J’ai pour les rois et les monarchies le respect que l’on porte à des systèmes anti-démocratiques, non élus, parasitaires et anachroniques.
Chacun sait ou feint de ne pas savoir que Sa Majesté Juan Carlos fut, et demeure, une créature de Franco. Ce dernier le manipula contre son père, l’éduqua, le couva, le formata... afin de laisser le système dominant "atado y bien atado" : bien verrouillé. Les mots sont du tyran.
Chacun sait ou feint de ne pas savoir qu’il ne fut point élu par les Espagnols, mais IMPOSÉ par le dictateur.
Chacun sait ou feint de ne pas savoir que Sa Majesté dit un jour en privé, selon de nombreux historiens : moi vivant, on ne touchera pas à la mémoire de Franco. Mission accomplie : le mémorial gigantesque du "Valle de los Caàdos", à la gloire des "vainqueurs" et où Franco est enterré, -seul parc thématique fasciste au monde-, est toujours ouvert aux milliers de visiteurs, géré par des religieux néo-fascistes, et entretenu aux frais des contribuables espagnols.
Chacun sait et ne feint pas d’ignorer que le successeur de Franco devint vite "campechano","sympathique", "populaire", "démocrate", à partir de la drôle de "transition" pactée qui suivit la mort du "dictateur par la grâce de Dieu", et d’une Eglise espagnole qui ne l’a pas oublié.
Chacun sait, et sait, qu’après des heures d’hésitations, Sa Majesté "sauva la démocratie" lors du coup d’Etat du 23 février 1981 qui vit le lieutenant colonel de la garde civile, Antonio Tejero, et un groupe de putschistes, faire irruption, balles à l’appui, au Congrès des députés. Dès lors, les uns et les autres écrivirent à Juan Carlos un "CV" sur mesure de "démocratissime". Le monarque et la monarchie devaient être et seraient immaculés, "modéliques". Il ne faut pas confondre un monarque et un "sinverguënza" : un "sans scrupules", et autres qualificatifs... selon les dicos.
Chacun savait et cela se murmurait, mais en privé, que Sa Majesté était un bon Bourbon, cuvée franquiste, avec tous les attributs des Bourbons. Les expliciter tomberait sous le coup de la loi.
Chacun sait, ou feint de ne pas savoir, que la corruption ne peut être de ce bas monde en Maison Royale.
Pourtant, nul n’est totalement roi en son royaume. Voilà que Sa Majesté fut surprise à chasser l’éléphant au Botswana, aux frais des exsangues contribuables espagnols, et en compagnie de la très noble Allemande, Madame Corinna Sayn-Wittgenstein, éléphantophile patentée.
Chacun sait ou feint de ne pas savoir que le mari de l’infante Cristina, Monsieur gendre Iñaki Urdangarin, fait depuis des mois "la une" des médias, notamment pour "l’affaire Nooos". Serait-il un "ripoux" ? Cet attribut sied mal à un membre d’une famille si royale...
L’ex associé (Diego Torres) de Monsieur gendre dans l’affaire de "l’Institut Noos" (présumée fraude fiscale à grande échelle -on parle de 777.666 euros, détournement présumé d’argent public...-) affirme que "l’affaire" se serait négociée et conclue au Palais Royal en présence d’éminentes personnes, et notamment de l’ex-président vertueux de la Generalitat valencienne, Francisco Camps, du parti "populaire", rendu célèbre par "l’affaire" de corruption Gürtel (financement occulte de la droite), instruite par le juge Garzón, dont on coupa la tête.
La Maison Royale serait-elle donc royalement impliquée dans une affaire de corruption ? Elle connaissait, selon les déclarations de certains témoins, et en premier lieu de l’infante, présumée "complice", les trafics du gendre, depuis 2006 ... et se serait tue. Comme le roi dit un jour à Chavez : "tais-toi". Et le Bourbon se tut. Toutes ces allégations sont tout simplement Impossibles, Inconcevables, et relèvent de la Calomnie anti monarchiste.
Selon l’ex-associé (Diego Torres) de Monsieur gendre royal, l’avocat de ce dernier lui aurait proposé une somme rondelette pour qu’il se tût. ("Publico.es" du 16 février 2013)
Un donquichotesque Robin des Bois espagnol, le colonel républicain retraité, le courageux Amadeo Martànez, dit tout cela avec panache, intrépidité et une grande sincérité. Il risque de longs mois de prison pour "injures au roi". Ce colonel ne sait pas que l’on n’injurie que ceux qui le méritent. Un monarque est un monarque, de surcroît ici "par la grâce de Dieu". Nom de Dieu, mon colonel, respectez la hiérarchie ! "Firme !" "A callarse !" (Garde-à -vous !) Si Dieu l’a voulu ainsi, à quoi sert-il d’insulter Dieu, nom de Dieu ? Nous devrions par contre être des milliers, avec respect, à chanter :
le roi est nu le roi est nu
il ne fera plus coco dit concordat
le roi est nu le roi est nu ...
ou la vieille berceuse :
"si ta mère veut un roi, le jeu de cartes en a quatre".
Y con eso basta de reyes ! Et ces rois de papier suffisent amplement.
Que le peuple espagnol puisse exercer sa souveraineté dans un référendum sur le régime qu’il souhaite !
Sinon, Sa Majesté risque de perdre encore plus de majesté.
Jean Ortiz