Crédit Mutuel Arkea : le " sponsoring " pour se racheter une conduite

Thomas PARFAIT

Depuis toujours, le sponsoring est une manière de se faire connaître du grand public. Et celui-ci est de plus en plus utilisé comme un outil destiné à balayer les agissements critiquables d’une entreprise. La banque Crédit Mutuel Arkéa en est un exemple criant.

Après le greenwashing et le pinkwashing, le « sportswashing » serait-il en train de s’imposer comme la nouvelle pratique favorite des entreprises désireuses de se racheter une conduite aux yeux du public ? Si le sponsoring, ou l’art d’accoler sa marque à une équipe ou un sportif en vogue, est depuis longtemps entré dans les mœurs, certaines sociétés n’hésitent pas à y recourir de manière massive.

Au risque, comme la banque Crédit Mutuel Arkéa, dont la direction est par ailleurs engagée dans un conflit avec sa maison-mère, le Crédit Mutuel, dont elle souhaite se séparer, d’allègrement — et opportunément — confondre campagne de communication et opération de diversion, de manipulation, voire de dissimulation d’information auprès des premiers concernés : ses clients, ou « sociétaires », dans le jargon mutualiste.

Arkéa multiplie les opérations de sponsoring

Depuis plusieurs mois, les dirigeants du Crédit Mutuel Arkéa multiplient en effet les investissements dans des actions de sponsoring. Revendiquant leur ancrage breton — le siège de la banque se situe à Brest — Jean-Pierre Denis (le PDG) et Ronan Le Moal (son DG) ont au début du mois d’août jeté leur dévolu sur la voile, en misant sur le bateau du jeune skipper Sébastien Simon.

Chaperonné par l’expérimenté Vincent Riou, le monocoque aux couleurs du Crédit Mutuel Arkéa devrait s’aligner sur la ligne de départ du prochain Vendée Globe : la promesse d’une « formidable exposition » médiatique, selon la banque qui, tout en se targuant d’une paradoxale « assise maritime » (sic), assume selon Jean-Pierre Denis la « part intrinsèque de risque » propre à la discipline.

Sans doute trop conscients du caractère élitiste de la voile au long cours, les dirigeants du Crédit Mutuel Arkéa diversifient leurs investissements sportifs, en misant par exemple sur la petite reine. C’est ainsi qu’ils ont récemment décidé de débaptiser l’équipe cycliste Fortuneo — l’une de leurs nombreuses filiales de banque numérique, à laquelle Ronan Le Moal jugeait, en 2017, qu’il était opportun « d’amener de la chaleur » — pour la renommer « Arkéa-Samsic ». Un simple « passage de relais », selon le DG de la banque, lié au « très fort développement du groupe Arkéa ». À moins qu’il ne s’agisse d’installer la marque sécessionniste, relativement méconnue des consommateurs français, dans le paysage bancaire tricolore...

Les ambitions des dirigeants du Crédit Mutuel Arkéa ne s’arrêtent pas là. La banque, également présente dans le Sud-Ouest, a récemment conclu, pour la saison 2018-2019, un partenariat de sponsoring avec le club de rugby de l’Union Bègles-Bordeaux (UBB), et réussi à accoler son nom à l’ancienne Bordeaux Métropole-Arena, qui s’appelle aujourd’hui l’Arkéa Arena — un contrat de « naming » (dénomination) rendu possible par le fait qu’au contraire de ses produits et services bancaires, l’activité de sponsoring admet le raccourcissement du nom de la marque ; et donc, de fait, la disparition pure et simple de la mention « Crédit Mutuel ».

« Hold-up »

Problème : le sponsoring coûte cher, et dans le cas du Crédit Mutuel Arkéa, ce sont plusieurs millions d’euros qui ont été déboursés. Une somme rondelette, a fortiori pour une banque de taille modeste. Une somme, surtout, puisée dans les caisses de l’établissement, et donc, indirectement, dans les poches de ses clients et sociétaires.

Clients et sociétaires auxquels ces activités de réputation et de communication ne rapportent pas un sou, comme le relève l’ancienne ministre Marylise Lebranchu qui, à la tête du collectif « Restons mutualistes », sillonne les routes de Bretagne pour informer les citoyens sur le projet d’indépendance de la banque : « les dirigeants du Crédit Mutuel Arkéa dépensent beaucoup (d’argent et d’énergie) pour effacer le sigle Crédit Mutuel et imposer la marque Arkéa, constate l’ancienne membre du gouvernement Jospin. Est-ce bien utile aux sociétaires ? N’est-ce pas un hold-up d’une marque construite par beaucoup de Bretons ? », fait-elle encore mine de s’interroger.

Si hold-up il y a bien chez Arkéa, celui-ci se déroule en interne, où tous les moyens semblent justifiés pour arracher la désaffiliation du Crédit Mutuel. Comme cette inédite « manifestation de banquiers », montée de toute pièce par la direction du Crédit Mutuel Arkéa en mai 2018, et qui a vu défiler plusieurs milliers de salariés « volontaires » sous les fenêtres parisiennes du ministère de l’Économie. Ou encore la rétention d’informations sur le projet d’indépendance, les syndicats de la banque estimant, à leur quasi-unanimité, qu’on demande aux sociétaires de « sauter dans l’inconnu ».

À moins, enfin, que ces gesticulations médiatiques ne servent à dissimuler les destructions d’emplois, comme la direction du Crédit Mutuel Arkéa en a décidé en rachetant, début août, Socram Banque, ne reprenant que 150 des 210 salariés de l’entreprise niortaise, ou en supprimant 114 postes dans ses points de vente entre 2015 et 2018. De l’art de faire diversion tout en prétendant conserver l’emploi...

COMMENTAIRES  

28/08/2019 15:31 par Rauch

Dans le texte je site "Le caractère élitiste de la voile au long court" j’accroche sur le terme "élitiste" il ne me parait pas approprié je dirais plutôt confidentiel. Il est vrais le bateau est un objet que les milliardaires aiment bien exposé mais au port seulement car il ne le quitte que rarement contrairement au voilier de long court. Je n’en citerais qu’un B. Moitessier en rien élitiste mais sûrement exceptionnel pour la performance au Golden Globe Challenge. Il a bien volé la vedette à l’élite anglaise justement en abandonnant la course pour une autre histoire plus spirituelle et sportive. Célébré par les français en 2018 sous le nom de "la longue route 2018" http://longueroute2018.com/ concept sportif aux antipodes de la compétition en opposition d’avec ces voiliers sandwich. Autrement la banque on sait ce que c’est depuis le discours de l’hollande qui devait avoir eu des problèmes de gestion de compte comme tout le monde mais depuis ça c’est résolu pour lui. L’histoire as montré à quel point ce mec était un faux cul avec ces électeurs sur le sujet. Macron avant de commencer avait déjà tout son pognon dans le coffre des Rothschild’s c’est plus sûre pour l’oligarchie.

29/08/2019 18:07 par juan

je vous propose dans le même genre :
> https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/le-credit-foncier-ferme-ses-guichets-de-credit-964764
quid ? la CGT et Sud n’était pas présentent aux négociations car pas représentatif au Crédit Foncier de France , devinez ce qu’on fait les autres syndicats et bien ils ont signé le PSE , FO et UNSA se sont abstenus !!!!
le journal financier les échos appelle ça pour ceux qui sont parti avec le plan un effet d’aubaine , quelques mois de salaires défiscalisés
pour partir à pôle emploi ça n’a vraiment rien de mirobolant
Philippe Martinez qui avait appelé à faire barrage pour le second tour des élections présentielles peut se rendre compte que les créations d’emplois promise par Macron sont en fait des suppressions d’emplois ...
que chacun prenne ses responsabilités !

(Commentaires désactivés)