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Le Canada doit révéler les ‘vérités cachées’ des pensionnats où furent enfermés les enfants autochtones pour que les plaies se referment

Leyland CECCO

Selon le juge qui a dirigé la Commission Vérité et Réconciliation, il est impératif de mener une investigation indépendante sur les décennies d’abus et de mauvais traitements infligés aux enfants autochtones.

Il faut que le Canada mène de toute urgence une enquête indépendante sur la mort de milliers d’enfants autochtones dans des pensionnats gérés par l’Église si le pays compte enfin affronter les horreurs de son passé colonial, a déclaré au Guardian l’homme qui a dirigé la Commission Vérité et Réconciliation du pays.

Murray Sinclair, ancien sénateur et l’un des premiers juges autochtones du pays, a affirmé que les "vérités cachées" des pensionnats sont probablement bien plus dévastatrices que ne le pensent de nombreux Canadiens, notamment le meurtre délibéré d’enfants par le personnel scolaire et la probabilité que ces crimes aient été couverts.

Sinclair a demandé que soit mis en place un organe d’enquête puissant, libre de toute ingérence gouvernementale et ayant le pouvoir d’assigner des témoins à comparaître.

"Nous devons savoir qui est mort, Nous devons savoir comment ils sont morts, Nous devons savoir qui fut responsable de leur mort ou qui s’en occupait au moment de leur mort", a déclaré Sinclair, membre de la Première Nation Peguis. "Nous devons savoir pourquoi les familles n’ont pas été informées. Et nous devons savoir où les enfants sont enterrés."

Le Canada a été secoué par la découverte de près d’un millier de tombes anonymes sur les sites des pensionnats gérés par l’église que les enfants autochtones ont été forcés de fréquenter dans le cadre d’une campagne d’assimilation forcée.

Jeudi, la Première nation Cowessess a déclaré que les restes de 751 personnes avaient été retrouvés sur le site d’un ancien pensionnat en Saskatchewan, quelques semaines seulement après que la nation Tk’emlúps te Secwépemc eut découvert 215 tombes anonymes en Colombie-Britannique.

Justin Trudeau a décrit ces tombes comme un "rappel honteux" du racisme systémique que subissent encore les peuples autochtones, ajoutant : "Ensemble, nous devons reconnaître cette vérité, tirer les leçons de notre passé et emprunter le chemin commun de la réconciliation, afin de pouvoir construire un avenir meilleur."

Mais Sinclair a insisté sur le fait que la réconciliation exigeait une véritable volonté de changement de la part des Canadiens ordinaires et des puissantes institutions de l’État - une volonté dont on ne voit pas la trace à l’heure actuelle.

"Le gouvernement, nos institutions sociales et même notre population reconnaissent que ce qui a été fait aux autochtones était horrible. Il y a eu des excuses et la promesse que les choses allaient changer. Mais il n’y a pas de changement", a-t-il déclaré. "La résistance que rencontrent les plus petites avancées montre qu’il y a plutôt une volonté, un effort – en fait un profond désir – de revenir à la situation antérieure."

L’historique Commission Vérité et Réconciliation, que Sinclair a dirigée, a conclu en 2015 que le système des pensionnats indiens équivalait à un génocide culturel.

Pendant plus d’un siècle, au moins 150 000 enfants autochtones ont été arrachés à leur famille et contraints de fréquenter ces écoles, dont beaucoup étaient dirigées par l’Église catholique.

Les enfants ont été convertis de force au christianisme, ont reçu de nouveaux noms et n’avaient pas le droit de parler leur langue maternelle. Le dernier pensionnat a fermé ses portes dans les années 1990.

Les témoignages douloureux des survivants devant la commission ont clairement montré que les abus sexuels, émotionnels et physiques étaient monnaie courante. Le rapport final estime que plus de 4 100 enfants sont morts de maladie, de négligence ou de suicide, bien que Sinclair ait déclaré qu’il pensait que le chiffre réel pouvait atteindre 15 000.

Mais la Commission n’a pas pu enquêter sur les allégations de crimes car, malgré ses efforts, elle n’a pas pu obtenir les documents clés que détiennent l’Église et le gouvernement.

"Nous avons entendu les récits de survivants qui ont été témoins du meurtre d’enfants, notamment de nourrissons nés dans les écoles et dont le père était un prêtre. De nombreux survivants nous ont dit qu’ils avaient vu ces enfants, ces nourrissons, être enterrés vivants ou tués - et parfois jetés dans des fourneaux", a déclaré Sinclair, qui a supervisé des milliers d’heures de témoignages. "Ces histoires doivent être vérifiées".

Les témoignages des survivants et le rapport final de la commission avaient clairement montré qu’il existait des sites d’enterrement non documentés dans tout le pays. Mais les récentes découvertes ont néanmoins choqué de nombreux Canadiens et suscité des appels à une nouvelle enquête. Jusqu’à présent le gouvernement s’y est refusé.

Les écoles étaient financées par le gouvernement fédéral mais souvent gérées par des institutions religieuses, et les appels se multiplient pour que l’Église catholique présente des excuses formelles et rende publics tous les documents en lien avec ces crimes.

Le pape François s’est dit peiné par la découverte des tombes le mois dernier et a appelé au respect des droits et des cultures des peuples indigènes, mais son refus de présenter des excuses directes a déçu beaucoup de monde.

Vendredi, les Missionnaires Oblats catholiques de Marie Immaculée, qui géraient 48 écoles, dont le pensionnat indien de Marieval dans le territoire de la Première Nation Cowessess en Saskatchewan et le pensionnat indien de Kamloops, ont déclaré qu’ils publieraient tous les documents en leur possession.

"Nous sommes profondément désolés de notre participation aux pensionnats et des préjudices qu’ils ont causés aux peuples et aux communautés autochtones", a déclaré l’ordre religieux dans un communiqué. "Nous reconnaissons en outre que les délais peuvent provoquer une méfiance, une détresse et un traumatisme permanents chez les peuples autochtones."

Sinclair a déclaré que les représentants de l’Église et du gouvernement avaient affirmé à plusieurs reprises que les documents avaient été détruits ou perdus. De plus, lorsque l’Église a remis des documents à la commission, les noms et les lieux clés avaient été expurgés, rendant les documents "inutilisables" pour la recherche, a-t-il déclaré.

"Très franchement, nous ne croyons pas à leurs promesses", a déclaré Sinclair avant l’annonce de l’ordre de vendredi.

"Nous voulons qu’il y ait une enquête indépendante pour avoir réellement accès à leurs archives et voir ce que l’on peut trouver. Et je pense que nous serons étonnés de ce que leurs archives nous révèleront."

Si certains dossiers importants ont probablement été détruits, d’autres n’ont jamais existé. "Nous savons que les enfants qui sont morts aux mains de l’un des membres du personnel – en particulier les religieuses, ou les prêtres – n’ont tout simplement pas été enregistrés."

Lors de la Commission, des survivants de l’école ont expliqué comment le traumatisme qu’ils ont subi a été transmis aux générations suivantes – une réalité amplifiée par les inégalités systématiques qui persistent dans tout le pays.

Des dizaines de Premières Nations n’ont pas accès à l’eau potable, le gouvernement s’oppose à la décision d’un tribunal des droits de l’homme d’indemniser les enfants autochtones qui ont souffert dans des familles d’accueil, et un ministre fédéral a admis que le racisme à l’égard des peuples autochtones était endémique dans le système de santé. Les indigènes sont surreprésentés dans les prisons fédérales et les femmes indigènes sont tuées en quantités bien plus grandes que les autres femmes.

Ces réalités sont le résultat du combat obstiné qui est mené pour créer et maintenir l’inégalité raciale, a déclaré Sinclair.

"Il a fallu des efforts constants pour établir et maintenir ce rapport d’infériorité autochtone et de supériorité blanche", a-t-il déclaré. "Pour inverser cette situation, il faudra des générations d’efforts concertés dans l’autre sens."

Traduction : Dominique Muselet

 https://www.theguardian.com/global-development/2021/jun/27/canada-must-reveal-undiscovered-truths-of-residential-schools

COMMENTAIRES  

12/07/2021 15:11 par Dominique Muselet

Suite à la découverte de ces fosses communes, plusieurs églises catholiques ont été incendiées : https://fr.aleteia.org/2021/07/02/de-nouvelles-eglises-incendiees-au-canada/

12/07/2021 18:57 par Assimbonanga

Pour autant, ça n’incitera personne à arrêter de croire aux bondieuseries. Ou à croire ceux qui parlent au nom de Dieu.
Et le mal est fait. Une civilisation déculturée. Ce qui est perdu ne reviendra pas, un sacré résultat. O my god ! Si dieu le veut, grâce à dieu et tout le saint-frusquin. Fi !

12/07/2021 21:44 par André

Franchement, vous y croyez vous à ce génocide culturel ?
Seulement culturel ?
Rien que cet adjectif remet en cause l’article du gardian.

L’indescriptible histoire des pensionnats indiens
Source : https://www.siwel.info/le-canada-demande-pardon-aux-peuples-autochtones-lindescriptible-histoire-des-pensionnats-indiens_7337.html
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1859 : le jésuite Paul Durieu, installé en Colombie Britannique, prévoit d’exterminer tous les chefs indiens non chrétiens. Un modèle qui a eu cours ensuite dans les Indian Residential School, des pensionnats pour les enfants indiens dont on va longuement reparler.

1862-63  : épidémie de variole introduite par un missionnaire anglican, futur évêque, John Sheepshanks, qui a inoculé le virus à des enfants amérindiens. Cela, sous la couverture du gouvernement provincial et le commerce de fourrures de la compagnie Hudson Bay, qui parraine les premières missions protestantes chez les indiens. C’est aussi la première guerre bactériologique connue de l’histoire, et elle a permis à des chercheurs d’or de piller les terres de ces milliers d’indiens assassinés.

1870  : la couronne anglaise donne les terres des indiens aux anglicans et autres missionnaires catholiques.

1873  : on établit une force armée (la police montée) qui a parmi ses attributions de refouler tous les indiens dans des réserves, et cela tout le long de la voie ferrée qui traverse le pays.

1876  : l’Indian Act retire aux indiens le statut de citoyens. Ils ne peuvent pas voter, sont considérés comme mineurs et ne peuvent aller en justice.

1886  : les cérémonies indiennes sont interdites.

1889  : les écoles indiennes sont interdites, les enfants doivent aller dans pensionnats destinés aux autochtones.

1891  : premiers décès en masse d’enfants indiens dans les pensionnats à cause de tuberculose non soignée. Le gouvernement canadien ne s’en soucie pas.

1905  : plus d’une centaine de ces pensionnats sont actifs au Canada.

1907  : le Dr Peter Bryce qui est médecin chef aux Affaires Indiennes, fait une étude de la santé des enfants dans ces pensionnats. Il en ressort que plus de la moitié (entre 35 et 60%) des enfants meurent à cause de tuberculose qui y est introduite délibérément par le personnel. Le DrBryce parlait d’un « crime national »[1]. En parallèle, le chef des affaires indiennes Duncan Scott, cherchait une solution finale au « problème indien », ce peuple vu par lui comme une sous race.
C’est d’ailleurs lui qui a fait passer le rapport Bryce à la trappe. Tout cela était donc intentionnel, et le virus était introduit exprès, afin d’éradiquer les indiens.

1910  : Duncan Scott confie par contrat la gestion des pensionnats aux catholiques, anglicans, presbytériens et méthodistes.

1919  : fin des examens médicaux dans les residential schools.

1920  : tous les enfants de plus de 7 ans doivent être envoyés dans les pensionnats sinon les parents vont en prion et prennent une amende[2]. Là, la moitié de leurs enfants mouraient.

1925  : création de l’Eglise unie du Canada pour christianiser tout le monde. Elle est financée par la couronne d’Angleterre. Elle hérite de tous les pensionnats et des terres volées par les méthodistes et les presbytériens.

1928  : loi sur la stérilisation en Alberta, qui permet de stériliser les enfants des pensionnats à leur insu sur décision d’un curé. Au moins 2.800 enfants ont ainsi été mutilés. Une loi similaire est adoptée en 1933 en Colombie Britannique. Dans les années 30, c’est le boom des pensionnats, il y en aurait environ 130 dans le pays.

Janvier 1939  : les enfants Cowichan servent de cobayes à des expériences menées par des médecins allemands au pensionnat Kuper Island à l’ile de Vancouver. Le foyer était tenu par des catholiques allemands. Dans les années qui suivent, un futur premier ministre canadien s’est occupé de définir le génocide de manière à ce que le génocide des amérindiens ne rentre pas dans ce cadre.

1946-1952  : des centaines de médecins nazis et SS obtiennent la nationalité canadienne (projet Paperclip, dont les archives commencent à peine à sortir). Et beaucoup ont mené leurs expériences dans les pensionnats d’indiens, centres militaires et autres cliniques comme celle du Dr Ewen Cameron, qui a travaillé sur les projets de manipulation mentale de la CIA MK ultra et Monarch. Sur les patients, on teste l’usage de drogues, les électrochocs, la privation de sommeil, les chocs traumatiques, cela pour développer la manipulation mentale.

1956  : un survivant de la Lincoln Royal Canadian Air Base à Calgary (Alberta) dit qu’un médecin qui avait un tatouage SS a torturé des enfants à mort, dont des enfants indiens amenés par les policiers du RMMP (la police montée canadienne royale), venant des pensionnats catholiques. Des survivants des bases militaires de Suffield en Alberta, de Nanaimo en Colombie Britannique, de l’hôpital psychiatrique Lakehead en Ontario évoquent des faits similaires.

1962 – 1971  : des milliers d’enfants indiens sont enlevés à leurs familles dans le cadre du programme « sixties scoop » qui aurait concerné officiellement 20.000 enfants. Etrangement, on observe que le programme actuel d’adoptions forcées aux Etats-Unis ressemble beaucoup à « Sixties Scoop », ces rafles d’enfants qui pourraient n’avoir été qu’un test. Beaucoup de ces enfants sont morts et les circonstances ont été dissimulées.

1970  : suite à des révoltes, le gouvernement cède l’éducation des enfants indiens aux communautés indiennes, petit à petit. En 1972, les affaires indiennes ordonnent la destruction de tous les dossiers personnels des indiens, y compris l’origine et les documents de propriété. En 1975, la majorité des pensionnats étaient sortis de l’orbite des catholiques. Pourtant, les abus ont continué dans de nombreux établissements passés aux autochtones, à savoir des écoles maternelles. Le dernier pensionnat ferme en 1996.

1980  : suite à la pression des indiens, le gouvernement établit une assemblée fantoche de chefs non élus, qui ne cherche pas à enquêter sur les abus commis contre les indiens, ni à demander la souveraineté du peuple indien.

1986  : l’église unie du Canada demande "pardon". Mais elle ne veut pas indemniser ses victimes.

1989  : Nora Bernard, qui a survécu au pensionnat de New Brunswick, démarre les poursuites contre l’église catholique canadienne et le gouvernement. Elle a été assassinée en décembre 2007[3], juste avant les « excuses » du gouvernement pour les pensionnats. Nora Bernard a quand-même été à l’origine de la plus grosse ‘class action’ du Canada, représentant 79.000 survivants[4].

1993 – 1995  : des indiens parlent publiquement de meurtres d’enfants à l’école St Andrews de Port Alberni, qui était gérée par l’Eglise catholique du Canada. C’est là qu’officie Kevin Annett, ce pasteur qui est tombé sur une transaction foncière entre le gouvernement et l’église qui achetait, concernant des terres volées aux indiens. Annett est renvoyé à la suite de son indignation publique au sujet de cette magouille. Puis un autre parle d’enfants battus à mort dans un autre pensionnat.

1996 – 1998  : Annett rend publics des centaines de témoignages rapportant des crimes dans les pensionnats. A partir de là, il a plein d’ennuis (divorce, procès…). Des procès intentés par des survivants suivent malgré tout. Des indemnités commencent à tomber pour les 86.000 survivants, écœurés de voir qu’on tente d’acheter leur mémoire. Et des millions de dollars de subventions diverses et variées pleuvent sur les réserves indiennes. Mais l’argent a été très mal réparti, et souvent accaparé par les chefs tribaux et autres administrations.

2000  : comme 10.000 survivants avaient porté plainte, l’église du Canada a demandé au gouvernement de restreindre le cadre des poursuites et d’assumer la responsabilité première pour les crimes commis dans les pensionnats. De nombreux tribunaux refuseront d’ailleurs aux indiens le droit de poursuivre l’Eglise.

2002  : l’Eglise mène une campagne de propagande pour dire qu’elle sera ruinée si elle doit assumer les conséquences des poursuites. Du coup, le gouvernement a pris l’entière responsabilité des crimes, y compris les compensations financières.

2005  : des survivants désignent à Annett des lieux de sépultures de masse, autrement dit des charniers, proches d’anciens pensionnats de Colombie Britannique. On monte alors « Friends and relatives of the disappeared » (amis et proches des disparus). Le film Unrepentant est réalisé à partir des travaux d’Annett.

2007  : le gouvernement met en place une commission de réconciliation et de vérité, qui refuse de dédommager plus de la moitié des survivants.

Juin 2008  : sous la pression, le gouvernement « s’excuse » pour les crimes, tout en cherchant à les minimiser. Il n’est toujours pas question de faire payer l’Eglise.

2009  : un témoin de meurtre d’enfant, Johnny “Bingo” Dawson, est assassiné par la police, qui l’avait menacé au cas où il parlait.

2010  : les contacts entre les survivants de l’Eglise canadiens, irlandais, italiens, allemands et anglais se nouent. Il apparaît clairement que Ratzinger, le pape, a œuvré toute sa vie pour dissimuler ces abus au public.

2012  : pendant que le gouvernement fait encore mine de faire de la « réconciliation » et de la « vérité », les actions en Justice vont démarrer sérieusement. Au passage, précisons que les survivants des résidential school conchient littéralement la « Truth and reconciliation commission » qui tente de les enfumer depuis quelques années déjà, à grands coups de subventions. Et aujourd’hui, on ne connait toujours pas le nombre d’enfants qui sont passés dans ces pensionnats. On parle officiellement de 100.000 à 200.000 enfants.

2. Le génocide

On peut parler de génocide par bien des aspects. Notamment parce qu’on retrouve dans celui des indiens du Canada les trois phases habituelles : conquête, confinement, destruction. Mais celui des indiens a duré longtemps et a fonctionné par vagues successives, sous le couvert de la religion et de l’éducation. Les survivants parlent de camps de concentration chrétiens.

En 1910, la plupart de la centaine de pensionnats (les residential school) dans lesquels sont envoyés les enfants indiens du Canada est dans le giron de l’Eglise catholique romaine. Ces pensionnats étaient de véritables mouroirs, où le taux de décès était encore pire que dans les camps de concentration nazis : d’après les chiffres disponibles, il apparaît que plus de la moitié des enfants y mouraient chaque année, et cela durant un bon demi siècle (contre 15 à 20% par an dans les camps de concentration). Duncan Scott l’a écrit en 1910 : les décès massifs de ces enfants indiens dans les pensionnats sont « en accord avec la politique du ministère, qui est orientée vers la Solution Finale du problème Indien ».

Et cette Solution Finale a été assez efficace : entre 1900 et 1960, le taux de mortalité des enfants indiens de ces pensionnats oscillait entre 40 et 60% par an. Pendant soixante ans, ce taux est resté le même, malgré les « progrès de la médecine » et la fertilité des terres sur lesquelles étaient installées ces « écoles ». Bien sûr, l’Etat a tout fait pour dissimuler cette réalité. Quelques années plus tard, ce concept de « Solution Finale » a été repris par les Nazis.
De plus, de 1920 à 1930, en plein cœur du massacre, les inspections médicales ont carrément été suspendues dans les pensionnats. Au total, entre 1890 et 1996, ce sont de 50 à 100.000 enfants qui sont morts dans ces endroits lugubres.

Et puis, il y a eu cette politique de stérilisation[5]. Des centres de stérilisation ont existé, dans lesquels les jeunes gens étaient drogués et stérilisés, surtout s’ils n’étaient pas chrétiens. Mais tous les registres concernant ces stérilisations ont été détruits à partir de 1995, quand l’enquête de l’Etat a démarré. Les garçons étaient parfois mis devant des rayons X intensifs afin d’être rendus stériles, ou bien on leur faisait boire des poisons.

Et quand les bébés, souvent le fruit de viols par les pasteurs et compagnie, naissaient quand-même, on les tuait.

Toutefois, ce processus de stérilisation n’a pas pris fin avec les écoles résidentielles. Royce White Calf, un ancien Lakhota qui a été juge au Tribunal concernant ces pensionnats en juin 1998 à Vancouver, estime qu’entre un tiers et la moitié de toutes les femmes aborigènes du Canada Ouest et de l’Alaska ont été stérilisées par des méthodes intrusives physiques ou chimiques autour de 1980.

Le taux de stérilisations chimiques administrées sous couvert de vaccins parmi les indigènes a en fait augmenté depuis cette époque, particulièrement dans le tiers monde, sous des programmes relativement secrets conduits par l’OMS et les Nations Unies. Même après 1980, les stérilisations ont continué, mais de manière plus cachée encore.

Aujourd’hui, on « vaccine ». Mais dans le vaccin, il n’y a parfois que du produit stérilisant. Annett explique « En 2004, on a découvert que l’Organisation Mondiale de la Santé a administré pendant des années des substances stérilisantes en même temps que les vaccins contre la grippe et la polio, aux femmes indigènes des Philippines et de nombreux pays d’Afrique. De la même façon, plus de 40.000 hommes et femmes Inuits ont été rendus infertiles par le Département de la Santé des USA (US Health Department) entre 1986 et 1993 après qu’on leur ait administré un sérum nommé Heptavax, une drogue de stérilisation interdite dans la plupart des pays du monde ».

Accessoirement, la définition du génocide, révisée par le canadien Raphael Lemkin, a fini par insister sur la notion d’intention : pas de génocide si l’intention de faire un génocide n’est pas clairement prouvée. Ce qui permettait à celui des indiens de passer à la trappe de l’histoire. Même la dernière loi concernant le crime de génocide passée en 2000 au canada interdit toute poursuite contre l’Etat canadien si le génocide imputé date d’avant 2000. Si bien qu’avant 2000, le génocide était légal au Canada, comme sous le IIIe Reich.
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Source : https://www.siwel.info/le-canada-demande-pardon-aux-peuples-autochtones-lindescriptible-histoire-des-pensionnats-indiens_7337.html

Notes
[1] En fait, Bryce n’a parlé de crime national dans un rapport publié après sa retraite, en 1922.

[2] Cette obligation vient probablement du fait qu’autrement, les enfants s’échappaient dès qu’ils le pouvaient pour retourner dans leurs villages.
[3] On a d’abord dit qu’elle était morte de causes naturelles, avant d’accuser son petit fils, qui a été envoyé en prison.
[4] Le Canada a réglé les poursuites en 2005 pour 5 milliards de dollars.
[5] Mais la stérilisation des populations indiennes a également lieu aux Etats Unis, au Perou et en Asie. Cela, ce sont les faits connus et prouvés. Sommes-nous certains qu’on n’est pas victimes du même processus en Europe, où certaines études montrent qu’un tiers des hommes sont stériles dans certains pays. On a appris aussi que des indiens guatémaltèques ont été contaminés avec des maladies comme la syphilis pour ensuite rentrer chez eux et permettre de voir comment évolue la maladie.
[6] Sur une liste de 250.000 décès depuis le XIXe siècle, ce qui laisse penser que plus de 200.000 enfants sont passés dans ces pensionnats.
[7] Cela a été confirmé par des recherches dans les archives militaires, effectuées par le sergent Gasseau du National Investigation Service de l’armée en 1994. Bizarrement, ce militaire a ensuite nié tout ce qu’il avait dit auparavant. Sara a même été menacée de poursuites par le gouvernement, afin de la dissuader de demander réparation. Aujourd’hui, elle et son mari doivent vivre cachés et sont harcelés par le gouvernement.
[8] Deux juges de la cour suprême de la Province avaient été un peu embêtés pour avoir violé des enfants indiens, mais finalement ce sont ceux qui les avaient poursuivis qui ont été détruits.
[9] Les toutes premières disparitions remontaient 1978, mais la gendarmerie n’a commencé à enquêter qu’en 1999.
[10] Ce fut le cas par exemple pour Danielle Larue, disparue à 25 ans début 2003. Il a fallu plus de six mois pour que la police s’interroge. Ses ancêtres étaient des chefs héréditaires de la tribu Neskonlith, chassés par l’Etat. Son père a été dans les pensionnats où il a été maltraité, et il été parmi les premiers à signer le recours collectif contre l’Etat. Mais, il est devenu alcoolique et délinquant. La grand-mère paternelle de Danielle a été assassinée quand son père était encore bébé. Danielle, son frère et sa sœur ont donc été placés et séparés très jeunes, car leur père alcoolique était violent. La mère est partie, mais il était déjà trop tard pour récupérer ses enfants. Les trois enfants ont été violés et maltraités dans ces centres, si bien que Danielle a fini par les enlever pour les protéger, alors qu’elle avait seulement 10 ans. Peu après, de retour en foyer, Danielle a commencé à se prostituer pour avoir un peu d’argent. Puis elle est tombée dans l’héroïne, de même que sa jeune sœur. A ce moment, Danielle n’avait pas 18 ans. Les choses se sont sérieusement gâtées quand Danielle a commencé à aller chercher de la drogue dans la banlieue pauvre de Downtown Eastside à Vancouver. Là d’où viennent beaucoup de disparues. Quant à leur frère, il affichait déjà plus de 18 condamnations à 19 ans.
[11] Un serial killer a qui on a imputé quelques unes des disparitions du highway 16, mais il ne serait certainement pas le seul à avoir sévi dans le coin même si on le soupçonne d’une soixantaine de disparitions. Arrêté en 2002, il vient d’une famille de dingues, et ses frères Steve, Dave et Willie ne sont pas en reste. Mais là encore, l’enquête est des plus poussives : pas mal de témoins ont vu des flics amener des victimes dans la ferme familiale de 17 ha, semble-t-il, et il travaillait, semble-t-il encore, avec beaucoup de monde. Ajoutons aussi que Pickton tuait déjà des prostituées dans les années 90 – 2000, mais bien sûr la police ne l’a pas arrêté.
Source AFP & Wikisrik / Canada : le massacre du peuple indien passe par la destruction et l’exploitation de leurs enfants

12/07/2021 21:52 par André

Et ça continue :

Prison ferme pour un Canadien qui a tué une autochtone avec une boule d’attelage

Un Canadien de 22 ans a été condamné lundi 7 juin à huit ans de prison pour avoir tué une femme autochtone avec une boule d’attelage lancée depuis une voiture qui roulait. Brayden Bushby, aujourd’hui âgé de 22 ans, se trouvait en état d’ébriété aux moments des faits . . . . . . . .

Ce matin-là, le Canadien a lancé la boule d’attelage alors qu’il se trouvait assis sur le siège passager d’un véhicule en mouvement. « J’en ai eu une ! », aurait crié Brayden Bushby, hilare, après que la boule d’attelage eut heurté une passante, Barbara Kentner, à l’abdomen, alors qu’elle se promenait avec sa soeur dans une rue résidentielle. Barbara Kentner, 34 ans, membre de la Première Nation de Wabigoon Lake, est décédée six mois plus tard à l’hôpital après avoir subi une opération chirurgicale. Un médecin légiste a établi un lien entre sa mort et les blessures que lui avait infligées M. Bushby. « C’est une expérience courante pour les autochtones à Thunder Bay, de se faire jeter des objets par les voitures qui passent » , a regretté Helen Pierce, juge de la Cour supérieure de l’Ontario.

« OEufs, boissons, bouteilles, briques, ordures. Vous vous êtes joints à cette activité dégoûtante. Maintenant on peut ajouter des boules d’attelage à cette liste », a-t-elle déclaré, selon la chaîne anglophone CBC.
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Source ; https://www.lefigaro.fr/flash-actu/prison-ferme-pour-un-canadien-qui-a-tue-une-autochtone-avec-une-boule-d-attelage-20210607

12/07/2021 21:55 par André

Et ça continue encore.

Pas d’accusation contre le policier qui a tué Chantel Moore
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1799564/chantel-moore-mort-accusation-police-edmundston

Aucune accusation criminelle ne sera déposée contre le policier qui a abattu Chantel Moore. C’est ce qu’ont annoncé les Services des poursuites publiques du Cabinet du procureur général du Nouveau-Brunswick, lundi après-midi.

Cette décision survient quelques jours après le premier anniversaire de la mort de cette femme autochtone. L’événement avait causé une onde de choc à travers le pays et plusieurs chefs autochtones avaient demandé qu’une accusation de meurtre soit portée contre le policier.

Le 4 juin 2020, des policiers se sont rendus au domicile de Chantel Moore à Edmundston pour faire une vérification de bien-être . C’est lors de cette intervention policière qu’elle a été abattue.
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Une enquête du coroner sur la mort de Chantel Moore devrait débuter le 6 décembre prochain, dans la région d’Edmundston.
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13/07/2021 01:11 par Georges Olivier Daudelin

Je ne ferai qu’une mise au point.
1 : Sous le régime français, il n’y a jamais eu de réserves : les réserves sont apparus sous le régime britannique.
2 : Étant donné le constat du peu d’immigration en provenance de France, dès Champlain, le métissage était valorisé : les alliances de sang étaient à la base des relations franco-américains( amérindiens). Cela malgré le mépris de l’église catholique pour ce type d’alliance.
3 : Après l’envahissement britannique en 1759-60, l’organisation catholique devenait compradore des Britanniques. Il s’assurait de la soumission des Québécois aux Britanniques en échange de favoritisme.
4 : Tout ce qui regarde les Américains(les Amérindiens, nos alliés de sang) demeure strictement sous la juridiction canadian-britannique. Les pensionnats ont été créés par le gouvernement canadian. Dans la canadian constitution, vous n’avez qu’à vérifier, les affaires améridiennes sont strictement de responsabilité du fédéral.
5 : Le seul et unique responsable de ce fiasco humain, de ce crime contre l’humanité, est strictement le gouvernement fédéral canadian. Les barbares religieux catholiques ne répondaient qu’à la demande du gouvernement fédéral canadian.
6 : Depuis quand accuse-t-on les subalternes pour les crimes décidés par les autorités supérieures ?

13/07/2021 23:49 par T 34

Il y a eu aussi des expériences de dénutrition sur des enfants entre 1942 et 1952. A la même époque ce type d’établissement existait aussi aux États-Unis et en Australie, les aborigènes australiens ne furent même pas reconnu comme être humains avant 1967.

Pendant ce temps là à la même époque en URSS le gouvernement soviétique mis en place une éducation en langue autochtone allant du primaire au secondaire, en créant une écriture pour les peuples n’en disposant pas alors. Sans compter toutes les républiques ou districts autonomes crées pour les différentes nationalités.

14/07/2021 11:09 par Assimbonanga

La bêtise humaine qui s’est déployée aux 19 et 20è siècles est à tout jamais insondable. Et irrécupérable. En 130 ans d’invasion de l’île de la Réunion, les colons français ont tué les espèces animales les grosses si bien que désormais la forêt qui subsiste encore ne se renouvelle plus car les animaux qui disséminaient leurs énormes graines n’existent plus : ces espèces ont disparu, en l’espace de 130 ans d’intelligence française.
Nous ne reviendrons pas en arrière. Le mal qui a été fait est irrémédiable. Population décimées, espèces anéanties, espaces naturels ravagés...
Combien de temps de vie de notre biotope reste-t-il sur cette planète ?
Et n’ayez crainte, c’est pas cette constatation qui arrêtera la filière bois dans son élan ! Grâce aux grands criminels contre l’Humanité, Sarkozy, Wauquiez, Macron.
Comme il manque du bois, le désastre déboule dans mon paysage, nos petites routes sinueuses, nos vieux chemins suspendus sur des murs précaires, sont fragilisés ou tout simplement nivelés et sommairement remplacés avec des engins trop pressés pour penser à la durabilité. Les énormes camions emportent les plus jolis pièces et détériorent les petites routes et les ponts. Les deux tiers des bois sont abandonnés sur place. N’allez pas vous imaginer qu’ils finiront dans votre poêle à granules ! Pas le temps pour ça. Les granules, il faudra abattre d’autres arbres pour les fabriquer et bien entendu à grand renfort d’énergie pétrole. Et ce sera à l’argent public de réparer les dégâts, communes, départements, régions. Un gouffre. Pour faire quoi ? Des maisons ossature-bois lardées de feuille plastique, d’alu.
L’espèce humaine n’a pas encore pris la mesure de son crime. Les plaies ne peuvent pas se refermer. Essayer d’avoir un peu de reconnaissance historique. Peut-être.

15/07/2021 05:41 par calame julia

André,
il est exactement 5h35 du matin ! Le café passe mal ! mais je suis contente d’avoir lu l’article de L. CECCO et
votre commentaire en complément malgré le intestins qui sont noués.
Simplement : toutes ces informations confirment certaines suspicions concernant les inoculations de vaccins de par
le monde.

17/07/2021 15:23 par Georges Rodi

Il est utile de connaître le concept de "Terra nullius"
Derrière cette expression latine, qui peut se traduire par "Terre de personne" se cache un concept juridique farfelu et tragique de l’ère coloniale anglo-saxonne.

L’idée était de justifier légalement le fait de voler les terres, pour que les colons puissent les exploiter, les vendre ou les louer.
Comment ? Très simple : si les terres n’ont pas été cultivées par les populations locales, elles sont libres et peuvent être saisies.

Les aborigènes australiens étaient des chasseurs/cueilleurs nomades, ils ne cultivaient pas de patates, et c’est pourquoi les terres sur lesquelles ils vivaient depuis des millénaires ont pu être saisies par une poignée de colons armés de fusils.
Mêmes lois, même constat en Amérique du Nord : tout cela était légal.

L’idée de séparer les enfants indigènes de leurs parents pour leur enseigner la vraie culture – en réalité pour détruire la leur- a été appliquée là encore et tout aussi bien en Australie... (On ne parle pas assez des aborigènes austarliens je trouve, alors que c’est le même sujet)

Le lecteur éveillé me dira : oui mais, en Amérique du sud, les indigènes étaient des cultivateurs… D’ailleurs, c’est à eux que l’on doit les tomates, les patates…
C’est vrai, c’est vrai, mais là, ce ne sont pas les colons anglais qui ont fait le travail.
Ce sont les pays latins, et eux ont utilisés le fait que les indigènes n’étaient pas chrétiens : quelle horreur, il fallait absolument les baptiser pour les sauver de la damnation éternelle.
C’est la « Doctrine of Discovery »
Moralité : en cherchant bien, pour chaque problème indigène, on peut toujours trouver une solution légale.

Alors oui, le sort fait aux populations autochtones dans les Amériques, en Australie, etc, est un scandale absolu.
C’est bien d’avoir un article qui aborde le sujet, mais le titre… Non : pour que les plaies se referment, il ne suffit pas de reconnaître les exactions passées, IL FAUT AUSSI DES REPARATIONS.
Faute avouée n’est qu’à moitié pardonnée, à moitié, pas plus.

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