalité, rien n’aurait pu être plus éloigné de la vérité.

La Résolution 1973 fut votée à New York tard dans la soirée du 17 mars. Le lendemain, Kadhafi, dont les forces campaient à la limite sud de Bengazi, annonça un cessez-le-feu, en conformité avec l’article 1, et proposa un dialogue, en conformité avec l’article 2. Ce que le Conseil de Sécurité avait préconisé et exigé, il l’exécuta en l’espace de quelques heures. Son cessez-le-feu fut immédiatement refusé, au nom du CNT, par un des commandants rebelles, Khalifa Haftar, et rejeté par les gouvernements occidentaux. «  Nous le jugerons sur ses actes, non sur ses paroles », déclara David Cameron, voulant dire par là que Kadhafi était censé assurer le cessez-le-feu général à lui tout seul : c’est-à -dire non seulement ordonner à ses troupes de cesser le tir, mais garantir que ce cessez-le-feu serait indéfiniment maintenu, en dépit du fait que le CNT refusait pour sa part d’en faire autant. Le commentaire de Cameron ne tenait aucun compte non plus du fait que l’article 1 de la Résolution 1973 ne plaçait pas le fardeau du cessez-le-feu sur le seul Kadhafi. Il n’avait pas plus tôt couvert l’indéniable violation de la Résolution 1973 par le CNT, qu’Obama l’appuyait de tout son poids, en ajoutant que pour qu’un cessez-le-feu de la part de Kadhafi comptât pour quelque chose, il lui faudrait (en plus de le soutenir indéfiniment sans contrepartie du CNT) retirer ses forces non seulement de Bengazi, mais aussi de Misrata et des villes les plus importantes que ses troupes avaient reprises à la rébellion - Ajdabiya à l’est et Zawiya à l’ouest -, en d’autres termes, il lui fallait accepter d’avance une défaite stratégique. Ces conditions, qu’il était impossible à Kadhafi d’accepter, étaient absentes de l’article 1.

Cameron et Obama avaient donc fait savoir clairement que la dernière chose qu’ils voulaient était un cessez-le-feu, que le CNT pouvait violer impunément l’article 1 de la Résolution et que, ce faisant, il agirait avec la bénédiction de ses parrains du Conseil de Sécurité. Le premier cessez-le-feu de Kadhafi n’aboutit à rien, de même que sa deuxième offre du 20 mars. Une semaine plus tard, la Turquie, qui s’était activée dans le cadre de l’OTAN pour aider à organiser la fourniture d’aide humanitaire à Bengazi, annonça qu’elle avait parlementé avec les deux parties et qu’elle offrait ses bons offices pour négocier un cessez-le-feu. L’offre reçut ce qu’Ernest Bevin aurait appelé «  a complete ignoral » (disons un bras d’honneur) et rien n’en est sorti, comme rien n’est sorti d’une initiative ultérieure en vue d’un cessez-le-feu et de négociations (auxquels Kadhafi donna explicitement son accord), prise par l’Union Africaine, en avril. Cette proposition aussi fut rejetée avec dédain par le CNT, qui exigea la démission de Kadhafi comme condition préalable à un cessez-le-feu. Cette exigence dépassait même la première liste de conditions d’Obama, dont aucune, déjà , ne figurait dans la Résolution 1973. Mieux : c’était une prétention qui rendait tout cessez-le-feu impossible, puisqu’un cessez-le-feu exige des commandants avec autorité décisive sur leurs armées et que la mise à l’écart de Kadhafi aurait signifié que plus personne n’avait d’autorité sur les forces armées libyennes.

En incorporant les propositions de politique alternative non-violente dans son texte, le parti de la guerre occidental s’est livré à un abus de confiance, entraînant ainsi quelques états encore indécis à voter la résolution du 27 mars : une guerre au finish, un changement de régime par la violence et la fin de Kadhafi avaient été ses objectifs dès le départ. Toutes les offres de cessez-le-feu que Kadhafi a pu faire par la suite - le 30 avril, le 26 mai et le 9 juin - furent traitées avec le même mépris.

Ceux qui croient au «  droit international » et qui ne voient pas d’inconvénient aux guerres qu’ils considèrent comme «  légales » auront peut-être envie de méditer ceci. Mais le point décisif, ici, concerne l’enchaînement des événements et les choix politiques qui y sont associés. En incorporant les suggestions de l’ICG - ou, plus généralement, du parti de la paix - dans le texte révisé de la Résolution 1973, Londres, Paris et Washington ont escamoté astucieusement toute possibilité de vrai débat au Conseil de Sécurité, qui eût nécessairement examiné les alternatives. L’incohérence de leur propre résolution fut le prix à payer pour ce stratagème.

Londres, Paris et Washington ne pouvaient permettre un cessez-le-feu, parce qu’un cessez-le-feu aurait entraîné des négociations, d’abord sur des voies menant à la paix, ensuite sur le maintien de la paix, et enfin, sur les différends politiques fondamentaux. Et cela aurait compromis les chances du genre de changement de régime qui intéressait les Occidentaux. La vue de représentants de la rébellion assis à une table avec des représentants du régime de Kadhafi, des Libyens parlant avec des Libyens, aurait remis en cause leur diabolisation de Kadhafi. Dès lors qu’il serait redevenu quelqu’un avec qui les gens parlent et négocient, il aurait été réhabilité. Et cela aurait exclu tout changement de régime par la violence - révolutionnaire ? - et ainsi frustré les Occidentaux de leur chance d’une intervention majeure dans le «  Printemps » d’Afrique du Nord. Leur plan interventionniste global aurait été un fiasco. La logique de la diabolisation de Kadhafi à la fin de février, couronnée par la saisine de la Cour Pénale Internationale (CPI) sur ses prétendus crimes contre l’humanité par la résolution 1970, et ensuite par la décision de la France, le 19 mars, de reconnaître le CNT comme seul représentant du peuple libyen, signifiaient que Kadhafi était banni pour toujours du discours politique international, qu’il n’était plus question de traiter de nouveau avec lui, même pas pour la reddition de Tripoli, quand, en août, il offrit des pourparlers en vue d’éviter à la ville des destructions supplémentaires, une offre qui fut une fois de plus rejetée avec dédain. Et c’est bien cette logique qui a été suivie du début à la fin, comme le prouve le nombre de morts civils à Tripoli, et, par-dessus tout, à Sirte. La mission de l’OTAN a toujours été d’imposer à la Libye un changement de régime, vérité occultée par le vacarme organisé autour du prétendu massacre imminent à Bengazi.

La version officielle, c’est que c’est la perspective d’un autre Srebrenica, voire un autre Rwanda, dans le cas où Kadhafi aurait réussi à reprendre la ville, qui a forcé la «  communauté internationale » (moins la Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Allemagne, la Turquie, etc. quand même) à agir. Quelles raisons avait-on de supposer que si les forces de Kadhafi reprenaient Bengazi, elles recevraient l’ordre de se livrer à un massacre général ?

Kadhafi a dû affronter pas mal de révoltes au long des années. Il les a invariablement matées par la force et en a chaque fois exécuté les meneurs. Le CNT et d’autres chefs rebelles avaient de bonnes raisons de craindre que, une fois Bengazi retombée aux mains des forces gouvernementales, ils seraient eux-mêmes isolés, encerclés et qu’on leur ferait payer le prix de leurs actes. Il était donc naturel qu’ils tentent de convaincre la «  communauté internationale » que ce n’étaient pas leurs seules vies qui étaient en jeu mais celles de milliers de civils. Toutefois, en reprenant les villes que le soulèvement avait brièvement arrachées au contrôle gouvernemental, les forces loyales à Kadhafi n’ont commis aucun massacre du tout ; les combats ont été âpres et sanglants, mais il n’y a rien eu qui ait ressemblé même de très loin à Srebrenica, moins encore au Rwanda. Le seul massacre connu du règne de Kadhafi est l’exécution de quelque 1200 prisonniers islamistes, à la prison d’Abu Salim, en 1996. Il s’est agi d’une sombre affaire, et, que Kadhafi l’ait ordonnée ou non, il est raisonnable de l’en tenir pour responsable. Il était donc normal de se préoccuper de ce que le régime allait faire et de la manière dont ses troupes se comporteraient en cas de reprise de Bengazi. Normal, par conséquent, de vouloir dissuader Kadhafi d’ordonner ou de permettre des excès. Mais ce n’est pas ce qui a été décidé. Ce qui a été décidé, c’est de condamner Kadhafi à l’avance d’un massacre de civils sans défense et d’enclencher le processus de destruction de son régime et de lui-même (et de sa famille) en punition d’un crime qu’il devait encore commettre, qu’il était très peu susceptible de commettre, et de persister dans cette voie, en dépit de ses offres répétées de suspendre toute activité militaire.

Il n’y a rien eu qui puisse être qualifié de nettoyage ethnique ou de génocide dans le contexte libyen (du moins de la part des Kadhafistes, NdT). Tous les Libyens sont des musulmans, la majorité de souche arabo-berbère, et bien que la petite minorité d’expression berbère ait à se plaindre de quelque chose à propos de la reconnaissance de sa langue et de son identité (ses membres sont des musulmans ibadites, pas sunnites) ce problème n’était pas le sujet du conflit. Le conflit n’était ni ethnique, ni racial mais politique : il opposait des défenseurs et des contestataires du régime de Kadhafi. Quel que fût le côté qui l’emporterait, on pouvait être sûr qu’il en userait rudement avec l’adversaire, mais le postulat d’un massacre de civils à grande échelle sur base de leur identité ethnique ou raciale ne reposait sur rien. Tous les clabaudages à propos d’un autre Srebrenica ou d’un autre Rwanda n’ont jamais été que des exagérations poussées dans le but évident de faire paniquer certains gouvernements pour qu’ils soutiennent le projet d’intervention militaire du parti de la guerre, afin de sauver la rébellion de sa défaite imminente.

Pourquoi le facteur panique a-t-il si bien fonctionné auprès de l’opinion publique internationale ou du moins occidentale, et en particulier auprès des gouvernements ? Des sources fiables rapportent que la peur d’Obama d’être accusé d’avoir permis un autre Srebrenica a fait pencher la balance du côté de la guerre à Washington, alors que non seulement Robert Gates mais aussi, initialement, Hillary Clinton, refusaient une implication des États-Unis. Je crois que la réponse est que Kadhafi avait déjà été si minutieusement et si complètement diabolisé que les accusations les plus délirantes sur son probable (certain, pour beaucoup) comportement futur, devait être cru, quel que fût son comportement réel. Cette diabolisation eut lieu le 21 février, le jour où toutes les cartes importantes furent distribuées

Le 21 février, le monde entier apprenait avec indignation que le régime de Kadhafi envoyait son armée de l’air massacrer des manifestants pacifiques à Tripoli et dans d’autres villes. La principale source de cette information était al-Jazeera, mais cette information était rapidement reprise par Sky, CNN, la BBC, ITN et les autres. Avant la fin de la journée, l’idée d’imposer une zone d’exclusion aérienne à la Libye recueillait un large consensus, de même que l’idée d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU destinée à imposer à la Libye des sanctions et un embargo sur les armes, le gel des avoirs de la Libye et à traduire Kadhafi et ses proches devant la Cour Pénale Internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité. La Résolution 1970 était dûment adoptée cinq jours plus tard et la question de la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne devenait, dès lors, sur le plan international, le centre des débats concernant la crise en Libye.

De nombreux autres événements se sont produits ce 21 février. Selon certaines sources, Zawiya était plongée dans le chaos. Le ministre de la justice, Mustafa Abdul Jalil, avait démissionné de ses fonctions. Cinquante travailleurs serbes avaient été attaqués par des pillards. Le Canada condamnait la « répression violente contre d’innocents manifestants ».

Deux pilotes de l’armée de l’air, fuyant la Libye, avaient posé leurs chasseurs à Malte, disant qu’ils avaient agi ainsi pour éviter d’avoir à obéir à l’ordre de bombarder et de mitrailler des manifestants. A la fin de l’après midi, il se disait de source sûre que les troupes et les tireurs d’élite du gouvernement tiraient sur la foule à Tripoli. Dix-huit travailleurs coréens avaient été blessés quand leur lieu de travail avait été investi par une centaine d’hommes armés. L’UE condamnait la répression, suivie par Ban Ki-moon, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi. Dix Egyptiens avaient été soi-disant tués à Tobrouk par des hommes armés. William Hague [ministre des Affaires Etrangères britannique, NDT], qui avait dénoncé la répression la veille (de même qu’Hillary Clinton), annonçait à une conférence de presse qu’il avait été informé que Kadhafi avait fui la Libye et qu’il était en route pour le Venezuela. L’ambassadeur libyen en Pologne affirmait que les militaires et les membres du gouvernement faisaient continuellement défection pour aller rejoindre la rébellion et que les jours de Kadhafi étaient comptés. De nombreux médias rapportaient que la plus grande tribu libyenne, les Warfalla, avait rallié le camp des rebelles. Les ambassadeurs libyens à Washington, en Inde, au Bangladesh et en Indonésie avaient tous démissionné et l’ambassadeur adjoint de la mission libyenne à l’ONU, Ibrahim Dabbashi, terminait la journée par une conférence de presse dans les locaux de la mission libyenne à l’ONU où il affirmait que Kadhafi avait déjà commencé à perpétrer un «  génocide contre le peuple libyen » et faisait venir des mercenaires africains. 

C’est Dabbashi, plus que tout autre, qui, ayant préparé son auditoire dans ce sens, avait été le premier à lancer l’idée que l’ONU devait imposer une zone d’exclusion aérienne et que la CPI devait mener une enquête sur les «  crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis par Kadhafi ».

A cette date, le nombre de morts depuis le 15 février s’élevait à 233, selon Human Rights Watch. La Fédération Internationale des Droits de l’Homme avançait une fourchette entre 300 et 400 (mais elle avait également annoncé le même jour que Syrte était tombée aux mains des rebelles). On peut comparer ces chiffres au nombre de morts en Tunisie (300) et en Egypte (au moins 846). On peut aussi comparer les chiffres d’HRW et de la FIDH avec le nombre de morts, estimé de façon plausible entre 500 et 600, au cours des sept jours d’émeutes qui avaient eu lieu en Algérie en octobre 1988, et au sujet desquelles le gouvernement français s’était totalement abstenu de faire une quelconque déclaration. Mais les chiffres n’avaient rien à voir là -dedans, ce 21 février, seules comptaient les impressions. L’information selon laquelle l’armée de l’air de Kadhafi massacrait des manifestants pacifiques avait fait très forte impression, et il allait de soi de prendre les démissions d’Abdul Jalil et des ambassadeurs, la désertion des deux pilotes et surtout la déclaration dramatique de Dabbashi sur le génocide comme étant la preuve du bien-fondé des affirmations d’al-Jazeera.

Les bons et les méchants, (pour reprendre le classement de Tony Blair) avaient été clairement désignés, les médias occidentaux étaient tous au comble de l’indignation, le conseil de Sécurité avait été saisi de l’affaire en urgence, la CPI était préparée à devoir se mobiliser, et on s’orientait vers une intervention - tout cela en l’espace de quelques heures. Et pour beaucoup, à juste titre. Sauf que les informations d’al-Jazeera étaient fausses, tout comme l’étaient les informations selon lesquelles la tribu Warfalla avait rejoint le camp de la rébellion, ou que, comme l’avait annoncé Hague, Kadhafi avait fui à Caracas. Et, naturellement, l’affirmation de Dabbashi concernant le «  génocide » était de la foutaise, une mise en scène théâtrale qu’aucune des organisations qui s’intéressent à l’utilisation du terme [de génocide] n’a songé à contester.

Ces considérations soulèvent des questions gênantes. Si les raisons données par les ambassadeurs et d’autres membres du régime pour expliquer leur défection le 21 février étaient fausses, qu’est-ce qui les avait réellement poussés à partir et dire ce qu’ils avaient dit ? Que manigançait donc al-Jazeera ? Et que manigançait Hague ?

Si une analyse sérieuse est faite des événements quand on aura davantage d’éléments sur cette affaire, elle s’attachera à chercher des réponses à ces questions. Mais je comprends sans mal que Kadhafi et son fils en soient brusquement venus à employer cette rhétorique féroce.

Il est évident qu’ils croyaient que, loin d’être confrontés à de simples « manifestants inoffensifs », selon les termes employés par les Canadiens, ils étaient déstabilisés par des forces qui agissaient selon un plan ayant des ramifications internationales. Il est possible qu’ils se soient trompés et que toute la situation était en fait spontanée et accidentelle, et qu’il s’agissait d’un imbroglio très confus ; je ne prétends pas être certain de ce que j’avance. Mais il y avait déjà eu dans le passé des manoeuvres destinées à déstabiliser leur régime et ils avaient de bonnes raisons de penser qu’il s’agissait à nouveau d’une tentative de déstabilisation. Les informations partisanes diffusées dans les médias britanniques, en particulier - qui ne cessaient de répéter, notamment, que le régime n’était confronté qu’à des manifestants pacifiques, alors que, outre des Libyens ordinaires qui tentaient de protester pacifiquement, il devait affronter des violences à la fois motivées politiquement et aléatoires (comme, par exemple, le lynchage de 50 prétendus mercenaires à al-Baida le 19 février) - concordaient avec la thèse de la déstabilisation.

Et, d’après les éléments que j’ai pu, depuis, rassembler, je suis enclin à penser que c’est bien de déstabilisation qu’il s’agissait.

Les jours suivants, j’ai cherché à vérifier moi-même l’information diffusée par al-Jazeera. Une des sources que j’ai consultées était le blog respecté «  Informed Comment », administré et mis à jour quotidiennement par Juan Cole, spécialiste du Moyen-Orient à l’Université du Michigan. Il y avait un billet, daté du 21 février dont le titre était «  les bombardements de Kadhafi rappellent ceux de Mussolini », qui expliquait qu’entre 1933 et 40, Italo Balbo [ministre de l’aéronautique de Mussolini, puis gouverneur de la Libye italienne http://fr.wikipedia.org/wiki/Italo_Balbo, NDT] était un fervent partisan de la guerre, estimant que c’était le «  meilleur moyen de traiter avec mépris les populations des colonies ». Le billet commençait par : «  le mitraillage et le bombardement à Tripoli de manifestants civils par les chasseurs de Mouammar Kadhafi, ce lundi … », les mots soulignés renvoyant à un article de l’Associated Press écrit par Sarah El Deeb and Maggie Michael, publié à 21h, le 21 février.

Cet article ne corroborait en rien l’affirmation de Cole selon laquelle les chasseurs de Kadhafi (ou tout autre type d’avion) avaient mitraillé ou bombardé qui que ce soit à Tripoli ou ailleurs. Et il en allait de même pour toutes les sources indiquées dans les autres articles sur la Libye qui relayaient l’information sur ce massacre par voie aérienne publié par Cole ce même jour.

A cette époque, j’étais en Egypte la plupart du temps, mais, dans la mesure où de nombreux journalistes qui allaient en Libye passaient par le Caire, j’en profitais pour demander à ceux que je pouvais rencontrer ce qu’ils avaient constaté sur le terrain. Aucun d’entre eux n’avait pu confirmer cette version des faits [les massacres commis par Kadhafi, NDT].

Je me souviens tout particulièrement d’avoir demandé, le 18 mars, à Jon Marks, spécialiste de l’Afrique du Nord britannique qui revenait tout juste d’un long séjour en Cyrénaïque (où il s’était rendu à Ajdabiya, Bengazi, Brega, Derna et Ras Lanuf), ce qu’il avait entendu dire sur cette affaire. Il m’a répondu que parmi ceux qu’il avait rencontrés, personne n’avait mentionné de tels faits. 

Quatre jours plus tard, le 22 mars, USA Today publiait un article frappant d’Alan Kuperman, l’auteur de «  Limits of Humanitarian Intervention » et corédacteur en chef de «  Gambling on Humanitarian Intervention ».

Cet article, «  Five Things the US Should Consider in Libya » («  Cinq points que les Etats-Unis devraient prendre en compte concernant la Libye »), était une violente critique de l’intervention de l’Otan, disant qu’elle n’avait pas respecté les modalités prévues pour qu’une intervention humanitaire soit justifiée et couronnée de succès. Mais ce qui m’a le plus frappé, c’est cette affirmation selon laquelle «  malgré l’omniprésence des téléphones portables dotés d’appareils photos, on n’avait pu voir aucune image des violences génocidaires, une affirmation qui suinte la propagande des rebelles ».

Et donc, quatre semaines plus tard, je n’étais pas le seul à ne rien avoir trouvé de tangible à cette information sur ces bombardements aériens. J’ai, par la suite, appris que cette question avait été évoquée plus d’une quinzaine de jours plus tôt, le 2 mars, lors des séances au Congrès US où Gates et l’amiral Mike Mullen, chef d’état-major des armées des Etats-Unis, avaient témoigné. Ils y avaient déclaré qu’ils n’avaient eu aucune confirmation concernant ces rapports selon lesquels des avions de Kadhafi tiraient sur des citoyens.

Cette histoire était fausse, tout comme l’était celle qui avait circulé en août 1990, quand on avait raconté que l’armée irakienne assassinait des bébés koweïtiens en débranchant leurs couveuses. Et les affirmations que contenait le dossier sur les ADM de Saddam étaient fausses, également. Mais, comme l’avait fait remarquer Mohammed Khider, un des fondateurs du FLN [en Algérie, NDT] : «  quand tout le monde reprend un mensonge, il devient une vérité ». La course au changement de régime par la guerre avait déjà commencé et rien ne pouvait l’arrêter.

Cette intervention a entaché tous les principes que les partisans de la guerre ont invoqué pour la justifier. Elle a provoqué la mort de milliers de civils, déshonoré la notion de démocratie, déshonoré la notion de droit et fait passer une fausse révolution pour une vraie.

Deux assertions qui ont été reprises à l’envi - elles étaient essentielles pour justifier le casus belli des puissances occidentales - c’est que Kadhafi était en train de «  tuer son propre peuple » et qu’il avait «  perdu toute légitimité », la seconde affirmation étant présentée comme le corollaire de la première. Les deux assertions étaient des mystifications.

«  Tuer son propre peuple » c’est la formule qui avait déjà été utilisée pour justifier la guerre menée contre Saddam Hussein pour opérer un changement de régime. Dans les deux cas, cela sous-tendait deux choses : que le despote était un monstre et qu’il ne représentait rien dans la société qu’il gouvernait. C’est tendancieux et malhonnête de dire simplement que Kadhafi «  tuait son propre peuple » ; il tuait ceux parmi son peuple qui se rebellaient. A cet égard, il faisait ce que tout gouvernement a toujours fait dans le passé face à une rébellion. Nous sommes libres de préférer les rebelles au gouvernement dans tous les cas. Mais des qualités relatives des uns et des autres n’est pas ce qui importe dans ce genre de situation : ce qui compte, c’est le droit d’un état de se défendre contre la subversion violente. 

Ce droit, qui était naguère considéré comme étant le corollaire de la souveraineté, est aujourd’hui compromis. En théorie, il comprend certaines règles à respecter. Mais comme nous l’avons vu, invoquer des règles (par exemple, «  le génocide est interdit ») peut aller de pair avec une exagération cynique et une distorsion des faits par d’autres états. Il n’y a, en fait, pas de règles fiables. Un état peut réprimer une révolte si les membres permanents du Conseil de Sécurité qui disposent d’un droit de veto le laissent faire (ex. le Bahreïn, mais également le Sri Lanka), mais pas dans le cas contraire. Et si un état pense que cette autorisation non officielle va de soi pour se défendre parce qu’il est en bons termes avec Londres, Paris et Washington et qu’il honore tous les accords conclus avec eux, comme c’était le cas pour la Libye, il a intérêt à se méfier. Les conditions peuvent brusquement changer du jour au lendemain. Cette question est désormais du domaine de l’arbitraire et l’arbitraire, c’est le contraire de la loi.

L’idée que Kadhafi ne représentait rien dans la société libyenne, qu’il s’en prenait à tout son peuple et qu’ils étaient tous contre lui, est une autre distorsion des faits.

Comme nous le savons maintenant, au vu de la durée de la guerre, l’énorme manifestation pro-Kadhafi à Tripoli le 1er juillet, la résistance acharnée des forces de Kadhafi, le mois qu’il a fallu aux rebelles pour venir à bout de Bani Walid et l’autre mois qu’il leur a fallu pour prendre le contrôle de Syrte, le régime de Kadhafi bénéficiait, comme le CNT, d’un soutien important. La société libyenne était divisée et une division politique était en soi un espoir de développement dans la mesure où elle signalait la fin de l’ancienne unanimité politique imposée et préservée par la Jamahiriya.

Vu sous cet angle, la description faite par les gouvernements occidentaux du «  peuple libyen » comme étant unanimement opposé à Kadhafi avait une implication sinistre, précisément parce qu’elle imposait une nouvelle unanimité soutenue par les occidentaux dans la société libyenne. Cette notion profondément antidémocratique découlait de façon logique de la notion tout aussi antidémocratique que, en l’absence de consultation électorale ou même de sondage d’opinion pour déterminer les véritables positions des Libyens, les gouvernements britannique, français et américain avaient le droit et le pouvoir de déterminer qui faisait partie du peuple libyen et qui n’en faisait pas.

Tous ceux qui soutenaient le régime de Kadhafi ne comptaient pas. Ne faisant pas partie du «  peuple libyen », ils ne pouvaient pas faire partie des civils à protéger, même s’il s’agissait véritablement de civils. Et ils n’ont pas été protégés, ils ont été tués par les frappes aériennes de l’OTAN ainsi que par des factions rebelles incontrôlées. Le nombre de ces victimes civiles du mauvais côté de la guerre doit s’élever à plusieurs fois le nombre de morts du 21 février. Mais ils ne comptaient pas, pas plus que ne comptaient les milliers de jeunes gens de l’armée de Kadhafi qui s’imaginaient innocemment qu’eux aussi faisaient partie du «  peuple libyen » et ne faisaient qu’accomplir leur devoir vis-à vis de l’état quand ils ont été carbonisés par les avions de l’OTAN ou qu’il ont été exécutés illégalement et massivement après avoir été capturés, comme à Syrte.

Le même mépris pour les principes démocratiques caractérisait les déclarations continuelles en Occident selon lesquelles Kadhafi avait «  perdu toute légitimité ». Tout gouvernement doit être reconnu sur le plan international et, dans ce cas, ce sont des sources externes qui statuent sur sa légitimité. Mais, en matière de démocratie, c’est la légitimité nationale qui prévaut sur la légitimité internationale. En parlant de légitimité perdue, non seulement les puissances occidentales anticipaient des élections en Libye qui établiraient le véritable taux de soutien populaire, mais elles copiaient le régime de Kadhafi ; dans la Jamahiriya, la population passait après la Révolution, dont la légitimité prévalait.

«  Si vous cassez, cela vous appartient », avait dit Colin Powell afin de prévenir des risques d’une nouvelle guerre en Irak. La leçon du chaos en Irak a été apprise, au moins au point que les puissances occidentales et l’OTAN n’ont cessé de répéter que le peuple libyen - le CNT et les milices révolutionnaires - étaient propriétaires de leur révolution. 

Et donc, n’étant pas propriétaires de la Libye après la chute de Kadhafi, l’OTAN, et Londres et Paris et Washington ne peuvent pas être accusés de l’avoir démolie ou d’être tenus pour responsables des dégâts. Et tout cela se traduit par un théâtre d’ombres. Le CNT occupe le devant de la scène en Libye, mais, depuis février, toutes les décisions importantes ont été prises dans les capitales occidentales après consultation avec les autres membres, en particulier arabes, du «  groupe de contact » qui se réunit à Londres, à Paris ou à Doha. Il est peu probable que la structure du pouvoir et le système de prise de décision qui ont guidé la «  révolution » depuis mars changera radicalement. Et donc, si rien ne se produit pour venir contrarier les plans qui ont permis à  l’OTAN et au CNT d’arriver où ils en sont aujourd’hui, ce qui va ressortir de tout cela, c’est un système de double pouvoir, d’une certaine façon analogue à celui de la Jamahiriya elle-même, et tout aussi hostile à l’instauration de la démocratie. Il s’agirait donc d’un système de prise de décision officiel sur des sujets secondaires qui servirait de façade à un système de prise de décision agissant dans l’ombre, séparé et indépendant, parce que dirigé depuis l’étranger, et qui traiterait de tous les sujets véritablement importants (le pétrole, le gaz, la finance, le commerce, la sécurité, la géopolitique) le gouvernement officiel en Libye sera un collaborateur subalterne des patrons occidentaux de la nouvelle Libye. Cela ressemblera davantage à un retour au temps de la monarchie qu’à celui de la Jamahiriya.

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Hugh Roberts

ancien directeur du projet Afrique du Nord de International Crisis Group de 2002 à 2007 et de février à juillet 2011. Il occupera bientôt le poste de professeur d’Histoire d’Afrique du Nord et du Moyen Orient à Tufts University.

SOURCE : http://www.lrb.co.uk/v33/n22/hugh-roberts/who-said-gaddafi-had-to-go?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=3322&hq_e=el&hq_m=1265721&hq_l=7&hq_v=ffd8b5307a

Traduction « il fallait bien se mettre à trois » par VD, CL et Emcee (des bassines et du zèle) pour le Grand Soir avec probablement moins de fautes et de coquilles que d’habitude.

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