L’affaire DSK, la crise et le bancor

Ca y est, Dominique Strauss Kahn est libre : Les charges qui pesaient contre lui ont été levées, en raison de l’insuffisance des preuves apportées contre lui. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’ait rien à se reprocher, ni même que ses ennuis judiciaires soient terminés. Mais cela signifie qu’il a raté l’occasion d’être candidat à la présidence française, tout en perdant celle de rester à la tête du FMI. Quand on y pense, c’est bien l’Histoire avec un grand H qui se trouve modifiée par cette affaire ; car les deux postes qu’il a perdus à cette occasion ont une influence, par répercussions des prises de décisions qu’ils permettent, sur la planète toute entière.

Cela n’est quand même pas une toute petite affaire : si j’étais lui, et que je n’avais rien à me reprocher, je demanderai des comptes à ceux qui m’ont accusé pour rien.

Mais nous n’en sommes pas là . Le monde a déjà changé : madame Lagarde a pris la tête du FMI, Monsieur Strauss Kahn ne sera pas président de la France (sauf retournement exceptionnel), et la crise financière ne s’est pas arrangée : maintenant il s’agit de comprendre ce qui s’est passé. Pas dans la chambre de l’hôtel non, mais dans cet enchaînement étrange qui a permis au monde de se séparer d’un DSK gênant, au FMI comme en France, au moment même où la crise financière s’accentuait, au moment même où il était en tête dans les sondages, au moment même ou madame Lagarde risquait gros dans ’l’affaire Tapie’.

Et bien quoi, me répondra-t-on, encore la théorie du complot ? et pourquoi pas, à la fin ! Si nous sommes si nombreux à avoir tout de suite eu cette pensée, si les cerveaux de millions d’individus nourris aux séries télés en sont pleins, que l’Histoire en regorge et que le mien qui échafaude à l’instant le sien sont capables de les inventer, pourquoi d’autres n’auraient-ils pas, en plus, les moyens techniques et financiers de les réaliser ’pour de vrai’ ?

Nous savons tous que Monsieur Strauss Kahn, comme de nombreux autres politiciens avec lui, mériteraient mille fois la prison pour leurs multiples méfaits économiques et sociaux. Mais c’est avec une femme de chambre qu’il tombe, et à un moment crucial pour l’avenir de notre planète. Et personne ne trouve ça étrange ?

Regardons les choses en face : au moment même où DSK se faisait arrêter aux Etats-Unis, la situation calamiteuse de la Grèce mais aussi de l’Irlande et du Portugal faisaient penser que l’aide du FMI ne serait pas si simple à obtenir. On parlait alors de ’restructuration de la dette’, ce qui n’arrangeait évidemment pas les banques exposées, c’est-à -dire entre autres les banques françaises : madame Lagarde ne voulant même pas en entendre parler.

Alors que quelques semaines plus tard, avec madame Lagarde aux commandes du FMI, on se rend compte que les choses ont déjà changé : en même temps qu’elle échappe à la justice française juste à temps pour ne pas avoir à démissionner, rattrapée par l’affaire Tapie, elle prend les commandes de l’institution à un moment clé de l’Histoire. Le FMI n’évoque plus alors de restructuration de la dette grecque, mais en enfonçant le peuple Grec et l’Europe toute entière dans les affres d’une récession qui retombera in fine sur les populations les plus fragiles (voir c’est qui qui va payer ?), il sauve ainsi les banques d’une faillite annoncée, potentiellement salvatrice d’un point de vue économique, et logique aussi.

Ainsi, l’affaire DSK permet à la finance internationale d’échapper une fois encore à une juste punition (la faillite des banques trop exposées dans certains pays comme la Grèce) en nommant à la tête du FMI une femme dont le rôle sera certainement bientôt déterminant : lorsque la situation économique de l’Europe sera si dramatique que même les plans ’d’austérité’ ne suffiront plus à calmer ni les marchés ni la colère des peuples, les Etats-Unis comme l’Europe seront alors en mesure de nous imposer un nouveau ’Bretton Woods’ qui, nous dira-t-on alors, sauvera ’le monde’ d’un chaos généralisé, à travers la création d’un nouvel étalon monétaire miraculeux, le bancor. Ce même bancor qui, paraît-il, était déjà dans les cartons de monsieur Strauss Kahn comme dans ceux de madame Lagarde il y a quelque temps, et qui permettrait au FMI de devenir l’unique agent de contrôle de cette nouvelle monnaie de référence mondiale.

Voilà ce qu’il en est pour le FMI. Reste maintenant la situation française : le ’clan Sarkozy’, malgré un objectif peut-être commun avec le PS, n’ont tout de même pas les mêmes méthodes : en écartant DSK de la présidence française, il se remet en selle dans la course à l’Elysée, ce qui n’est pas peu. Le ’président des riches’ est un homme avide de pouvoir , et ne peut décemment pas se faire voler la vedette lorsque le monde effectuera sa mutation. La gauche une fois au pouvoir, si molle qu’elle soit, n’est quand même pas la même chose que la droite : et pour conduire les mesures qui pousseront l’Europe à se soumettre aux décisions du couple franco-allemand, à travers la ’nouvelle gouvernance européenne’ basée sur cette fameuse ’règle d’or’ imposée à tous les pays de l’Union, il semble bien que la droite soit désormais la mieux placée.

Finalement, l’affaire DSK nous permet de mieux comprendre les évènements qui se profilent à l’horizon 2012 : une fois la soumission de tous les pays de l’Union Européenne scellée dans le marbre à travers cette ’nouvelle gouvernance européenne’, Les Etats-Unis et l’Europe parleront alors d’une même voix pour imposer au monde leur nouvel ordre économique mondial, seul remède capable à leurs yeux de faire face au retournement du capitalisme qui voit leur pouvoir s’effondrer peu à peu.

En faisant le choix de la crise, les gouvernants actuels se mettent en position de réaliser un changement total des règles du jeu de la finance internationale, et il ne fait aucun doute que la bataille pour une place à la tête de ce nouvel «  empire » ne fait que commencer. Et l’Histoire que de se répéter...

Caleb Irri

http://calebirri.unblog.fr

COMMENTAIRES  

26/08/2011 21:37 par babelouest

Il semble bien que nous soyons en pleine guerre mondiale, des riches et de leurs divisions de traders, de cambistes, de sondageux, de journaleux, de cinquième-colonneux armés aussi, contre tout le reste de la population mondiale. Pour le moment, ce sont eux qui sont en train de gagner, puisqu’à part quelques commentateurs lucides presque personne ne s’est rendu compte de la situation. Même ceux qui en subissent de plein fouet la rigueur sont résignés et soumis. Ce ne sont pas quelques dizaines de milliers d’indignés sans vraie ligne directrice qui y changeront quelque chose.

Et maintenant, que faisons-nous ?

26/08/2011 21:38 par legrandsoir

Et maintenant, que faisons-nous ?

Voter PS ?

Nan, j’déconne.

27/08/2011 07:39 par babelouest

Parfaitement d’accord, Caleb.

Maintenant, il sera nécessaire de franchir deux barrages :
- les institutions françaises, les pseudo-"élus" qui voudront défendre leurs prébendes et leurs sponsors. Cela demande déjà une mise à bas de ces institutions. Insurrection, blocage pacifique généralisé en boycottant les grandes surfaces ? Le second moyen serait certainement le plus efficace, et le plus difficile à contrer par le ministère de l’Intérieur. Cela demanderait une préparation en profondeur, capable de toucher même ceux qui ne connaissent que dodo, boulot, TF1.

- le système mondial, dominé par des USA exsangues, mais surarmés et aux dirigeants sans scrupules. Ne sont-ils pas les seuls, pour des raisons seulement politiques et mesquines (risque de gains territoriaux par la Russie en 1945), à avoir utilisé "pour de vrai" l’arme suprême ? Même si l’Europe entière se dressait contre eux, et faisait front avec les BRIC, accepteraient-ils de transiger ? D’autant que je vois mal la Grande-Bretagne ou la Pologne changer leur fusil d’épaule.

28/08/2011 10:37 par Soucieux

Pour l’instant, il me semble qu’il faut voter en 2012 pour ces va-t-en-guerre du Front de Gauche, toute déception avalée, comme une couleuvre de plus...
Cependant, pas la même couleuvre qu’en 2002, qui est la peur du FN, tant promue par nos médias ! Laissons cela au Parti dit "Socialiste" : il fera la même politique ultralibérale que le FN, en plus déguisé, et avec plus de pommade, pour ne pas dire plus de vaseline.

Mais c’est parce que le Front de Gauche a dans son programme une Assemblée Constiutante (entre autres) et qu’il sera temps APRES de choisir comment nous voulons être gouvernés. Choisir avec TOUS les Français, téléphages et "désinformés" compris ("désinformés", c’est gentil, car, en vrai, ils sont manipulés par le mensonge, entre autres, et conduits comme un troupeau de moutons par le "Bon Pasteur"... vers le ravin).

Pour cela, il conviendrait:de bien préparer la Constituante, à tous les niveaux - et grâces soient rendues à Caleb Irri de s’époumoner pour que, déjà , elle aie lieu, et pour tenter de la préparer... On ne peut pas dire qu’il soit très fortement épaulé par les Partis en place. Donc, parmi les préparatifs vient le vidage de tous ceux qui touchent des prébendes - ou pas, les imbéciles - pour faire le lit de l’empire colonial, dont notre actuel président est un larbin très zélé.

"Les Français ne sont pas encore assez pauvres pour se révolter", me disait récemment quelqu’un.

Si vous avez aut’chose - et qui aie une chance d’être gagnant - pour 2012, je prends...

28/08/2011 12:01 par yellow

Pour ma part je pense sérieusement à immigré en Amérique du sud...

01/09/2011 01:10 par Bonjour

D’accord avec l’article : l’objectif de la finance anglo-saxonne est d’absorber l’euro pour créer un BANCOR. Une précision importante sur le couple franco-allemand, il ne fonctionne plus depuis plusieurs années (pacte Bush-Sarkozy). La France, aujourd’hui anglicisée à marche forcée, a été désolidarisée de l’Allemagne pour créer un nouvel axe Paris - Londres financier et militaire (accord de Lancaster). L’Allemagne est seulement en train de comprendre le coup fourré et se retrouve isolée.

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