Dwaabala,
L’épuisement des ressources naturelles non renouvelables est une réalité. Nous assistons depuis le début de la révolution industrielle à une explosion exponentielle de l’exploitation de ses ressources. Si au lieu de considérer cette explosion exponentielle sur une période de deux siècles, nous la considérons sur les quelques millions d’années qu’à duré l’humanité, cela donne une fonction de Dirac, c’est à dire une droite presque horizontale avec aujourd’hui une autre droite, mais verticale celle-ci. Et demain, nous serons de nouveau en bas de la courbe sur une droite horizontale, ceci pas en raison d’un faible niveau technologique, mais bel et bien parce que nous aurons épuisé les ressources et que dans de telles conditions, une bonne partie de notre technologie ne nous servira plus à rien. C’est imparable et mathématique.
Quand aux nouvelles technologies dont les ressources renouvelables, elles ne résolvent pas grand chose. Quand il n’y aura plus de pétrole, nous pourrons faire de l’énergie avec du vent, les marées et le soleil, mais il n’y aura plus de pétrochimie, et donc plus d’engrais, plus de pesticide, plus de plastics, etc. Quand il n’y aura plus de zinc, et au rythme actu il n’y pas pour plus longtemps que le pétrole, il n’y aura plus d’acier galvanisé. Et nous pouvons rajouter etc pour chaque matière première qui sera épuisée, et ce n’est qu’une question de temps pour qu’elles le soient presque toutes. Et nous n’avons pas de millions d’années devant nous, tout au plus un délai variant de quelques années à quelques siècles suivant la ressource considérée, ce qui n’est rien en comparaison des cycles géologiques qui ont créés ces ressources.
De plus, les nouvelles technologies ne font qu’empirer la situation écologique, car actuellement la majorité des habitants de la planète n’y ont pas accès et continuent d’utiliser les anciennes, et que les nouvelles produisent aussi leur lot de pollutions diverses.
Une bonne partie de la solution de ces deux problèmes est la même : le recyclage systématique de toutes les matières premières de tous les biens de consommation. Et cela, si les capitalistes en voulait, il y a longtemps que ce serait fait. Alors quand tu dis « "l’esprit capitaliste" est suffisamment optimiste et entreprenant pour compter et spéculer sur de nouvelles sources de richesse naturelles et de nouvelles formes d’exploitation dans la nature. », tu te trompes doublement.
D’abord, le capitalisme n’exploite pas dans la nature, il exploite la nature. Et ceci sans la respecter aucunement. Rien que cela finira par nous conduire au suicide, c’est déjà bien parti pour quand on voit la façon dont les espèces animales et végétales sur terre comme dans les océans et les mers disparaissent. Ensuite, l’esprit capitalisme est entreprenant, mais ce qu’il appelle optimisme est une course au suicide. Depuis sa naissance, le capitalisme n’a fait qu’accumuler les problèmes, et nous sommes aujourd’hui à un point où même sans troisième guerre mondiale, l’environnement est déjà en train de crever de partout.
Il faut aussi voir que le capitalisme n’est pas tombé du ciel. Il s’est développé dans le féodalisme et l’a remplacé. En pratique, il est encore pire que le féodalisme. Rien que la traite des noirs a fait 250 millions de morts (estimation moyenne), Hitler fait presque figure d’amateur en comparaison, et aujourd’hui, un holocauste encore plus grand se déroule dans le silence assourdissant des médias, celui de la faim dans le monde qui tue chaque année 35 millions de personnes, soit 350 millions tous les dix ans (estimation conservatrice du PNUD), et ceci pour la seule raison que cette multitude est trop pauvre pour se payer la nourriture existant en quantité suffisante pour tous et pour chacun (autre donnée têtue du PNUD). Ces deux seul chiffres suffisent pour dénoncer le capitalisme comme un système encore bien pire que la féodalité. L’Inde était un système féodal quand l’anglais y a débarqué. Il n’y avait jamais eu de famine en Inde. L’anglais a fait en toute connaissance de cause des réformes agraires en Inde. Bilan de ces réformes : plusieurs dizaines de millions de mots de famine. Quelques années avant l’anglais avait fait les mêmes réformes chez lui. Bilan : famine et des troubles sociaux si graves que la royauté avait failli être renversée. Voilà ce qu’est le capitalisme, un système du pire bâti sur un autre système du pire, et il est encore pire que le système sur lequel il s’est bâti.
Tout ceci implique que la seule façon de s’en débarrasser est par une révolution. Et là je te rejoint, cela passe par un mouvement de masse. Mais il ne faudra pas se leurrer, si celui-ci ne change pas le fond du problème qui est notre rapport avec la nature, seule la forme changera, ce qui reviendra à ne rien résoudre et à continuer à accumuler les problèmes sur la voie du pire.
À la base, c’est un problème religieux lié à notre rapport avec la nature. Des dogmes comme le conflit du bien et du mal en occident et la complémentarité du yin et du yang en Asie et dans le reste du monde sont en fait très similaires. Ils attribuent tous les deux des qualités superstitieuses aux choses. Ce qui permet de construire une première hiérarchie entre les dieux, les hommes et le reste de la création, de séparer l’homme de la nature, l’esprit de la chair et donc ultimement l’homme de sa nature. Ceci permet aussi de construire une deuxième hiérarchie, entre les hommes, certains se retrouvant plus près des dieux que les autres, plus riches que les autres ou plus égaux que les autres.
C’est de ce fatras superstitieux que sont nés autant la féodalité que le capitalisme. C’est ce fatras superstitieux qui justifie moralement autant l’exploitation de la nature (première hiérarchie superstitieuse) que celle de l’homme (deuxième hiérarchie), et qui justifie moralement la destruction et la pollution systématiques de la nature, le racisme et les guerres.
Les dégâts déjà causés à l’environnement sont tellement énormes que son collapse a déjà commencé. De plus, plus nous continuons à laisser faire, plus ce sera pire et moins il y aura de ressources naturelles pour essayer d’empêcher ce collapse de l’environnement. Ceci est plus grave que la seul fin du capitalisme. Il s’agit là, comme nous sommes le sommet de la chaîne alimentaire, de la fin de l’humanité. Le concept de civilisation comme nous l’entendons est né avec les théologies qui ont rendu moralement possible la féodalité et le capitalisme. Tout ceci implique que l’enjeu d’aujourd’hui n’est pas la seule fin du capitalisme, mais la fin de la civilisation, de son mépris pour la Nature, notre seule source de vie, et de son racisme institutionnel.
Pour cela, il sera nécessaire de repenser l’économie et de la soumettre non pas à la seule satisfaction des besoins humains, mais à la satisfaction prioritaire des besoin de la nature. Et là, quand je vois le nombre de parents, qui à la naissance d’un enfant, se paient une plus grosse voiture, alors que la seule certitude scientifique qu’ils peuvent avoir à 100% est qu’une grosse voiture, à technologie équivalente, pollue plus l’air de leurs enfants qu’une petite, j’ai un très gros doute sur les capacités de l’être humain à retrouver sa place dans la Nature, notre seule source de vie qui nous donne l’air, l’eau, la nourriture et tous les matériaux dont nous avons besoin pour nous habiller, nous loger, travailler et faire la fête.
L’avantage de notre époque est une grande simplification des problèmes. La situation de l’environnement au niveau mondial est tellement catastrophique que nous devons renouer avec nos fondamentaux et accepter de vivre en harmonie avec la Nature et avec nos semblables au lieu de les détruire de façon systématique. Certains marxistes vont crier à l’idéalisme, mais qu’ils m’expliquent comment, vu notre emprise technologique et notre omniprésence sur cette planète, il serait possible, sans croire au sain esprit du communisme ou des lois du marché, de créer une économie qui ne soit pas soumise à la satisfaction des besoins de la nature et qui puisse faire autre chose que de finir de la détruire.
P.S. : Vouloir créer une société sans classe est une chose, mais croire que cela peut être possible dans un monde où toute l’humanité est en lutte avec sa seule source de vie, la nature, est la plus grosse connerie qui n’ait jamais été écrite par un marxiste (Plekhanov).
Marx a écrit : « l’identité de l’homme et de la nature apparaît aussi sous cette forme, que le comportement borné des hommes en face de la nature conditionne leur comportement borné entre eux, et que leur comportement borné entre eux conditionne à son tour leurs rapports bornés avec la nature. »
Si nous voulons changer le monde, il faudra que demain nos enfants puissent écrire : « l’identité de l’homme et de la nature apparaît aussi sous cette forme, que le comportement harmonieux des hommes en face de la nature conditionne leur comportement harmonieux entre eux, et que leur comportement harmonieux entre eux conditionne à son tour leurs rapports harmonieux avec la nature. »
Cela passe par la subordination de l’économie non seulement à la satisfaction des besoins humains, mais aussi à sa subordination de l’économie à la satisfaction des besoins de la nature. Nous devons réapprendre à travailler avec la nature au lieu de travailler contre elle.