Hier, comme aujourd’hui, le problème majeur demeure la passivité de l’immense majorité de la population.
La majorité silencieuse... la majorité, cet "étalon vide" dont parlait Gilles Deleuze.
Par certains côtés, le discours d’André Chassaigne m’a fait penser à un discours de Maxime Gremetz le 1er juillet 2003, après un mois de "débat" sur la "réforme" des retraites version Chirac-Raffarin-Fillon :
Gremetz : "Pour un enjeu de société de cette nature, je le dis tel que je le pense, vouloir à tout prix passer en force et imposer des choses inhumaines à tout le monde, c’est inacceptable. Il y a des limites à tout ! Je sais qu’il va y avoir une motion de censure. Alors, qu’est-ce que vous voulez ? Vous voulez pouvoir dire, à ce moment : « Vous voyez, on a fini la réforme des retraites. » ? Mais cette réforme des retraites, elle ne sera pas finie. Je vous le dis, elle ne sera pas finie. Parce que, quoi que vous fassiez, cette réforme des retraites, je vous le dis aujourd’hui, solennellement - et un jour, vous penserez à moi, sans doute -, je vous le dis, elle va vous accompagner en permanence. Croyez-moi. Je le sens et je le sais. Je ne suis pas un devin, mais, croyez-moi, parce qu’avec cette réforme, on touche toutes les Françaises et tous les Français, parce qu’on touche à une chose essentielle, qui est la solidarité nationale et le système de répartition, parce qu’on touche à ce qui est le plus fondamental, avec notre système de protection sociale. Je vous le dis, il y a de la colère. Il n’y a pas seulement une condamnation de votre réforme - elle est nette et sans bavure, et elle s’accentue -, mais il y a aussi de la colère. Je ne crois pas que vous imaginiez à quel point elle est grande. Et contrairement à ce que vous pensez, les gens suivent ce débat. Par exemple, nous avons préparé, pour toutes les circonscriptions, un petit tract indiquant tous les députés de droite qui parlent beaucoup et qui, alors qu’ils ont siégé pendant un mois, n’ont pas dit un mot ici, en séance, sur les retraites. Il faut quand même que les électeurs sachent qui fait quoi à l’Assemblée nationale. Je pense que, dans vos circonscriptions, il y a un certain nombre de gens qui vont vous demander des comptes, chers collègues de la majorité. Eh bien, je vous souhaite une excellente nuit !"
http://www.assemblee-nationale.fr/12/cri/2002-2003-extra/20031001.asp#PG29
Je ne rappelle pas cela pour faire l’apologie du pessimisme.
Mais parfois c’est dur d’être débout quand la majorité des gens se fout de tout.