Les tueurs de bananes

"Deux singes avertis en valent un". 

***

Supposons que, vraiment, nous venons du singe. Alors, le singe, inventif, se met à acheter tous les bananiers par le moyen simple de déclarer – en découpant ses territoires- que les chefs sont plus importants que les ramasseurs de bananes.

Bref, ce salaud simiesque à tout d’un coup devenu Archimède dans son bain de sueurs des tropiques.

Euréka ! ( C’est de la petite culture. Archimède...! Aujourd’hui, on a concocté un système d’éducation ou l’oubli a plus d’importance que la recherche des souvenirs des autres qui nous ont précédés ).

Euréka !

Le singe décide de transformer en or tout ce que lui rapportent les bananes. Il pense alors avoir trouvé les moyens de payer les PDG des bananiers. Bref, il les paye par l’orgueil, il les flatte, les couvre de médailles, et organise des cérémonies.

OUAH !

Mais encore...

Ils payent plus cher les DG pour que les ramasseurs de bananes aillent plus vite. Alors les DG pensent qu’ils pourront devenir TOUS des PDG et sculpteurs et ramasseurs de DG.

C’est devenu si important qu’on finit par oublier les bananes.

Ça alors !

C’est pas grave, on a de l’or.

Puis le PDG des bananes découvre un singe plus intelligent que lui. Le singe est convoqué, présente son idée :

Une machine qui remplacera les ramasseurs de bananes.

Le singe PDG, tout émoustillé, lui donne un titre : la... la.. La Légion Donneur.

Pour monter les machines, les singe dit alors au PDG : il faut inventer l’école pour leur montrer comment bâtir la machine et la faire fonctionner.

« Pas bête ! »

Le PDG souri.

Un autre Euréka.

« Si nous voulons plus de bananes, dit-il aux affamés, il faudra des gens pour aller sous terre chercher des métaux pour bâtir les machines."

« À quoi elles rouleront ces machines ? Lui demanda un citoyen.

Essence.

Il faut de l’essence.

Et comme nous avons besoin de plus de bananes, il faut plus d’essence.

-  As-tu une idée ? Chef d’entreprise.

Oui, Seigneur PDG : une machine qui creusera, fragmentera la terre et on aura le produit avec chose aussi simple que l’eau...

Le PDG sourit.

***

Ce soir-là, le PDG, soucieux, avait toutefois un problème. Alors il alla consulter le prêtre des singes.

« Prêtre, dieu désire-t-il que nous soyons riches ? »

« Oui, mon fils, car toutes les bananes sont l’offre généreuse du Très-Haut » Il a semé, il ne reste qu’à cueillir ».

« Nous allons les cueillir le plus vite possible ! »

***

Au bout d’une décennie, les travailleurs virent alors qu’ils n’avaient plus les moyens de s’acheter des bananes.

« C’est la machine ! Cria l’un d’entre eux ».

« C’’est le PDG hurla un autre ».

« Pourquoi faut-il de l’or pour s’acheter des bananes ? » Demanda un autre.

Tous les yeux se tournèrent vers lui.

« Comment veux-tu qu’on achète des bananes si on n’a pas d’or ? »

Le singe de Monkey-Street leur montra alors la manière de fonctionner pour être plus riche et vivre plus longtemps en plaçant leur or dans des compagnies qui offraient de plus en plus de rendement.

Il faut aimer votre pays, la jungle.

Ne vous demandez pas ce que la jungle peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour la jungle.

Un grand cri de ralliement s’élevant, faisant tressaillir les feuilles, les arbres, au point où tombèrent quelques régimes de bananes vertes.

Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !

Clameurs !

Applaudissements !

***

C’est ici que se termine l’histoire de l’humanité.

À force de transformer en or ce qui existait, le singe fit de son frère une pièce à dévorer. Il inventa alors des ennemis et se fit un complice : le prêtre.

Le singe vécut longtemps, grâce à Big Pharma, et mourut convaincu d’avoir trouvé la recette de la vie.

Il avait tout transformé en or.

Les bananes étant maintenant sous terre, pas un singe ne put les manger. Et même si on transforma tous les métaux en machines, les machines demeurèrent seules, rouillèrent, pendant que les singes comprirent qu’ils n’étaient qu’une boulette de viande, et que la Terre n’était qu’une bouchée de viande à long terme.

Plus tard, quand disparurent les bananes, des compagnies vinrent raser les forêts pour les transformer en or.

De sorte qu’il finit par n’avoir plus rien sur Terre, mais une richesse inouïe sous leurs pieds.

La Terre chargée de petites boulettes de viande fut avalé par un système que personne ne comprit vraiment.

Mais, chacun y avait cru.

Alors, arriva un singe encore plus savant qui avait la solution au problème de la jungle : produire plus d’or pour avoir plus de bananes.

Gaëtan Pelletier

 https://gaetanpelletier.wordpress.com/2015/05/19/lesassassinsdebananes/

COMMENTAIRES  

02/06/2015 18:50 par Roger

Ah ! les délires de Gaëtan...ça dit tellement de choses qu’on pardonne les "obscurités" (je ne comprend pas tout, pour l’instant, mais c’est inhérent au registre de l’imagination débridée).

03/06/2015 03:08 par Gaëtan Pelletier

On ne comprend jamais tout, ou on croit comprendre... :-)
Un jour je me comprendrai...
Mais bon ! Pour s’amuser et "instruire" un peu, il faut que ce soit un peu délirant. Sinon, je ne vois pas le plaisir de faire des analyses "comme tout le monde". Des fois c’est raté, d’autres c’est bon... Mais l’aventure est belle ! C’est risqué d’écrire ce genre de chose.
*
Des analystes, il y en a à la douzaine, et sans doute meilleurs que moi...
J’écris pour la postériorité,
Bonne journée !

03/06/2015 11:58 par Dwaabala

Ce texte est limpide, mais il faut avoir fait des études pour le suivre.

04/06/2015 02:26 par Gaëtan Pelletier

Pour faire bref ! La crème mondialiste néolibérale est en train de tout acheter. On transforme tout en "avoir invisible". Et comme dirait l’amérindien :

Il traite sa mère, la terre, et son frère, le ciel, comme des choses à acheter, piller, vendre comme les moutons ou les perles brillantes. Son appétit dévorera la terre et ne laissera derrière lui qu’un désert.

Chef Seattle

https://gaetanpelletier.wordpress.com/category/amerindiens-3/

Et pas de terre pour planter des bananes ou des pommes de terre. Peut-être de l’huile de canola :-) ... Ou du maïs pour faire rouler une voiture...
Nous travaillons maintenant pour des banques et des "actionnaires". Plus rien pour l’humain...
Bonne journée !

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