Iran : Danser avec le loup ou avec la meute.


(La proposition d’une bourse iranienne du pétrole, par Krassimir Petrov. )





[Jacques Chirac refuse de se plier à l’impérialisme US.
(...) interpréter ce discours comme celui d’un Président français affaibli tant au plan intérieur qu’au niveau européen par les élections allemandes et la présence désormais d’une chancelière atlantiste, plus proche désormais de Tony Blair sur la question de la vassalisation acceptée de l’Europe serait une erreur.]


22 janvier 2006


La position de Jacques Chirac sur la force de frappe nucléaire de son discours de Brest [1]
s’analyse à un double niveau,

1) l’affirmation du droit de l’impérialisme à agir comme bon lui semble, en violation des règles qu’il prétend imposer aux autres.

2) un impérialisme qui refuse le leadership des Etats-Unis et prétend agir pour son propre compte, la France revendique son rôle de puissance nucléaire pour devenir le leader de l’Europe.


1) La position de l’Iran :

Cette position d’un pays sous la menace d’une intervention , y compris nucléaire de la part des Etats-Unis décrit bien la stratégie impérialiste, et voit surtout dans les propos du chef de l’Etat français une affirmation du "droit impérialiste", donc une mise en cause de la légalité internationale, une affirmation du droit du plus fort sans ,aucune des hypocrites raisons habituelles invoquées par Bush et ses alliés. Il est certes question des "menaces", mais surtout des "intérêts".

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Hamid Reza Asefi a estimé que la mise en garde lancée jeudi par le chef d’Etat français reflétait les intentions réelles des puissances nucléaires, selon l’agence officielle IRNA.

Le président français a dévoilé "les intentions secrètes des puissances nucléaires en utilisant ce levier (armes nucléaires) pour déterminer les jeux politiques", a déclaré M. Asefi, cité par IRNA.

Pour le porte-parole, la fin de la pauvreté dans le monde et l’arrêt des discriminations dans les relations internationales représenteraient un meilleur moyen d’anéantir le terrorisme.

"Chirac ferait mieux de presser les dirigeants occidentaux " afin qu’ils avancent sur la voie consistant à s’attaquer "aux racines de la discrimination, de la pauvreté et de l’injustice dans diverses parties du monde", a souligné M. Asefi au sujet de la menace nucléaire.

De son côté, la télévision publique iranienne a déclaré samedi que Jacques Chirac avait "négligé les règlements internationaux" concernant le désarmement nucléaire.

Les "(menaces de Chirac) montrent que les appels lancés par des puissances nucléaires pour le désarmement ne sont rien de plus qu’une affirmation et que les traités internationaux sont utilisés comme un instrument pour exercer des pressions sur d’autres pays", a-t-elle ajouté.

S’adressant jeudi aux agresseurs potentiels -jamais cités- de la France, Jacques Chirac a voulu ne "pas laisser planer le doute sur notre volonté et notre capacité à mettre en oeuvre nos armes nucléaires" en cas de menace contre nos "intérêts vitaux".

Ainsi, la France est "en mesure d’infliger des dommages de toute nature à une puissance majeure qui voudrait s’en prendre à des intérêts que nous jugerions vitaux", a-t-il dit lors d’une visite à l’Ile-Longue, près de Brest (Finistère). Et pour la première fois, le président français a mis en garde "les dirigeants d’Etats qui auraient recours à des moyens terroristes".

En effet, le discours de Jacques Chirac ne s’embarrasse pas de "sécuritaire" à l’usage du peuple français, on peut même estimer qu’un tel discours prend le risque de transformer le territoire français en terrain d’exercice des "terroristes fanatiques" ou d’Al-Quaïda [2].

"La dissuasion nucléaire (...) dit Jacques Chirac n’est pas destinée à dissuader des terroristes fanatiques", appartenant à des organisations comme Al-Qaïda par exemple. Mais "les dirigeants d’Etats qui auraient recours à des moyens terroristes contre nous" et "ceux qui envisageraient d’utiliser (...) des armes de destruction massive, doivent comprendre qu’ils s’exposeraient à une réponse ferme et adaptée de notre part".

Donc l’Iran voit bien dans la menace du Président Chirac, une manière de dévoiler les intentions et les hypocrisies des Etats Occidentaux, qui font fi en ce qui les concerne des règlements internationaux qu’ils prétendent imposer aux autres, y compris quand ils tentent de développer une énergie nucléaire pacifique pour leur propre compte.


2) Jacques Chirac refuse de se plier à l’impérialisme US :

Mais interpréter ce discours comme celui d’un Président français affaibli tant au plan intérieur qu’au niveau européen par les élections allemandes et la présence désormais d’une chancelière atlantiste, plus proche désormais de Tony Blair sur la question de la vassalisation acceptée de l’Europe serait une erreur. [3] C’est même le contraire, notons que si on peut toujours considérer que ce discours s’explique par des jeux internes avec Sarkozy, le point d’appui réel est au niveau international, en Europe, mais au-delà puisqu’il passe désormais aux yeux du monde pour le défenseur de l’altermondialisme, voir un écologiste. Sans parler de la Chine ou de la Russie, eux-mêmes à la recherche d’une stratégie alternative et au monde arabe. Ce discours n’est pas une offre de service à Bush, mais au contraire l’affirmation qu’il y a en Europe, un impérialisme concurrent capable d’agir de la même manière que les Etats-Unis mais qui, désire rester maître chez lui.

Mieux il constate le déclin des Etats-Unis, leur incapacité à jouer le rôle auquel ils prétendent, donc il dit nous ne sommes plus au temps de l’Union soviétique, nous pouvons agir pour notre propre compte. Nous estimerons nos intérêts et les menaces au niveau européen, et la France possède les moyens nucléaires de son ambition.

Il dit :

"En 1995, la France avait émis l’idée ambitieuse d’une dissuasion concertée afin d’initier une réflexion européenne sur le sujet. Ma conviction demeure que nous devrons, le moment venu, nous poser la question d’une défense commune qui tiendrait compte des forces de dissuasion existantes, dans la perspective d’une Europe forte, responsable de sa sécurité."

De nombreuses réactions se sont fait jour comme celles de Guido Westerwelle (dirigeant du parti de droite FDP) qui a appellé Chirac a plus de retenue dans ses décalarations, ou bien le député CDU Eckart von Klaeden qui a indiqué que les mots de Chirac étaient particulièrement " malheureux ". Ce sont là les plus proches alliés militaro-economiques de la France. Mais on pourrait citer toute une série de réactions , provenant d’abord des rangs des droites diverses ou des gauches de droite en Europe.

Ce discours se heurte donc effectivement à la droite européenne et aux atlantistes de gauche, puisque Jacques Chirac en fait leur explique que désormais, les USA sont en difficulté dans le monde et qu’ils n’ont plus à protéger l’Europe, singulièrement l’Allemagne de la puissance soviétique, les Européens peuvent agir pour leur propre compte et rester maître chez eux. Dans un tel contexte c’est un défi aux Etats-Unis et au contraire l’affirmation du refus de les suivre. Les Européens doivent agir pour leur propre compte.

La vraie question que pose ce discours est celle du réalisme d’une telle vision de l’Europe telle qu’elle est, dominée de fait au niveau économique par son choix néo-libéral, elle l’est totalement au niveau politique et les récentes élections n’ont fait qu’accentuer la tendance à l’acceptation de la vassalisation. [4] De surcroît cette Europe n’est pas celle des peuples qui au contraire repoussent cette construction européenne qui se traduit par une dégradation de leur condition d’existence autant que par la perte de leur pouvoir d’intervention sur les choix politiques et économiques. Le Non à la Constitution des Français a traduit cette réalité. Comme d’ailleurs l’impossibilité grandissante de s’entendre sur une politique commune qui dépasserait le simple niveau de la mise en oeuvre de dispositions néo-libérales contre les dits peuples.

Jacques Chirac n’a plus beaucoup d’alliés même si Berlusconi par exemple est tenté par cette stratégie impérialiste mais indépendante (retrait des troupes d’Irak, gendarmerie européenne stationnée en Italie). Sur le strict plan de la défense européenne, on peut noter que même Zapatero semble préférer son propre potentiel industriel intégré aux Etats-Unis plus qu’à l’Europe. Il ne reste comme atour maître au président français que premièrement sa force de frappe et l’appui que pourraient lui apporter d’autres puissances nucléaires comme la Chine, la Russie voir l’Inde...

Il risque de ce fait d’y avoir des réactions inattendues de la Chine, de la Russie et même de l’Amérique latine. Pour les peuples d’Amérique latine, et singulièrement ceux qui tentent à la fois de se protéger de leur puissant voisin, mais également de trouver les moyens d’une stratégie originale d’un développement autocentré dont les ressources seraient réservées à résoudre les problèmes dramatiques de leurs populations, la question est posée : faut-il dénoncer comme le fait l’Iran qui est en première ligne, la stratégie des puissances impérialistes ou jouer sur les contradictions interimperialistes, les concurrences féroces entre ces puissances ? Pour ce que nous en voyons aujourd’hui, y compris dans les positions du nouveau président de la Bolivie Evo Morales, il faut apprendre à danser non plus seulement avec le loup étasunien, mais avec le reste de la meute. [5]

En ce qui concerne le peuple français, sans négliger ce niveau international et le danger que fait courrir à toute la planète, êtres humains et environnement l’impérialisme US sénile et meurtrier, en lutte contre son propre déclin et dont la dangerosité est extrême, il doit bien mesurer qu’il ne peut dans le même temps cautionner pour l’Europe, ni pour son propre pays, le moindre mal que serait la montée d’un impérialisme local dont la violence s’exerce sur lui. Et l’effort d’armement qui est exigé de lui, par exemple, aux dépends de ses services publics, de son emploi, de sa vie, comme un modèle basé sur la guerre généralisée, la violation de toute légalité, l’exercice de la loi du plus fort, l’exaspération des concurrences. Et le meilleur service que puisse rendre à la planète, le peuple nord-américain, comme d’ailleurs les peuples occidentaux seraient de la débarrasser de leurs dirigeants prédateurs.

Toute la question est là et dans l’immédiat il est peu de dire que nous sommes loin d’être avancés sur le chemin de la construction d’une alternative comme d’autres peuples. Il n’existe actuellement aucune force politique à gauche comme à droite capable de dégager cet objectif, elle reste à construire.

Danielle Bleitrach


Iran : les USA achèvent les préparatifs en vue d’ une attaque, par Wayne Madsen - Wayne Madsen Report.


Une attaque imminente contre l’Iran.<BR>
Quelques réflexions sur le discours de Jacques Chirac et l’approbation de Laurent Fabius, par Danielle Bleitrach.

Du peuple déicide, du Protocole des Sages de Sion au montage du journal Libération, par Danielle Bleitrach.



[1Jacques Chirac brandit la menace de frappes nucléaires ciblées.

BREST (Reuters), jeudi 19 janvier 2006.

La France pourrait recourir à des frappes nucléaires ciblées contre des puissances régionales qui utiliseraient contre elle des moyens terroristes ou de destructions massives, affirme Jacques Chirac.

Le président de la République, chef des armées, a annoncé cette inflexion dans la doctrine d’emploi de l’arme nucléaire par la France lors d’une visite à la base de la Force océanique stratégique (FOST), à l’Ile Longue, près de Brest.

Les dirigeants d’Etats "qui auraient recours à des moyens terroristes contre nous, tout comme ceux qui envisageraient d’utiliser, d’une manière ou d’une autre, des armes de destruction massive, doivent comprendre qu’ils s’exposeraient à une réponse ferme et adaptée de notre part", a-t-il déclaré.

Cette riposte pourra être "conventionnelle" mais aussi "d’une autre nature", a souligné Jacques Chirac pour qui le choix de la France, face à une puissance régionale, ne se limite pas à l’alternative "entre l’inaction et l’anéantissement".

"La flexibilité et la réactivité de nos forces stratégiques nous permettraient d’exercer notre réponse directement sur ses centres de pouvoir, sur sa capacité à agir. Toutes nos forces nucléaires ont été configurées dans cet esprit", a-t-il dit.

Le nombre de têtes nucléaires a ainsi été réduit sur des missiles des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), l’une des deux composantes des forces françaises de dissuasion, a précisé le président, dont le dernier grand discours sur la doctrine nucléaire de la France remontait à 2001.

Les forces de dissuasion nucléaire françaises, réservées à la préservation des "intérêts vitaux" de la France, pourraient aussi servir à protéger ses alliés et ses approvisionnements stratégiques, a également déclaré Jacques Chirac.

Dans un monde "marqué par l’interdépendance croissante des pays européens et la mondialisation", la "garantie de nos approvisionnements stratégiques et la défense de pays alliés sont, parmi d’autres, des intérêts qu’il convient de protéger", a-t-il expliqué.

[2Ce risque est encore accru si on estime ces groupes plus ou moins manipulés par les Etats-Unis auxquels, le président français s’oppose par ailleurs. Là encore ceux qui lisent tout à travers le prisme des jeux politiciens français ne pourront manquer l’opposition avec le ministre de l’intérieur Sarkozy qui axe tout sur le sécuritaire.

[3De même la position de DSK, peut-être celle de Fabius est plus complexe que celle qui n’y parait, DSK avait déja, pendant la campagne référendaire, parlé d’une dissuasion européenne ou plutôt d’une disuassion française au service de l’Europe (au passage aprés les charges sociales sur la TVA, voici un autre point d’accord PS/CHIRAC).

[4Ceux qui dans le cadre des jeux politiciens français privilégent la rivalité au sein des camps en vue des élections présidentielles pourront y voir l’affirmation de l’indépendance nationale contre Sarkozy qui joue ostentiblement la stratégie d’intégration au leadership étasunien, mais est-ce que cette opposition s’adresse seulement au peuple français ? Ce discours est aussi et peut-être surtout destiné au patronat français et européen en leur expliquant que dans le camp de la droite Jacques Chirac va favoriser l’impitoyable concurrence à leur profit. Conception du "commerce" dont on voit bien à quel point elle conduit aujourd’hui à l’acceptation d’une guerre y compris nucléaire généralisée.

[5Voir notre livre Danielle Bleitrach, Viktor Dedaj, Maxime Vivas. Les Etats-Unis DE MAL EMPIRE, ces leçons de résistance qui nous viennent du sud. Octobre 2005.


COMMENTAIRES  

23/01/2006 20:15 par à -nos-amis

On ne peut s’empecher d’être un peu embarrassé par votre deduction des visées finales (conscientes ?) du président de la République. Comme vous le soulignez justement "l’Europe telle qu’elle est, [est] dominée de fait au niveau économique par son choix néo-libéral" , et il est à ce titre difficile de voir une hétérogenéité dans les pratiques politiques économiques et militaires de l’Occident malgré quelques divergences de principe qui ne coûtent rien à afficher tant que l’on ne risque rien. De plus beaucoup craignent qu’il ne s’agisse en fait que de rendre ce service aux américains : ouvrir la possibilité, la factualité anticipée et fantasmée d’une utilisation de l’arme nucléaire comme elle menace d’être réalisée (?) par le pouvoir US dans l’affaire iranienne, une sorte d’accoutumance des esprits. Il y a peu de communication officielle publique de nos jours qui ne soit stratégique, c’est à dire ne servent à utiliser ceux à qui elle s’dresse sans rendre compte de cet et de son objetif. Mais dans ce qu’elle énonce il ne me semble pas qu’elle puisse être ambigüe au point de ne pas suscitter la même unanime réaction et donc de n’avoir pas d’efficacité. La question est de savoir si dans le contexte immédiat le public (dont serviteur) peut l’interpréter comme autre chose qu’un pas de plus dans le nouveau et récent suivisme atlantiste (après Haiti, la Syrie etc) ?

28/01/2006 18:45 par Anonyme

nous sommes entrés dans le temps de la complexité, par rapport au manichéisme de la guerre froide... L’impérialisme n’a plus devant lui une superpuissance, mais la montée de la résistance multiforme des peuples, ce qui exige l’unité dans le respect de la diversité.

Donc ma position pour la résumer est que si à un moment quelconque, les peuples peuvent être conduits à jouer de la meute contre le loup, soit la montée en puissance d’une dictature mondiale, ce qui est le cas des iraniens, voir de certains gouvernements d’Amérique latine, le fond est que fondamentalement on ne peut pas tabler là -dessus.
Sur quoi doit -t-on tabler ? sur l’élévation de la conscience du danger que font peser tous les impérialismes non seulement aux exploités mais à la planète.
Le discours de J.Chirac dévoile :
Et pour cela s’en tenir aux faits et non aux fantasmes entretenus sur les autres peuples, les autres forces politiques qui tentent de se défendre et ne sont pas en position d’attaque, de nous menacer comme on tente de nous le faire croire. Par exemple en montant un peuple iranien fondamentaliste prêt à nous fondre dessus ou sur ses voisins, alors que premièrement ce peuple a le droit et même le devoir d’anticiper sur l’épuisement de sa ressource pétrolière, que deuxiémement la seule puissance nucléaire menaçante de la région est israël, et que donc on ne voit pas pourquoi ce peuple n’aurait pas tout autant que jacques Chirac le droit de se prémunir contre cette menace nucléaire bien réelle.
Or tout le jeu des médias consiste à nous transformer les victimes en agresseur en partant non de leur exigence de souveraineté nationale, non de leur exigence de développement endogène, mais de la menace de "l’étranger"... Tout y passe, leur religion, l’oppression des femmes (par parenthèse aujourd’hui tout le monde se fiche parfaitement du fait que les Afghanes portent ou non la burka), "le populisme" vrai ou supposé de leurs dirigeants, leur "antisémitisme" vrai ou supposé... (Voir mon article sur la presse ou le coup d’etat permanent)...
Alors le discours de jacques Chirac avec sa brutalité a le mérite de centrer sur la réalité : "le premier qui touche à mon portefeuille,ou à celui de mes copains, je lui envoie une bombe thermo nucléaire". Il montre à quel point la légalité internationale n’est utilisée que tant qu’elle arrange les impérialistes.

2) je maintiens que jacques Chirac a gagné un round en Europe. Il n’est pas la seule puissance nucléaire européenne, la grande Bretagne en a plus que lui. Mais le bouton nucléaire de la GB, par OTAN interposé, est aux Etats-Unis, alors que celui de la france est à Paris. Il est même du domaine réservé du chef de l’Etat, nous sommes dans une monarchie nucléaire.Ce qui laisse rêveur sur l’utilisation du dit bouton par cet agité du bocal de sarkozy. On le voit bien convonquant la presse pour tirer sur un "terroriste supposé"... Mais on n’est pas plus rassuré par Fabius, DSK ou même Segolen...

3) dans son discours si on le lit attentivement, il nous décrit comment depuis son avénement le nucléaire a été sa grande oeuvre, comment il l’a transformé pour le rendre offensif et plus dissuasif, un mélange de conventionnel et de nucléaire qui permet la rapidité et la frappe ciblée. Surtout que le programme galleo (cadre européen) permet de maîtriser l’espace aérien, privilège jusqu’ici détenu par le GPS étasunien. Donc un président de la république que l’on présente comme un zozo sénile n’a pas simplement inflechi la doctrine française mais, sans solliciter l’opinion des citoyens, l’a transformé de fond en comble. Dans le cadre d’une concurrence interimpérialiste... Mieux est-ce qu’on ne peut pas analyser l’antagonisme avec Sarkozy comme portant justement là -dessus, l’installation d’Alliot marie également.

4) c’est un coût phénoménal, et pendant qu’on nous raconte que la santé, l’éducation coûte trop cher, on dépense des sommes sans commune mesure, sans aucun débat citoyen... Srtout que comme aux Etats-Unis, le budget de la défense se double de dépenses dans le domaine civil, celui de la recherche en particulier. Comme les Etats-Unis ont peut même estimer que si la france se désindustrialise, délocalise à tour de bras, elle s’industrialise aussi autour de ce secteur chasse gardée.

5) il y a des gens qui répondront Tout pour la grandeur de la France et l’indépendance nationale... Pourquoi pas encore que le moins que l’on puisse faire est de consulter les Français.

6) De surcroît il y a un petit problème, c’est que le dit président a privatisé tout ça à tour de bras... Alors la monarchie nucléaire est désormais comme aux Etats-Unis impulsé de fait par les multi-nationales, dont certaines bien de chez nous, comme dassault et lagardère, qui comme par hasard ont mis la main sur la presse et l’édition... Donc nous ne sommes plus dans une logique d’Etat nation, mais dans celle de la construction européenne.

7)Donc il aurait fallu répondre au discours de Chirac par de grandes manifs nationales sur tout ça... Et même si en tant qu’individu Chirac a des sensibilités du type lawrence d’arabie, s’il est plus préoccupé de la planète, et de surcroît veut vendre son énergie nucléaire civil, il s’agit d’un impérialisme dont le coût pèse sur le peuple français et ne peut que peser sur le reste des peuples.

8) donc je propose que la gauche arrête de jouer les censeurs des peuples qui résistent et dont le plus souvent elle ignore tout, mais qu’elle fasse monter une alternative réelle et pas de "conciliation" à un système qui détruit les individus et l’environnement. j’ai de gros doutes sur ceux qui sont en situation d’être élus, quant à ceux des communistes aux altermondialistes européens tant qu’ils pratiqueront le ni-ni, ne se poseront pas la question de la mobilisation populaire et non celle des "bobos" ou même des gentils intellectuels, ils seront en deça de la maîtrise de la mondialisation et incapable de poser des enjeux fondamentaux comme la guerre ou la paix, le cout de l’armement, qui il défend, etc...
Mais je vous le répète, j’explique cette position dans mon texte sur "la presse, coup d’Etat permanent", parce qu’elle prive les victimes de cette politique d’une compréhension du monde dans lequel ils vivent et de leur pouvoir d’intervention.

Si vous me permettez une réflexion "philosophique" : les hommes ont toujours élaboré des règles de vie en société et c’est pour cela qu’Aristote disait que l’homme est un animal politique.
Au départ ces règles sont religieuses, c’est-à -dire qu’elles affirment que c’est Dieu ou les Dieux qui les ont donné aux hommes et que ceux-ci doivent y obéir. la grande révolution rationaliste a été de considérer que les êtres humains étaient responsables de leur présent et de leur futur.
Si on enlève par des moyens quelconques le droit à l’exercice de leur responsabilité sur des questions aussi fondamentales, qu’en est-il de la démocratie ?
Nous sommes dans un processus de dépolitisation alors que l’Amérique latine est au contraire entrée dans un processus de politisation.
Accepter un "meilleur" despote sur ces questions, ne pas avec nos moyens, alerter sur la situation, subir un personnel politique aussi globalement nul, est le symptôme de cette "dépolitisation"...
danielle Bleitrach
Danielle Bleitrach

24/01/2006 08:39 par Albignac PJ

Si je me fie à votre conclusion, il ne nous reste "pauvres mortels ignares" que les yeux pour pleurer et des mots pour faire diversion.
Dans ce domaine, votre contribution montre que vous savez aussi faire.

La prédation dont vous créditez les "Autres" passe surtout par les mots que vous utilisez, de mon point de vue abusivement, mais ce n’est que le point de vue d’un "gugus" qui n’a pas de conscience ...de classe évidemment.

Le comportement du loup dépend surtout de la meute, du contexte et de sa faim ou de son plaisir. Sa réponse ne peut être tributaire de quelques valeurs idéologiques empruntées au XIX siècle. Valeurs qui ont façonné la "prédation" tout aussi surement et efficacement que les valeurs que vous récusez.

Alors ....Je vous souhaite tous les bienfaits du monde.

APJ

24/01/2006 11:57 par à -nos-amis

Pas de "conscience de classe" ni de l’interet bien compris ? Les Autres, comme vous l’écrivez si justement, c’est toujours "Moi" en négatif ou "Nous" plus précisément car pas d’identité sans appartenance sociale. Donc pas de conxcience de classe ni de l’excercice de son pouvoir trop évident (allant de soi), immédiat et transparent à lui même, n’est-ce pas une déficience dans la conscience de l’Autre ?

Pas de conscience (de classe), pas de réalisation de la pensée (de celle-ci) ? Alors quoi, l’immédiation ou le pur immédiat de la vie et du donné comme le loup ? Mais le jeu de miroirs fini par se brouiller et les figures du maître et de l’esclave par s’echanger.. On ne peut souhaiter meilleur bienfait qu’une prise de conscience qui est nécesairement aussi une prise de parole comme le font ceux qui le souhaitent sur le Net hors du cadenassage de la classe médiatique.

29/01/2006 10:04 par Anonyme

POUR UNE STRATEGIE ANTI-IMPERIALISTE

je vais essayer d’être trés claire avec ce que je préconise. L’article dans Grand soir sur la Bourse du pétrole proposé par les Iraniens, selon moi donne un contexte réel à l’intervention de Chirac.Comme d’ailleurs l’annonce d’un ralentissement de la consommation nord-américaine parce que l’endettement des ménages est arrivé à son maximum et que cela n’a plus aucun rapport avec les revenus réels du travail... Ce qui est là -encore une situation comparable à la France. Ou encore le fait que malgré la croissance, le chômage, des jeunes ne cesse de croître.

Tout cela aboutit bien à l’analyse d’une crise du système, à la montée des résistances, mais aussi de véritables dictatures, doublées de manipulations.

Voilà ce qu’avait flairé la meute européenne

voilà la bonne odeur de pétrole qu’avait flairé la meute européenne et qui explique le ralliement au discours de Chirac.... Parce que je n’ai cessé de le souligner, ce discours apparaît comme un défi aux Etats-Unis, intervient positivement dans la crise iranienne, mais est la plus terrible doctrine impérialiste qui se puisse imaginer.

Donc en ce qui nous concerne nous Français, il s’agit d’abord de mesurer la nullité nocive de ceux qui sont sensés nous représenter, de la gauche en particulier. Cette nullité est basée au mieux sur une erreur stratégique : choisir "la conciliation"alors même qu’un impérialisme en crise qui non seulement renforce l’exploitation, crée une guerre généralisé, provoque de plus en plus de mécontentements et que les bases du rassemblement s’élargissent, alors que l’ennemi est impitoyable, et que de fait il est prêt à aller jusqu’à l’usage du thermo nucléaire contre des populations innocentes, est une vision stupide... Elle nous met à la remorque d’un impérialisme local, qui s’il paraît agir plus intelligement au niveau international n’en a pas moins des caractéristiques semblables à l’impérialisme nord-américain auquel il parait s’opposer.

Cet impérialisme local n’est plus celui de l’Etat-nation français gaullien, mais bien avec les privatisations, celui des multi-nationales locales et européennes qui ira toujours plus avant dans le néo-libéralisme. De surcroît, les citoyens français à qui cette politique de surarmement coûte très cher, sont privés de toute décision. Ils sont déjà de la chair à canon... Déja au moment de la bataille sur le traité constitutionnel, ont été complétement occultés les implications militaires du traité. Comme d’ailleurs le débat basique populaire sur le coût de l’Euro aux budgets des ménages. C’est dommage. De surcroît la Constitution de la Ve République nous transforme en monarchie nucléaire avec un président de la République qui fait ce qu’il veut et transforme de fond en comble, dans les faits avant les paroles, l’utilisation de cette force de frappe.

Le discours de J.Chirac annonce l’abandon de toute référence à la légalité internationale et une politique de surarmement généralisé face au pillage des ressources qui s’épuisent.

Il y a une conception dictatoriale, non démocratique contenue dans nos intitutions et agravé par l’intégration européenne. Le politico-médiatique qui occulte le fondamental, crée des leurres, monte la haine entre les peuples est bien un coup d’Etat permanent sur la démocratie. Avantage marginal du discours de Chirac, il dévoile le fond de tout ce que l’impérialisme nord-américain tend à masquer sous des raisons hypocrites... Mais il n’en est pas moins effrayant, même s’il est moins "puéril" et hypocrite.

Donc il faudrait non seulement dénoncer ce discours, mais organiser un grand mouvement contre la guerre, développer partout la conscience des enjeux et des "faits". Ce serait le rôle des communistes, (de toutes obédiences) mais ceux-ci s’en montrent incapables tant ils sont coupés de la montée des résistances dans le monde avec leur stupide ni-ni, et leur ralliement à la conception de la démocratie des autres, la manière dont ils se sont coupés de leur base populaire et continuent en ce sens, sans parler pour l’opposition, la division sur n’importe quoi...

Il faudra un jour également s’interroger sur les échéances électorales que nous ne cessons de donner à nos analyses et qui visiblement dans l’état actuel deviennent de plus en plus des rituels vidés de sens, ce qui se traduit par une abstention massive et des compétitions internes sans autre contenu que des jeux politicien. Sur le politico-médiatique et le théâtre d’ombre privant le citoyen de sa responsabilité réelle... Non pour renoncer à la démocratie mais pour lui restituer un contenu réel.

Car il y a effectivement d’autres possibles que se rallier à un impérialisme local. Il y a le choix opéré par les peuples du sud .Face à la guerre totale et "rationnelle" à la Clauzwitz de l’impérialisme ou des impérialismes, les peuples du sud et ce singulièrement à travers l’expérience cubaine, l’apport aujourd’hui du venezuela, se dessine une stratégie à la TZU ZU, gagner la guerre sans avoir à combattre.(1) Ils tiennent compte de la disproportion des forces, non pour se coucher mais pour mieux manoeuvrer, bien connaître le terrain et agir avec des troupes rendues mobiles, actives, par la politisation, la conscience des enjeux.

Mais cela suppose l’unité dans le respect des diversités, dans la solidarité, la compréhension, la connaissance des peuples. De ce point de vue, je vous conseille de lire notre livre DE MAL EMPIRE et en particulier la dé-dollarisation cubaine et le cadre nouveau international dans lequel elle intervient. les choses n’ont pas changé et l’instauration par l’Iran d’une bourse du pétrole en euro va dans le même sens à la différence près que le choix iranien joue sur les concurrences inter-impérialistes, alors que les Cubains font la démonstration que l’on peut se passer du dollar grace à leur choix socialiste et la mobilisation consciente du peuple cubain.

Question immédiate : Est-ce que la "gauche" arrêtera de se laisser manipuler pas des prétextes humanitaires ou "démocratiques" ? Reprenez les fondamentaux dans l’analyse de l’impérialisme... Et cherchez l’intérêt réel de tous ceux qui souffrent de ce système qui va dans le mur et nous y entraîne... Et ne choisissez même pas un "intérêt" national qui n’est pas celui de la patrie mais celui des marchands de canon...

Danielle Bleitrach

(1) c’est cette stratégie que met très concrètement en oeuvre Fidel dans son discours à l’université paru sur le site Grand soir. Elle consiste non à tabler sur le surarmement mais sur l’élevation de la conscience d’un peuple, une conscience concrète de ce qu’il faut corriger dans le quotidien autant que des périls qui menacent l’humanité.

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