L’impasse de la conférence sociale

Front syndical de classe

La déclaration faite par T. Lepaon en ouverture de la conférence porte la marque des contradictions dans lesquelles se trouve la direction confédérale.

D’un côté il faut tenir compte du fort mécontentement et de la volonté de lutte qui monte des syndicats et Unions locales, des bases de la CGT comme l’atteste l’appel de la CGT Renault Cléon à une action nationale pouvant aller jusqu’au blocage économique du pays afin de s’opposer aux contre-réformes prévues. Et l’on a même timidement l’appel à 4 meetings de rentrée et à une journée nationale interprofessionnelle dans la première quinzaine de septembre.

De l’autre côté
la direction confédérale reste embourbée dans les orientations de ces 20 dernières années :

- illusion de l’Europe sociale qui se manifeste par un appel à "développer une nouvelle stratégie européenne basée sur la création d’emplois de qualité pour relancer la croissance " comme si le rôle de l’UE n’était pas justement d’imposer en Europe les politiques d’austérité et de régression sociale au profit des classes dominantes.

L’Europe sociale ce sont les ouvriers portugais sur un chantier de Clermont-Ferrand, payés 2,86 euros de l’heure, de Bulgares et Roumains rémunérés entre 3 et 7 euros de l’heure dans les abattoirs allemands.

Et tout cela n’est "réformable" que par la sortie de l’Union européenne et la mise en œuvre de véritables politiques de coopération à l’opposé total de la "concurrence libre et non-faussée" et du dumping social consubstantiel à l’UE !

- illusion du syndicalisme rassemblé et de la possible unité avec la direction de la CFDT.

Comme s’il n’était pas évident en particulier depuis la signature de l’accord sur la flexibilité du travail (ANI) que les dirigeants de la CFDT étaient profondément engagés dans l’accompagnement de la crise du capitalisme au profit du MEDEF et de la social-démocratie.

Et qu’ils vont poursuivre dans leur œuvre d’abandon (comme en 2003 et 2010) avec la contre-réforme prévue des retraites.

Par conséquent pour s’opposer à ces contre-réformes et passer à la contre-offensive il n’y a pas d’autre choix que d’en appeler à la lucidité et à la combativité des travailleurs contre les pièges qui leur sont tendus.

La récente expression des camarades de Renault Cléon dont la direction confédérale ne dit mot éclaire bien les enjeux de la période en proclamant de manière combative :

"Tout est à craindre de cette conférence sociale "

et encore

"C’est pas dans les salons qu’on obtiendra satisfaction, c’est par la grève, l’action, la mobilisation générale !"

Le Front Syndical de Classe
21 juin 2013

COMMENTAIRES  

23/06/2013 17:21 par chb

Nos organisations syndicales servent classiquement à porter les revendications des salariés. Classique aussi mais rageant, elles canalisent, tempèrent, et étouffent dans le cas des jaunes.
Cette conférence (de reculade) sociale semble privilégier ce deuxième rôle des partenaires sociaux, suite à l’accord de Hollande devant les chefs européens pour aggraver l’austérité.
Alors il leur sera difficile de demander un retour à la loi sur les retraites de Sarkozy dont elles n’ont jamais exigé l’abrogation...
...On attend avec impatience les sonos au Trocadéro crachant « Ne touchez pas à la loi de Sarkozy sur les retraites ! aucun nouveau recul ! », après avoir juré qu’ils ne lâcheraient rien.
Pourquoi ne pas exiger l’abrogation des lois de Sarkozy ? Lois sur le licenciement et sur la mobilité des fonctionnaires, refonte a minima du Code du Travail, loi de régression des retraites qui participe à l’augmentation du chômage, les faux plans de sauvegarde de l’emploi etc., sans oublier la doxa de non renouvellement des postes de fonctionnaires...
Hollande doit-il son élection à son seul charisme flanbyesque, ou aux saloperies du prédécesseur, dont on était en droit d’espérer qu’il en effacerait certaines ?
Sur que c’est pas dans les salons qu’on obtiendra satisfaction !

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