Il était minuit le samedi 21 juillet, quand Petros Kapetanopoulos entendit des voix dans son quartier, à Kolonos. Il venait de mettre au lit son petit enfant et dit à sa femme qu’il allait descendre pour voir ce qui se passait. En descendant il vit cinq hommes , des policiers appartiennent à une brigade spéciale « ZEUS » qui venaient d’arrêter un immigré et l’un deux avait son pied sur le ventre de celui-ci. « Pourquoi faites vous ça ? Vous l’arrêtez, la violence n’est pas nécessaire », leur a-t-il dit. Ils lui expliquèrent alors qu’ils ne piétinaient pas l’homme et, dans une démonstration de violence, le piétinèrent à nouveau avec force. « Ca, ça veut dire qu’on le piétine » lui ont-ils dit. Kapetanopoulos a alors répété qu’il s’agissait de torture d’un homme déjà arrêté. Le résultat c’est qu’il fut lui-même arrêté. Le procureur l’a accusé de « résistance à l’autorité », de « fausse déposition » , de « tentative de libération d’un prisonnier » et de « complicité simple de vol », ce qui constitue un crime. Petros Kapetanopoulos risque de rester jusqu’à quatre ans sans revenus car il est fonctionnaire et automatiquement suspendu puisqu’il a été mis en examen pour acte à caractère criminel. Aujourd’hui s’est déroulée une conférence de presse au cours de laquelle l’avocat de Petros Kapetanopoulos a présenté la situation juridique de son client, tandis que des représentants de partis politiques, d’organismes, de syndicats et d’ organisations ont exprimé leur solidarité et leur soutien en en parlant d’ « un état qui veut qu’on ne se soucie pas de son prochain ».
Mémorandum et présomption d’innocence.
Comme l’explique Kostas Papadakis, l’avocat de Petros Kapetanopoulos, les accusations portées contre lui peuvent aboutir à une peine de prison allant jusqu’à 15 ans. « Ces accusations sont fausses. Nous voyons que quelqu’un qui apporte son soutien est de plus qualifié de complice. » a-t-il commenté. L’avocat a présenté l’état du dossier à charge contre M. Kapetanopoulos. Après que le procureur ait porté ses accusations, est intervenu le vote du troisième mémorandum. En vertu des modifications apportées par ce troisième mémorandum, si un fonctionnaire a été mis en examen pour acte à caractère criminel, comme une simple complicité de vol - vol commis par l’immigré arrêté - il est automatiquement suspendu. « Connaissant la charge de travail dans les tribunaux, cela signifie jusqu’à quatre ans de privation de salaire, sans possibilité de faire appel de cette décision tandis que la présomption d’innocence est bafouée », explique Kostas Papadakis, ajoutant que le salaire de Petros Kapetanopoulos est le seul soutien de sa famille. « Pour l’instant notre premier objectif est que Petros ne perde pas son travail », a insisté l’avocat.
Hors de l’ Etat de droit.
« Cette histoire n’a pas sa place dans un Etat de droit », a déclaré Dimitris Christopoulos, professeur de sciences politiques à l’Université Panteion et vice-président de l’Association Grecque des Droits de l’Homme. Selon lui, cet incident montre l’annulation des droits évidents et des acquis dans la relation entre l’État et la société. « Et le plus important, est que cette annulation vient de ceux qui ont été choisis pour protéger le régime » note M.Christopoulos.
La Grèce, selon lui, commence à constituer un chapitre dans la procédure européenne au sujet des droits de l’homme avec pour titre « brutalité policière ». « Face à un Etat qui se déclare champion du droit Grec notre réponse doit être une lutte pour la primauté du droit et des règles », a déclaré Dimitris Christopoulos.
« Petros nous le connaissons ».
« Nous connaissons Petros et il n’y a aucune rien à lui reprocher », a déclaré Giorgos Markakis, président de l’Association des travailleurs au sein de l’Agence pour l’Emploi, où Petros Kapetanopoulos est inscrit. « Les parjures ne sont pas les fonctionnaires, mais nous tous qui restons immobiles face à des situations comme celle à laquelle Petros Kapetanopoulos fait face. Ce sont ces idéaux que nous devons défendre », a-t-il insisté, ajoutant « Petros nous sommes avec toi. Nous t’innocenterons solennellement ».
Despina Koutsoumpa, membre du Conseil général du Syndicat des Fonctionnaires, a rapporté que « les nouveaux conseils de discipline sous prétexte de parjures s’efforcent de chasser ou du moins de menacer les fonctionnaires syndicalisés ou menant une action sociale ».
Le soutien de SYRIZA.
Vangelis Diamantopoulos, député de SYRIZA, a commenté, déclarant à la fois le soutien unanime des élus et tout SYRIZA-FSU à Peter Kapetanopoulos, et affirmant que « ce cas est caractéristique de l’insensibilité de l’Etat. Nous voyons que désormais quiconque apporte son aide est victime de répression ».
Indifférence envers son prochain
« L’Assemblée populaire de Kolonos connaît et soutient Petros face à un Etat qui veut qu’on ne se soucie pas de son prochain. Nous sommes opposés au cannibalisme qui convient seulement aux fascistes et au capital », a déclaré Melpo Koronaiou, qui en 1995 avait été victime de lourdes violences policières lors d’une manifestation. L’auteur de ces violences fut alors le premier policier à être condamné depuis l’après-guerre.
Traduction Frederique Bouvier.
Source : https://syrizaparis.wordpress.com/2012/12/26/comment-on-transforme-une-action-de-soutien-en-crime/