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Du Printemps occidental (MAI-68) au Printemps dévoyé (MAI-2008)

Les pavés lancés par la jeunesse parisienne font encore rêver les nostalgiques du Grand Soir-des-insurgés, autant qu’ils font trembler ceux que terrorisent les révoltes populaires. Les opportunistes d’hier, incorrigibles idéalistes, proclament aujourd’hui le retour des grands jours de Mai 68 et d’une nouvelle ode révolutionnaire, de l’éducation humaniste contre l’enseignement marchand et autres utopies petites-bourgeoises-opportunistes. Quelles leçons peut-on tirer de Mai 68 et à partir de ce bilan comment peut-on éclairer la route des révoltés entamée depuis quelques années par les ouvriers et la jeunesse du monde entier ?

Les mouvements sociaux de Mai 1968 en France, en Europe et en Amérique se sont soldés par une « trêve » sociale, résultat d’un pacte social signé entre les bureaucrates syndicaux affairistes et les Conseils des ministres des gouvernements occidentaux sous l’oeil complices des organisations et partis politique de la gauche plurielle et travestie (1). Ce pacte social - cette quasi « trêve » - aura duré quarante ans.

Suite à la crise économique de 2008 qui n’en finit plus de saccager l’économie des pays impérialistes en déclin - la débandade structurelle la plus sévère ayant frappé le monde capitaliste depuis 1929 - la classe capitaliste des pays occidentaux a déchiré ce pacte social et lancé de façon concertée des assauts féroces contre les travailleurs et les couches populaires des pays d’Occident et réorienté ses capitaux en direction de l’Asie émergente. La classe sociale des capitalistes monopolistes a alors intensifié et accéléré le processus de délocalisation-relocalisation des industries à fort coefficient de main-d’oeuvre, capital variable important (CV) - faible valeur ajoutée (à cause d’une faible mécanisation) et à forte plus-value ouvrière.

Il en fut de même d’une partie des usines à fort coefficient de capital constant (CC), industries innovantes, automatisées et robotisées, délocalisées vers les pays émergents. La classe capitaliste monopoliste de ces pays ascendants (Chine, Corée du Sud, Inde, Taiwan, Indonésie) profite de ce mouvement pour s’intégrer à l’impérialisme dominant, et pour la Chine notamment, se tailler une place au sommet de la pyramide impérialiste mondiale.

Comment les ouvriers des différents pays capitalistes à travers le monde répondront-ils à ces agressions planifiées et répétées contre les conditions de production de leur force de travail - contre leur pouvoir d’achat - contre leur reproduction étendue en tant que classe sociale ?

Voici l’histoire de cette guerre de classe contemporaine en deux épisodes : Mai 68, la « trêve » sociale, et, en deuxième partie, Mai 2008, la révolte sociale dévoyée.

Mai 68, la « trêve » sociale (Première partie)

Les pavés lancés par la jeunesse parisienne font encore rêver les nostalgiques du Grand Soir-des-insurgés, autant qu’ils font trembler ceux que terrorisent les révoltes populaires. Les opportunistes d’hier, incorrigibles idéalistes, proclament aujourd’hui le retour des grands jours de Mai 68 et d’une nouvelle ode révolutionnaire, de l’éducation humaniste contre l’enseignement marchand et autres utopies petites-bourgeoises-opportunistes. Quelles leçons peut-on tirer de Mai 68 et à partir de ce bilan comment peut-on éclairer la route des révoltés entamée depuis quelques années par les ouvriers et la jeunesse du monde entier ?

Question et investigation

Pourquoi la plupart des leaders étudiants de la génération de Mai 68 ont-ils mal tourné ? Étrange malédiction s’acharnant sur ces fils de bourgeois, n’est-ce pas ? Pourquoi autant de néo-fascistes, de révisionnistes, d’opportunistes, de chauvins-nationalistes issus des rangs du mouvement étudiant et s’épandant à tout vent comme du chiendent ?

Deux témoignages nous serviront de guide dans l’exploration de cette grande esbroufe étudiante et populaire. L’essai d’une universitaire, M. Marion, intitulé « Conséquences et héritage de Mai 68 dans la société actuelle », qui présente le point de vue d’une intellectuelle universitaire sur cette série d’événements turbulents (2) et un second article sur l’activité de l’extrême-gauche en France en Mai 68 (3).

Conjoncture économique et sociale de Mai 68

Si en 1960 la France comptait 310 000 étudiants universitaires, en Mai 68 on en dénombrait 800 000 et la croissance se poursuivit, ininterrompue, jusqu’en 1990 (1 300 000 étudiants post-secondaires). Il en fut ainsi dans tous les pays d’Occident. En ce temps-là , l’État n’attaquait pas le droit aux études universitaires ; au contraire, il en favorisait l’accès de façon à fournir un personnel scolarisé et de bonne qualité aux entreprises américaines se ruant à la conquête des marchés européen, canadien et australien florissants et exploitant la main d’oeuvre de ces pays afin de leur extorquer la plus-value unique source de toutes formes de profit. A l’époque, la « deuxième puissance économique mondiale » était constituée par les oligopoles américains installés en sol européen ce qui n’empêchaient pas les entreprises monopolistes européennes de se consolider et de se chamailler contre les monopoles étatsunien comme De Gaulle le démontra parfois. L’Allemagne elle, sans rechigner, accepta de se muter en atelier industriel de l’Oncle Sam, de même pour le Japon de l’impérialisme Asie-Pacifique (4).

L’impérialisme américain était à l’apogée de sa croissance et de son hégémonie. Les bombardements au napalm décimaient l’héroïque peuple vietnamien qui menait une véritable guerre populaire pour bouter l’assassin étatsunien hors d’Indochine, ce qui advint le 30 avril 1975 après le sacrifice de quelques millions de partisans vietnamiens, cambodgiens et laotiens.

La dame Marion résume ainsi cette période d’effervescence atlantiste succédant au Plan Marshall : « C’est dans une période de plein emploi, de prospérité, au plus fort des Trente Glorieuses, libérée des guerres coloniales (sic) que cette situation « insaisissable » a explosé. Jusqu’à cette fin des années soixante, l’ordre du monde issu de la défaite nazie est bipolaire : Est et Ouest se font face. Mai 68 est un moment charnière qui marque la fin d’un monde. » (5).

Madame Marion poursuit : « Mai 68 marque le passage culturel d’une époque à une autre. La génération du baby-boom, née après la guerre, affirmait ses vingt ans en 1968 et prenait la parole. Contre ses aînés, elle va refuser et ébranler ce partage du monde. C’est un double refus du modèle capitaliste et du modèle stalinien (sic) qui inspire les années soixante. La jeunesse est antifasciste et anti-impérialiste. » (6).

Le troisième monde - la mystique des « non-alignés »

Il faut se rappeler qu’en 1955 Zhou Enlai (Chine), Soekarno (Indonésie), Nehru (Inde), Tito (Yougoslavie), Nasser (Égypte) et le prince Norodom Sihanouk (Cambodge) ainsi que les représentants de 29 pays se sont réunis à Bandung, en Indonésie, afin de promouvoir une soi-disant troisième voie, celle des « non-alignés », celle d’un « troisième monde », en double refus du camp socialiste et du monde capitaliste comme s’il existait sur Terre un troisième système d’économie politique (7). Notez que cette rencontre indonésienne des « non-alignés » survient dix ans avant la nuit de la « Gestapu ». Le 30 septembre 1965 un million de paysans et d’ouvriers membres du PKI (Parti communiste indonésien) furent égorgés par l’armée indonésienne « non-alignée » aux ordres de la CIA très alignée (8).

Par ailleurs, madame Marion et ses comparses « bobos » intellectuels sont incapables de décrire ce « nouveau monde culturel » et ce nouveau mode de production, cette nouvelle économie politique qui serait ni capitaliste, ni socialiste, issue de Mai 68 et des « non-alignés ». Quelques années plus tard la fumeuse théorie des « Trois mondes » endossera l’accoutrement du non-alignement espérant réchapper cette lubie évanescente.

Le XVIe Sommet des pays soi-disant non-alignés a réuni 120 États membres à Téhéran en août 2012 (9). L’Égypte sous tutelle américaine y côtoyait l’Arabie Saoudite sous monarchie féodale de la famille Saoude également sous tutelle américaine. La Côte-d’Ivoire sous domination française côtoyait la néo-colonie camerounaise et l’Inde, siégeant face à l’Afrique du Sud, quelques jours avant que les armées de ces deux pays ne massacrent des dizaines de travailleurs sous-payés (10). Lequel de ces 120 pays n’est pas régi par le mode de production et les rapports de production capitalistes ? Lequel de ces 120 États ne souffre pas sous domination impérialiste mondialisé avec la complicité complaisante de ses dirigeants larbins ?

Que reste-t-il de cette utopique voie des « non-alignés - nouveau monde culturel - théorie des Trois mondes » ? Où sont les pays non assujettis à une puissance impérialiste ou à une autre, non spoliés par l’impérialisme mondial ? Nous savons déjà qu’en 1956 le camp socialiste a été miné par les révisionnistes khrouchtchéviens si bien que de nos jours tous les pays du globe sont assujettis à un système unique et soumis aux lois du marché impérialiste que l’économiste de renom J.K. Galbraith présente de cette façon :

« L’économie de marché est volontiers décrite comme un héritage ancien. En l’occurrence, c’est une escroquerie, ou plus exactement une erreur communément admise. Trop de gens apprennent l’économie dans des manuels qui entretiennent encore les dogmes de la production concurrentielle des biens et des services et de la capacité d’acheter sans entraves. En fait, il peut n’y avoir qu’un ou quelques vendeurs assez puissants et persuasifs pour déterminer ce que les gens achètent, mangent et boivent. » (11).

Voilà déjà une immense différence entre Mai 68 et Mai 2008. En 40 ans l’horizon géostratégique, idéologique et géopolitique s’est éclairci ; et si le monde est toujours bipolaire, il confronte désormais le monde du travail-socialisé-planifié, sans pouvoir mais plein d’espoir contre le monde du capital financier privé, monopolistique, anarchique, décadent, omnipotent et désespéré. Entre les deux, une coterie de sous-fifres vendant leurs services qui aux impérialistes français, qui aux impérialistes britanniques, qui aux impérialistes américains, qui au social-impérialisme chinois. Certains « nationalistes ouvriers » voudraient que la classe prolétarienne sacrifie sa vie pour « libérer » ces valets plénipotentiaires du joug de leurs maîtres autoritaires ! Que nenni !

L’épanouissement individuel - le droit au bonheur !

Poursuivons notre investigation des caractéristiques idéologiques de Mai 68. Madame Marion écrit : « Mai 68 exalte l’épanouissement de l’individu, son droit au bonheur, contre la rigidité des hiérarchies et des disciplines. Dans le monde entier, des mouvements contestataires analogues retentiront. Mai 68 entraîna d’importants changements culturels. De nouvelles valeurs (sic) dont la naissance d’une contre-culture, c’est-à -dire d’une révolution dans le domaine des rapports sociaux et de civilisation (sic). On assista à une brusque évolution des moeurs, une façon de penser le monde différemment : Mai 68 a accéléré la conquête par les femmes de leur égalité et a vu naître un questionnement sur l’éducation ». Des années plus tard, surfant sur cette vague culturelle réactionnaire, Samuel Huntington, l’intellectuel fascisant, présentera la théorie raciste du « clash des civilisations » afin de promouvoir le devoir d’intervention militaire « humanitaire » contre les civilisations arabe, musulmane et chinoise, soi-disant attardées et sans droit au bonheur (!), en réalité pour le bénéfice des puissances impérialistes occidentales guerrières et en déclin (12). Voilà un bien triste vestige idéologique, héritage des courants opportunistes anarcho-syndicalistes de Mai 68, que l’on voit aujourd’hui resurgir au milieu des présents soulèvements populaires inorganisés.

Hédonisme, égocentrisme, individualisme, narcissisme, féminisme petit-bourgeois - à la Hillary Clinton et à la Margaret Thatcher - seraient des acquis de cette révolte d’éphèbes encore glabres du « Printemps de l’Occident ». Rappelons à madame Marion et aux autres exégètes que de nouveaux rapports sociaux sont obligatoirement le construit de nouvelles forces productives et d’un nouveau mode de propriété des moyens de production. C’est l’existence sociale des hommes qui détermine leur conscience et non l’inverse (Marx). Quel nouveau mode de production sociale et quel nouveau mode de propriété des moyens de production furent initiés en Mai 68 ? Ne cherchez pas, il n’y en a pas. Nous verrons qu’il en fut de même en Mai-2008.

En ce qui concerne la nouvelle façon de penser le monde et la contre-culture « civilisatrice » de Mai 68, cherchons-en les traces tangibles. Quelle contre-culture peut-on observer dans les galas de vedettes qui ne payent pas leurs impôts et se mettent à l’abri dans les paradis fiscaux ; dans le mainstream médiatique flagornant la pensée unique ; dans les festivals d’été bon enfant ; dans la musique éclectique et décapante ; dans la littérature crypto-féodale désolante ; dans le cinéma hollywoodien violent et déliquescent, tout ceci chapeautant ce nouveau millénaire déprimant où famine et misère ravagent plusieurs pays d’Occident et d’Orient ? Croyez-vous que les ouvriers grecs menacés d’inanition bataillent pour accéder au nirvana du « bonheur » et de la contre-culture petite-bourgeoise ?

En ce qui a trait à l’évolution des moeurs et du mode de penser, la mutation était déjà amorcée suite à l’extension du capitalisme marchand et industriel sur la planète toute entière après l’effondrement du camp socialiste (1956). Le travail émancipateur de la femme, le contrôle des naissances, l’abaissement de la mortalité infantile, l’allongement de la vie « utile » et l’alphabétisation des populations ont suivi partout l’industrialisation et les hausses de productivité dans les champs et les ateliers, ce qui explique l’évolution plutôt que la diffusion de la fumeuse « Révolution culturelle » de la petite bourgeoisie « virtuelle », rêveuse, indolente, « démocrate », électoraliste, futile, narcissique et libertaire de Mai-68.

Il est vrai cependant qu’à cette époque les pays coloniaux étaient « libérés » et placés sous statut néocolonial soumis aux thuriféraires nationaux sous contrôle de quelques puissances impérialistes gérant le camp du capital - le camp impérialiste. Quand un serviteur-sous-fifre ne fait plus l’affaire, un coup d’État, une élection truquée, une « Révolution colorée » vient à point nommé rappeler ce peuple à ses devoirs de soumission « tiers-mondistes ». En Occident, l’élection « démocratique » permettra de changer la garde et les chiens de garde, c’est-à -dire de changer de faction capitaliste dominante (UMP-Socialiste, Libéral-Conservateur, Libéral-Péquiste, Travailliste-Conservateur, Démocrate-Républicain).

Les casseurs de mai revendiquent l’équité et la justice (des riches)
En Mai-68, en Europe occidentale et en France gaulliste, la jeunesse occupait les universités pour réclamer que le système scolaire joue adéquatement son rôle d’instrument de progrès individuel et d’ascension sociale personnelle égocentrique, et qu’il offre l’égalité des chances à tous et chacun d’accéder aux emplois prestigieux et bien rémunérés des bureaux feutrés. De Nanterre et de la Sorbonne la jeunesse exigeait d’être appréciée-évaluée d’après ses capacités et non plus du fait d’être bien née. Elle représentait en-cela toute la jeunesse des pays occidentaux et une fraction bourgeoise de la jeunesse des pays néocoloniaux.

Les fils et les filles de la petite bourgeoisie ont chahuté l’oligarchie établie, prédateurs des sociétés occidentales sclérosées, et ils ont proposé de placer tout au sommet de l’échiquier les valeurs d’égalité et d’équité entre membres de la classe dominante comprenant la petite bourgeoisie florissante à laquelle eux-mêmes souhaitaient accéder. « Il faut partager les profits tirer de la plus-value ouvrière avec la petite et la moyenne bourgeoise », tel était le leitmotiv « révolutionnaire » de cette classe oubliée. En contrepartie la petite bourgeoisie a promis de désarmer idéologiquement et politiquement la classe ouvrière enragée et trahie, ce qu’elle fit.

Les accords de Grenelle (France) et le contrat social occidental

Quelle était la composition de classe des contestataires et des casseurs qui ont tenté de se dégager une place dans l’échelle d’ascension sociale encombrée de la France des grandes Écoles aristocratiques ? Madame Marion répond : « Des centaines de milliers d’intellectuels, de cadres, de médecins, d’étudiants, d’artistes et de chercheurs se sont lancés dans l’action et ont tenté de changer le monde et de réinventer la société ». Pour réinventer une société il faut d’abord renverser celle qui est déjà en place - hégémonique et jalouse de ses privilèges de classes. Rien de tel ni en France, ni en Europe, ni au Canada, ni aux États-Unis.

Quelqu’un pourra-t-il nous présenter cette société que les soixante-huitards auraient soi-disant inventée ? Rien ne ressemblait davantage à la société capitaliste d’avant Mai-68 que celle observée après Mai-68 et jusqu’en Mai 2008. Le secteur tertiaire parasitaire hypertrophié, basée sur une frauduleuse pyramide de Pondi boursière spéculative poursuivant ses ravages de l’économie. Les crises de surproduction succèdent aux périodes de récession et la classe bourgeoise spoliant le surtravail des ouvriers.

De fait, après des mois d’échauffourées larvées, en tournante dans différentes capitales européennes, le mouvement souleva Paris. Le grand capital international choisit de tout miser sur la « bataille de France » et d’y casser définitivement le mouvement continental. Le Président français Charles de Gaulle était une pointure politique à la mesure de cette mission diabolique. Effectivement, le mouvement des casseurs revendicateurs fut brisé en France où les accords de Grenelle assurèrent le rehaussement du SMIC (salaire minimum) et un « enrichissement » relatif de l’aristocratie ouvrière française (on commencera alors à spéculer à propos de la « classe moyenne » florissante aujourd’hui en cours de paupérisation). La bureaucratie syndicale, la gauche caviar et les révisionnistes cassoulets, en collusion avec le grand capital venaient de signer une trêve et un pacte social qui devaient durer quarante ans, du moins en Occident (13).

Aussitôt, toutes les capitales occidentales emboîtèrent le pas et accordèrent des conditions similaires à leurs étudiants, à leurs aristocraties syndicales et à leurs « bobos », chiens de garde du système capitaliste pseudo « réinventé » ! Les accords de Grenelle marquèrent la fin du mouvement des récalcitrants de Mai-68. La grande bourgeoisie d’affaire venait d’acheter la paix sociale sur le dos des peuples néo coloniaux qu’il fallait maintenant assujettir fermement afin qu’ils fournissent la plus-value requise pour cette mise en coupe réglée des sociétés occidentales aliénées. La course effrénée à la productivité-compétitivité venait de s’amorcer.

La stratégie guerrière et mortifère des puissances occidentales, et de sujétion des peuples des pays néo-colonisés allait régler cette affaire et entraîner dans ces pays exploités moult guerres « contrôlées » sous les yeux de cette pseudo-gauche veule, repue et collaboratrice se questionnant benoîtement-religieusement à l’effet de soutenir ou non ces guerres de massacre « humanitaire, collatéraux et chirurgicaux ».

Un aspect intéressant de la révolte étudiante de Mai-68 effraie cependant madame Marion, l’intellectuelle universitaire, qui proteste vertement : « Mai 68 a malheureusement vu naître des groupuscules armés anarcho-communistes qui pensaient que la libération du peuple devait passer par la violence. » (14). Gauche Prolétarienne fut un acteur éphémère de ce courant militant. Diverses organisations opportunistes similaires se sabordèrent au début des années 80 sur ordre de leur gourou de tutelle. Voilà enfin la réponse à notre interrogation initiale… « Pourquoi autant de néo-fascistes, de révisionnistes, d’opportunistes, de chauvins-nationalistes issus des rangs du mouvement étudiant de Mai-68 s’épandant à tout vent comme du chiendent ? ».

Mai 2008 - Les anciennes puissances impérialistes sur le déclin

Les récentes révoltes ouvrières, étudiantes et populaires tonitruantes apparaissent comme des protestations et un refus de la répudiation du pacte social convenu par les bourgeoisies impérialistes occidentales empêtrées dans leurs crises économique, financière, boursière et monétaire récurrentes dont le monde impérialiste ne parvient plus à s’extraire. Récemment Noam Chomsky, toujours lui, pleurnichait ainsi cette répudiation : « Les capitalistes américains ont rompu et rejeté le fragile pacte non écrit entre le monde patronal et celui des travailleurs, pacte qui avait existé auparavant à l’époque de la croissance et du progrès (sic) ». Croissance éphémère de la partie occidentale sur le dos des peuples des néo-colonies spoliés, meurtris, exterminés, néglige pudiquement d’avouer le curé Chomsky que les « bobos » acclament comme leur héros (15).

Les crises succèdent aux crises et l’impérialisme vacille sur ses bases. Serait-ce l’éruption de la fin ? Le chômage catastrophique frappe les États occidentaux surendettés auprès des banquiers et des requins financiers qui rançonnent les peuples du monde entier.

L’impérialisme américain bat en retraite et se voit contesté dans toutes ses néo colonies en Amérique latine pour commencer, puis au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie. L’aigle américain détermine de moins en moins ce dont demain sera oint. L’Amérique est en faillite (bientôt 24 mille milliards de dollars de dette souveraine). Les dettes cumulées de l’État, des entreprises et des particuliers équivalent à 350% du PIB national. Il faudrait hausser les impôts de 64 pour cent simplement pour équilibrer demain le budget fédéral américain (16). Ils ne parviennent pas à vaincre le peuple afghan révolté et mal armé. Les villes américaines sont en déroute. Par exemple, Détroit se vide, la ville est passée de 2 millions à 700 mille habitants. Le chômage s’accroissant, le surendettement des ménages atteint des sommets épiques - la consommation diminue - et les revenus de l’État périclitent. Crise de surproduction au milieu de la famine, leur système socio-économique ne répond plus aux stimuli financiers. Les « produits » boursiers dérivés-frauduleux se comptent par milliers de milliards de fausse valeurs qui se volatiseront lors du prochain crash boursier (rappelez-vous des « subprimes » du crash de 2008). La spirale déflationniste détruit les fondements de l’économie, de la plus-value, du profit et de la reproduction élargie et étendue du système capitaliste (17).

Les États-Unis d’Amérique flouent leurs alliés, leurs partenaires et leurs créanciers en imprimant chaque mois, 40 milliards de dollars inflationnistes, de l’argent de Monopoly, de la « monkey money », qui déprécient d’autant la valeur des créances en billets verts détenus par les pays du Golfe (leurs alliés), l’Iran, le Japon et la Chine, ainsi que par les fonds de pension et les caisses d’assurance des épargnants américains. Bientôt cet argent ne vaudra plus rien. Les États-Unis d’Amérique préparent une grande dévaluation de leur monnaie, c’est la raison pour laquelle des milliardaires chinois achètent tout l’immobilier de certaines villes américaines pour se débarrasser de leurs dollars de pacotille. Mieux vaut détenir un parc immobilier que des sous de loup-garou pensent-ils.

Barack Obama a demandé à l’armée américaine d’être prête à intervenir sur le territoire étatsunien pour réprimer toute velléité de révolte plébéienne américaine. Obama a signé, le 31 décembre 2011, le National Defence Authorization Act, qui, ayant préséance sur la Constitution américaine, permet à l’Armée d’arrêter, d’interroger et de tuer des citoyens américains soupçonnés de participer à des activités « terroristes » ou insurrectionnelles, sans aucune preuve, sans aucun mandat, et de les détenir indéfiniment sans procès (abrogation de l’Habeas Corpus) aux États-Unis preuve que la classe impérialiste américaine a déjà identifié son ennemi principal le plus dangereux… la classe ouvrière américaine et ses alliés (18). Classe ouvrière révoltée, enragée, grosse d’une insurrection, qui risque d’être massacrée inutilement par des millions de flics et de soldats, parce que sans organisation, sans direction révolutionnaire pour diriger son mouvement vers la prise de pouvoir d’État (conscience de classe pour soi).

Nonobstant les détracteurs « tiers-mondiste », aujourd’hui le maillon faible de la chaîne impérialiste mondiale est au coeur de l’Amérique aliénée, dépolitisée, rétrograde, dégénérée, opprimée, surexploitée, malaimée et sans alternative. Barak Obama l’a compris et il prépare sa classe à faire face aux vents de révolte appréhendés. Romney, le candidat Républicain défait, ne pouvait pas jouer ce rôle et il risquait de faire tout éclater prématurément. La classe capitaliste monopoliste étatsunienne a compris qu’en ce temps troublé il fallait stranguler l’ouvrier le sourire aux lèvres avec des mots pour l’apaiser plutôt que de le confronter.

LA SEMAINE PROCHAINE - MAI 2008 LA RÉVOLTE SOCIALE DÉVOYÉE

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La Guerre d’Espagne - Révolution et contre-révolution (1934-1939)
Burnett Bolloten
« La révolution espagnole fut la plus singulière des révolutions collectivistes du XXe siècle. C’est la seule révolution radicale et violente qui se soit produite dans un pays d’Europe de l’Ouest et la seule qui ait été, malgré l’hégémonie communiste croissante, véritablement pluraliste, animée par une multitude de forces, souvent concurrentes et hostiles. Incapable de s’opposer ouvertement à la révolution, la bourgeoisie s’adapta au nouveau régime dans l’espoir que le cours des événements (…)
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V. Dedaj

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