Moyen Orient : derrière la victoire « historique » du Hezbollah, par Convergences Révolutionnaires.





[Ce qui est sûr en tout cas, c’est que la politique de tous ces régimes et partis nationalistes ou islamistes radicaux envers Israël amène à laisser la maîtrise de la situation à l’impérialisme. En n’ayant pour politique que de se préparer à une confrontation militaire (du moins en parole), en se donnant pour objectif (là encore en parole) la destruction d’Israël, comme le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a cru bon de le répéter sur tous les tons ces derniers temps, ils ne font que renforcer la conviction des Israéliens, bourgeois ou prolétaires, que leur salut est dans une alliance indéfectible avec les Etats-Unis. Et du coup ils contribuent à leur manière à mettre à la disposition des Etats-Unis toute la puissance d’Israël, à en faire cette forteresse qui surveille et menace toute la région.]



Convergences Révolutionnaires, 11 octobre 2006.


Une victoire « historique » et même « divine », c’est ainsi que Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, devant une énorme foule de ses partisans rassemblée à Beyrouth, a qualifié l’issue de la récente guerre que Israël a livrée à son parti. Nasrallah est dans son rôle en essayant de tirer tout le parti possible de la résistance inattendue du Hezbollah devant l’offensive israélienne, quitte à la surestimer. Pourtant, plus important sans doute pour l’avenir de la région, tous les témoignages s’accordent pour reconnaître que c’est aussi l’opinion d’une grande partie des peuples du Moyen Orient, dont Nasrallah serait devenu l’idole.


L’échec d’Israël

L’affaire du Liban, en tout cas, n’a pas été une victoire pour Israël. Et les critiques là -bas vont bon train contre le gouvernement. Trop rarement sans doute pour avoir déclenché la guerre, mais très souvent par contre pour l’avoir mal conduite.

Il est vrai que pour la première fois, depuis soixante ans qu’Israël fait régulièrement la guerre à l’une ou l’autre des armées arabes, les milices du Hezbollah, si elles ont sans doute subi des pertes importantes, n’ont été ni décimées ni écrasées. Le spectacle est nouveau. Des troupes arabes ont tenu tête. Les Israéliens déplorent à leur tour des pertes non négligeables et doivent se retirer au plus vite, contrairement à leurs habitudes de seigneurs et maîtres de la région, des territoires péniblement conquis. A peine ont-ils pu masquer cette précipitation sous le prétexte de céder la place aux troupes des Nations Unies ! Le nouveau prestige gagné par le Hezbollah dans l’opinion arabe n’est donc pas dû à une simple propagande outrancière et bien orchestrée.

Le succès d’un engagement militaire se mesure au fait d’avoir ou non atteint les buts fixés au départ. Et il est clair que ceux-ci ne l’ont pas été.

D’abord les militaires israéliens faits prisonniers n’ont pas été récupérés. Mais les malheureux soldats ne furent qu’un prétexte à déclencher les hostilités, voire peut-être un leurre dans une provocation délibérée montée par Israël. Des journalistes américains généralement bien informés, paraît-il, ont prétendu que les états-majors israéliens et américains planchaient depuis des mois sur des plans d’invasion du Sud du Liban. On ne doit certes pas prendre pour argent comptant les révélations des journalistes trop bien informés... après coup. Pourtant ces informations-là semblent cadrer avec le déroulement du conflit. Ce n’est pas la première fois que l’armée ou les services secrets israéliens ont à récupérer des hommes à eux aux mains de l’ennemi. Ils l’ont fait alors avec d’autres méthodes, et souvent un autre succès, que... par des bombardements massifs de la région dans laquelle les prisonniers étaient censés être détenus.

Ces bombardements n’avaient aucune chance de faire revenir les bidasses, au mieux ou plutôt au pire, de les ranger parmi leurs victimes. Ils prouvent que les autorités israéliennes se souciaient de leur sort comme d’une guigne. Des proches et les familles demandaient au gouvernement israélien d’entamer des négociations avec les ravisseurs. Cela semble, on l’avouera, une procédure plus normale quand on veut simplement récupérer les kidnappés que de commencer par détruire les places où ils sont susceptibles d’être gardés. Mais des négociations étaient justement ce que le gouvernement israélien voulait, et veut, éviter à tout prix.

En revanche si le but réel était de faire du Sud Liban une terre brûlée d’où le Hezbollah serait liquidé, de détruire toutes les infrastructures, civiles ou militaires, susceptibles de lui servir, quitte à détruire toutes les infrastructures du pays, et de tuer le plus de miliciens possibles, quitte à massacrer la population, alors ces bombardements systématiques et massifs qui ont marqué le début des opérations prennent tout leur sens. Et ne peuvent prendre que celui-là .

De ce point de vue, Nasrallah toujours bien vivant bien que sa tête ait été mise à prix par les Israéliens, entouré de troupes toujours aussi nombreuses sinon plus, rassemblant encore bien plus de Libanais qu’il ne l’avait jamais fait, non seulement shiites mais d’autres confessions aussi, en un mot renforcé politiquement, peut chanter victoire.


Et celui des Etats-Unis ?

Il n’y a pas que le Hezbollah qui peut crier victoire. Tout autant que lui il y a ses soutiens, la Syrie et surtout l’Iran. D’abord sa défaite aurait forcément été aussi la leur. Mais surtout c’étaient eux qui étaient visés au premier chef, au moins autant que le Hezbollah lui-même.

Car dans cette affaire Israël n’a pas fait que défendre ses intérêts propres en tentant de se débarrasser d’une force politique et militaire hostile à ses frontières nord. La preuve définitive que cette guerre fut préparée bien à l’avance et en commun par les Etats-Unis et Israël est peut-être encore à apporter. Elle n’est plus à faire en revanche sur le fait que depuis longtemps le second s’est mis au service des premiers et leur sert de gendarme dans la région. C’est le gendarme qui a frappé au Liban.

Et si le gendarme a frappé au Liban, c’est sans doute parce que ses patrons auraient intérêt tout comme lui de se débarrasser du Hezbollah. N’ont-ils pas classé ce parti parmi les organisations terroristes auxquelles ils ont déclaré une guerre universelle ? Mais c’est aussi pour alléger d’autres de leurs soucis dans la région, plus importants que la situation intérieure actuelle du Liban.

Ils ont certes liquidé le régime de Saddam Hussein, capturé son chef, montré que la principale puissance militaire régionale ne comptait pas face à la leur. Mais ils ont été incapables de remettre en place un Etat irakien qui pourrait imposer l’ordre, incapable de remettre en marche la production de pétrole au niveau espéré, ce qui était le but essentiel de l’opération. Le chaos politique et économique, la guerre civile et la guerre contre l’occupant se sont installés. Et la seule superpuissance de ce début du vingt-et-unième siècle semble chaque jour un peu plus embourbée et sans solution.

L’Afghanistan avait déjà pris le même chemin. Le régime des Taliban a bien été liquidé lui aussi. Mais depuis les Américains n’y maîtrisent pas davantage la situation. Et ce n’est certainement pas parce qu’ils ont officiellement passé le commandement des opérations à l’OTAN qu’ils se sont sortis de cet autre bourbier. Au mieux ils y entraînent lentement mais sûrement leurs alliés, dont la France.

Et maintenant il y a aussi l’Iran. Enhardi par les difficultés de son ennemi de plus de 25 ans en Irak et Afghanistan, deux voisins, voilà « l’Etat voyou » des Ayatollah qui proclame sa volonté de se donner une programme nucléaire qui pourrait aboutir à la fabrication de l’arme atomique. La provocation envers la superpuissance américaine, qui prétend réserver cette arme au petit club des déjà détenteurs, est évidente. La réponse que pourrait donner les Etats-Unis beaucoup moins, l’éventualité d’une intervention militaire étant quand même réduite du fait des problèmes de l’armée américaine engagée sur d’autres champs de bataille.

Une raclée au Hezbollah par Israël pouvait donc sembler a priori plus facile à administrer que de monter une nouvelle intervention militaire américaine d’envergure contre un Iran qui est à nouveau, maintenant que l’Irak de Saddam a disparu, la première puissance militaire du Moyen Orient. Certes l’effet ne pouvait pas en être tout à fait équivalent. Mais eût-elle été réellement administrée, c’était un avertissement à tous ceux qui dans la région peuvent songer à jouer les fortes têtes, Iran en premier. C’était leur dire : méditez l’exemple du Hezbollah ! Ne vous figurez pas que, parce que nous avons quelques difficultés en Irak ou en Afghanistan, nous ne pouvons intervenir ailleurs et que nous sommes paralysés. Nous avons toujours à notre service l’irrésistible armée israélienne, qui a les mêmes ennemis, les mêmes intérêts et est toujours prête à apporter le coup de main nécessaire.

Las, pour eux, l’affaire ne s’est pas aussi bien déroulée qu’ils l’attendaient ! L’armée israélienne loin d’être irrésistible a été en dessous de sa réputation ; le Hezbollah, cible choisie pour sa supposée infériorité militaire face à Tsahal, s’est révélé plus solide que prévu. Et la démonstration a été ratée.


La démonstration terroriste

La démonstration a été ratée ? Peut-être pas entièrement tout de même. Le Hezbollah n’a pas été détruit certes, mais le Liban si, et pas seulement dans les régions où règne le parti de Nasrallah. Cela a certes provoqué l’indignation, feinte ou réelle, d’une bonne partie de l’opinion mondiale. Mais que compte l’opinion mondiale pour l’impérialisme ?

Pour mettre les guérillas du Hezbollah hors course, il aurait fallu commencer par une offensive terrestre et pas seulement les bombardements aériens. Tout le monde l’a dit. Et une partie des militaires israéliens accusent maintenant leur hiérarchie d’avoir fait le mauvais choix.

Mauvais choix ? Sans doute, si le but avait été de récupérer les soldats enlevés ou même d’infliger une défaite décisive aux milices du Hezbollah. Mais si à ce premier objectif s’en ajoutait un autre, plus important encore (celui de lancer un avertissement aux régimes qu’on soupçonne d’aider les insurgés irakiens ou afghans), le choix était peut-être moins mauvais qu’il paraît à première vue. Au risque d’irriter et frustrer opinion et militaires israéliens !

Le Liban a été un champ de manoeuvres, une piste d’essai, une vitrine. Destiné aux populations comme aux régimes rebelles, nommément la Syrie et surtout l’Iran. L’impérialisme n’a peut-être pas les moyens politiques ou militaires de se mettre, aujourd’hui, un ou plusieurs Irak ou Afghanistan supplémentaires sur le dos. Mais il garde les moyens d’écraser un régime qui ne lui plaît pas d’une autre façon : en le faisant payer au prix fort, en détruisant le pays et ses infrastructures sous les bombes, en massacrant et affamant la population, en « ramenant ce pays à l’âge de pierre » comme se vantaient de le faire, et l’ont en partie fait, les généraux américains au Vietnam... et comme le font aujourd’hui les Israéliens dans une partie de la Palestine et la Bande de Gaza.

Oui, le Liban est un rappel pour les peuples du Moyen Orient et du monde de ce dont les impérialistes sont capables lorsqu’ils jugent leurs intérêts en jeu. Tous les impérialismes, et pas seulement la superpuissance américaine. A l’exemple de la France, qui a fait mine de froncer les sourcils devant la politique d’Israël et des Etats-Unis, pour se ranger à leurs côtés et leur tirer une petite épine du pied en envoyant des troupes dont le rôle est finalement d’aider à maintenir l’emprise des grandes puissances sur la région.


La guerre ou la négociation ?

Il est trop tôt pour dire si l’avertissement a été entendu. Apparemment les bras de fer continuent. L’Iran campe sur ses positions et s’affirme déterminé à poursuivre sa politique indépendante, en particulier la réalisation de son programme nucléaire, sans se soucier des menaces américaines. Le Hezbollah se vante d’être mieux armé que jamais, 20 000 missiles selon Nasrallah. La Syrie dit ouvertement qu’elle continuera à contribuer à cet armement. Mais cela traduit-il la conviction que, pour l’instant, l’impérialisme est trop emberlificoté dans ses problèmes pour mettre ses menaces à exécution ? Ou s’agit-il des bravades habituelles qui précèdent la recherche de négociations et de compromis ?

Car il y a aussi des signes dans cette dernière direction.

En Palestine le Hamas, pressé par la situation catastrophique créée par le quasi blocus et l’arrêt de l’aide internationale, a envisagé la constitution d’un gouvernement d’Union nationale et la reconnaissance de fait sinon de droit d’Israël (toutes concessions qui ont semble-t-il encouragé le Fatah à accentuer encore les pressions de son côté, jusqu’à menacer de déclencher une guerre civile).

Au Liban le Hezbollah, tout en clamant qu’il a gagné, préfère pour l’instant s’accommoder du statu quo et de l’occupation des troupes étrangères censées le désarmer (certes dans l’état actuel, cette tâche est loin d’être à la portée des troupes onusiennes, mais la volonté de réconciliation nationale affirmée par Nasrallah peut être aussi l’annonce d’une ouverture).

En Iran même, tout en réaffirmant leur volonté de ne pas se soumettre au diktat des Occidentaux, les autorités disent aussi leur volonté de négocier, voire de s’engager à n’utiliser les capacités de leur industrie nucléaire que pour l’usage civil (certes la proposition de coopérer avec la société française Aveva pour faire de l’enrichissement d’uranium en Iran fait partie du jeu diplomatique iranien consistant à tenter de diviser le front des grandes puissances ; mais ce pourrait être aussi une offre de compromis).

Dans la prochaine période, les Etats-Unis se sentiront-ils assez forts pour choisir la confrontation directe ou chercheront-ils au contraire, surtout si en face on se montre conciliant, à calmer le jeu, au moins momentanément ?

Ce qui est sûr en tout cas, c’est que la politique de tous ces régimes et partis nationalistes ou islamistes radicaux envers Israël amène à laisser la maîtrise de la situation à l’impérialisme. En n’ayant pour politique que de se préparer à une confrontation militaire (du moins en parole), en se donnant pour objectif (là encore en parole) la destruction d’Israël, comme le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a cru bon de le répéter sur tous les tons ces derniers temps, ils ne font que renforcer la conviction des Israéliens, bourgeois ou prolétaires, que leur salut est dans une alliance indéfectible avec les Etats-Unis. Et du coup ils contribuent à leur manière à mettre à la disposition des Etats-Unis toute la puissance d’Israël, à en faire cette forteresse qui surveille et menace toute la région.

L’autre choix serait une politique de classe. Celle qui consisterait pour chaque peuple à défendre ses intérêts et son indépendance, y compris les armes à la main quand il le faut, bien sûr, mais aussi à miser avant tout sur les pauvres et les prolétaires d’Israël pour affaiblir et démanteler ladite forteresse de l’intérieur. Et pour cela à tenir compte et défendre explicitement les intérêts de ces pauvres et de ces prolétaires, plutôt que parler de les rayer de la carte.

Ce n’est évidemment ni d’Ahmadinejad ni de Nasrallah, ni de leurs semblables, qu’il faut attendre cette politique. Israël leur est trop commode pour servir de leurre à leur propre peuple... et masquer peut-être demain les compromis qu’ils sont prêts à passer, eux aussi, avec l’impérialisme lui-même.

Le 5 octobre 2006


- Source : Convergences Révolutionnaires
www.convergencesrevolutionnaires.org



Liban : La salutaire leçon des barbares du 21ème siècle, par Sadek Hadjerès.


[Dans l’immédiat, la bombe iranienne gêne bien davantage le Pakistan et l’Arabie saoudite qu’Israël. Et Jérusalem ainsi que Téhéran partagent tout de même une relation très amicale avec l’Inde (et secondairement avec la Turquie). Si un compromis acceptable peut être trouvé, à chaud, dans la crise, peut-être alors le grand basculement du monde oriental est-il en passe de se réaliser sous nos yeux. Iran : L’ombre de la guerre ou la guerre des ombres ? par Houshang Sepehr.
]




COMMENTAIRES  

12/10/2006 19:14 par à -nos-amis

Mais cette guerre est déjà une "guerre de classe" , tous les actes violents ou de diplomatie contraignante posés par l’impérialisme U.S et ses affidés (dont Israel par necessité, eh oui..) visent à la garantie ou l’expansion du système capitaliste universel. En matière de solidarité avec les défavorisés d’en face, il n’est guère possible que d’appeler à la desertion.. "Convergences Révolutionnaires" devrait essayer auprès des cantons Suisses. Dans la modernité récente l’exploitation économique est aussi géographique, les classes aisées US ne construisent-elles pas des Cités d’or qui sont autant de quartiers de haute sécurité inversés : le mal étant dehors ?

M Ahmadinejad ne vocifère pas tant contre Israël que contre le sionisme expansionniste ; ainsi, sur la convergence des chemins nous espérons que lui, Cheikh Nasrallah, la résistance Irakienne, la RDPC au peuple martyr, Castro le dictateur, tous les parias au monde du consensus narcissique et repus, toutes les bonnes volontés disposées à briser le miroir et qui n’auraient jamais marché au pas des bottes nazies ! tous ceux là et tous nos amis feront encore beaucoup contre l’impérialisme capitaliste, le monstre d’envie, monstre d’inhumanité.

12/10/2006 22:19 par fbs

D’abord une petite remarque qui ne me paraît pas sans intérêt : il a déjà été mentionné que contrairement à la "traduction" des médias mainstream Ahmadinejad ne poussait pas à la destruction d’Israël mais au régime israélien. Perpétuer une telle erreur de traduction est coupable.

Mais plus fondamentalement craindre de "mettre à la disposition des Etats-Unis toute la puissance d’Israël" c’est craindre une chose déjà bien avérée de longue date.

D’autre part, miser sur les pauvres et les prolétaires d’Israël c’est espérer que se réveille là une conscience de classe internationaliste dans une société post-moderne sous l’emprise complète d’un capitalisme globalisant comme dans nos sociétés occidentales mais aggravé par l’angoisse des conséquences qu’on peut maintenant attendre d’un sionisme devenu trop arrogant et pourtant rendu impuissant par l’usage inapproprié de la puissance technologique sophistiquée et très coûteuse face à une résistance efficace et sophistiquée malgré des moyens moins spectaculaires. Il semble bien que la toute-puissance US (et israélienne) s’approche de ses limites. Et aveuglement oblige, ils ne semblent même pas s’en apercevoir...

Enfin il se pourrait que le capitalisme globalisant, par son ambition de détruire les états et les cultures, rende prioritaire la défense de la dignité des peuples et leur pouvoir décisionnel.

12/10/2006 23:27 par yenkavitch

Je vous transmets le texte du bulletin n°5 (Octobre 06) "Combattre pour en finir avec le capitalisme" relatif à la victoire de la résistance libanaise. Ce bulletin ou CPFC est celui du Comité Communiste Internationaliste - Trotskyste (voir la déclaration de constistution sur le site et Qui sommes nous ?)
http://perso.numericable.fr/~fraccps/
Bonne lecture

APRES LA VICTOIRE DE LA RESISTANCE LIBANAISE
UNE SITUATION INSTABLE ET EXPLOSIVE

Plus le temps avance et plus l’échec de l’Etat d’Israël au Liban apparaît dans toute son ampleur : pour la première fois, dans un choc frontal avec la résistance des masses, il a essuyé une défaite militaire qui a ouvert en Israël même une situation de crise, jusqu’au coeur de son armée, réputée invincible.
Le Hezbollah, né de l’invasion israélienne de 1982 et qui a mis la main depuis sur la résistance populaire, a pu ainsi faire acclamer impunément à Beyrouth le 23 septembre, par des centaines de milliers de libanais, y compris d’autres formations politiques, sa « victoire historique », alors que le premier objectif de l’offensive israélienne était de le détruire.
Celle-ci n’avait pourtant pas lésiné sur les moyens, laissant tout le sud libanais à l’état de ruine : ponts, routes, centrales électriques, usines, mais aussi quartiers populaires, villages, hôpitaux, écoles, et jusqu’aux convois de réfugiés, rien n’a été épargné par un véritable terrorisme, utilisant les bombes au phosphore et à fragmentation contre une population considérée comme collectivement responsable.
Le fiasco se mesure aux moyens mis en oeuvre. Mais il laisse une économie détruite et un pays à reconstruire.
LES OBJECTIFS D’ISRAEL
La délivrance des deux soldats faits prisonniers en juillet n’était évidemment qu’un prétexte, pour une opération prévue de longue date. Elle avait d’ailleurs débuté en juin, avec les mêmes méthodes, sur la bande de Gaza.
Dans les deux cas, l’objectif était de détruire le potentiel de résistance des masses et de soumettre celles-ci à la domination colonisatrice de l’Etat israélien.
Cette politique expansionniste est inhérente à la création même de l’Etat sioniste en 1948. Elle s’inscrit aujourd’hui dans la politique du « Grand Moyen-Orient » de George Bush. Elle a tout son soutien, dans une région hautement stratégique pour les USA, économiquement et politiquement, et Israël ne pourrait rien sans leur appui. En ce sens, sa défaite militaire est aussi un coup porté à l’impérialisme américain.
La politique de celui-ci exige, en effet, de briser par la force la résistance que les Palestiniens lui opposent. Elle exige de liquider leurs revendications à recouvrer leurs terres spoliées et les droits nationaux bafoués de toutes les façons depuis 1948. Elle exige d’étendre, au contraire, la colonisation sioniste jusqu’à l’annexion du sud du Liban ou au moins la vassalisation de celui-ci.
Devant l’échec de l’Etat d’Israël, l’impérialisme US est obligé de miser sur les « démocraties occidentales » (et accessoirement sur les régimes « associés » des pays du Moyen-Orient, Turquie, Egypte, etc…) pour prendre le relais.
COMPLICITE DE L’ONU, DES GOUVERNEMENTS EUROPEENS, DU GOUVERNEMENT FRANCAIS…
Il faut dire que, dès le début, l’action de Tsahal a été soutenue une fois de plus par les principaux pays impérialistes (réunis le 15 juillet en Russie) au nom « du droit d’Israël à se défendre », avec dénonciation du Hamas et du Hezbollah qui « plongent le Proche Orient dans le chaos », accompagné des soupirs d’usage sur « les conséquences stratégiques et humanitaires de la guerre ».
La résolution 1701 de l’ONU met en demeure les gouvernements libanais et palestinien de désarmer la résistance, comme déjà en 2004, la résolution 1559. Avant cela la docte assemblée a pris tout son temps pour laisser l’offensive aboutir, en comptant sur l’écrasement ou la reddition des masses.
Comme pour la résolution 1559, le gouvernement Chirac y a participé pleinement. Il a concocté avec Bush la 1701, pour une « force d’interposition » et négocié sa participation avec les autres gouvernements européens. Cela, après avoir assisté sans mot dire aux exactions israéliennes à Gaza : bombardements, assassinats, rafle de vingt députés et huit ministres palestiniens…
Compte tenu de ses multiples liens économiques, culturels et politiques avec le Liban, l’impérialisme français a cherché et cherche encore à jouer son propre jeu dans les divergences d’intérêt avec l’Italie, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, mais c’est en dernier ressort celui des USA qui l’emporte et Chirac s’est aligné : la participation des troupes françaises à la FINUL s’effectue aux conditions de l’impérialisme US et pour le compte de sa stratégie.
…SOUTENUS PAR LES DIRIGEANTS DES SYNDICATS, DU PCF, DU PS
Tous ceux qui prétendent que la politique française et celle de l’Union européenne visent « la paix » au Moyen-Orient et que les troupes de la FINUL ont un rôle pacificateur mentent.
En particulier les dirigeants du PS qui ont « salué » la demande de Chirac de « désarmement de toutes les milices » ; ceux du PCF qui « se félicitent » de l’envoi de 2 000 soldats français ; ceux des centrales syndicales, qui, à l’image des dirigeants de la FSU, renvoient, au nom de la paix, les belligérants dos à dos, demandant « l’application des résolutions de l’ONU » et exhortent le gouvernement Chirac à agir en ce sens.
Car le rôle de la FINUL est défini sans ambiguïté : aider au désarmement de la résistance, c’est-à -dire servir de rempart politico-militaire à Israël, auquel nien entendu personne ne demande de désarmer.
Il ne peut donc y avoir d’autres mots d’ordre à son égard que :
ï‚· Retrait de toutes les troupes françaises du Liban !
ï‚· Dissolution de la FINUL - A bas la résolution 1701 !
UNE SITUATION INSTABLE ET EXPLOSIVE
En fait, la situation actuelle est celle d’une extrême instabilité, aussi bien au Liban qu’en Palestine, en Israël et dans leurs rapports. Un article pouvait titrer : « Trêve sur un baril de poudre » (Le Monde du 6/9).
ï‚· D’une part, l’Etat d’Israël a échoué sur plusieurs tableaux : ses soldats-prétextes restent prisonniers ; la résistance ne peut être qu’encouragée par sa victoire, en Palestine en particulier. Sur le plan international, sa situation est dégradée, et le gouvernement libanais se dispose même à porter plainte contre ses exactions.
En même temps, il ne peut reculer que très partiellement sur ses exigences : sur l’échange des prisonniers, peut-être, mais en aucun cas sur ce qui touche à sa reconnaissance et aux revendications fondamentales palestiniennes. Olmert vient de décider qu’il ne rendra jamais le Golan, et d’annuler le retrait prévu des colonies en Cisjordanie. Il maintient l’étranglement du peuple palestinien, avec la complicité de la France et de l’Europe, par un blocus insupportable.
ï‚· D’autre part, la puissance du Hezbollah reste à peu près intacte, et il renouvelle son armement. Il pourra reprendre le combat quand et comme il l’entendra. Son ancrage dans les masses, malgré le caractère islamiste réactionnaire de
son idéologie et son inféodation aux régimes iranien et syrien, se confirme et se développe par l’aide aux victimes.
Pour sa part le gouvernement libanais, lui-même instable, est incapable de maîtriser la situation, et l’impérialisme n’est pas pour l’heure en mesure de le renforcer ou de la remplacer.
ï‚· Dans ce cadre, les missions confiées à la FINUL s’avèrent actuellement des missions impossibles :
- le Hezbollah refuse son contrôle comme il refuse de rendre les armes à l’armée libanaise, et il est douteux que celle-ci s’en charge au risque d’une guerre civile ;
- l’Etat-major de la FINUL lui-même refuse cette tâche et s’en décharge sur le gouvernement.
En d’autres termes, personne ne peut ni ne veut s’attaquer au Hezbollah (et aux masses qui lui font confiance) et les mesures de contention (contrôle des frontières, surveillance aérienne par Israël) ne font qu’esquiver le problème devant lequel Tsahal a échoué.
Cependant l’impérialisme n’a pas actuellement d’autre dispositif à mettre en oeuvre.
PLUS QUE JAMAIS, DEFENSE DU PEUPLE PALESTINIEN !
ï‚· Du côté palestinien, l’espoir de calmer le jeu au bénéfice d’Israël par un « assagissement » du Hamas dans un gouvernement d’Union nationale sur la base d’une acceptation des accords d’Oslo et de la « feuille de route » de Bush, semble écarté par ses dernières déclarations, refusant toute reconnaissance de l’Etat d’Israël.
Parallèlement l’agitation croît dans la population asphyxiée par le blocus israélo-occidental, et à bout de ressource. Au début septembre, les enseignants et fonctionnaires impayés depuis six mois ont fait grève à 90 %. Depuis, des manifestations et affrontements se sont poursuivis en particulier à Gaza. Le 1er octobre, le siège du Hamas et celui du gouvernement ont été mis à sac. La répression par la police du Hamas (huit morts, plus de 130 blessés) place le pays au bord de la guerre civile, et en tous cas, dans un chaos politique et social aggravé.
La défense du peuple palestinien est plus que jamais indispensable et urgente.
Les organisations ouvrières ont le devoir d’appeler immédiatement ensemble, sur les mots d’ordre :
Après sa défaite au Liban, Israël soutenu par les USA et l’U.E. cherche l’écrasement du peuple palestinien
A bas les affameurs impérialistes !
Levée immédiate du blocus de la Palestine !
à une
MANIFESTATION MASSIVE A L’AMBASSADE D’ISRAEL

Les militants doivent intervenir partout, dans leurs syndicats et auprès des partis et organisations politiques, pour qu’ils reprennent ces exigences.
André LAUTRE, le 2 octobre 2006.

13/10/2006 10:21 par Anonyme

pendant 50 ans on nous a endormis avec la "gauche israélienne" et maintenant c’est avec "les masses prolétaires" que vous voulez nous y coller : ça ne marche plus
faudra trouver autre chose

quant à la "victoire du hezbollah " que les peuples arabes la célèbre on peut le comprendre mais nous savons bien ce qu’il en est du rapport de force entre l’empire américain et tout le reste du monde

13/10/2006 14:21 par yenkavitch

Cher modérateur...comment faire pour vous soumettre une texte ? y’a t’il une adresse spécifique pour vous l’envoyer
Cordialement

13/10/2006 15:06 par Anonyme

Bonjour,

Vous pouvez nous transmettre votre texte via un message laissé à la suite, comme vous venez de le faire.

Nous le récupérerons pour une publication éventuelle.

Merci.

(Commentaires désactivés)