Les congratulations du M.E.D.E.F., de l’U.E., d’A. Merkel, de Raffarin, des notables euro-régionalistes bretons, corses, alsaciens, catalans, etc., ne suffisent plus au « social-démocrate » de l’Elysée. Hollande courtise désormais le Vatican ; du moins, il veut réfréner les inquiétantes ardeurs réactionnaires de la hiérarchie catholique romaine et hexagonale. A cent lieues de Vatican II, celle-ci met au pas les enseignants de la catho, elle fédère dans la rue la droite et l’ultra-droite (ce que le PRCF appelle l’U.M.’Pen) sur les questions « sociétales », elle soutient les séparatistes à peine déguisés du MEDEF breton, et maintenant, elle anime un combat d’arrière-garde contre l’IVG en soutenant tout ce que l’Espagne comporte de forces néo-franquistes. Bref, ceux qui comptaient sur un « Pape François » latino-américain, donc progressiste, doivent déchanter encore plus vite que prévu : dans l’Eglise comme ailleurs, il existe des rapports de forces…
Après tout, nous sommes heureux que ce président prétendument de gauche, « laïque » et « républicain », soit cordialement reçu au Vatican alors qu’il est indésirable chez Good Year, à Aulnay et plus généralement, chez tous ceux qui sont attachés aux acquis du CNR, aux retraites par répartition, à la République une et indivisible sacrifiée sur l’autel de l’Europe des Länder, aux communes et aux départements, prochainement remplacés par des « métropoles », sans parler des amis de la langue française, désormais prise en étau entre le tout-anglais impérial et la « charte européenne des langues régionales et minoritaires ».
Mais qu’au moins on ne nous fasse pas le coup de la « tradition (ANTI-)républicaine » qui consisterait, pour tout président de la « République », à visiter l’ « Etat » du Vatican.
Car si dans son discours romain Hollande a donné un coup de chapeau purement formel à la laïcité, il a aussitôt précisé que ladite laïcité lui permettait de « dialoguer avec l’Eglise et avec tous les cultes ». Bref, Hollande met ses pas dans ceux de Sarkozy en violant à son tour la loi constitutionnelle de décembre 1905. Car celle-ci stipule que « la République ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte ».
En effet, la « laïcité à la française » ne consiste nullement à mener un « dialogue institutionnel avec les Eglises », ce qui revient à accorder un privilège exorbitant aux membres des Eglises, quels qu’ils soient, aux dépens des athées, des agnostiques et des croyants qui refusent toute Eglise organisée, c’est-à-dire à la majorité des Français, et plus encore, à la majorité des jeunes. Bien entendu, les citoyens ont toute latitude pour pratiquer un culte à titre privé. Et les catholiques, comme les juifs ou les musulmans, ont toute liberté d’influer sur l’Etat par l’intermédiaire des seuls délégués que puisse reconnaître un Etat laïque : leurs élus, leurs syndicats, tout cela en respectant formellement le cadre non-religieux (ni religieux ni irréligieux) de la République laïque.
Mais Hollande n’en a cure. D’une part il s’agenouille, comme toute la social-eurocratie, devant l’U.E. cléricale, cette création supranationale due, pour une bonne part, au Vatican anticommuniste et antisoviétique de l’après-guerre, avec ses Jean Monnet et autres Schuman notoirement pilotés par l’impérialisme américain. Le drapeau bleu de l’U.E. – qui soit dit en passant n’a aucune légalité en France depuis que le peuple français a rejeté l’euro-constitution – ne représente-t-il pas un drap marial frappé des douze étoiles apostoliques ?
Mais surtout, Hollande ne veut plus d’ennemi sur sa droite : il veut fédérer tout le camp euro-capitaliste pour imposer sans coup férir au peuple français le « saut fédéral européen » (c’est-à-dire la substitution des « Etat-Unis d’Europe » à la France souveraine, comme le revendique officiellement le MEDEF), l’ « Union transatlantique » sous domination U.S., les ingérences de l’Europe atlantique en Ukraine et en Syrie, l’euro-régionalisation de notre pays gravement malade (le social-féodal Martin Malvy se réclame de Hollande pour envisager l’indépendance de la « région transfrontalière » Midi-Méditerranée !!!), et, cerise sur le gâteau, la casse du statut de la fonction publique et la fin des cotisations patronales à la Sécu, c’est-à-dire tout l’héritage du C.N.R., sans parler de la manière dont l’actuel retour en force du cléricalisme menace l’héritage des Lumières et de la Révolution française.
A chacun son « sacré ». Pour nous, communistes, laïques et francs républicains, c’est l’appel constant à la classe ouvrière, aux démocrates et à tous les vrais patriotes pour que, dans la période crépusculaire où est entré notre pays, le peuple français – y compris les catholiques laïques et progressistes que trahit lâchement la fausse gauche – se dresse contre les casseurs de pays.
Et qu’il se souvienne par la même occasion du préambule de la première Constitution républicaine de la France,
« quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple et pour toute portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs »
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Georges Gastaud et Annie Lacroix Riz
NB : G Gastaud a donné récemment dans le cadre de l’Université populaire Ch’ti Guevara une conférence au sujet de la laicité dont vous pouvez retrouver les vidéos ici