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Débat Mélenchon- Cahuzac :

Tout était bien plus grand que lui !

Personne au PS ne voulait affronter JL Mélenchon. Le risque était grand de se faire écharper. Le PS savait que face au stratège qu’est JL Mélenchon, à son talent de débatteur, et confronté aux idées fortes et aux choix politiques clairs qu’il défend, son prêche social-libéral était voué à l’échec. La seule chose à faire était d’abaisser coûte que coûte le niveau du débat. Alors, vicieux, le PS a désigné un sous-fifre, le comptable J. Cahuzac, ministre actuel du budget. Le but pour le PS était de gêner le discours de Mélenchon en lui balançant de manière méprisante et définitive, des chiffres dont personne ne pouvait mesurer la réalité mais qui pouvaient faire illusion sur l’instant. C’est comme si on demandait à un comptable de discuter des orientations stratégiques d’une entreprise avec son PDG et qu’il lui balance des lignes de comptes avec deux chiffres derrière la virgule pour prouver qu’il en connait un rayon. C’est évidemment une grosse blague mais le piège était tendu. Tout au long du débat, Cahuzac s’y est employé avec la servilité d’un technocrate et la rouerie d’un vieux politicard libéral. Jl Mélenchon s’y est un peu empêtré, cherchant à juste titre à élever le niveau du débat. Il a donc eu tort d’emblée de vouloir le traiter aimablement. Il a eu tort aussi de balayer d’un revers de parole, le tweet d’un téléspectateur qui affirmait que Cahuzac était opposé à la vraie gauche. En considérant que son interlocuteur était aussi de gauche, il a permis au chirurgien chef de clinique Cahuzac, de jubiler en se gaussant du label de gauche que lui concédait son adversaire. La suite du débat a prouvé le contraire.

Sur le fond, Cahuzac a montré son vrai visage : un homme arrogant, libéral affirmé, opposé à la lutte des classes, au service du capital, sans génie et susceptible. Plus personne ne le croit socialiste. Cahuzac est authentiquement social-libéral. Est-ce toujours la gauche Jean-Luc ? J’espère qu’il n’a trompé personne. Velléitaire, il n’a cessé d’opposer à la volonté farouche de changement de Mélenchon, son immobilisme fataliste, sa résignation pour ne pas dire son renoncement à combattre la finance prédatrice, sa soumission coupable aux institutions européennes. Tout était plus grand que lui, bien trop grand pour lui ! Alors il courbe l’échine, s’estime impuissant devant la montagne à gravir et se satisfait du pire : une France faible dont il ne tient plus les rênes. Terrible aveu !

Malgré les saillies provocatrices et l’invraisemblable suffisance de Cahuzac, je salue la prestation de JL Mélenchon. Il est apparu très combatif face à la guerre que mène la haute finance contre les peuples, sincère dans ses convictions de classe, sérieux dans sa nouvelle politique fiscale et budgétaire, à la hauteur des enjeux et des défis aussi bien nationaux qu’européens et mondiaux. Avec le Front de Gauche, JL Mélenchon fait à nouveau la démonstration qu’avec un programme solide et des hommes décidés, une alternative à l’austérité est non seulement possible mais nécessaire. Bravo M. Mélenchon !

Enfin, en guise de conclusion, je lui adresse un clin d’oeil. Voici la "morale" que je tire de ce débat : N’offrons jamais de chaussures trop grandes à une petite pointure, elle en profitera toujours pour vous écraser le pied.

Michel Taupin

COMMENTAIRES  

09/01/2013 16:35 par leon et paulette

> j’ai mis en ligne votre billet (en le sourçant) sur mon blog leonetpaulette.fr http://xn--lonetpaulette-bhb.fr/

> il est paru le 9 janvier 2013 sur agoravox (http://www.agoravox.fr/)
et a été indexé sur google actu.(https://news.google.fr/)

bonne journée Michel Taupin et merci

Léon

09/01/2013 16:54 par totofina

Pour une fois, Mélenchon s’est fait clouer le bec, trop sur de lui comme d’habitude, il est tombé sur un Cahuzac maître de ses nerfs et particulièrement offensif.
La démagogie de Mélenchon est apparue au grand jour et ses envolées lyriques ont sombré dans la dérision.

09/01/2013 17:11 par legrandsoir

Il reste encore des places au PS ?

09/01/2013 17:45 par efx

pas sur que le recrutement du PS soit actuellement fameux, Toto tu pourrais nous informer STP. Un grand merci.

09/01/2013 20:23 par Maxime Vivas

Je crois plutôt que Cahuzac s’est grillé par son air, son ton, son arrogance et surtout en faisant l’aveu qu’un ministre socialiste ne croit pas à la lutte des classes. Cela va rester.

09/01/2013 20:42 par Dwaabala

Théophraste R. a dit :

Si vous avez des connaissances au PS, faites circuler. Leurs remarques seront bienvenues ici.

legrandsoir répond :

Il reste encore des places au PS ?

Cette manière pateline d’accueillir pour ensuite recruter est d’un habile prosélytisme.

En tout cas des PS qui veulent des places il en reste sûrement !

09/01/2013 20:46 par Dwaabala

à Maxime Vivas

un ministre socialiste ne croit pas à la lutte des classes. Cela va rester.

En tout cas il faudra tout faire pour cela.

09/01/2013 22:04 par Quidam

Moi je trouve que l’on est cruel avec ce bon Jérome Cahusac, comment s’étonner qu’un « social-libéral » autoproclamé récuse la lutte des classes ? Que dirait-on d’un contribuable de l’ISF résidant dans un grand appartement d’un million d’euros de la très chic avenue de Breteuil à Paris, dirigeant et propriétaire d’une très lucrative selon ses propres dires entreprise de conseil, et avec son épouse d’une clinique de chirurgie esthétique - si l’on en croit Médiapart - qui se déclarerait marxiste-léniniste ? Il a de l’humour de plus cet homme de se féliciter en s’en amusant qu’un Jean-luc Mélenchon classe le « social-libéralisme » à gauche, non ?

10/01/2013 00:24 par lapindebois

Malheureusement, Mélenchon persiste dans la même erreur qui consiste à se placer à la gauche du PS. En admettant que Cahuzac est de gauche comme lui, il lui a apporté sur un plateau le rôle du technicien raisonnable face à l’énervé gauchiste - clown blanc contre clown rouge, si on veut.
Il y aurait donc une gauche réaliste d’un côté et une gauche utopiste de l’autre, qui proviendraient pourtant d’une même famille et partageraient au fond les mêmes objectifs.
Laisser penser cela, c’est se condamner pour toujours à un rôle de témoignage, celui du brave gars qui rameute les troupes au 1er tour puis appelle à voter pour l’autre au 2e.
Il serait plus que temps de montrer que l’ennemi à abattre est le libéralisme, et que le PS est définitivement (et incurablement) libéral, atlantiste et européiste.
Or pour Mélenchon, la priorité est toujours de "battre la droite" ou "battre l’extrême-droite", et ensuite on essaie de discuter avec la gauche pour voir si des fois y’aurait pas moyen d’empêcher deux-trois licenciements (Non ? Ah bon, ben tant pis, on va faire les gros yeux jusqu’à la prochaine élection).

10/01/2013 00:58 par legrandsoir

@ dwaabala

La question "il reste des places" était très ironique...

10/01/2013 14:29 par Prismo Esse

Excellente analyse.

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