Mme Budimir, prénommée Milka, condamnée à céder son site internet au chocolat Milka.

Que vaut un être humain face à une multinationale de l’agro-alimentaire ? Avant même que le « Traité constitutionnel européen » soit adopté (ce qu’à l’Histoire ne plaise !), la réponse est : rien.

Mme Milka Budimir, commerçante de 58 ans, propriétaire de deux boutiques de couture dans la Drôme vient de l’apprendre à ses dépens. Cette spécialiste des vêtements sur mesure, retouches rapides et autres confections de rideaux a mis en ligne un site internet qu’elle a tout naturellement nommé « milka.fr ». Elle a pour cela déposé le nom de domaine qui était disponible début 2002, personne n’ayant songé à le faire avant.

Voilà qui n’a pas été du goût du géant américain de l’agro-alimentaire Kraft Foods, propriétaire de la marque de chocolat Milka. Entre autres délices.

Mme Dubimir, en effet, lui faisait de l’ombre ! C’est du moins ce que lui faisait savoir l’avocat du géant américain de l’agro-alimentaire en juin 2002 : « (...) la réservation du nom de domaine « milka.fr » (...) porte gravement atteinte aux droits de [Kraft Foods Schweiz Holding] sur les marques notoires précitées et lui causent un préjudice important dont elle est fondée à obtenir réparation (...) »

On imagine facilement le désastre : les milliers d’internautes qui, chaque jour, recherchent désespérément des renseignements sur le chocolat Milka, changeant soudain d’avis au profit d’une paire de rideaux ou d’un ourlet au pantalon. Quelle perte pour la marque à la grosse vache mauve !

C’est sans doute ce qui justifie que dans son jugement, le tribunal de Nanterre "dit qu’en réservant et utilisant le nom de domaine milka.fr, Mme Milka Budimir a fait un emploi injustifié des marques dénominatives notoires Milka dont la société Kraft Foods est propriétaire".

En conséquence, ils ont "interdit" à Mme Budimir l’emploi du nom de domaine milka.fr et l’ont condamnée à le transférer à Kraft Foods dans un délai d’un mois à compter du jugement, sous peine d’une astreinte de 150 euros par jour. La couturière a également été condamnée aux dépens.
Lundi, l’avocat de Mme Milka a affirmé : « nous sommes désolés de voir que le droit des marques triomphe sur le droit des personnes ». Désolé, certes. Mais pas surpris, au moins ?

Une chose est sure, c’est que Kraft Foods avait assigné Mme Budimir prétextant que la multinationale subissait notamment un préjudice d’image. Parions que son image sort renforcée de cette affaire.

D’ailleurs, nous allons en profiter pour lui faire un peu de publicité, car nous sommes persuadés que nos lecteurs méconnaissent trop cette société et ses produits. Après le préjudice financier subi par ses actionnaires, c’est le moins ! Si, donc, vous souhaitez aider ces aimables humanistes philanthropes, précipitez-vous dans votre hypermarché favori et achetez sans compter les marques suivantes :

- Tassimo
- Carte Noire
- Jacques Vabre
- Grand’Mère
- Maxwell House
- Velours Noir
- Côte d’Or
- Daim
- Suchard
- Toblerone
Et bien sûr, celle qui vous fera changer de costume, refaire vos ourlets, grimper aux rideaux :

Milka

COMMENTAIRES  

14/03/2005 22:03 par pifex

Ce sont des marques labélisées "Commerce équitable" ?

15/03/2005 08:13 par Michel Noguès

Encore une preuve s’il en était besoin que le "commerce" est en train de perdre tout sens humain.
Il y a eu des précédents de personnes ayant perdu leur nom au profit d’une marque. Je me souviens vaguement d’une affaire dans le milieu de la mode et de telle créatrice...

Ce qui m’étonne c’est qu’"ils" n’aient pas songé à taxer les prénoms et les noms, ces avides (de sens). Je propose que chaque marque, qui a pillé en son temps le calendrier et l’état civil, puisse par le biais des instances (encore publiques) devenues complaisantes récupérer une taxe proportionnelle à la notoriété dont elle s’auto-gratifie par le biais des "consommateurs-sondés-nommés".

Ainsi nos pauvres multinationales pourraient gagner un peu d’argent sans se fatiguer, elles qui "lobbient" pour se faire tailler des lois favorables.

En plus de faire "progresser" les produits traditionnels en les "enrichissant" de substances destinées à créer des dépendances de tous ordres chez le consommateur, elles pourraient effectivement compter leurs "adeptes" sur les registres d’état civil.
On peut aussi émettre l’avis que chaque "sponsor-malgré-lui" devrait s’engager à consommer dans son pool de marques et donner une journée par mois pour faire bénévolement la promo de son "patron" dans les pays "émergeants" privés de la CONNAISSANCE ... faute de quoi il verserait une obole pour dédommager son "saint patron".

Imaginez la notoriété d’une entreprise nommée BRUN... si elle avait LU ces lignes ... du gâteau !

Ceci dit, il me semble que le prénom, voire le nom, sont antérieurs à la marque ... et qu’il faut attribuer à ce travers humain fort répandu qui consiste à "faire commencer l’histoire là où notre intérêt est de la faire commencer" l’émergeance et la prolifération de cette attitude procédurière.

28/03/2005 16:26 par lamane ngarmbatina

Salut,
impressionné par votre article
j’apporte mon soutien indefectible à Mme Milka
En effet, je profite de l’occasion et de votre magazine pour chercher un producteur, maison de disque,tv, de mécènes.
je suis artiste chanteur ( auteur-compositeur ) avec un album à mon actif. Je suis de nationalité Tchadienne et je vis à cotonou au Bénin.
Je vous remercie.
Contact : 07 BP 981 Cotonou Rép. Bénin
Tél : 229 44 85 51
E-mail : mastadoo8@yahoofr
Lamane

02/12/2005 22:23 par Anonyme

ily a aussi mars je crois

22/07/2007 12:36 par ARKBLB5462

Le ridicule ne tue pas, il n’étouffe pas non plus. Mais ça se passe en France, rien d’étonnant. un pays, non pas des droits de l’homme mais des droits de marque. toujours avec ses complexes dont elle ne pourra jamais se débarasser face aux américains. L’usage du karcher est limité aux seuls personnes qui maintiennent les qques valeurs, si ils en reste encore, d’une France qui va jusqu’à importer ses présidents. BRAVO LA FRANCE. continuez.

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