Le Qatar reconnaît pour la première fois avoir envoyé des centaines de soldats en soutien aux rebelles libyens qui ont renversé le régime de Muammar Kadhafi.
L’état du golfe n’avait reconnu jusqu’à présent que la participation de ses forces aériennes dans les attaques dirigées par l’OTAN.
La révélation a eu lieu lors d’une conférence portant sur l’ère post-Kadhafi et donnée au Qatar par le dirigeant du CNT, Mustafa Abdel-Jalil, qui a indiqué que les Qatariens ont planifié les combats qui ont mené à la victoire.
Abdel-Jalil a dit aussi qu’il demandait à l’OTAN de prolonger sa mission jusqu’à la fin de l’année, au delà de la date limite fixée à la fin du mois. Son soutien était toujours nécessaire à cause de la menace que faisaient peser les loyalistes présents dans les pays voisins, a-t-il dit.
Des membres de la famille Kadhafi et d’autres figures clés ont trouvé refuge en Algérie et au Niger, alors que la localisation de son fils Saif el-Islam fait toujours l’objet de spéculations.
Un officiel militaire Libyen du CNT a déclaré à (l’agence de presse) Reuters que Saif et l’ancien chef du Renseignement Abdullah al-Senussi proposaient de se livrer à la Cour Pénale Internationale. Un porte parole du CPI a cependant indiqué que la Cour n’avait aucune confirmation.
Associated Press a signalé entretemps qu’un conseiller auprès du président nigérien, Mahamadou Issoufou, a indiqué que Senussi se trouvait dans leur pays.
Il apparaît aussi que c’est le Qatar qui dirigera les efforts internationaux pour former l’armée libyenne, récupérer les armes et intégrer les unités rebelles souvent autonomes dans de nouvelles institutions militaires et de sécurité - considérées par l’ONU et les gouvernements occidentaux comme les défis majeurs pour le CNT.
Le Qatar a joué un rôle clé dans la galvanisation du soutien arabe à la résolution du conseil de sécurité de l’ONU visant à protéger les civils au mois de mars (2011). Il a aussi livré des armes et des munitions à grande échelle - en dehors de toute légalité clairement établie.
Au cours de la guerre, des rumeurs courraient sur la présence de forces spéciales qatariennes. Mais il n’y avait jamais eu de confirmation officielle sur des actions entreprises qui n’étaient pas explicitement autorisées par l’ONU.
Le chef d’état-major qatarien, le général-major Hamad bin Ali al-Atiya, a déclaré : « Nous étions parmi eux et le nombre de Qatariens sur le terrain se chiffrait par centaines dans chaque région. La formation et les communications étaient gérées par des Qatariens. Le Qatar a supervisé les plans des rebelles parce c’était des civils qui n’avaient pas suffisamment d’expérience militaire. » selon une citation de l’AFP. « Nous avons assuré la liaison entre les rebelles et les forces de l’OTAN. »
Le Qatar, dont les réserves de gaz et la minuscule population en font un des pays les plus riches du monde, a depuis longtemps eu une politique étrangère active, en faisant la promotion d’Al Jazeera, la chaîne de télévision basée à Doha.
Mais ce fut une surprise néanmoins lorsqu’il a envoyé la majeure partie de sa force aérienne rejoindre l’opération de l’OTAN et lorsqu’il a livré aux rebelles de larges quantités d’armes, qualifiées de défensives mais qui incluaient des missiles anti-chars.
Les forces spéciales qatariennes auraient fourni une formation d’infanterie aux combattants libyens dans les montagnes de Nafusa, à l’ouest du pays, et aussi dans l’est du pays. Les militaires Qatariens ont même ramené des rebelles à Doha pour leur faire effectuer des exercices militaires. Et lors de l’assaut final contre le QG de Kadhafi à Tripoli fin août, les forces spéciales qatariennes étaient en première ligne. Le Qatar a aussi accordé 400 millions de dollars aux rebelles, les a aidé à exporter le pétrole depuis Benghazi et a monté une station de télévision à Doha.
La gratitude libyenne est évidente. Le drapeau du Qatar est souvent brandi lors des célébrations sur la Place d’Algérie dans le centre de Tripoli, place rebaptisée Place du Qatar en honneur au soutien apporté par ce pays dans le renversement de Kadhafi. Cependant, certains se déclarent préoccupés par le soutien de l’émirat à certains éléments islamistes tels la Brigade des Martyrs du 17 février, une des formations rebelles les plus influentes, dirigée par Abdel-Hakim Belhaj.
Ali Salabi, un religieux islamiste libyen influent, a vécu en exil au Qatar pendant des années. Pour certains, la stratégie de l’émir est de soutenir les forces démocratiques de manière sélective dans le monde arabe, en partie pour améliorer la réputation internationale du pays tout en détournant l’attention du Golfe où les protestations anti-régime ont été écrasées à Bahreïn et achetées en Arabie saoudite.
Ian Black
http://www.guardian.co.uk/world/2011/oct/26/qatar-troops-libya-rebels-support?intcmp=239
Traduction "on nous aurait donc menti... ENCORE ?" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement les fautes et coquilles habituelles.
COMPLEMENT A NE PAS RATER (I)
Le Figaro 20/12/2010 :
(...)
Lundi soir, des dizaines d’invités se pressaient place de l’Étoile, à l’hôtel Landolfo Carcano, siège de l’ambassade du Qatar. Dans les salons en lambris dorés avec mosaïques au sol et fresques de nymphes alanguies, Son Excellence Mohamed al-Kuwari a décoré le dessinateur Jean Plantu et Amirouche Laïdi, président du club Averroes, du prix « Doha capitale culturelle arabe ». Ce soir, l’ambassadeur décorera les poètes André Miquel, Bernard Noël et Adonis. De Jack Lang à Jean Daniel, en passant par Dominique Baudis, Edmonde Charles-Roux, Renaud Donnedieu de Vabres et Anne Roumanoff, un total de 66 personnalités françaises de la culture auront été décorées par le Qatar en 2010. Toutes sont reparties avec un chèque de 10.000 €.
(...)
http://www.lefigaro.fr/culture/2010/12/20/03004-20101220ARTFIG00501-l-offensive-culturelle-du-qatar.php
http://www.legrandsoir.info/Le-Qatar-j-espere-qu-on-n-a-oublie-personne.html
COMPLEMENT A NE PAS RATER (II)
Libération 20/02/2009 :
(...)
En pleine crise financière, une nouvelle niche fiscale. En faveur de l’émirat du Qatar… Hier, le Sénat a définitivement ratifié la convention franco-qatarie, signée en janvier 2008 entre Nicolas Sarkozy et l’émir Hamad Ben Khalifa Al-Thani, lors d’un périple présidentiel à Doha. Sous prétexte de toilettage d’un ancien traité fiscal, elle exonère d’impôt sur les plus-values tous les investissements immobiliers réalisés dans l’Hexagone par « l’Etat du Qatar ou ses entités publiques », y compris la famille de l’émir.
Accords. Cette nouvelle convention tombe à pic, les Qataris multipliant ces derniers temps les investissements à Paris. ... ...
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http://www.liberation.fr/politiques/0101320679-le-senat-exonere-d-impot-les-murs-de-l-emir