Une étude menée par le professeur Linda J. Blimes de l’Université de Harvard conclut que le coût pour les Etats-Unis des guerres en Irak et Afghanistan, pris dans leur ensemble, s’élèvera entre 4 000 et 6 000 milliards de dollars. Ce chiffre inclut les soins médicaux ou d’invalidité à long terme pour les militaires, les anciens combattants et leurs familles, le réapprovisionnement militaire et les coûts sociaux et économiques. Le coût jusqu’ici s’élève à 2 000 milliards de dollars.
Pour avoir une idée de ce que représente ce chiffre colossal de 6 000 milliards de dollars, celui-ci équivaut à 75.000 $ pour chaque foyer aux Etats-Unis. Le nombre de morts Irakiens et Afghans dans leur ensemble est estimé entre 600 000 et 1 million, et celui des troupes de la coalition à environ 8 000, dont plus de 7 000 sont Etatsuniens. La souffrance et la misère des veuves, des orphelins et des familles derrière ces statistiques est inimaginable.
Notre propension à déshumaniser « l’autre » rend les choses trop faciles pour les démagogues, les charlatans et ceux qui ont soif de pouvoir. Nous sommes trop facilement manipulés et indignés en détournant nos ressources dans des guerres qui causent la mort, des blessures et des destructions. La souffrance de millions d’êtres humains nous est épargnée par les médias traditionnels trop contents de remplir leur rôle. Dans tous les cas, la déshumanisation de nos « ennemis » émousse à tel point notre compassion nous ne percevons plus leur douleur et souffrance comme quelque chose de réelle.
Les dirigeants et ceux qui tirent profit de ces guerres cachent la vérité en emballant leur langage avec des distorsions et des omissions. George Orwell l’avait résumé : « Le langage politique ... est conçu pour rendre les mensonges crédibles et l’assassinat respectable, et donner une apparence de consistance à ce qui n’est que du vent. »
Mettons de côté un instant le coût humain et concentrons-nous sur le coût économique. Ces dépenses obscènes sur la mort et la destruction sont effectuées par un pays, les États-Unis, où 15 % de la population, soit 46 millions de personnes, vivent en dessous du seuil de pauvreté de $ 23492, et où chaque année 1,5 millions d’enfants deviennent des sans-abri.
Dans le monde, 3 milliards de personnes vivent avec moins de 2,50 dollars par jour, dont 360 millions avec moins de 1 dollar par jour. L’extrême pauvreté, la faim et le manque d’eau potable et d’assainissement efficace détruisent leur vie et leur avenir. 22 000 enfants meurent chaque jour à cause de la pauvreté .
Des familles sont piégées dans un cycle de misère et de privations transmis de génération en génération, sans échappatoire. Pourtant, dans ce monde de misère et de souffrance, les dépenses mlitaires mondiales s’élevaient en 2012 à plus de 1700 milliards de dollars.
La grande majorité d’entre nous, individuellement, est capable de comprendre qu’il y a quelque chose qui cloche dans notre façon de percevoir les priorités. Avec autant de misère dans le monde, il est incompréhensible qu’autant de richesses soient consacrées à la guerre et aux armes de mort et de destruction. Cependant, notre rationalité et notre sens de justice sont très facilement balayés lorsqu’il nous est demandé de déshumaniser nos soit-disant « ennemis ».
En tant qu’espèce, nous avons de formidables talents. Nos réalisations scientifiques sont incroyables ; nos progrès dans la médecine et la technologie sont époustouflants. Mais en ce qui concerne notre développement social, nous en sommes encore pratiquement à l’Age de Pierre.
Adnan Al-Daini
Traduction "sauf qu’ils sont armés de silex nucléaires" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.