Collapse - Michael Ruppert

Dominique

Collapse, dirigé par Chris Smith, est un film documentaire américain qui explore les théories, les écrits et la vie de Michael Ruppert.

Un film qui aide à comprendre et à témoigner sur le monde de fous et toujours changeant dans lequel nous vivons...

Michael Ruppert n’est pas un inconnu pour le Grand Soir. Il a travaillé pour la police de Los Angeles, avant de se mettre à travailler comme écrivain et journaliste d’investigation. Il menait ses enquêtes comme un policier, accumulant les preuves et les mobiles. Aujourd’hui, Ruppert estime qu’il n’a plus rien à prouver car tout ce qu’il avait prévu est en train d’arriver.

Du communisme au capitalisme, toutes les idéologies actuelles ont été façonnées par la révolution industrielle et elles sont basées sur la satisfaction infinies de nos besoins, ce qui implique qu’aucune d’entre elles n’est à même de répondre au principal défi d’aujourd’hui qui est de créer une nouvelle société basée sur la balance entre les intérêts de l’humain et ceux des non humains et de la nature. Comme le démontre Michael Ruppert, l’industrialisation et l’amour de l’argent nous ont amené aujourd’hui à une croisée des chemins où la survie de l’humanité est en jeu.

Michael Ruppert est catalogué comme un adepte des théories de conspiration. Pour lui, 40 ans d’enquêtes lui permettent d’affirmer que ce ne sont pas des conspirations mais des faits, et que par conséquent ce n’est pas à lui de se justifier. Il ne fait que témoigner de l’actuel darwinisme qui façonne notre société, autant dans son rapport avec la nature que dans les rapports humains.

Il nous invite, au lieu d’admirer une société technologique mortifère, guerrière et hypnotisée par elle-même au plus haut niveau, de rétablir la balance entre l’humain, les non humains et la nature.

Ruppert considère que nous sommes aujourd’hui sur la phase de plateau du pic pétrolier, et que quand nous l’aurons dépassé, la crise économique actuelle va s’emballer et l’infrastructure de notre société va s’écrouler. Il est aussi bien conscient que le réchauffement climatique n’est pas une théorie du complot mais un fait, et que couplé avec le pic pétrolier, la transformation des sols arables en éponge à produits chimiques et avec la destruction et la pollution de l’environnement, notre société court au suicide.

Il considère que cela prendra entre 20 à 100 ans pour qu’une nouvelle société éventuellement émerge de cette période de transformation qui s’annonce, et que l’important sera de survivre à la période de transition. Pour cela, la communauté et la capacité de produire la nourriture localement sera sans doute les clés de la survie, et qu’à terme nous nous dirigerons sur une forme d’économie où tout sera produit localement.

Cette période de transition sera celle de la plus grande évolution de l’humanité. « La seule chose que vous et moi pouvons changer afin de nous donner une chance de survivre et donner une chance à nos enfant de connaître une forme de vie humaine civilisée, c’est notre esprit. Vous devez croire – et non pas souhaiter, espérer, prier, supplier, vous devez juste croire qu’on peut s’en sortir, et que vous trouverez le chemin. ... J’envisage de vivre joyeusement le reste de ma vie, en homme libre. Merde. Comment pouvez-vous dire qu’il n’y a pas d’espoir ? Changez de point de vue et voyez ce que nous voyons. Arrêtez de penser comme des dinosaures. »

Collapse, première partie

Collapse, deuxième partie

A voir aussi "Apocalypse, Man" de Michael Ruppert pour ceux qui se demandent ce qu’il devient.

COMMENTAIRES  

23/02/2014 13:21 par Dwaabala

Si l’on ne veut pas rester dans le vague, on devrait préciser ici que "créer une nouvelle société..." est comme "principal défi d’aujourd’hui" celui de lutter pour que le profit capitaliste soit, dans un premier temps, efficacement contrebalancé par l’intérêt de masses qui entendent certainement les considérations écologiques ci-dessus.

Ce qui permet de passer de la simple idéologie à la pratique politique, et non pas d’attendre qu’une "nouvelle société" naisse d’"une balance entre l’humain, les non humains et la nature".

24/02/2014 06:59 par Dominique

Dwaabala,

Je pense que les deux problématiques, l’économie et l’écologie sont liées, et que s’attaquer uniquement à l’une n’est qu’une perte de temps. Nous avons tous des sensibilités (prises de conscience) écologiques différentes, et il n’y a qu’à regarder la colonne de déchets qui suit les deux côtés de n’importe qu’elle route pour savoir que la conscience écologique de beaucoup de gens est de l’ordre du zéro absolu.

Et même à Cuba, pays socialiste, ils ne se sont convertis à l’agriculture bio-dynamique de proximité que parce qu’ils y ont été contraints par les difficultés économiques de la période spéciale. Quand je discute aujourd’hui avec des cubains, un des rêves de la majorité d’entre eux est d’avoir une voiture. Si ces rêves devaient se réaliser, je suis sur que nous verrions les mêmes colonnes de déchets que chez nous apparaître le long des routes cubaines et les mêmes parents irresponsables amener leurs enfants à l’école en voiture, ceci à l’âge où ils prennent leurs habitude de mobilité et au lieu de leurs apprendre les bienfaits de la marche.

Lénine a dit que sans théorie révolutionnaire il n’y a pas de pratique révolutionnaire. L’origine de l’attitude de notre société par rapport à la nature se trouve dans les deux premières pages de la Genèse :

« 28. Elohîms les bénit. Elohîms leur dit : « Fructifiez, multipliez, emplissez la terre, conquérez-la. Assujettissez le poisson de la mer, le volatile des ciels, tout vivant qui rampe sur la terre. »

Le dessin de dieu dans la bible est très clair. Il s’agit pour lui de créer l’homme à son image, celui d’un guerrier dont le but est la conquête de la terre et la domination du vivant. En une phrase est résumé tout le programme politique, économique, militaire, social et écologique de notre société. Aujourd’hui, nous en sommes toujours là, mais avec une grande différence : le développement de la science et de la technique à permis non seulement l’industrialisation mais aussi l’industrialisation de la domination de l’homme sur la nature.

Dans le contexte actuel, il faut comprendre que comme Jürgen Habermas nous le fait remarquer, le paradoxe est que même la technique, même la science sont capables de fonctionner comme idéologie. Cela s’appelle le scientisme. Quand le scientisme est au pouvoir, cela donne des gouvernement de technocrates complètement coupés de la démocratie, cela revient à donner le pouvoir à un complexe militaro-industriel d’état composé des pouvoirs publics, financiers, militaires et scientifiques. C’est toute notre société contemporaine dans ce qu’elle a de plus totalitaire.

Pour des ethnologues comme Philippe Descola, le rapport de l’homme avec la nature est ce qui conditionne toute l’ontologie d’une société, c’est à dire qu’il conditionne sa vision du monde, tous les rapports humains y compris les rapports économiques, et donc à terme son mouvement historique.

Pour Marx, c’est une cercle vicieux : « l’identité de l’homme et de la nature apparaît aussi sous cette forme, que le comportement borné des hommes en face de la nature conditionne leur comportement borné entre eux, et que leur comportement borné entre eux conditionne à son tour leurs rapports bornés avec la nature. » Il est donc important de briser ce cercle vicieux, et l’homme étant ce qu’il est, à moins de croire en le saint-esprit du communisme, je ne vois pas comment, en s’attaquant au seul problème économique, il sera possible de changer le rapport de l’homme avec la nature, et donc les rapports sociaux. Cela peut fonctionner sur le court terme, mais comme le montre l’histoire de l’URSS, cela ne fonctionne pas sur le long terme.

De plus je ne suis pas convaincu que cet aspect de la pensée de Marx fut bien compris en URSS car c’est Plekhanov qui a introduit le marxisme en Russie, notamment auprès de Lénine, et Plekhanov écrit : « Mais, demanderez-vous, l’état économique n’est pas sans cause non plus ? Sans doute, comme toutes choses ici-bas, il a sa cause à lui, et cette cause, cause fondamentale de toute l’évolution sociale et partant de tout mouve­ment historique, c’est la lutte que l’homme mène avec la nature pour son existence. »

Plikhanov fait une double erreur. D’abord, il ne reconnaît pas le cercle vicieux décrit par Marx. À l’en croire et comme dans la bible, le rapport de l’homme avec la nature serait donné une fois pour toute, et je me demande même dans de telles conditions comment il peut croire qu’un changement est possible et se prétendre marxiste. Ensuite, il fait un dogme de ce rapport de l’homme avec la nature qui ne peut être qu’une lutte (la bible parle du conflit du bien et du mal), alors que pour Marx le dogme est le travail, et encore que le travail réalisé dans un but déterminé de façon consciente.

Marx, en définissant ainsi le travail réussit à échapper au scientisme. En effet, il sépare ainsi la science (l’action de travailler) de la philosophie (la définition consciente, par la dialectique et la connaissance, du but du travail). Avec Marx, la philosophie comme le travail deviennent scientifiques, mais sans perdre la dialectique et ainsi sans devenir du scientisme.

Au contraire Plekhanov, en décrétant que le rapport de l’homme avec la nature est une lutte, interdit toute évolution et fixe un cadre rigide et dogmatique aux buts possibles. Ce qui revient à développer en scientisme en tout point comparable à celui du capitalisme. J’ai lu tout le bouquin où il écrit cela, "La conception matérialiste de l’histoire", et à aucun moment je n’ai lu qu’il considérait comme possible de pouvoir changer ce qu’il appelle la cause de toutes les causes. Et sans changer cette cause, je ne vois pas comment il serait possible de changer autre chose que la forme des choses.

La situation du monde comme décrite par Ruppert est alarmante, pour ne pas dire effrayante. C’est la réalité du monde d’aujourd’hui. Quand je vois que face à un tel désastre, bien des communistes s’en tiennent au manifeste de 1848, ceci alors que les conditions historiques ont changé et que ce qui est en jeu aujourd’hui est non seulement socialisme ou barbarie, mais également, en raison du désastre écologique, la simple survie de l’humanité, je ne peux que me dire qu’ils ont figé le marxisme dans la pierre des dogmes d’il y a deux siècles et qu’ainsi ils nagent en plein scientisme.

Le désastre écologique actuel représente une menace encore plus grande que le capitalisme, ceci même si le capitalisme en est une de ses causes principales. Ce désastre montre aussi que l’exploitation de la nature et l’exploitation de l’homme par l’homme sont la même problématique. En lisant la bible, nous nous apercevons que l’origine de cette problématique, l’erreur d’aiguillage, s’est produite au début de l’antiquité, et que la crise actuelle n’est pas une simple crise du capitalisme mais la crise finale de notre concept de civilisation. Si l’impérialisme est le stade final du capitalisme, le capitalisme est lui le stade final de la civilisation.

L’autre cause principale du désastre écologique est le scientisme qui a accompagné la révolution industrielle dés ses débuts, en particulier cette composante du scientisme qui consiste à croire que la science se suffit à elle même, qu’elle est neutre et propre, et qu’elle va donc résoudre tous nos problèmes et permettre de tout contrôler. On n’arrête pas le progrès ! Comme c’est parti, c’est lui qui va nous arrêter, ou plutôt nous faire crever. Et on nous refait le coup aujourd’hui : Les nouvelles technologies sont l’avenir de l’homme ! À part que comme avec les anciennes, leur but premier est de remplir les poches des capitalistes, et qu’accessoirement mais très important, elles ne font que rajouter de nouvelles sources de pollution et d’exploitation des ressources aux anciennes.

« L’idéologie dominante est l’idéologie de la classe dominante. » Karl Marx

La base de l’idéologie dominante occidentale est, depuis l’antiquité, dans la bible. Voir la citation plus haut. Les catholiques vont dire oui mais le nouveau testament ne parle pas de la terre, il parle de l’amour. À se demander s’ils ont seulement lu l’Apocalypse et son amour très chrétien qui consiste à occire tous les autres dans le plus grand massacre de tous les temps. Jésus n’est qu’une parenthèse vite refermée par l’apocalypse, et même s’il avait chassé les marchands du temple, il s’était bien gardé de mettre en doute la mère de toutes les dominations, la domination de la nature par l’homme.

Ceci pour dire que le communisme n’arrivera jamais à rien tant qu’il sera incapable d’intégrer de façon claire la dimension écologique de la lutte des classes. Cette lutte commence avec la domination de la nature par l’homme, elle ne pourra donc être gagnée par le prolétariat qu’avec la fin de la domination de la nature par l’homme. C’est pourquoi dans ses buts, le communisme doit non seulement viser à satisfaire les besoins humains, mais cette satisfaction égoïste de ses besoins doit être reconnue comme telle (égoïste) et elle doit donc être subordonnée à la satisfaction des besoins de la nature. À l’origine, la nature avait surtout besoin d’être respectée et qu’on lui fiche la paix. Aujourd’hui, elle a un urgent besoin d’être réparée de tous les dégâts que nous lui avons fait subir au cours des deux derniers siècles. Ce qui implique en pratique de subordonner l’économie non seulement à la satisfaction des besoins humains, mais d’abord de la subordonner à la satisfaction des besoins de la nature.

Malheureusement, il n’y a rien de tel dans le Manifeste communiste. Il date de 1848 et la conscience écologique était à peine naissante en occident à cette époque. Face aux défis d’aujourd’hui, dont un des deux principaux est le désastre écologique, il faudrait vraiment le réactualiser. Comme personne ne croit en le saint esprit du communisme, cela permettrait aux communistes occidentaux d’avoir un message cohérent avec les problématiques d’aujourd’hui, et pourquoi pas, d’être enfin en phase avec la gauche de l’Amérique latine, laquelle ne nous a pas attendu pour revoir sa copie.

24/02/2014 15:53 par Dwaabala

Dominique

Je ne peux pas trop discuter puisque, en quelque sorte vous m’accueillez chez vous dans ces commentaires. Ce ne serait guère courtois.

Il ne s’agit pas de faire passer l’économie avant l’écologie ou l’inverse, ni de faire passer les deux en même temps, mais de faire passer la politique avant les deux.
Pour prendre une métaphore : dans un gouvernement il y a, entre autres, un ministère de l’économie et un ministère de l’écologie, mais ce qui chapeaute le tout est plus directement politique que technique.
La question qui domine serait donc plutôt de savoir en faveur de quelles couches de la population la politique en général sera menée, que de déterminer si elle sera menée en faveur des hommes (sans distinction de classe), ou de la nature.
Ne voyez dans la présente intervention aucune intention polémique, mais l’occasion que je saisis pour tenter de préciser, au moins pour mon propre compte, comment je vois les choses.

24/02/2014 21:10 par Dominique

Dwaabala,

Je pense que nous sommes d’accord sur le principal. Quand je parle de subordonner l’économie à la satisfactions des besoins humains et de la nature, seule une décision politique pourrait permettre de la faire. Et quand je dis les besoins humains, j’entends les conditions nécessaires au bonheur de tous et de chacun, libre après à chacun d’en profiter ou pas.

04/04/2014 09:49 par Toff de Aix

N’ergotons pas... Ce qui est nécessaire, maintenant, pour s’en sortir (je parle en tant que survie de l’espèce humaine, pas moins), ça n’est pas tant une ’vraie politique’, ou une vraie ’ecologie’, ou je ne sais trop quoi... Ce qui est indispensable, c’est un changement majeur dans la conscience de l’Homme, dans son ego. Si l’Homme continue à vivre dans sa tête, sans Conscience, il restera coupé de la Nature et des choses essentielles et je ne donne absolument pas cher de sa(notre) peau. La société actuelle est malade, le monde est malade, et cette maladie est mentale. Les hommes vivent dans leur tête, ils sont accaparés par leur mental, ils ont oublié leur vraie nature... La pollution, la crise, les guerres, les atrocités, le capitalisme effréné, etc.... Tous ces maux ont une seule explication, une seule chose en commun : la perte du sens de Soi, la vraie communion avec le’moi’ profond et véritable. Hélas, peu de gens, sur cette planète merveilleuse mais complètement malade, ne le réalisent.

16/04/2014 11:52 par GeantVert

Michael Ruppert se serait suicidé il y a 3 jours
http://www.dailymail.co.uk/news/article-2605429/9-11-conspiracy-theorist-investigative-journalist-Michael-Ruppert-commits-suicide.html

Je recommande vivement la lecture de son opus en 2 tomes "Franchir le Rubicon" paru en 2004 et qui contenait déjà l’essentiel de l’argumentation contre la V.O. du 11-Septembre. Un véritable travail d’enquête, c’était un homme incroyablement courageux de sortir ça à l’époque.
Bien triste nouvelle que son suicide.
— GV

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