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Derrière la Loi foulardière, la peur.

photo : Tokujin Yoshioka Installation @ Maison Hermes Japan

(Le Monde, édition du 22 février 2004)

1. D’aimables républicaines et républicains arguèrent un jour qu’il fallait une loi pour interdire tout foulard sur les cheveux des filles. A l’école d’abord, ailleurs ensuite, partout si possible. Que dis-je, une loi ? Une Loi ! Le président de la République était un politicien aussi limité qu’insubmersible. Totalitairement élu par 82 % des électeurs, dont tous les socialistes, gens parmi lesquels se recrutaient nombre des aimables républicain(e)s en question, il opina du bonnet : une loi, oui, une Loi contre le petit millier de jeunes filles qui mettent le susdit foulard sur leurs cheveux. Les pelées, les galeuses ! Des musulmanes, en plus ! C’est ainsi qu’une fois de plus, dans la ligne de la capitulation de Sedan, de Pétain, de la guerre d’Algérie, des fourberies de Mitterrand, des lois scélérates contre les ouvriers sans papiers, la France étonna le monde. Après les tragédies, la farce.

2. Oui, la France a enfin trouvé un problème à sa mesure : le foulard sur la tête de quelques filles. On peut le dire, la décadence de ce pays est stoppée. L’invasion musulmane, de longtemps diagnostiquée par Le Pen, aujourd’hui confirmée par des intellectuels indubitables, a trouvé à qui parler. La bataille de Poitiers n’était que de la petite bière, Charles Martel, un second couteau. Chirac, les socialistes, les féministes et les intellectuels des Lumières atteints d’islamophobie gagneront la bataille du foulard. De Poitiers au foulard, la conséquence est bonne, et le progrès considérable.

3. A cause grandiose, arguments de type nouveau. Par exemple : le foulard doit être proscrit, qui fait signe du pouvoir des mâles (le père, le grand frère) sur ces jeunes filles ou femmes. On exclura donc celles qui s’obstinent à le porter. En somme : ces filles ou femmes sont opprimées. Donc, elles seront punies. Un peu comme si on disait : "Cette femme a été violée, qu’on l’emprisonne". Le foulard est si important qu’il mérite une logique aux axiomes renouvelés.

4. Ou, au contraire : ce sont elles qui veulent librement le porter, ce maudit foulard, les rebelles, les coquines ! Donc, elles seront punies. Attendez : ce n’est pas le signe d’une oppression par les mâles ? Le père et le grand frère n’y sont pour rien ? D’où vient qu’il faut l’interdire, alors, ce foulard ? C’est qu’il est ostentatoirement religieux. Ces coquines "ostentent" leur croyance. Au piquet, na !

5. Ou c’est le père et le grand frère, et féministement le foulard doit être arraché. Ou c’est la fille elle-même selon sa croyance, et "laïcisement" il doit être arraché. Il n’y a pas de bon foulard. Tête nue ! Partout ! Que tout le monde, comme on disait autrefois - même les pas-musulmanes le disaient - sorte "en cheveux".

6. Notez bien que le père et le grand frère de la fille au foulard ne sont pas de simples comparses parentaux. On l’insinue souvent, parfois on le déclare : le père est un ouvrier abruti, un pauvre type directement "venu du bled" et commis aux chaînes de Renault. Un archaïque. Mais stupide. Le grand frère deale le shit. Un moderne. Mais corrompu. Banlieues patibulaires. Classes dangereuses.

7. La religion musulmane ajoute aux tares des autres religions celle-ci, gravissime : elle est, dans ce pays, la religion des pauvres.

8. Imaginons le proviseur d’un lycée, suivi d’une escouade d’inspecteurs armés de centimètres, de ciseaux, de livres de jurisprudence : on va vérifier aux portes de l’établissement si les foulards, kippas et autres couvre-chefs sont "ostentatoires". Ce foulard grand comme un timbre poste perché sur un chignon ? Cette kippa comme une pièce de deux euros ? Louche, très louche. Le minuscule pourrait bien être l’ostentation du majuscule. Mais, que vois-je ? Gare ! Un chapeau haut de forme ! Hélas ! Mallarmé, interrogé sur le chapeau haut de forme, l’a dit : "Qui a mis rien de pareil ne peut l’ôter. Le monde finirait, pas le chapeau." Ostentation d’éternité.

9. La laïcité. Un principe inoxydable ! Le lycée d’il y a trois ou quatre décennies : interdiction de mélanger les sexes dans la même classe, pantalon décommandé aux filles, catéchisme, aumôniers. La communion solennelle, avec les gars en brassard blanc et les mignonnes sous le voile de tulle. Un vrai voile, pas un foulard. Et vous voudriez que je tienne pour criminel ce foulard ? Ce signe d’un décalage, d’un remuement, d’un enchevêtrement temporel ? Qu’il faille exclure ces demoiselles qui mêlent agréablement hier et aujourd’hui ? Allez, laissez faire la broyeuse capitaliste. Quels que soient les allers et retours, les repentirs, les venues ouvrières du lointain, elle saura substituer aux dieux morts des religions le gras Moloch de la marchandise.

10. Au demeurant, n’est-ce pas la vraie religion massive, celle du commerce ? Auprès de laquelle les musulmans convaincus font figure de minorité ascétique ? N’est-ce pas le signe ostentatoire de cette religion dégradante que ce que nous pouvons lire sur les pantalons, les baskets, les tee-shirts : Nike, Chevignon, Lacoste,... N’est-il pas plus mesquin encore d’être à l’école la femme sandwich d’un trust que la fidèle d’un Dieu ? Pour frapper au coeur de la cible, voir grand, nous savons ce qu’il faut : une loi contre les marques. Au travail, Chirac. Interdisons sans faiblir les signes ostentatoires du Capital.

11. Qu’on m’éclaire. La rationalité républicaine et féministe de ce qu’on montre du corps et de ce qu’on ne montre pas, en différents lieux et à différentes époques, c’est quoi ? Que je sache, encore de nos jours, et pas seulement dans les écoles, on ne montre pas le bout des seins ni les poils du pubis, ni la verge. Devrais-je me fâcher de ce que ces morceaux soient "dérobés aux regards" ? Soupçonner les maris, les amants, les grands frères ? Il y a peu dans nos campagnes, encore de nos jours en Sicile et ailleurs, les veuves portent fichus noirs, bas sombres, mantilles. Il n’y a pas besoin pour cela d’être la veuve d’un terroriste islamique.

12. Curieuse, la rage réservée par tant de dames féministes aux quelques filles à foulard, au point de supplier le pauvre président Chirac, le soviétique aux 82 %, de sévir au nom de la Loi, alors que le corps féminin prostitué est partout, la pornographie la plus humiliante universellement vendue, les conseils d’exposition sexuelle des corps prodigués à longueur de page dans les magazines pour adolescentes.

13. Une seule explication : une fille doit montrer ce qu’elle a à vendre. Elle doit exposer sa marchandise. Elle doit indiquer que désormais la circulation des femmes obéit au modèle généralisé, et non pas à l’échange restreint. Foin des pères et grands frères barbus ! Vive le marché planétaire ! Le modèle, c’est le top modèle.

14. On croyait avoir compris qu’un droit féminin intangible est de ne se déshabiller que devant celui (ou celle) qu’on a choisi (e) pour ce faire. Mais non. Il est impératif d’esquisser le déshabillage à tout instant. Qui garde à couvert ce qu’il met sur le marché n’est pas un marchand loyal.

15. On soutiendra ceci, qui est assez curieux : la loi sur le foulard est une loi capitaliste pure. Elle ordonne que la féminité soit exposée. Autrement dit, que la circulation sous paradigme marchand du corps féminin soit obligatoire. Elle interdit en la matière - et chez les adolescentes, plaque sensible de l’univers subjectif entier - toute réserve.

16. On dit un peu partout que le "voile" est l’intolérable symbole du contrôle de la sexualité féminine. Parce que vous imaginez qu’elle n’est pas contrôlée, de nos jours, dans nos sociétés, la sexualité féminine ? Cette naïveté aurait bien faire rire Foucault. Jamais on n’a pris soin de la sexualité féminine avec autant de minutie, autant de conseils savants, autant de discriminations assénées entre son bon et son mauvais usage, La jouissance est devenue une obligation sinistre. L’exposition universelle des morceaux supposés excitants, un devoir plus rigide que l’impératif moral de Kant.

Au demeurant, entre le "Jouissez, femmes !" de nos gazettes et l’impératif "Ne jouissez pas !" de nos arrière-grands-mères, Lacan a de longue date établi l’isomorphie. Le contrôle commercial est plus constant, plus sûr, plus massif que n’a jamais pu l’être le contrôle patriarcal. La circulation prostitutionnelle généralisée est plus rapide et plus fiable que les difficultueux enfermements familiaux, dont la mise à mal, entre la comédie grecque et Molière, a fait rire pendant des siècles.

17. La maman et la putain. On fait dans certains pays des lois réactionnaire pour la maman et contre la putain, dans d’autres, des lois progressistes pour la putain et contre la maman. C’est cependant l’alternative qu’il faudrait récuser.

18. Non pas toutefois par le "ni... ni...", qui ne fait jamais que perpétuer en terrain neutre (au centre, comme Bayrou ?) ce qu’il prétend contester. "Ni maman ni putain", cela est tristounet. Comme "ni pute ni soumise", lequel est au demeurant absurde : une "pute" n’est-elle pas généralement soumise, oh combien ? On les appelait, autrefois, des respectueuses. Des soumises publiques, en somme. Quant aux "soumises", elles ne sont peut-être que des putains privées.

19. On y revient toujours : l’ennemi de la pensée, aujourd’hui, c’est la propriété, le commerce, des choses comme des âmes, et non la foi. On dira bien plutôt que c’est la foi (politique) qui manque le plus. La "montée des intégrismes" n’est que le miroir dans lequel les Occidentaux repus considèrent avec effroi les effets de la dévastation des consciences à laquelle ils président. Et singulièrement la ruine de la pensée politique, qu’ils tentent partout d’organiser, tantôt sous couvert de démocratie insignifiante, tantôt à grand renfort de parachutistes humanitaires. Dans ces conditions, la laïcité, qui se prétend au service des savoirs, n’est qu’une règle scolaire de respect de la concurrence, de dressage aux normes "occidentales" et d’hostilité à toute conviction. C’est l’école du consommateur cool, du commerce soft, du libre propriétaire et du votant désabusé.

20. On ne s’extasiera jamais assez sur la trajectoire de ce féminisme singulier qui, parti pour que les femmes soient libres, soutient aujourd’hui que cette "liberté" est si obligatoire qu’elle exige qu’on exclue des filles (et pas un seul garçon !) du seul fait de leur apparat vestimentaire.

21. Tout le jargon sociétal sur les "communautés" et le combat aussi métaphysique que furieux entre "la République" et "les communautarismes", tout cela est une foutaise. Qu’on laisse les gens vivre comme ils veulent, ou ils peuvent, manger ce qu’ils ont l’habitude de manger, porter des turbans, des robes, des voiles, des minijupes ou des claquettes, se prosterner à toute heure devant des dieux fatigués, se photographier les uns les autres avec force courbettes ou parler des jargons pittoresques. Ce genre de "différences" n’ayant pas la moindre portée universelle, ni elles n’entravent la pensée, ni elles ne la soutiennent. Il n’y a donc aucune raison, ni de les respecter, ni de les vilipender. Que "l’Autre", - comme disent après Levinas les amateurs de théologie discrète et de morale portative - vive quelque peu autrement, voilà une constatation qui ne mange pas de pain.

22. Quant au fait que les animaux humains se regroupent par provenance, c’est une conséquence naturelle et inévitable des conditions le plus souvent misérables de leur arrivée. Il n’y a que le cousin, ou le compatriote de village, qui peut, volens nolens, vous accueillir au foyer de St Ouen l’Aumône. Que le chinois aille là où il y a déjà des Chinois, il faut être obtus pour s’en formaliser.

23. Le seul problème concernant ces "différences culturelles" et ces "communautés" n’est certes pas leur existence sociale, d’habitat, de travail, de famille ou d’école. C’est que leurs noms sont vains là où ce dont il est question est une vérité, qu’elle soit d’art, de science, d’amour ou, surtout, de politique. Que ma vie d’animal humain soit pétrie de particularités, c’est la loi des choses. Que les catégories de cette particularité se prétendent universelles, se prenant ainsi au sérieux du Sujet, voilà qui est régulièrement désastreux. Ce qui importe est la séparation des prédicats. Je peux faire des mathématiques en culotte de cheval jaune et je peux militer pour une politique soustraite à la "démocratie" électorale avec une chevelure de Rasta. Ni le théorème n’est jaune (ou non-jaune), ni le mot d’ordre qui nous rassemble n’a de tresses. Non plus d’ailleurs qu’il n’a d’absence de tresses.

24. Que l’école soit, dit-on, fort menacée par une particularité aussi insignifiante que le foulard de quelques filles amène à soupçonner que ce n’est jamais de vérité qu’il y est question. Mais d’opinions, basses et conservatrices. N’a-t-on pas vu des politiciens et des intellectuels affirmer que l’école est d’abord là pour "former des citoyens" ? Sombre programme. De nos jours, le "citoyen" est un petit jouisseur amer, cramponné à un système politique dont tout semblant de vérité est forclos.

25. Ne serait-on pas préoccupé, en haut et bas lieu, de ce que nombre de filles d’origine algérienne, marocaine, tunisienne, le chignon bien serré, la mine austère, acharnées au travail, composent, avec quelques Chinois non moins vissés à l’univers familial, de redoutables têtes de classe ? De nos jours, il y faut pas mal d’abnégation. Et il se pourrait que la Loi du soviétique Chirac aboutisse à l’exclusion tapageuse de quelques excellentes élèves.

26. "Jouir sans entraves", cette ânerie soixante-huitarde, n’a jamais fait tourner à haut régime le moteur des savoirs. Une certaine dose d’ascétisme volontaire, on en connaît la raison profonde depuis Freud, n’est pas étrangère au voisinage de l’enseignement et d’au moins quelques rudes fragments de vérités effectives. De sorte qu’un foulard, après tout, peut servir. Là où désormais le patriotisme, cet alcool fort des apprentissages, fait entièrement défaut, tout idéalisme, même de pacotille, est le bienvenu. Pour qui du moins suppose que l’école est autre chose que la "formation" du citoyen-consommateur.

27. En vérité, la Loi foulardière n’exprime qu’une chose : la peur. Les Occidentaux en général, les Français en particulier, ne sont plus qu’un tas frissonnant de peureux. De quoi ont-ils peur ? Des barbares, comme toujours. Ceux de l’intérieur, les "jeunes des banlieues" ; ceux de l’extérieur, les "terroristes islamistes". Pourquoi ont-ils peur ? Parce qu’ils sont coupables, mais se disent innocents. Coupables d’avoir, à partir des années 1980, renié et tenté d’anéantir toute politique d’émancipation, toute raison révolutionnaire, toute affirmation vraie d’autre chose que ce qu’il y a. Coupables de se cramponner à leurs misérables privilèges. Coupables de n’être plus que de vieux enfants qui jouent avec ce qu’ils achètent. Eh oui, "dans une longue enfance on les a fait vieillir". Aussi ont-ils peur de tout ce qui est un peu moins vieux qu’eux. Par exemple, une demoiselle entêtée.

28. Mais surtout, Occidentaux en général et Français en particulier ont peur de la mort. Ils n’imaginent même plus qu’une Idée puisse valoir qu’on prenne pour elle quelques risques. "Zéro mort", c’est leur plus important désir. Or, ils voient partout dans le monde des millions de gens qui n’ont aucune raison, eux, d’avoir peur de la mort. Et, parmi eux, beaucoup, presque chaque jour, meurent au nom d’une Idée. Cela est pour le "civilisé" la source d’une intime terreur.

29. Et je sais bien que les Idées pour lesquelles on accepte aujourd’hui de mourir ne valent en général pas cher. Convaincu que tous les dieux ont de longue date déclaré forfait, je me désole de ce que de jeunes hommes, de jeunes femmes, déchiquettent leurs corps dans d’affreux massacres sous la funèbre invocation de ce qui depuis longtemps n’est plus. Je sais en outre qu’ils sont instrumentés, ces "martyrs" redoutables, par des comploteurs peu discernables de ceux qu’ils prétendent abattre. On ne redira jamais assez que Ben Laden est une créature des services américains. Je n’ai pas la naïveté de croire à la pureté, ni à la grandeur, ni même à une quelconque efficacité, de ces tueries suicidaires.

30. Mais je dis que ce prix atroce est d’abord payé à la destruction minutieuse de toute rationalité politique par les dominants d’Occident, entreprise que n’ont rendue aussi largement praticable que l’abondance, notamment en France, des complicités intellectuelles et populaires. Vous vouliez avec acharnement liquider jusqu’au souvenir de l’Idée de révolution ? Déraciner tout usage, même allégorique, du mot "ouvrier" ? Ne vous plaignez pas du résultat. Serrez les dents, et tuez les pauvres. Ou faites-les tuer par vos amis américains.

31. On a les guerres qu’on mérite. Dans ce monde transi par la peur, les gros bandits bombardent sans pitié des pays exsangues. Les bandits intermédiaires pratiquent l’assassinat ciblé de ceux qui les gênent. Les tout petits bandits font des lois contre les foulards.

32. On dira que c’est moins grave. Certes. C’est moins grave. Devant feu le Tribunal de l’Histoire, nous obtiendrons les circonstances atténuantes : "Spécialiste des coiffures, il n’a joué dans l’affaire qu’un petit rôle".

Alain Badiou
philosophe, écrivain et professeur à l’école normale supérieure.

texte trouvé ici http://pagesperso-orange.fr/felina/doc/laic/badiou.htm

COMMENTAIRES  

08/02/2010 20:10 par rosa

badiou vous n’etes pas : 1 une femme 2 communiste 3 etranger vous etes un gentil philosophe et vous ne comprenez rien a la répression politique si vous voulez porter la burqua portez-la faites pas semblant d’etre contre je ne vous salue pas.

08/02/2010 21:22 par Anonyme

C’est encore plus vrai en 2010. Le voile a pris de l’étoffe. Le reste aussi. Ce n’est plus seulement à l’école que l’on prétend décider pour nous de notre tenue. Va-t-on sous prétexte de laïcité interdire le port de la cornette à celles qui ont fait voeu de la porter ? Va-t-on obliger les contemplatives à sortir de leurs couvents ? Est-ce la burqua qui opprime la femme ?

09/02/2010 00:11 par C Delarue

RELIGION TOLERANCE ET LAICITE

Avec la Révolution française la liberté de conscience est sortie gagnante de siècles d’intolérance. L’intolérance venait de la religion catholique. Elle n’autorisait pas la liberté de conscience. Elle tolérait parfois mais dans un monde d’intolérance. Un peu comme dans certains Etats musulmans aujourd’hui. Les combats ont donc perduré. Il ne faisait toujours pas bon de se déclarer protestant ou athée. La tolérance s’est néanmoins affirmée en France et dans d’autres pays. Mais il a fallu aller plus loin que la tolérance pour contenir l’emprise de la religion alors unique et sans concurrence. Les premiers pas de la laïcité furent posés vers 1880. Mais le changement qualitatif ne fût franchi qu’en décembre 1905 . Il se nomme laïcité. La laïcité n’a pas évacué pour autant la question de la tolérance. Elle lui a donné un champ. Dans ce champ de tolérance la bataille continuait. Il faut mesurer ce qu’est la tolérance par rapport à l’intolérance antérieure.

La liberté de conscience est un droit alors que la tolérance n’est qu’une concession (1). Au tribunal de la conscience aujourd’hui personne ne siège. La religion n’est plus monopolistique pour imposer la bonne façon de penser et de se comporter. Non seulement elle a cédé à la relativisation et au doute radical mais de plus avec la mondialisation on a découvert qu’il y avait plusieurs dieux, plusieurs religions. Chacune dispose de ses rituels de ses gourous (masculins en général). Dans les grandes métropoles, le client en mal de consolation choisit son dieu sur un marché hétéroclite ou les sectes croisent les grandes religions. La tolérance fonctionne comme le blasphème dans la société civile mais pas au sein de l’Etat et de ses appareils . Dans la fonction publique la neutralité s’impose, ce qui annule la fonction de la tolérance comme celle du blasphème. La tolérance suppose la concurrence et le conflit entre les opinions donc le rapport de force. Ce n’est pas un long fleuve tranquille. Jean-Paul Sarte a écrit que " Réaliser la tolérance autour d’autrui, c’est faire qu’autrui soit jeter de force dans un monde tolérant. C’est lui ôter par principe ces libres possibilités de résistances courageuses, de persévérance, d’affirmation de soi qu’il eût eu l’occasion de développer dans un monde d’intolérance" (2 ) . Si un monde de tolérance n’est pas nécessairement un long fleuve tranquille - puisque la critique perdure ainsi que le blasphème - il faut bien penser qu’un monde d’intolérance est bien pire encore. Un monde d’intolérance est invivable puisqu’on y traque les mauvaises pensées et les écrits jugés illégitimes par les clercs de la religion. Bien souvent un monde de tolérance pratiquera la distance, la fuite de la rencontre d’autrui ; le blasphème sera l’exception. A l’opposée, l’idée de laïcité suppose la suspension du conflit des croyances. C’est cette conception de pacification qui a été préconisée pour l’école avec la loi du 15 mars 2004 qui autorise les signes discrets mais pas les signes ostensibles. C’est là une avancée inestimable qui ne saurait être étendu à d’autres champs sociaux. Avec Marcuse (3) certains propos deviendront intolérable. La liberté ne saurait cautionner l’oppression. En ce sens un mouvement de concience s’est affirmer pendant plusieurs décennies et dans plusieurs pays pour condamner le racisme et le sexisme. D’un pays à l’autre les lois peuvent changer mais il demeure que certaines stigmatisations sont qualifiées de délits et sont sanctionnées pénalement.

Christian Delarue

1) Ces quelques lignes prennent ici ou là des propose de Patrick Thierry sur La tolérance, société démocratique, opinions, vices et vertus.
2) Jean-Paul Sartre in L’être et le néant p 460
3) Herbert Marcuse in Répressive Tolérance . A critique of pure tolérance

09/02/2010 09:04 par Anonyme

A Christian Delarue

Si votre article de 2004 était clair et démonstratif, votre commentaire me semble passablement obscur.
Je ne parviens pas à donner un sens précis aux phrases suivantes :

"La tolérance fonctionne comme le blasphème dans la société civile mais pas au sein de l’Etat et de ses appareils."

" Réaliser la tolérance autour d’autrui, c’est faire qu’autrui soit jeter de force dans un monde tolérant. C’est lui ôter par principe ces libres possibilités de résistances courageuses, de persévérance, d’affirmation de soi qu’il eût eu l’occasion de développer dans un monde d’intolérance" (que vous attribuez à Sartre)Faut-il absolument persécuter ceux qui ne partagent pas les opinions dominantes pour leur restituer la liberté de résister ? Pourquoi estimez-vous dans ce cas que la tolérance est tout de même préférable à l’intolérance ?
Et la laïcité ? Est-ce qu’elle leur restitue cette liberté de résister dont la tolérance les prive ?

"C’est là une avancée inestimable qui ne saurait être étendu à d’autres champs sociaux. " Pourquoi une avancée que vous jugez inestimable ne peut-elle être étendue à d’autres champs sociaux ? Cela semble contradictoire et mériterait un développement explicatif.

"D’un pays à l’autre les lois peuvent changer mais il demeure que certaines stigmatisations sont qualifiées de délits et sont sanctionnées pénalement." Certes, je l’ai constaté aussi ; mais qu’en déduisez-vous ? Que le port du voile ou de la burqa doit être qualifié de délit ? Ou que ceux qui le stigmatisent doivent être sanctionnés pénalement ?

09/02/2010 09:31 par legrandsoir

@ anonyme : l’article ici présent est signé Badiou...

09/02/2010 10:23 par Anonyme

Effectivement ! que Mr Badiou me pardonne. Ma perplexité reste entière quant à la signification du commentaire de Mr Delarue

09/02/2010 13:12 par C Delarue

Effectivement l’article sur la loi foulardière est de Badiou pas de moi puisque la fin de mon commentaire justifie la loi du 15 mars 2004.

"La tolérance fonctionne comme le blasphème dans la société civile mais pas au sein de l’Etat et de ses appareils."

La neutralité religieuse totale s’impose aux fonctionnaires qui ne peuvent même pas porter des signes religieux discrets. Dans la société civile - en privé ou en publique - la liberté de conscience et son expression s’applique, donc la liberté de religion aussi (il peut y avoir des limites) ainsi que la liberté de blasphème son pendant. Cela signifie que la société civile est sous régime de tolérance. Ce qui avait besoin d’une brève explication.

Je défends la loi du printemps 2004 tout en estimant qu’elle doit être circonscrite à l’école et pas au monde du travail bien que cela soit aussi source de crispations car l’école est le lieu des jeunes doivent échapper à aux "luttes de tolérance" qui forment la règle des "sociétés de tolérance". On pourrait objecter que l’entreprise est un lieu de travail et que l’exhibition constante d’un signe ostensible a de quoi provoquer des réactions nuisibles au travail (je ne sais si le phénomène est majoritaire ou minoritaire mais je sais qu’il est réel même si la mesure est mal connue). Cpdt cette conflictualité ne doit pas se résoudre par une loi mais pas la négociation de lieux séparés. Je suis pour faire tomber les murs pour le vivre en commun mais quand le vivre en commun est pénible il faut prévoir des protections. Ou alors on a comme en Belgique l’apparition de panneaux sur l’inexistence de Dieu ou avec blasphème du sacré qui répond à l’affichage intempestif et prolongé.

Il m’a juste fallu expliquer aussi brièvement que possible que la tolérance est un régime d’expression et non une attitude individuelle. I y a eu de l’intolérance auparavant et aujourd’hui les menus blasphèmes contre l’emprise du religieux ne sont que des marques de la tolérance. La tolérance fonctionne le plus souvent à la restriction de sa gêne ou à la fuite quand c’est possible.

La phrase qui suit : "D’un pays à l’autre les lois peuvent changer mais il demeure que certaines stigmatisations sont qualifiées de délits et sont sanctionnées pénalement." concernent les propos racistes.

09/02/2010 14:25 par Anonyme

A C. Delarue,

Merci de m’avoir répondu. Je comprends mieux votre point de vue, même si je ne le partage pas tout à fait, concernant la loi de 2004.

Concernant la liberté d’expression en entreprise, je suppose que vous êtes conscient comme moi qu’elle n’existe pas : c’est l’employeur qui décide de ce qui est ou non tolérable (je pense notamment à la tenue vestimentaire) en fonction des intérêts de l’entreprise (je peux imaginer une vendeuse en burqa, spécialement dédiée à certains acheteurs, dans une agence immobilière ; je serais très étonnée de trouver la même tenue sur une caissière de Carrefour). Outre les moyens de pression dont il dispose à l’intérieur de l’entreprise, il y a toujours moyen pour lui de justifier un licenciement individuel, dès l’instant qu’il connaît suffisamment les textes de loi, ou qu’il utilise les services d’un juriste.

09/02/2010 20:57 par Fethi GHARBI

Texte exquis !

Si je peux me permettre, dans ce débat autour du voile, la femme se trouve réduite à une simple métonymie : sa sexualité. Les uns s’attachent à la cacher, les autres s’évertuent à l’exhiber. Mais tous s’accordent à ne voir dans la femme qu’un objet.

Bien entendu, dans ce bras de fer, ce sont les puissants qui l’emportent en imposant leurs valeurs...marchandes.

Au milieu d’une jungle de non-valeurs, les opprimés se tournent vers leur patrimoine à la recherche d’un sens...d’une identité.

09/02/2010 21:35 par C Delarue

Cela fait plusieurs années qu’il y a ce débat.
Une conviction : si ce voile pouvait être porté librement, c’est à dire mis puis enlevé au gré du temps ou du désir de la personne il n’y aurait pas tout ce barnum , en tout cas chez les femmes.

10/02/2010 01:18 par Fethi GHARBI

Oui,Cela fait plusieurs années qu’il y a ce débat en France.
C’est ce qui fait l’originalité de ce pays...

Alain BADIOU l’a d’ailleurs souligné avec pertinence et humour.

Je pense que pour parler du statut de la femme dans le monde musulman, il est nécessaire d’abord d’embrasser ce monde dans sa complexité, ses nuances et ses motivations et non de tomber dans des dichotomies réductrices qui faussent la réalité en dressant un tableau manichéen.

10/02/2010 08:27 par Anonyme

A Fethi GHARBI,

Je ne peux vous cacher que je suis un peu agacée par votre commentaire : je suis une femme et je ne trouve rien d’exquis à ce que "la femme se trouve réduite à une simple métonymie : sa sexualité."
Je vous signale, car vous ne semblez pas l’avoir perçu, que "ce débat" ne se réduit pas à un débat entre hommes, et qu’en conséquence il ne peut se réduire à la réduction dont vous parlez ; plus exactement, s’il se réduit à ça pour les hommes, il a d’autres dimensions pour les femmes. Notamment celle d’une réflexion sur les conditions et méthodes de leur oppression. Si je pense que les femmes de "ni putes ni soumises" se trompent de stratégie en demandant une loi, je comprends leur erreur : il est vrai que celles qui acceptent leur oppression, constituent un obstacle à notre émancipation, a fortiori quand elles joignent leurs voix à celles de l’opresseur, voire quand elles en rajoutent. Reste à définir ce qui nous oppresse et contre quoi on doit lutter : est-ce le chiffon ou sont-ce ceux qui nous l’imposent ou nous l’interdisent. Est-ce contre le port de la burqa qu’il faut une loi, ou contre les violences faites aux femmes et l’idéologie qui les sous-tend et se traduit sous de multiples formes, dont votre commentaire est un petit exemple ?

10/02/2010 12:27 par Fethi GHARBI

Chère Anonyme,

Lorsque vous dites :

"...je suis une femme et je ne trouve rien d’exquis à ce que "la femme se trouve réduite à une simple métonymie : sa sexualité..."

soit vous êtes passée complètement à coté de mon commentaire, soit vous cultivez l’amalgame.

Ce que je trouve exquis c’est le style d’ Alain BADIOU. Ni ce cher philosophe ni moi ne réduisons la femme "à une simple métonymie : sa sexualité..." C’est tout le contraire !

Vous dites aussi :

"...il est vrai que celles qui acceptent leur oppression, constituent un obstacle à notre émancipation, a fortiori quand elles joignent leurs voix à celles de l’oppresseur..."

Là vous avez raison car l’idéologie lorsqu’elle imprègne une société, elle est défendue avec la même vigueur par l’oppresseur que par l’opprimé, mais cela vaut tout aussi bien pour la femme musulmane que pour la femme occidentale.

Ce que je trouve absurde ce sont des équivalence du genre,

Foulard = femme opprimée

Pas de foulard = femme émancipée

Avouez que les choses sont un peu plus complexes et un peu plus nuancées .

Ce qui est louche et dépourvu de sens est qu’un gouvernement de droite se soucie de l’émancipation de la femme arabo-musulmane !

Adhérer à cette cabale contre le foulard islamique (les soeurs chrétiennes ne sont pas concernées) c’est participer à cette campagne raciste où le foulard n’est au fait qu’une métonymie (encore une) du bougnoule.

Cette campagne n’a rien à voir avec l’émancipation de la femme !

10/02/2010 16:13 par Serge Charbonneau

Je suis complètement du même avis que cette dame qui n’ose signer son commentaire (bah ! l’anonymat m’irrite toujours. Je crois qu’il faut avoir le courage de ses idées et qu’il faut les dire sans crainte d’aucune sorte. C’est le moyen de maintenir dans notre société "démocratique", la démocratie qui nous reste. Si nous en venons à devoir dire nos opinions sous l’anonymat, nous indiquons ainsi que la liberté d’expression est bien relative. Mais, ce n’est que mon humble opinion et nous pourrions en débattre longuement. Je ne prétends que mon sentiment soit "absolument" "justifiable". Fermeture de la longue parenthèse).

Je disais donc que je suis totalement d’accord avec cette anonyme qui dit :

« "ce débat" ne se réduit pas à un débat entre hommes, et qu’en conséquence il ne peut se réduire à la réduction dont vous parlez… »

Oui, moi aussi, bien que je sois le mâle viril par excellence (sic), ça m’agace beaucoup de voir des Zommes débattre avec sagesse et distance de problèmes qui concernent vraiment les Femmes. Je crois que ce sont les Femmes qui doivent dire haut et fort comment elles voient, elles, la situation. Après tout, c’est de leur vie, de leur image, de leur corps et de leur cerveau (oui oui, elles en ont un) qu’il est question.

Leur cerveau, leurs émotions, leur vécu et leur Histoire.
Ce n’est pas rien, après tout. Moi-même, qui ne suit qu’un ridicule individu, je rage lorsque je vois quelqu’un qui parle en mon nom comme s’il savait ce qui me transporte.
Alors…

Tout ce débat foulardier est bien plus complexe qu’on ne l’aborde. Il y a des mouvances politiques et religieuses.

Cela touche le rationnel et l’insaisissable irrationnel. La religion, la croyance, mettre un voile pour suivre les directives d’un dieu qui n’a guère plus de légitimité que le Père-Noël !
Un débat explosif et parfois dangereux. Si je fustige ma O met je peux risquer ma vie ! Incroyable, mais vrai (pensons à Theo Van Gogh).

Le débat en fait c’est l’ingérence religieuse dans les affaires de l’État. Dans la vie publique.
Doit-on au nom du respect des croyances religieuses individuelles, faire des « exceptions » pour ces gens qui imposent en quelque sorte leur mode de vie à l’ensemble de la collectivité ?

Doit-on, au nom d’un dieu, faire marche arrière dans ces luttes féministes qui tentent d’acquérir ce respect d’égal à égal avec le mâle suprême ?

Je préfère écouter les réponses des Femmes. Je crois qu’elles sont mieux placées que nous les Zommes pour répondre à bien des questions.

C’est mon humble opinion.

Merci,

Serge Charbonneau
Québec

10/02/2010 18:08 par alexandre libr'

le problème avec la droite c’est qu’elle s’attaque toujours à des thèmes en se donnant l’image de lutter pour la liberté, les droits et l’identité, alors que beaucoup comprennent qu’elle attaque autre chose avec perversion. Et voilà , la gauche obligé à des argumentations compliqués et à défendre ce qu’elle n’imaginait pas défendre un jour. Le combat parait toujours perdu d’avance, tant d’énergie dépensées à faire le grand écart, pour rien. La droite oriente les débats et nous perdons le fil. Combien de temps encore, la guerre civile arrivera t elle avant la révolution ?

10/02/2010 20:06 par Fethi GHARBI

@ Serge Charbonneau

J’ai souvent apprécié vos articles mais l’ironie contenue dans ce commentaire me semble plutôt gratuitement méprisante à l’égard d’une culture qui bien que différente de la votre mérite qu’on la respecte au nom du droit à la différence.

"...un débat explosif et parfois dangereux. Si je fustige ma O met je peux risquer ma vie !..."

Nous ne pouvons qu’applaudir votre héroïsme !

"...Le débat en fait c’est l’ingérence religieuse dans les affaires de l’État. Dans la vie publique..."

Allons donc ! Elles sont aussi dangereuses que cela ces femmes à foulards !!! Certainement aussi dangereuses que la bombe atomique iranienne ou les armes de destruction massive de Saddam !!

"...Doit-on, au nom d’un dieu, faire marche arrière dans ces luttes féministes qui tentent d’acquérir ce respect d’égal à égal avec le mâle suprême ?..."

Bien sur que non, car dès qu’elle enlève son foulard la femme devient magiquement l’égale du mâle suprême ( je vous invite à jeter un coup d’oeil sur l’une des nombreuses études qui parlent de la situation de la femme en France !)

Il faut dire que malheureusement une grande partie de la gauche continue à ne voir dans les rapports de domination que l’aspect économique. On n’a souvent pas conscience que l’aspect épistémique est le plus insidieux et le plus coriace. Tant que l’occidental de droite aussi bien que celui de gauche se croiront l’origine et l’aboutissement de la connaissance et le modèle à suivre on ne pourra que désespérer de l’avenir.

10/02/2010 20:58 par Cunégonde

Je suis l’anonyme qui a rédigé les commentaires du 8/02-21H22, 9/02-9H04, 9/02-10H23, 9/02-14H25 et 10/02-8H27 ;

Je dois reconnaître que l’anonymat complet ne facilite pas le dialogue, j’ai donc décidé de m’appeler désormais, pour le GrandSoir, "Cunégonde".

Fethi GHARBI, peut maintenant vérifier que :

1) j’ai approuvé l’article de Mr Badiou

2) je n’adhère pas à la cabale contre le foulard islamique, ni même contre la burqa.

3) je n’établis pas d’équivalence entre

Foulard = femme opprimée

Pas de foulard = femme émancipée

4)j’établis une certaine équivalence entre le choix de porter la burqa et celui de porter une cornette. Je n’établis pas la même équivalence entre le port de la cornette et celui de la soutane ; il y en a une autre, mais ce n’est pas la même : je n’ai jamais entendu sur le passage d’un homme en soutane le genre de ricannements qu’il m’est arrivé d’entendre à propos des femmes en cornettes. C’est bizarre, non ?

Je voudrais par ailleurs rappeler pourquoi s’est formé le groupe ni putes ni soumises, dont j’ai dit plus haut que je n’approuve pas la position concernant le voile ou la burqa, mais que je la comprends : il s’est formé parce que ses membres n’acceptaient plus d’avoir à choisir, dans les quartiers où elles vivaient, entre le voile ou des agressions répétées, agressions sexuelles qui sont à la fois la négation de notre sexualité et de notre identité, agressions violentes, agressions mortelles parfois, telle que se faire jeter dans une poubelle et brûler vive.

Je remercie Serge Charbonneau de son soutien.

Pourrait-il me rendre encore un petit service et assurer le modérateur du GrandSoir (dont je plains la solitude) que je ne suis pas un troll ? J’ai, en effet, eu la douleur, ce soir, de constater qu’une petite remarque, bien anodine, que j’avais adressée ce matin à Fidel Castro a été censurée.

Mon blasphème était le suivant : citant le début de l’article de Fidel :"A l’école, l’histoire me plaisait, comme elle plaît à quasiment tous les jeunes garçons.", j’ai commenté par : "Pas aux filles ? Elles ne s’intéressent qu’aux chiffons, à Cuba aussi ?"
Je reconnais que c’était impertinent ; mais je pensais que le grand soir on aurait le droit de plaisanter.

10/02/2010 23:46 par legrandsoir

J’ai, en effet, eu la douleur, ce soir, de constater qu’une petite remarque, bien anodine, que j’avais adressée ce matin à Fidel Castro a été censurée.

Vous m’en voyez fort marri, car de tel commentaire je n’en ai censuré point. Une erreur de manip’ sans doute. Mais voici l’injustice réparée et la petite pique envoyée.

Mais de grace, ne parlons pas de censure, mais plutot de "non approbation", surtout en ce qui concerne (ils se reconnaitront)

- abedul : vous aviez certes des choses à dire, mais vos propos à l’égard de l’auteur ont été jugés intolérables.

- stelios : "bla, bla, bla" et la suite ne sont pas des commentaires. Et on ne parle pas de "Chomskistes" sans avoir lu plus précisémment Chomsky, sinon vous n’auriez pas dit autant de bétises sur "Chomsky et la démocratie".

Et aux sionistes, réacs, prosélytes & vecteurs des clichés habituels, il est rappelé que le courrier des lecteurs du Figaro est fait pour vous, mais oui.

Voilà . Le modérateur du GS dit : j’existe. Et qu’il vient de voir un superbe concert de Richard Hawley.

10/02/2010 23:14 par eric faget

Pfoui, lala, et ben voilà encore une histoire qu’elle est pas simple... et si on demandait l’avis des femmes qui portent, contraintes ou non, le signe ostentatoire d’une secte musulmane. Que je sache toutes les musulmanes ne portent pas la burqa ou le voile mais restent des coreligionnaires de Mohammed VI, de Ben Laden, de Cheb Hasni, De Fethi, ou de Cheikha Rimitti. Il y a une chose que je ne comprends pas : c’est cette propension que tous nous avons d’émettre des avis sur des choses que nous ne vivons pas. Les excès existent dans tout les sens et je rejoins assez un article que j’ai lu dans la décroissance sur le port du voile et de la burqa. Si une personne, ici en l’occurrence une femme, choisit de son plein grès de porter un signe ostentatoire, elle signifie son appartenance à un groupe défini que ce soit le tchador ou la mini jupe, le costard ou le cuir. C’est tribal, en quelque sorte. Si elle choisit de ne plus accepter le regard des hommes sur son visage ou son corps je la comprends. Nous les hommes sommes si légers, fins et subtils quand nous voyons passer une femme un tant soit peu accorte. Le regard lourd et la langue pendante, les commentaires subtils sur la chute de reins ou la devanture plus ou moins garnie. Je ne doute pas qu’aucun des mâles qui,comme moi,sur ce site, se permettent un commentaire puisse avoir eu le moindre comportement d’animal en rut en présence d’une femme. Le voile a une histoire et un sens bien plus profond que le triste débat qui parsème aujourd’hui la réflexion sur l’identité nazionale. Le désert n’est pas un lieu vide d’hommes et en ce lieu même les hommes portent le voile.

La question qui, à mon sens sous tend le débat sur le voile c’est celle de l’acceptation, au sein d’une république dite laïque(en fait judeo-romano-germano-crétine), de citoyens musulmans et de leurs coutumes…

Hé ben c’est pas gagné

eric faget clown à voile sans vapeur.

11/02/2010 09:30 par Serge Charbonneau

@ Fethi GHARBI

Mon cher ami, vous confondez ingérence religieuse dans les affaires de l’État avec LA femme portant un foulard.

« Elles sont aussi dangereuses que cela ces femmes à foulards !!! »

Voyons, mon ami, les Femmes à foulard n’ont rien de dangereux. Ce sont les lois religieuses qui l’obligent à porter son foulard qui le sont.

L’ingérence religieuse ne concerne pas que ce maudit foulard. Il concerne aussi ce maudit crucifix, vous savez il y a longtemps, c’était les catholiques qui "capotaient". Les buchers flambaient régulièrement et on faisait la chasse aux hérétiques (fatwa catholique).

Vous savez, il n’y a pas que le maudit foulard, il y a aussi la kippa et les couettes qui ne sont pas bienvenues dans les affaires de l’État.

Vous avez une fixation sur ce maudit foulard, mon ami. Ici, au Québec, on parle du maudit crucifix qui est encore accroché dans notre parlement. Il serait grand temps de le ranger au musée.

Et pour le foulard, vous mon cher ami, en quoi vous plait-il ?
Est-ce que c’est vous qui le portez, ce maudit foulard ?

Je dis maudit foulard, comme je dis maudit crucifix, maudite kippa ou maudit kirpan.
Voyez-vous, la spiritualité est individuelle et elle ne doit pas s’imposer à la collectivité.

La laïcité dans l’État est un dénominateur commun qui peut unir les différentes croyances. Sans quoi nous nous dirigeons vers le communautarisme.

Vous savez, le communautarisme, voyez ce clip de 70 secondes qui l’illustre assez bien.

Le communautarisme, c’est quoi ?
http://www.dailymotion.com/video/xthze_le-communautarisme-cest-quoiy_news

Ce qui m’a irrité dans le texte d’Alain Badiou c’est un peu la même chose que dans vos propos. Vous parlez de la Femme. Moi, je préfère l’écouter, avec ou sans voile.

Pour le procès de l’islam, c’est une autre chose. Il y a bien des points qu’on pourrait soulever un à un.

Salutations amicales,

Serge Charbonneau
Québec

11/02/2010 12:25 par Cunégonde

Au modérateur du GrandSoir,

"Et aux sionistes, réacs, prosélytes & vecteurs des clichés habituels, il est rappelé que le courrier des lecteurs du Figaro est fait pour vous, mais oui."

Vous devriez lire plus souvent les commentaires du figaro : vous seriez surpris ; parmi les médias dits vendus, c’est celui qui me semble le moins fréquenté par les trolls. Si les articles touchant les atteintes à la (relativement petite) propriété privée y déchaînent les passions les plus réactionnaires, ce sont des réactions bien de chez nous. Par contre le contenu des commentaires d’articles concernant le moyen orient ou Chavez est extrêmement varié.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître à ceux qui ont atteint un certain âge, Le Figaro est bien plus respectueux de ses lecteurs que le Monde : outre qu’il n’a jamais caché sa couleur politique, quand il publie des dépêches de l’AFP, c’est dans leur intégralité et sans les modifier ; c’est comme ça que, moi qui ne suis pas journaliste et n’ai pas un accès direct à ces dépêches, j’ai pu constater à maintes reprises que Le Monde ne se gêne pas pour les tronquer, voire les falsifier.

Je vous propose de le vérifier sous les articles suivants, qui sont cependant loin d’être aussi représentatifs que je le voudrais de ce que j’avance : j’ai vu il y a peu une dépêche sur l’Iran, à propos de laquelle les critiques de la politique occidentale et/ou de l’article étaient beaucoup plus nombreuses que les commentaires renchérissant sur le danger iranien.

http://www.lefigaro.fr/international/2010/02/11/01003-20100211ARTFIG00380-les-provinces-iraniennes-gagnees-par-la-vague-verte-.php

http://www.lefigaro.fr/international/2010/01/02/01003-20100102ARTFIG00140-le-regime-iranien-face-a-une-opposition-sans-tete-.php

11/02/2010 13:14 par legrandsoir

Vous avez raison en fait... Notamment sur les questions internationales, le Figaro est resté un quotidien "professionnel". Idem pour le quotidien économique les Echos... Celui qui a un minimum d’expérience dans l’international ne peut plus prendre au sérieux ni Le Monde, ni Libération.

11/02/2010 14:52 par Fethi GHARBI

@ eric faget

"...mais restent des coreligionnaires de Mohammed VI, de Ben Laden, de Cheb Hasni, De Fethi, ou de Cheikha Rimitti..."

Merci de me mettre sur un tel piédestal, je ne me croyais pas aussi important !!

Mais trêve de plaisanterie, si je défends le voile c’est pour me dresser contre un racisme qui se voile. Tu le sais pertinemment.

11/02/2010 16:33 par Cunégonde

A Fethi GHARBI

,"Mais trêve de plaisanterie, si je défends le voile c’est pour me dresser contre un racisme qui se voile. "

Il n’y a pas que le racisme qui se voile, semble-t-il !
Mais trêve de plaisanterie, comme vous dites, le rejet du voile ne relève pas seulement d’un racisme qui se voile : s’il y a lieu de s’opposer à son instrumentalisation par les racistes, il y a également lieu de constater qu’il n’y a pas que les racistes qui s’opposent au port du voile et d’essayer de comprendre pourquoi.

Les militantes de ni putes ni soumises ne sont nullement racistes ; je ne sais pas quelle est la composition actuelle du mouvement, mais à l’origine il était majoritairement constitué de jeunes femmes d’origine maghrébine.

Par ailleurs, on peut être opposé à ce qu’une loi interdise le port du voile (et sanctionne celles qui le portent), sans défendre pour autant le voile. Ceux sont deux positions idéologiquement très différentes.

11/02/2010 17:25 par Fethi GHARBI

@ Cunégonde

Oui, mais critiquer le port du voile dans l’actuel contexte social et politique de la France de Sarkosy vous conduit inéluctablement et bien malgré vous à soutenir la haine raciste de l’extrême droite.

Bien à vous

11/02/2010 18:39 par Cunégonde

Je ne critique pas le port du voile : je dis que ce n’est pas à l’Etat de décider de la tenue des femmes, encore moins de la sanctionner. Vous ne savez pas lire ?
Je dis aussi que je comprends la position des femmes de ni putes ni soumises ; ce qui ne semble pas être votre cas. Je dis qu’elles ont aussi le droit de s’exprimer et de choisir leur tenue vestimentaire sans se faire agresser, autant que celles qui expriment leur choix religieux par le port d’un foulard ou d’une burqa. Comme vous ne semblez pas avoir bien lu mes commentaires précédents, je vous rappelle que j’ai écrit à plusieurs reprises que je ne soutiens pas leur position pour autant : je pense qu’elle constitue une erreur stratégique.

Il y a cependant un cas dont nous n’avons pas encore parlé, où j’estime que les choix religieux n’ont pas à s’exprimer : dans le cadre de l’exercice de fonctions publiques. Mais il n’est pas nécessaire de promulguer une loi pour ça, elle existe déjà . J’estime par contre que la loi de 2004 sur le port du voile à l’école, par des élèves, devrait être abrogée. Mais ce n’est pas l’avis, par exemple des militantes de ni putes ni soumises, et j’estime que leur point de vue a sa place dans le débat autant que le mien, et autant que le vôtre. Ce n’est pas un point de vue raciste, il n’est donc pas condamnable à mes yeux.
Un point de vue sexiste équivaut strictement pour moi à un point de vue raciste.

11/02/2010 19:09 par alexandre libr'

En fait, il ne faudrait donc pas soutenir le port du voile, ni être contre tant que Sarko dévie le débat, mais affirmer que nous peuples humanistes qui occupons une région côtière proche de l’océan atlantique (oui, parce que : France, c’est un peu rétro réact quand même) sommes contre la politique antisémite (oups pardon, ça c’est 1933 !), donc, anti-musulmane de Sarkozy et de ceux pour qui ils travaillent. Avant d’être pour ou contre le voile, nous sommes d’abord contre, et c’est la priorité, le capitalisme et ses vices, et nous ne dévirons pas de ce combat.

12/02/2010 01:16 par eric faget

@ fethi,
je ne te met pas sur un piédestal mais si j’avais parlé de mon pote ... qui taille la vigne depuis 30 ans ou du boucher hallal chez qui je prend le mouton parce que, premièrement, il est tué selon certains rites que j’approuve et, secondement, la viande y est meilleure qu’ailleurs l’exemple aurait peut être été dur à intégrer. De plus, Ben Laden ne fait pas seulement dans la marque d’electro-ménager, cheikha Rimitti a une réputation plutôt sulfureuse et Cheb Hasni a plutôt mal fini. Tu remarqueras, ici, que je ne parle pas de Mohamed VI de peur de faire un crime de lèse ta majesté au placard. Quand à toi, n’ayant pas le plaisir de te connaitre autrement qu’au travers de tes écrits, je ne peux rien dire de ton caractère ou de tes actes juste penser que tu es genre morback tenace et toujours mal placé pour les empêcheurs de penser en clair et sans décodeur.Quand à ton approche du racisme voilé je trouve l’expression intéressante et non dénuée de multiples sens. En France, il n’y a pas de racisme voilé, seulement une politique intelligente de gestion des flux, non je déconne.Que ceux qui n’ont jamais été en garde à vue avec un maghrébin lui jette la première pierre, non la septième ou la huitième parce que c’est comme ça que ça se passe. Mohamed, il est en bas dans la cellule pourrie et Dupont en haut, menotté au radiateur.Quand l’un lit les annuaires avec sa tête, l’autre la lave dans la baignoire. Ce n’est pas juste un racisme inter-ethnique, c’est un racisme inter classe et comme, en général, les enfants de la troisième ou quatrième génération font parties de la mauvaise classe, ils subissent la triple peine : celle d’appartenir à la famille des pauvres , celle d’appartenir à la tribu de Mohamed et celle d’être en cellule.
Bon c’est pas tout ça mais demain y fait jour et la nuit est tardive quand même et faut que j’écrive à Taser

eric faget clown populaire, à la limite poujadiste

12/02/2010 13:19 par Victor

Cher Alain Badiou,
Merci pour votre article...quoiqu’il en soit, car il faut s’opposer à la barbarie...
Ce qui va suivre n’enlève rien à votre posture d’ensemble (qui est indispensable, comme bien d’autres,) en ces temps
de sauvagerie mais je voudrais, tant à l’occasion de cet article qu’au regard de votre attitude générale, vous dire ceci qui n’est pas spécialement "mon" opinion mais plutôt le fait que vos interventions sont celles d’un "intellectuel" adressées à qui ? Pas à moi, homme du peuple qui lit tout juste ma feuille d’impôts, mais plutôt à une catégorie dont je suis exclu par le seul langage que vous utilisez....S’il vous plais, posez votre chapeau haut- de- forme...

Monsieur Alain Badiou, vous faites appel à la souffrance et la misère qui sont l’objet des mesures actuelles de l’Etat français ainsi que de la soit-disante Europe contre
les pauvres pour leur ôter toute l’idée de se révolter,
mais, cette misère-là , la connaissez-vous ? Je ne veux pas dire que, n’étant pas issu de ce monde, vous n’en n’auriez pas connaissance....P. Bourdieu lui-même qui est à l’origine d’un rapport de "La misère du monde", plus averti que vous parce que sociologue (donc statisticien), en avait une meilleure approche, semble-t-il,mais utilisait devant les exploités (syndicats, jeunes des lycées...) un langage encore "intellectuel"...Je ne parle pas de ses ouvrages d’édition...!
Monsieur Alain Badiou, votre chapeau haut-de-forme tient au fait que vous êtes un "protégé" du système (bien qu’hérétique vous puissiez être)et que votre position ne peut être qu’intellectuelle...c’est à dire querelleuse sur les idées de capitalismes et de contre-capitalisme....
Que des "ismes"...dont il convient de se méfier comme de la peste, vu l’Histoire et vu le bon-sens.

Monsieur Badiou, pourquoi avez-vous besoin de vous gargariser de références dont ceux qui sont victimes au premier rang n’ont rien à faire ainsi que d’un langage que seul vos amis trouvent subtil et recherché ? Vous pourriez vous éviter ces méfaits qui vous discréditent
au-près des gens de mon extraction basse.

Monsieur Alain Badiou, si vous étiez mon prof de philo, je vous aurais dit ceci et si vous étiez membre d’une association alternative aussi...Car les partis politiques...Merci...cela étant dû au fait qu’il s’agit de professions entretenant un système menteur voire
pervers.

Monsieur Alain Badiou, s’il vous plait, ne gâchez pas vos aptitudes "intellectuelles"" en pirouettes qui ne valent (pardon pour le jugement apparent) pas plus que celles d’un BHL ou d’un Finkielkraut qui sont d’une bordée adverse mais entendue par leurs fans...
Derrière la loi foulardière, la peur
NB/Il n’est pas nécessaire de parler verlan ni mal.

Meilleures salutations et au plaisir, toujours de vous lire...

André jean ROBERT dit VICTOR <victorsculptures.blogspot.com>

13/02/2010 16:24 par Anonyme

J’aimerais comprendre en quoi le fait de critiquer le voile rend-t-il raciste ? Le voile est un instrument de soumission de la femme, que cela plaise à tous ces défenseurs ou pas. Celles qui pensent l’avoir librement choisi ne s’interrogent pas vraiment sur la véritable signification qu’il revêt, bien souvent c’est sous l’effet d’une pression sociale, d’une quête spirituelle inachevée ou encore d’un coup de provocation qu’elles le mettent.

Elles disent l’avoir mis librement, j’aimerais bien y croire mais le hic c’est qu’il est érigé en "obligation religieuse". Quelle place laisse-t-il au choix de la femme lorsque refuser de le mettre revient à ne pas se plier à une obligation dite divine ? C’est par un tour de passe-passe que ce voile est devenue une "obligation divine", en réalité il a pour fondement un "consensus" des savants. Qui est à l’origine de ce consensus ? Qui sont les savants qui ont donné leur avis ? Que fait-on des avis contraires ? Ah mais c’est vrai, selon le charmant Tariq Ramadan, toute interprétation contraire au consensus n’est que l’oeuvre du colonialisme...

Mais regardons de plus près en quoi consiste ce choix dit libre et éclairé :

- Si la femme refuse de le mettre tout en admettant son caractère obligatoire : elle est sujette à des remords et à la culpabilité d’enfreindre une règle religieuse sachant que toutes sortes de supplices l’attendent en enfer selon les textes. ;
- Si la femme refuse de le mettre alors qu’elle vit dans un environnement marqué par la religion, on lui fera remarquer qu’il est temps pour elle de s’habiller parce qu’elle est nue et pour avoir la paix, elle se pliera à la loi du groupe ;
- Si la femme le met, elle n’est cependant pas certaine d’échapper aux affres de l’enfer, car selon la tradition les femmes sont majoritaires en enfer. Elle risque donc de pousser encore plus loin la règle jusqu’à aboutir à des accoutrements du style niqab et sitar.

Dans toutes ces situations, je ne vois ni de près ni de loin l’expression d’un véritable choix : soit elle refuse et s’expose à l’enfer et vivre avec le remords et la pression sociale, soit elle accepte et pousse encore plus loin la bigoterie.

Maintenant quelle est la signification de ce voile ? Dans l’imaginaire des religions, car il faut bien admettre qu’elles se rejoignent, la femme est LA tentatrice qui est responsable de l’égarement de l’homme et qui le détourne de son unique but dans la vie : adoration de son créateur. Alors que fait-on, on la fait disparaître de l’espace public, comme ça plus de tentation ! Seulement y a un souci lorsque ces mêmes femmes veulent investir l’espace public dans un pays sécularisé qui a une histoire assez particulière avec la religion. Ce n’est plus un instrument religieux mais politique qui marque une présence, voire une provocation. C’est plus un instrument de différenciation sociale qu’un simple commandement religieux.

Les hommes s’en servent pour faire passer un message aux non-musulmans "le ventre de nos femmes nous appartient". Lorsqu’on a compris cela, il n’y a plus besoin de chercher plus loin. Le voile a pour objectif l’endogamie, seul rempart contre l’intégration à la communauté nationale et la dissolution des identités d’origine. Il est donc appropriation du corps de la femme, marqueur identitaire, facteur de communauratisme et surtout baromètre des islamistes. Pour toutes ces raisons, il doit être ramené à l’espace qu’il n’aurait jamais dû quitter, à savoir, l’espace privé.

14/02/2010 09:22 par alexandre libr'

dernier anonyme, as tu lu l’article et ce commentaire de Fethi Gharbi ?

« Ce qui est louche et dépourvu de sens est qu’un gouvernement de droite se soucie de l’émancipation de la femme arabo-musulmane !

Adhérer à cette cabale contre le foulard islamique (les soeurs chrétiennes ne sont pas concernées) c’est participer à cette campagne raciste où le foulard n’est au fait qu’une métonymie (encore une) du bougnoule.

Cette campagne n’a rien à voir avec l’émancipation de la femme ! »

Tu as peut être raison dans tes commentaires, cela reste à voir, tu veux peut être libérer les autres de forces (???)

En tout cas ce n’est pas prioritaire, ce qui est prioritaire c’est de lutter contre la division de la société orchestré par les capitalistes et leur employé temporaire Sarkozy. Avant d’être athées ou pratiquants de religions temporaires, nous sommes avant tout des classes dominées.

14/02/2010 18:06 par Anonyme

@ Alexandre

Vous en voyez beaucoup des soeurs chrétiennes dans les rues qui veulent investir tout l’espace public ? Les religieuses chrétiennes sont en grande majorité "dévoilées" ou ayant réduit au minimum ce voile lorsqu’elles ont une activité sociale. Les autres vivent recluses, vous ne les verrez jamais sur une liste électorale. D’ailleurs, parlons de leur choix, vous devez savoir qu’une religieuse doit confirmer à plusieurs reprises son choix de vie avant qu’il ne devienne définitif.

Vous ne pouvez pas comparer l’incomparable. Dans l’islam, une fois que la femme porte ce voile, elle n’a aucune possiblité de s’en séparer à moins de se faire rejeter par son entourage. L’entrée est très facile, en revanche, la sortie est interdite et si vous insistez alors c’est à vos risques et périls...

Ce sont deux situations totalement différentes. Le christianisme n’impose pas à toutes les femmes le voile. Etre religieuse est une vocation, du moins maintenant, car autrefois c’était autre chose. Il n’y a aucune pression communautaire sur la femme pour lui imposer ce statut, c’est bien souvent contre la volonté de la famille que cela se fait, puisque cela signifie une absence de descendance et une quasi-rupture familiale.

Si nous avons un ennemi commun, cela ne signifie pas que l’on doit pactiser avec le "diable". Qu’est donc devenu le combat des algériennes contre le colonialisme français ? Rien, un code de la famille infantilisant et humiliant pour les femmes. Pensez un peu aux conséquences avant de serrer la main à n’importe qui, l’ennemi de mon ennemi n’est pas mon ami...

S’il y a du boulot à faire pour libérer la femme, toutes les femmes occidentales, africaines ou autres, de l’emprise du pouvoir patriarcal, on ne peut pas s’allier à n’importe qui. Vous n’êtes pas crédible dans votre rôle de "militant" à essayer de défendre des "opprimés", en oubliant que ces mêmes "opprimés" oppriment eux aussi à leur tour les catégories les plus fragiles de leur milieu ou de leur société. Bref, c’est un combat entre hommes et rien d’autres, les femmes sont spectatrices de cette lutte de pouvoir, mais le problème c’est qu’elles sont un enjeu de pouvoir. Je suis pour une troisième voie pour les femmes, il est temps d’arrêter de vouloir chercher des alliés chez tous ces mysogynes, la liberté ne tombe pas du ciel, elle s’acquiert et certainement pas avec un voile sur la tête qui fait de la femme un objet sexuel ambulant ou un talon aiguille. La différence entre les deux, c’est que dans un cas, on peut l’enlever mais dans l’autre c’est plus risqué puisqu’il c’est dieu qui l’aurait imposé (enfin une interprétation douteuse). De plus, l’âge se chargera de faire passer les femmes à quelque chose de moins clinquant, mais rien ne change pour les autres, elles sont figées dans leur statut de "tentatrice".

Dans un message un intervenant a fait une équation qu’il n’a visiblement pas très bien comprise :

une femme voilée = femme non émancipée, car insuceptible de choisir librement son conjoint, puisqu’il doit être "musulman", et insusceptible d’évoluer vers autre chose, puisqu’elle est "marquée" comme musulmane. Si son cheminement spirituel qui l’avait amené vers l’islam la conduit vers autre chose, elle ne peut pas enlever ce voile, du moins tant qu’elle vit dans un environnement musulman inquisiteur.

femme non voilée = femme qui n’est pas enfermée dans un "statut", elle peut encore évoluer vers autre chose. Si aujourd’hui, elle est femme-objet, elle peut troquer ce rôle pour autre chose. De plus, elle a le choix de son conjoint, du moins en théorie, parce qu’il y a d’autres facteurs qui rentrent en compte.

L’émancipation se trouve dans la possibilité d’évolution. Si les femmes décident de conserver leur statut de femmes-objets, c’est leur affaire, mais elles doivent avoir le choix. On ne libère personne contre son gré, là -dessus je suis plus que d’accord, la liberté est un cadeau et aussi un fardeau que beaucoup ne peuvent pas supporter. La lutte pour la liberté doit se cantonner à protéger cette liberté de choix et la possibilité d’évoluer vers autre chose. Lorsqu’on a une gamine à 14 ans qu’on cupabilise parce qu’elle ira en enfer si elle ne porte pas le voile, ne me dites pas que vous lui rendrez service en ne protégeant pas sa liberté de choix. Elle vous dira qu’elle a choisi, mais oui on pense toujours avoir tout choisi à cet âge, mais que vaut le choix d’une gamine de 14 ans qui l’engage à vie ? Vous ignorez toute la pression que subissent les adolescentes dans les mosquées qui, sous couvert de cours d’arabe et de religion, sont manipulées à la vue et au su de tous. La loi de 2004 aura au moins le mérite de laisser à ses filles la possibilité de reconsidérer leur situation, même si sous la pression communautaire, nous savons la suite.

17/02/2010 18:55 par Serge Charbonneau

Le mépris (réponse à Alain Badiou)

par Françoise Duroux, Michèle Sinapi

écrit par Françoise Duroux, maître de conférences à l’université de Paris VIII, et Michèle Sinapi, ex-CIPh, avec Brigitte Bardet-Allal, professeur de lettres, Maria-Letizia Cravetto, écrivain, MSH, Irène Foyentin, psychanalyste, Laurence Gavarini, maître de conférences à l’université de Paris VIII, Josiane Martini, administrative, ParisVIII, Anna-Maria Merlo-Poli, journaliste, Michèle Riot-Sarcey, professeur à l’université de Paris VIII, Martine Roman, administrative, Paris VIII, Fatima Zenati, administrative, Paris VIII.

Dans Le Monde du dimanche 22/lundi 23 février 2004, on pouvait lire 32 thèses, signées Alain Badiou, philosophe de renommée internationale : "Derrière la Loi foulardière, la peur".

Sans doute a-t-on les soldats-philosophes que l’on mérite, pour accabler une France peureuse - certains disaient autrefois "frileuse" - celle que ne balaie pas le grand vent révolutionnaire, à la Pol Pot par exemple.

C’est bien au nom de cette nostalgie, revêtue des habits de l’ontologie, qu’ Alain Badiou affirme l’irradiante existence d’un universel de toute pureté. Et c’est au nom de cet universel que place est donnée aux femmes. Et quelle place !

A coup de subreptions, de pseudo-concepts, d’affirmations légères lestées d’allusions théoriques propres à impressionner le vulgaire, et charpentées par une gauloiserie et une misogynie solide, ses thèses témoignent en tout cas d’un mépris insigne pour les problèmes posés, soit par ignorance, soit par une désinvolture qui frise l’indécence.

Déroulons donc l’axiomatique érotico-ontologique de Monsieur Badiou.

La suite…

A lire

http://www.manifeste.org/article.php3?id_article=29

Serge Charbonneau
Québec

01/11/2011 14:34 par S

voici une démolition en règle du texte de Badiou : http://www.manifeste.org/article.php3?id_article=29

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