La bataille de la Gauche atteint déjà un seuil limite. Un pas en arrière serait désastreux

Interview avec le ministre de la Restructuration de la production, de l’Environnement et de l’Energie Panagiotis Lafazanis dans le journal du dimanche ‘’La Presse Libre’’ (15/3) donnée à Dimitri Gatsios.

Voici la version intégrale :

Question : En octobre dernier, vous avez déclaré que le gouvernement SYRIZA « va supprimer le mémorandum et ses lois en vigueur dans une nuit et par un acte législatif, avec la même façon qu’on nous les a brutalement imposés ». Qu’est-ce qui s’est passé Monsieur le ministre et on a oublié cette déclaration ? Vous pensez que la dure réalité était plus forte que la volonté du parti avant les élections ou que le gouvernement a reculé devant les prêteurs en ce qui concerne plusieurs de ses engagements ?

Réponse : Je n’ai jamais déclaré que nous allions supprimer le mémorandum dans une nuit, sauf dans les cas ou on a mal interprété ce que j’ai parfois dit. Personnellement, j’avais toujours souligné que les mémorandums et ses lois en vigueur devraient être abrogées par un gouvernement où SYRIZA y participerait et non avec « un coup de force » en l’espace d’une nuit, comme les lois votées et adoptées par les gouvernements mémorandaires, mais avec des procédures parlementaires normales, avec respect aux règlements de l’Assemblé Nationale et de la Constitution. Le premier acte de notre nouveau gouvernement était d’arrêter immédiatement la mise en œuvre du mémorandum, qui était déjà en cours. Les mesures d’austérité et les taxes qui étaient prêtes à mettre en œuvre par l’ancien gouvernement de ND-PASOK se sont jetées à la poubelle après les élections. Notre engagement sur l’abolition totale des mémorandums et leurs lois reste entièrement valable, malgré les grandes difficultés postélectorales et les chantages brutaux de l’extérieur, et il sera totalement mis en œuvre très prochainement. L’abolition complète des mémorandums consiste un lieu d’identité pour SYRIZA et une condition indispensable pour une voie cohérente et progressive dans une perspective de croissance à long terme du pays.

Q : Est-ce qu’il y a pour le gouvernement un scénario d’élections anticipées ou d’un référendum pour que la Grèce reste dans la zone euro, si les négociations aboutissent à une impasse ?

R : Le seul scénario pour le gouvernement c’est de faire tout son possible pour affronter l’intransigeance allemande cynique, qui est suivie par les cercles les plus réactionnaires de l’UE, afin de mettre pleinement en œuvre, et avec la plus grande cohérence et stabilité son programme radical. Notre véritable objectif est que les négociations parviennent à un accord positif. Nous n’accepterons pas aucun accord avec les dits partenaires qui va annuler dans la pratique notre anti-néolibérale et progressive orientation. En tout cas, nos engagements programmatiques seront mis en œuvre jusqu’ à la fin et tout le monde dans l’UE devrait être informé.

Q : Combien de l’eau va mettre dans son vin l’aile gauche de SYRIZA, étant donné du renversement des annonces électorales du parti et de l’acceptation des conditions, qui pourraient être caractérisées comme mémorandaires ?

R : Vous devez savoir que l’aile gauche n’est pas un parti informel dans le parti de SYRIZA. Au contraire, l’aile gauche représente une tendance dans SYRIZA, qui est basée sur certains paramètres idéologiques en respectant pleinement les principes statutaires du parti. Comme vous le savez très bien l’aile gauche a présenté ses propres opinions particulières sur les décisions de l’Eurogroupe lors de la récente Comité central du parti et qui, d’une manière très succincte, ont été soumises au vote. Par conséquent, je vous assure que l’aile gauche, ne mettra pas de l’eau dans son vin. En ce qui concerne SYRIZA, il donne un grand combat pour débloquer le pays de toutes les formes de néocoloniale tutelle et il n’a pas l’intention de mettre en œuvre des mémorandums et des termes mémorandaires. La bataille de la Gauche dans notre pays et pour notre pays est inégale et nous avons atteint un point crucial. Dans cette phase cruciale nous devons montrer la plus grande détermination et audace, en coupant tous les ponts d’un recul qui serait désastreux. L’audace et les pas en avant sont les seules options qui existent non seulement pour le gouvernement mais aussi pour le pays.

Q : Comment évaluez-vous la performance du ministre des Finances, Yanis Varoufakis en cours des négociations ?

R : Les négociations ne sont pas une affaire personnelle de Yanis Varoufakis et sont souvent très mal comprises par de nombreux médias. Les négociations avec l’UE ne sont pas une pièce en un acte personnelle, bien que Yanis Varoufakis donne fortement sa couleur personnelle, mais elles évoluent dans un contexte où le Premier ministre lui-même et les organismes gouvernementaux ont la responsabilité principale. Au-delà ces négociations sont en cours. Leurs premiers résultats ont été discutés dans le groupe parlementaire et le Comité central du Parti, où j’ai eu l’occasion de présenter et d’exprimer mon point de vue particulier. Mais les négociations sont en cours et elles ont pris la forme d’un thriller, avec le côté allemand appliquant des tactiques qui nous rappellent des mauvais moments. En ces heures nous devons tous soutenir le gouvernement pour qu’il soit capable de rester debout et inamovible pour défendre et mettre en œuvre la volonté exprimée par le peuple grec aux dernières élections, lorsque pour le gouvernement il n’y en a pas d’autre option.

Q : Vous avez dit que pour parvenir à un accord on doit mettre sur la table le scenario de sortie de la zone euro. Mais cela n’est pas arrivé. Il aurait dû être mis en place un tel plan ?

R : Pour parvenir à un accord on a besoin de beaucoup de choses. Cette phase que nous vivons actuellement est très délicate et cruciale et, en tout cas, ce n’est pas le bon moment pour exprimer mes opinions en public, relativement à la zone euro. Ce que je voudrais vivement souligner est que les négociations ne se sont jamais effectuées dans des pièces hermétiquement fermés ou autour de tables luxueuses. Les négociations s’effectuent avec les peuples au premier plan et sur la base de liens formés dehors les réunions à huis clos. En ces heures et en ce qui concerne l’issue de cette tentative, c’est très important la présence des facteurs populaires avec le développement de grandes luttes populaires dans notre pays et la présence d’un grand mouvement de solidarité entre les peuples européens pour aider la formation d’un large front uni. Un front qui revendiquera la défaite des politiques d’austérité et du pillage néolibéral en Grèce et en Europe.

Q : A votre avis, les six (6) euros supplémentaires par jour, donnés comme pension alimentaire, aux travailleurs de la société public d’électricité (DEH), comme prévu dans la nouvelle convention collective, était correct ?

R : Personnellement je n’avais absolument aucune implication dans la discussion et la négociation de la nouvelle convention collective signée par la direction de DEH et la Fédération générale du personnel (GENOP). La convention collective était prête avant que je n’occupe le poste ministériel et ainsi je ne pouvais pas avoir d’autre rôle que de respecter le résultat final, dans nos principes non-négociables pour les libres négociations collectives, sans ingérences gouvernementales. Tout autre choix, serait extrêmement nuisible et plutôt antidémocratique tout en posant davantage de problèmes de ceux qu’il voudrait prétendument à résoudre. Au-delà, tout ce que nous devons comprendre c’est que le syndicalisme libre et sans aucune tutelle, avec la pleine liberté sur les négociations collectives, sont les pierres angulaires de la démocratie, de la liberté et de la protection des droits des travailleurs, avec lesquelles nous pouvons construire une nouvelle perspective dans notre pays. Les décrets gouvernementaux sont toujours faciles. La partie la plus difficile est d’agir comme une société à la démocratie.

Q : Est-ce que c’est possible qu’on puisse couvrir le vide économique qui a été créé par l’augmentation des dettes échues à plus de 2 milliards d’euros vers la société public d’électricité (DEH), et avec quelle manière ?

R : La DEH comme une entreprise publique qui est le principal secteur stratégique de l’économie grecque, a beaucoup souffert par les politiques mémorandaires et mise à rude épreuve par les doctrines néolibérales dures dans le secteur de l’énergie et les options de sa privatisation, qui, heureusement se sont définitivement annulées. Malgré les difficultés et les autres problèmes, l’entreprise reste debout et lucrative. Nous croyons que la reconstruction de DEH à laquelle nous allons rapidement procéder, lui permettra de jouer beaucoup plus efficacement son rôle stratégique de développement dans l’économie pour une solution progressiste afin de sortir de la crise.

Q : Si la commission donne le feu vert pour vendre le Gestionnaire de Réseau de Distribution de Gaz Naturel (DESFA) à la société azerbaïdjanaise Socar, vous serez d’accord ?

R : Je vais répéter encore une fois que nous attendons la décision finale de la Commission européenne de la concurrence, formelle ou informelle, afin que notre gouvernement détermine sa position finale sur le sujet de DESFA. En tout cas, nous allons procéder dans les meilleurs intérêts nationaux et populaires et bien sûr avec les principes par lesquels nous dirigeons le secteur de l’énergie.

Traduction du grec : Athina Vlachaki

 http://syriza-fr.org/2015/03/15/la-bataille-de-la-gauche-atteint-deja-un-seuil-limite-un-pas-en-arriere-serait-desastreux/
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COMMENTAIRES  

17/03/2015 08:39 par adoado

Dommage pour la faible qualité de traduction.......
Dans le texte d’origine il y a des nuances qui méritent un soin d’adaptation en français.

17/03/2015 08:55 par Dwaabala

Quand j’ai lu cet article je me suis attaché au fond, le pittoresque de la traduction m’avait échappé.

Cette phase que nous vivons actuellement est très délicate et cruciale et, en tout cas, ce n’est pas le bon moment pour exprimer mes opinions en public, relativement à la zone euro

Je lis cette phrase en en généralisant la portée au-delà de la question de l’euro, non pas pour donner des leçons à d’autres, mais parce que les attaques contre les pays (ou les partis) en état de résistance ne me siéent guère.

17/03/2015 09:48 par desobeissant

Le choc financier masqué de mars qui impacte toute l’Europe :

USA : la balance des flux de capitaux bascule dans le rouge en janvier

Washington - La balance américaine des flux de capitaux investis à long terme a nettement basculé dans le rouge en janvier, selon les chiffres publiés lundi par le département du Trésor.

Elle a affiché un déficit de 39,3 milliards de dollars, sous l’effet notamment d’une chute des achats des bons du Trésor, après avoir dégagé un excédent de 49,7 milliards de dollars en décembre.

Ce solde négatif traduit le fait que les Etats-Unis ont attiré en janvier moins de capitaux investis à long terme chez eux qu’ils n’en ont investi à l’étranger.

Selon les données du gouvernement, qui ne sont pas corrigées des variations saisonnières, cette évolution tient notamment à une désaffection des investisseurs privés pour les bons du Trésor américains.

Le solde de leurs achats et ventes de ces titres a débouché sur un déficit de 42,7 milliards de dollars, un plus bas jamais atteint, selon le Trésor.

En termes géographiques et en données brutes, la Chine (sans Hong Kong) reste le premier détenteur d’obligations du Trésor américain avec 1239 milliards de dollars mais ne devance plus le Japon que d’une courte tête (1.238 milliards).

Loin derrière, la Belgique conserve la troisième position du podium avec 354,6 milliards.

http://www.romandie.com/news/USA-la-balance-des-flux-de-capitaux-bascule-dans-le-rouge-en-janvier/575484.rom

La banque privée Banco Madrid dépose le bilan

16/03 | 10:23 | Par Agence

La banque privée, soupçonnée par les autorités américaines de blanchiment d’argent, a subi d’importants retraits de fonds de ses clients.

La banque privée Banco Madrid, filiale de l’andorrane BPA et spécialisée dans la gestion de fortune, a déposé le bilan, a annoncé aujourd’hui la Banque d’Espagne.
Cette décision a été prise en raison de la « forte détérioration de la situation financière de Banco Madrid, conséquence des importants retraits de fonds de clients », explique la Banque d’Espagne, alors que BPA est soupçonnée par les autorités américaines de blanchiment d’argent.
 
Les dépôts étaient protégés par le fonds espagnol de garantie des dépôts à hauteur de 100.000 euros par client, a précisé la banque. Andorre a pris le contrôle de la banque non cotée BPA la semaine dernière, en attendant les résultats d’une enquête pour des soupçons de blanchiment d’argent lancés par le département américain du Trésor.

Source AFP et Reuters

http://m.lesechos.fr/monde/la-banque-privee-banco-madrid-depose-le-bilan-0204227793651.htm

l’Allemagne tente de contenir la contagion de la crise bancaire autrichienne

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/l-allemagne-tente-de-contenir-la-contagion-de-la-crise-bancaire-autrichienne-461187.html

Pourtant on nous répète que ces états germaniques sont d’un rigueur et d’une fiabilité à toute épreuve !! On nous mentirait ? Les germains nous mentiraient ? Mais non, vérifiez, il doit s’agir des grecs, ou des espagnols ....

17/03/2015 16:35 par depassage

Syraza apparait comme un mouvement ou un parti orphelin. Les puissants le méprisent et les peuples attendent de lui des miracles. On constate aussi que beaucoup qui se disent de gauche se défient de lui parce qu’il ne rentre pas dans leur optique de vue. Certains veulent qu’ils se coupent de l’Europe et d’autres veulent qu’il reste, mais doit terrasser l’hydre financière qui étrangle son pays. Ce n’est pas une place enviable pour aucun parti en une telle situation. Et de gauche, c’est pire. S’il n’abandonne pas pour se ranger sur la bande d’arrêt d’urgence, c’est déjà en soi un acte de bravoure et de résistance. Sa capacité à pouvoir apporter des changements ne peut se faire que dans le temps que, peu, ami ou ennemi, ne sont prêts à lui accorder. En réalité, le problème n’est pas celui de Syraza, mais celui des partis dit de gauches au sein de l’Europe, dont le capitalisme a fait des fantômes apprivoisés à son service et ne lui font plus peur même lorsqu’il feint en avoir. Les raisons objectives se voient dans le schéma de la hiérarchisation social, schéma que l’Europe et l’Amérique du nord se partage à peu prés, et se caractérisent par :
a) Le corporatisme des syndicats et la réduction de leur rôle à un rôle de partenaires des entreprises.
b) Un développement important du secteur tertiaire au point d’être le secteur qui offre le plus d’emplois que n’importe quel autre secteur.
c) Maintien d’une industrie à haute valeur ajoutée aux dépens de l’industrie productive de produits de consommation courante ou polluante qui, elle, est délocalisée.
d) Une petite industrie (si on peut se permettre une telle dénomination) de services multiples, instable et pullulante qui contribue à plus créer du lumpenprolétariat que du prolétariat.
Un tel socle, -à moins de créer un front de gauche solide et outillé d’un programme rassembleur, et d’idées novatrices et pertinentes, au lieu d’un parti-, est plus propice à la droite nostalgique de passés glorieux réinventés qu’à une quelconque gauche.
Ps : la France a plus de possibilités de se couper de l’Europe en abandonnant l’euro que la Grèce dont la dette restera libellée en Euro. Ce qui n’est pas le cas pour la France qui peut libeller sa dette en sa nouvelle monnaie. Mais la France n’a aucun intérêt à se couper de l’Europe dont elle est le partenaire le plus important après celui de l’Allemagne.

17/03/2015 18:46 par malitourne

a de passage

Mais sortir de l’UE et de l’EUro n’est pas fatalement se couper de l’Europe !!!!

17/03/2015 23:19 par depassage

@ malitourne
Se couper ou sortir désigne une et même chose ( du moins pour moi) dans la mesure où, en sortant de l’euro, on sort de l’Europe, et si on choisit en plus une voie différente de celle de l’ensemble des pays européens, on se coupe de L’Europe sans pour autant couper les relations avec les pays européens ou déménager sur un autre continent . Pour le moment, c’est l’euro qui fait l’Europe et non l’inverse. Pour que l’inverse se réalise, il faut que l’Europe se dote d’institutions qui feront d’elle un état fédéral.

18/03/2015 07:08 par malitourne

L’UE est une prison, ou plutôt la construction européenne, c’est la construction d’un grand parc à mouton. Il n’y a pas de salut pour les peuples dans cette Europe là.

20/03/2015 14:07 par placide prcf

des mots pour refuser des actes. Pour le moment ?
mais les réponses données ici sont inquiétantes et doivent interpeller.
Dernière question : le ministre n’indique pas qu’il refusera de privatiser. C’est qu’en restant dans l’UE, il sera obligé de le faire
Avant dernière question : depuis quand un gouvernement de gauche renvoie dos à dos patrons et syndicats de travailleurs ? on dirait du Hollande !

merci à le grand soir pour avoir publié cette interview qui pose des questions simples et pratiques et dont les réponses sont donc très éclairantes. Limpides.

mettant en évidence une nouvelle fois qu’il n’y aura aucune politique de gauche, nul part en europe, sans sortie de l’UE, sans sortie de l’euro.

2 mois et demi après son élection, les hommes en noir de la Troika sont déjà de retour à Athènes. C’est l’affreux résultat factuel - prévisible et prévue - d’une stratégie perdante. Car l’UE, l’Euro de par le cadre institutionnel qu’ils créent et qui donnent 100% du pouvoir au Capital lient les mains dans le dos de ceux qui voudraient contester l’austérité. L’euro permet à la BCE d’étrangler la grèce pour lui faire rendre gorge.
C’est l’horrible réalité. Alors il faut choisir. Entre la classe des travailleurs et la classe capitaliste. Entre la liberté, la démocratie, les salaires et l’€uro. En sortir pour s’en sortir. Ou y rester pour y rester.
C’est en poussant pour aller dans cette direction, en France, en luttant pour faire voler en éclat le carcan de l’UE, la prison des peuples qu’est l’euro que l’on va aider au mieux non seulement le peuple grec, mais l’ensemble des travailleurs d’europe, de France.
Attendre et regarder, beugler ou se taire, cela n’a jamais changer le monde, modifier les rapports des forces. Il faut agir. Alors agissons !

23/03/2015 15:19 par malitourne

C’st évident placid.
La gauche qui n’envisage pas le retrait aura toujours le cul entre deux chaises.

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