Fillon et Macron, le parti du pognon

Le plus étonnant, dans l’affaire Fillon, c’est l’étonnement qu’elle provoque. La droite a toujours été liée aux puissances d’argent, elle en est le porte-parole naturel. Cette droite dont le notable sarthois présente le visage, qui plus est, n’est pas n’importe quelle droite. C’est la droite libérale, orléaniste, celle dont l’exhortation adressée à ses pairs par François Guizot, en 1840, résumait la vision du monde : « Enrichissez-vous ! ». D’un François à l’autre, du premier ministre de Louis-Philippe à celui de Nicolas Sarkozy, cette bourgeoisie qui tient le haut du pavé concentre la richesse et monopolise le pouvoir. C’est sa raison d’être.

On a dit que M. Fillon s’était fort mal défendu. C’est vrai. On l’accuse d’avoir payé sa femme à ne rien faire avec de l’argent public. Il répond qu’il a aussi payé ses enfants ! La seule explication à cette plaidoirie suicidaire, c’est que M. Fillon ne voit pas le problème. Ce qu’il a fait, à ses yeux, est dans l’ordre des choses. Arrogance de riche ? Oui, bien sûr, mais surtout bonne conscience de ceux que leur proximité avec le capital dote d’un sentiment d’immunité. S’il n’y a rien d’étonnant à ce que les représentants des riches aiment l’argent, il n’y a rien d’étonnant non plus à ce qu’ils trouvent normal de s’enrichir à leur tour par tous les moyens.

Quand vous êtes en difficulté et qu’on prend votre défense, il y a toujours un imbécile qui vend la mèche. Parmi les défenseurs du candidat de droite, Gérard Longuet s’est distingué par sa finesse. La dotation allouée aux parlementaires, a-t-il dit, n’est pas de l’argent public. Une fois attribuée aux élus, elle est libre d’emploi, non affectée à ceci ou à cela. Juridiquement faux, l’argument vaut son pesant de cacahuètes. Il signifie qu’entre les mains des politiciens l’argent public se privatise, qu’il s’affranchit de l’intérêt général. Ce n’est plus une enveloppe à dépenser dans l’exercice de ses fonctions, mais un complément de rémunération pour toute la famille. Le pognon de Pénélope ? Très simple. C’est une allocation familiale de luxe pour commis de la bourgeoisie.

Le plus cocasse, c’est qu’en face du châtelain orléaniste, les médias ont propulsé sur la scène un produit à peine décongelé qui dégage le même parfum de billets de banque. Car Emmanuel Macron, lui aussi, est un homme d’argent. Prévoyant, ce jeune vautour du CAC40 s’est constitué un petit matelas de quelques millions d’euros qui l’autorise à dire que les Français, ces illettrés aux mains sales, ne travaillent pas assez. L’ex-trader de chez Rothschild n’est pas un notable au sens classique, mais un affairiste polyglotte, symbole de cette élite mondialisée dont ses supporters Alain Minc et Jacques Attali ânonnent le credo à longueur d’antenne. Candidat de la bourgeoisie branchée et friquée, c’est un pur produit de la caste.

C’est pourquoi les médias asservis aux neuf milliardaires ont lancé sur le marché cette nouvelle offre politique comme on fait la publicité d’une savonnette. Macron, c’est le véritable plan B de la droite. Elle a fait une erreur de casting, elle a parié sur le mauvais cheval, mais la candidature du bébé Rothschild résout le problème. Elle pare à la défaillance du Sarthois, ce cheval de bât qu’on a pris pour un cheval de course. Macron, dont la campagne a été financée par les crédits du ministère des Finances, est un adepte de la privatisation des fonds publics, lui aussi. Comme Fillon, il ne voit pas le problème. Son budget de campagne est abondé par la City ? Faisons fi des frontières ! Il ne paye pas l’ISF ? Qu’importe ! Il va supprimer cet impôt scandaleux qui a transformé la France en démocratie populaire.

Fillon et Macron, c’est le Janus à double face d’une bourgeoisie d’affaires qui sait, de toute façon, qu’elle tirera son épingle du jeu électoral, cette farce dont nous sommes les dindons. Fillon et Macron, c’est le même parti, le parti du pognon. L’élection présidentielle de 2017 est pipée d’avance. Face à un Front national dont la seule fonction est de jouer les épouvantails (ses partisans devraient au moins une fois dans leur vie se demander pourquoi), le candidat du système passera la rampe. Adoubé par les médias au service de l’oligarchie, ce candidat au profil de chouchou des belles-mères ne sera pas l’élu du peuple, mais du bourrage de crânes.

Bruno GUIGUE

COMMENTAIRES  

06/02/2017 08:06 par résistant

« La droite a toujours été liée aux puissances d’argent »
La gauche aussi, depuis le début. Combien a-t-on vu, depuis la révolution française, de personnalités de gauche, une fois élus, devenir de bien sages moutons au service de l’ordre établi. Les rares qui ne trahissent pas le peuple finissent assassinés.

06/02/2017 08:21 par chb

Le

jeu électoral, cette farce dont nous sommes les dindons

 ! ! ! Venant d’un philosophe, ancien haut fonctionnaire, cette sentence dépasse le polémique. Autant on pouvait jusqu’ici écarter l’apophtegme (briseur de tout espoir démocratique) "élections piège à cons", et donc se soustraire à la révolution, autant la crise finale serait maintenant et l’horreur, et la seule issue possible ?
Syrie, Ukraine, Grèce... les exemples ne manquent pourtant pas pour nous détourner décidément d’un coup de force destructeur. Hé, après le grand soir, qui m’apportera la brioche du petit déj ? Quelle orga reconstruira la vie - bourgeoise - dans ma banlieue ?

06/02/2017 11:35 par CN46400

Le microcosme politique français grouille de rumeurs "anti-système", il n’est donc pas surprenant que la bourgeoisie soit tentée d’essayer cette piste pour sécuriser ses pouvoirs et, au delà, ses profits. Le calcul, avec les déboires de Fillon, s’avère judicieux puisque finalement, Macron pourrait, finalement, se retrouver à la tête d’une coalition "à l’allemande", droite civilisée-gauche pro-capitaliste.
Reste à savoir si les électeurs concernés, après les échecs de leur ex-présidents, Sarko et Hollande, sont disponibles pour se laisser convaincre de les re-essayer, en tandem cette fois. Bien sûr, un candidat dont on sait qu’avec lui, le capitalisme peut dormir sur ces deux oreilles, est, pour cette manoeuvre, nécessaire. Macron a le profil, jeune donc sans casserole apparente, mais bien mieux élevé que Tapie, financier à l’origine, voilà un beau parti pour la France des spéculateurs boursiers qui ne transpirent que sur les parcours de golf.

06/02/2017 18:43 par Assimbonanga

Je suis assez d’accord avec ce texte. Pour moi, Macron est le nouveau Sarkozy, porté par les journaux, soutenu financièrement par ceux qui ont l’argent. Il a ce même culot avec juste une personnalité plus charmeuse. A part le style personnel, c’est exactement le même produit que Sarko. Il est son successeur.
Ce midi, France Inter a fait le choix délibéré de parler du meeting de M Le Pen et de celui de Macron. France Inter, dans son journal du lundi de la mi-journée a fait le choix délibéré de NE PAS parler du meeting de Mélenchon. Ce fait est vraiment remarquable.
En revanche, toutes les 5 minutes, le nom d’une loi Macron était mis en avant.
Les bras m’en tombent.

08/02/2017 08:50 par calame julia

Le type de la Sarthe est le pire candidat que l’on puisse souhaiter,
maintenant il se défausse en demandant aux Français de décider, en conscience !
D’un autre côté c’est sympa de les
laisser juges pour ne pas mettre son bulletin. Il n’a pas les cojones !

11/02/2017 00:21 par Le Gueux Spolié

Le grand oral de F. Fillon devant les patrons. (La guerre antisociale)
Le BLITZKRIEG (la guerre éclaire pour écraser l’ennemi le plus vite possible)

Ou quand Fillon veut nous la mettre bien profond.
Version courte
Version longue

11/02/2017 01:31 par François

Avant d’être le produit des médias Macron est le protégé de l’Elysée. Il offre une porte de sortie à Hollande et à sa clique afin de s’affranchir de leur bilan calamiteux pour le peuple. et de conserver le pouvoir. Macron est défendu par les médias et les pouvoirs de l’argent car la gauche libérale est très efficace pour servir leurs intérêts : selon Challenge (classement des fortunes à travers le monde) La fortune des 10 personnes les plus riches en France est passée d’à peine 20 milliards d’euros en 1996, à 71 milliards en 2009, pour s’élever en 2015 à 195 milliards !

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