Moi, Charlotte, 14 ans, esclave en France

La bête n’est pas morte. Elle est tapie et se cache. Parfois elle montre son horrible grouin. Charlotte, 14 ans, achetée 4.500 euros près d’Abidjan, vient de trouver refuge auprès des autorités françaises. Elle était tenue en esclavage depuis septembre dernier par un couple du Vaucluse, à Cavaillon.

Le cas de cette enfant est la partie émergée de l’Iceberg. Selon le « Comité contre l’esclavage moderne » il est très difficile d’estimer le nombre des victimes dans l’Hexagone « car les faits se déroulent dans le huis clos des domiciles ».

Dans le monde, selon l’ONU, ce sont deux millions de personnes qui sont réduites à l’esclavage chaque année. Le nombre d’individus victimes d’esclavages est impressionnant : ce sont, selon le BIT (Bureau International du Travail), entre 200 et 250 millions adultes qui souffrent de cet état. Un chiffre hallucinant auquel il faut ajouter jusqu’à 300 millions d’enfants de 5 à 14 ans au travail et plus de 250.000 enfants soldats, selon l’Unicef.

MILIEU DIPLOMATIQUE

Charlotte était déscolarisée et employée par un jeune couple aux tâches ménagères et à la garde des enfants. Elle a été battue à coups de ceinture et s’est enfuie. Le présumé responsable de l’affaire, un homme d’origine ivoirienne a été mis en examen pour violences et « traite d’être humain ». De même qu’un ami du couple, un togolais en situation irrégulière.

A lire ces chefs d’accusation, on cauchemarde.

Selon le Comité contre l’esclavage moderne, 20% des victimes de l’esclavage moderne « ont été asservie dans le monde diplomatique ou les beaux quartiers ». Mais ce milieu social n’a pas l’exclusivité de ces horreurs.

L’organisation ajoute que « ces drames sont aussi présents dans les pavillons de banlieue ou les grands ensembles des quartiers défavorisés ». La méthode est quasiment toujours la même : privation des papiers d’identité, menaces, intimidation ajoutées à des conditions de travail et d’existence effroyables.

Ce sont les voisins qui, la plupart du temps, signalent ces situations d’esclavages domestiques. Ou bien les urgences des hôpitaux …

COMMENTAIRES  

14/02/2013 16:32 par Romane

"Parfois elle montre son horrible grouin." Est-ce une coquille (grouin) ?... Parce que sinon, je ne comprends pas bien à quoi cela se réfère ? Pouvez-vous m’éclairer, svp ?

14/02/2013 17:58 par legrandsoir

Deux jeunes Phillippines se sont enfuies le 15 août 1995 de l’ambassade du Qatar à Paris. Le cas a été signalé par le Groupe d’information et de soutien des travailleurs immigrés (Gisti) au Quai d’Orsay. Leur contrat de baby sitter signé par l’ancien ambassadeur à Paris, prévoyait un salaire de 300 dollars par mois pour « un maximum de huit heures de travail par jour ; six jours par semaine » et trente jours de congés tous les deux ans. L’employeur se réservait en outre le droit de mettre fin au contrat en cas « d’engagement dans des activités syndicales ».

En 2007, Jérôme Cahuzac est condamné sans peine ni inscription au casier judiciaire pour avoir employé au noir une femme de ménage philippine en situation clandestine en France de juillet 2003 à novembre 2004.

Les employées des Philippines sont réputées pour travailler dur pour pas grand chose et en la fermant.

Cahuzac est réputé pour être socialiste. Et intègre.

14/02/2013 18:42 par Lionel

Je pense que cette personne délicate voulait vous faire remarquer que "grouin" s’écrit en fait "groin"... et qu’elle attache assez peu d’importance au contenu !

14/02/2013 19:47 par Sheynat

20% des victimes de l’esclavage moderne « ont été asservie dans le monde diplomatique ou les beaux quartiers »

Plus ils sont riches plus ils sont "toumédu", c’est à la fois révoltant et écoeurant.

@ Romane : le "grouin" = groin. C’est peut-être un ancien usage pour définir le museau du cochon...

14/02/2013 21:51 par Un partageux

On peut lire "La révolte des pendus" de B. Traven. Voilà un excellent roman qui est finalement aussi une bonne analyse du mécanisme de l’esclavage moderne ou travail lié. Le roman se passe au Mexique mais on retrouve le même système sous toutes les latitudes. Le roman se passe dans les années autour de 1930 mais reste d’une actualité brûlante en Afrique ou dans le sous-continent indien...

Un partageux

14/02/2013 23:28 par Lionel

Sheynat, ta remarque est intéressante à plus d’un titre. Elle confirme la puissance et l’assurance que donne le pouvoir de l’argent mais elle fait aussi penser au dur constat concernant la violence conjugale dont on sait depuis pas mal d’années qu’elle est très prégnante dans les foyers de personnes ayant fait plus de 5 ans d’études supérieures.
A l’époque de la parution de ces données, ils parlaient de 50% des violences envers les femmes !
Ce qui, par la même occasion remet les pendules à l’heure concernant l’alcoolisme et la violence dans les milieux ouvriers...
Il est vrai que l’idée même d’avoir une bonniche à domicile puis d’en faire une esclave relève déjà d’une certaine culture !

15/02/2013 08:40 par rouge de honte

Et pour mon PC, j’ai combien d’esclaves ?
Et pour ma salade ?
Une paille, une poutre, des regards différents.
Une chose est certaine : plus notre niveau de vie est élevé, plus nous avons d’esclaves à notre botte.
Nous pouvons faire comme s’ ils n’existent pas ou exiger qu’ils nous coulent un bain, leurs souffrances sont toujours provoquées par leurs "supérieurs" dans la pyramide du capital.
N’est-ce pas là le sens même du capitalisme ?

Mais qu’est-ce qui est différent entre Charlotte et moi ?
Charlotte est esclave pour subvenir à ses besoins, sans choix et dans une parfaite soumission.
Moi je suis esclave pour subvenir en majorité à mes envies, sans choix et dans une pafaite soumission.
Charlotte n’esclavagise personne.
Par contre moi...

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