L’avenir de force

" On n’a pas éteint pour si peu la TV. Quand il n’y a plus rien, elle joue encore : son vide crie. C’est un cri aigu qui ne monte ni ne baisse : il est droit. C’est un appel qui nous tire, un vecteur irrésistible, comme un train ininterrompu qui nous passerait sous le nez. On résiste puis on suit. Ça exaspère puis excite. Ça nous rend fous, mais si fous que gais, que soûls, qu’on n’a plus peur de rien, qu’à tue-tête on met au défi Dieu, Diable, Homme, Bête, Minéral, Végétal, de nous faire fermer jamais notre TV. " L’hiver de force, Réjean Ducharme

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L’humanité , son histoire, ressemble à une bonne cuite en train de se terminer dans un bain-océan de vomi. On a trop bouffé des ces saletés d’idées, camisolés dans des théories de banquiers, de politiciens en radeaux. On n’est pas mieux qu’un Khmer rouge le cou roulé dans son foulard et la bouche remplie de formules robotiques pour "changer le monde". Tous les dirigeants, à commencer par les banquetiers visqueux et parasites, charmeurs et serpents à sornettes.

Quand, les dimanches matins, - comme s’il ne me restait qu’une religion silencieuse, je prends mon vélo et je m’en vais faire un tour pour lécher la beauté des arbres, i l y a comme des vrilles de chants d’oiseaux, de vieilles granges en train de s’éteindre de par leur toit gondolé et peureux de la pluie. J’aime la bordure des routes de campagnes avec ses roches, ses bas-côtés frivoles de marguerites et de petites fraises des champs. On ne peut pas aimer la vie et arracher ce que la Vie a enfouie dans le sol pour nous empoisonner ni empoisonner le sol pour lui donner une autre vie que celle qu’il a . On ne peut pas être Monsanto et Saint-François d’Assise en même temps.

La Terre est sous acharnement thérapeutique. Une chimio de force et une camisole nommée "démocratie". La vente aux ans chers est en train de finir. Il n’y a plus de vie tranquille et limpide. On est en train de se menotter mollement et insensiblement par credo de robots cuisinés sous des couches et des couches de tracés sonores et visuels. Nous sommes l’homme éponge asphyxié.

Trop d’idées et pas de cœur !

Celui qui a inventé la roue n’a sans doute jamais pensé à la vendre... Aujourd’hui on invente pour vendre et non par utilité.

Ne prenez pas la peine de vous empiffrer d’idées, de "systèmes", de "grands projets". C’est la malbouffe initiatique à extraire en vous la petite graine de gens biens chimifiée sous la pétarade de mensonges et d’idéologies.

Qui donc a besoin d’idéologies ? Si les idéologies étaient efficaces, il n’y aurait pas des milliards d’humains souffrant de la faim ou en mourant tout simplement ou complexement.

Alors, nous sommes tous migrants. On l’est de force. On nous a promis de beaux avenirs. On a eu les avenirs d’hier aujourd’hui. Sont encore plus laids qu’un Frankenstein à cravate.

Ben alors ! Où allons nous ? On nous dira vers un monde meilleur. C’est la chanson d’hier. En fait, la Terre étant constitué d’eau et les créatures également, on s’en va tous en radeaux rêvant de quitter un pays, une idéologie, mais avant tout une pauvreté de vivre nûment, et non pas décorés d’artifices comme un cerveau en arbre de Noël. Ça pétille de couleurs comme des feux d’artifice... Le problème est que nous ne pouvons pas voir les dégâts de "l’en dedans". On ne peut pas sortir de son cerveau et l’analyser. Mais Facebook et Google le peuvent... Beau progrès !

Si l’avenir est de force, où se situe donc cette chère démocratie et les "valeurs" à défendre vantées par les forces canadiennes ? Enrôlez-vous !

On est des migrants noyés à sec.

Mon pays, mes valeurs, ma femme, ma maison, ma terre, mon chien, ma banque (sic), ma bouffe, ma bière, mon amour, mon vin de petit bourgeois avec son palais dans le palais, mon arbre, mon mari, mes recettes, mes pensées, mes "créations", mon émission "The Voice", ( ils ne veulent plus planter des carottes, ils veulent chanter pour vivre - c’est ce que font les oiseaux), ma patrie, ma voiture, mon idée, mon invention, ma pelouse, mon job...

On nous a appris à posséder... Quelle belle philosophie ! Posséder. Rien ne se possède, tout appartient à la Vie, même la poésie, les mots, les chats, les pissenlits. On nous a désintégré par filaments. Comme une corde de pendue défibrée...

Et là, on se plaint, on pancarte, on se fait dépouiller, mais on ne comprend pas. On combat le fer par le caoutchouc. Bien armés les migrants des états "évolués" ! Félicitations !

On a le choix entre prendre leur avenir de force ou s’en fabriquer un comme on fabrique un moule qui sied au fondement des gens simples qui veulent simplement travailler pour vivre, manger, et profiter de toute la beauté de cette petite planète bleue qui tourne comme une bille dans l’Univers.

On est si grands que ça ? J’ai plus de respect pour la feuille de laitue et les vers de terre qui travaillent ensemble...

Gaëtan Pelletier

Avril 2014

 https://gaetanpelletier.wordpress.com/2015/04/25/lavenir-de-force/

COMMENTAIRES  

04/05/2015 12:16 par Aldamir

Pascal disait : A défaut de pouvoir fortifier la justice, on justifie la force. Tout cela au nom d’une certaine étiquette, la Démocratie

04/05/2015 17:36 par vagabond

Merci pour ce cri poétique. Tu as réussi à mettre de la poésie au coeur de l’horreur.

J’ai bien peur que ce soit la nature qui finirait par se charger de nous empêcher de nuire davantage. Elle aura raison car l’être humain a failli.

En attendant, je continue à espérer que vraiment la réalité n’existe pas.

05/05/2015 06:30 par Gaëtan Pelletier

Pascal avait raison : par la force. Un journaliste déclarait que les États n’informent plus, ils cachent. Ils se disent "élus" et prennent plus que les droits des élus. C’est un forme de fascisme soft qui circule...
@Vagabond
Je ne désespère pas qu’il survienne un monde meilleur. Mais ce sera par la chute imprévisible d’un système affolé et destructeur. Certainement pas par des votes. Il est possible que tout ce système artificiel et destructeur se casse un bon matin. Et on fera comme en 2008 : on en cherchera les raisons, mais il sera trop tard. Les raisons, plusieurs les connaissaient avant. Ces "plusieurs" en profitaient...
Bonne journée !

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