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Prisons secrètes : la Pologne complice des tortionnaires de la CIA

Le rapport sénatorial dévoilé à Washington sur les crimes commis par la CIA après le 11 septembre 2001 avec la bénédiction de George Bush confirme la férocité et l’ampleur des crimes commis durant cette période. Il ne lève pas entièrement le voile sur les lieux des « sites noirs » où ont eu lieu les tortures, mais il est de notoriété publique que la Pologne, la Roumanie et la Lituanie ont abrité des centres de détention secrets entre 2003 et 2005.

« Ce rapport décrit un programme troublant », a commenté Barack Obama, « et il me renforce dans la conviction selon laquelle ces méthodes brutales étaient non seulement contraires à nos valeurs mais elle n’étaient pas utiles à nos efforts dans la lutte anti-terroriste ». Lundi soir, Obama a téléphoné au Premier ministre polonais, Ewa Kopacz, pour l’informer de la publication du rapport, le ministre polonais de la Défense déclarant : « certains secrets devraient le rester. »

C’est sous la présidence d’Aleksander Kwasniewski que les prisons secrètes ont été installées en Pologne. Kwasniewski, un ancien communiste relooké en libéral bon teint, a marqué son mandat par l’adhésion de son pays à l’Otan (1999), la participation de Varsovie à la guerre en Irak (2003), l’adhésion à l’Union européenne (2004) et le soutien actif à la révolution dite « orange » en Ukraine. Son prédécesseur à la présidence polonaise, le très réactionnaire et homophobe Lech Walesa avait bien préparé le terrain, l’ancien de Gdansk et protégé de Jean-Paul II allant jusqu’à considérer que « les terroristes seraient mieux traités dans le microclimat polonais que dans les prisons américaines. »

L’affaire des prisons secrètes de la CIA en Pologne avait déjà été traitée dans le « Washington Post ». Le quotidien affirmait que l’agence américaine avait payé en 2003 aux Polonais 15 millions de dollars (11 millions d’euros) pour installer à Stare Kiejkuty le plus important des « sites noirs » destinés aux prisonniers d’Al-Qaida hors des Etats-Unis. C’est là que Khalid Cheikh Mohammed, présenté comme le cerveau des attentats du 11 septembre 2001 a subi 183 séances de waterboarding après sa capture.

« Par une froide journée au début de 2003, deux agents haut gradés de la CIA sont arrivés à l’ambassade américaine à Varsovie pour prendre deux grandes boîtes en carton, avec à l’intérieur 15 millions de dollars cash, acheminés d’Allemagne par courrier diplomatique. Les deux hommes ont mis les cartons dans une voiture et sont allés à travers la ville jusqu’au quartier général des renseignements polonais », racontait le « Washington Post ».

La Pologne a dû répondre devant la Cour européenne des droits de l’homme d’accusations d’anciens prisonniers qui avaient précisé les techniques de torture utilisées par la CIA derrière les murs gardés par l’armée polonaise. Des techniques qui viennent d’être confirmées dans le rapport sénatorial : privation de sommeil jusqu’à 180 heures, maintien dans des positions douloureuses souvent nu et une cagoule sur la tête, tabassages répétés, musique assourdissante, simulation de noyade (« waterboarding »), isolement prolongé dans le noir, alimentation par voie rectale (« rectal feeding »), bains d’eau glacée… Les tortionnaires de la CIA ont agi à leur guise dans « le microclimat polonais » si cher à Lech Walesa.

José Fort
En complément, cet article du Grand Soir qui dénonçait en août 2013 les prisons secrètes, dont celles de Pologne, que Barack Obama et nos médias découvrent aujourd’hui : http://www.legrandsoir.info/pologne-la-prison-secrete-de-la-cia.html

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