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Chelsea Manning par elle-même. (Amnesty International)

A l’heure où l’on essaie de faire taire à tout prix la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, après sa tentative de suicide du 5 juillet 2016 suite à ce que l’ONU a qualifié d’actes de torture, par la menace juridique d’isolement définitif pour le restant de sa peine (30 ans), il importe plus que jamais de faire entendre et de diffuser sa parole. Amnesty International UK lui a consacré un podcast de sa série ’In Their Own Words’ (consacrée aux histoires des militants pour les droits humains dans le monde entier) en février 2016 : l’essentiel de sa transcription, traduite ici, peut y contribuer. Elle y raconte par lettre sa vie en prison, mais parle aussi de son histoire, ce qui a fait d’elle ce qu’elle est devenue et ce qui lui a fait faire ce qu’elle a fait.

J’ai passé mon enfance à Crescent, dans l’Oklahoma. C’est une toute petite ville, remarquable surtout par son nombre incroyable d’églises : je n’oserais même pas avancer un chiffre. Un de ces endroits amicaux où tout le monde se connaît, et où il n’est pas rare qu’on n’ait jamais franchi les frontières de l’Etat.

Je n’avais pas la vie facile. Mon père voyageait beaucoup pour ses affaires, je passais donc la plupart de mon temps avec ma mère et ma sœur. Malheureusement, mes parents buvaient beaucoup, et tous deux pouvaient se montrer violents. Mais ma sœur m’a beaucoup aidée. Elle a été un exemple pour moi dans des temps difficiles.

Ayant peu d’occasions de socialiser, je me suis naturellement intéressée aux ordinateurs, qui me servaient à la fois de parents et de babysitters, et vers 1997 j’ai commencé à explorer l’Internet et à faire mes propres sites web. J’étais surtout motivée par un mélange de curiosité et de solitude.

Je me souviens n’avoir eu personne pour m’aider à y voir clair dans mes sentiments et à trouver les mots pour les exprimer. Par exemple, à 8 ans, j’ai confié à une conseillère d’orientation que je ne savais pas pourquoi je voulais jouer avec les filles, ou jouer à la marelle, ce genre de choses. Mais elle n’a rien trouvé d’autre à me répondre que « les garçons sont différents des filles ». C’était comme s’il n’y avait rien entre les deux. Et les autres gosses me taquinaient beaucoup : « Ce que t’as l’air d’un pédé alors », « T’arrêtes pas de pleurer », « Regardez-le, on dirait une fille » - me rappelant constamment ma différence, et combien peu je la comprenais.

J’ai passé un temps fou à essayer d’entrer dans la chambre de ma sœur, avant d’y parvenir à force d’ingéniosité. Ce que j’y faisais n’était pas bien terrible. Je jouais juste avec ses poupées Barbie, et j’essayais ses jeans délavés et sa veste en cuir. Je me rappelle combien sa chambre était coquette et rangée, et mon désir de pouvoir décorer la mienne de la même manière.

Jusqu’à 15 ans, je suis restée dans le déni. J’ignorais mes sentiments, jusqu’à ce qu’ils me submergent. Alors, je m’achetais du maquillage et des vêtements de fille, en regardant partout comme un gosse qui achète des cigarettes, puis je les portais un moment avant de les jeter et de recommencer un peu plus tard. Mes pensées étaient malsaines, elles faisaient écho aux mauvais conseils reçus dans mon enfance. Tu es un monstre. Personne ne t’aime. Tu es trop efféminé. Sois un homme. Les quelques questions que j’avais posées à mes amis (comme : « est-ce qu’on peut parfois se sentir poussé à porter des vêtements de fille ? ») avaient donné des réactions désastreuses et m’avaient conduite à tout nier et à me cacher.

Mais, sur Internet, j’étais plus à l’aise pour être honnête. Je pouvais être une fille du Texas de 16 ans ou un Anglais de 24. Cela demandait beaucoup d’imagination et de cohérence, mais j’étais davantage moi-même que dans la vraie vie et dans cet univers complètement inventé, je pouvais taper mes pensées et mes sentiments les plus intimes. Dans les années 2000, la communauté trans n’était pas très présente en ligne, mais la communauté gay oui, et je m’y sentais à l’aise. Je m’y suis fait beaucoup d’amis, même sans savoir leurs noms ni de quoi ils avaient l’air.

La première fois que je me suis habillée en femme en public, c’était lors d’une permission pendant la guerre en Irak, en 2010. Et j’ai été étonnée de voir comme ça marchait bien, et comme cela me paraissait naturel.

Mon père avait divorcé en 2005, mais sa nouvelle femme me détestait, et après de nombreuses disputes, j’avais emprunté la petite camionnette de mon père pour errer dans le Midwest pendant quelques mois, puis m’établir à Chicago pour l’été. Comme j’évitais les centres pour SDF qui étaient très anti-gays et anti-trans, il n’était pas rare que je passe la nuit dans la camionnette, et que je me fasse harceler par la police. C’est malheureusement une expérience encore courante aujourd’hui pour de nombreux jeunes gays et trans.

La guerre en Irak entrait dans une phase d’augmentation de ses effectifs cet été-là, et j’ai commencé à me demander si je pouvais faire une différence au cas où la guerre poursuivrait sa spirale incontrôlable. J’avais l’impression que mon pays avait besoin de moi, alors j’ai demandé à mon père comment m’enrôler. A son avis, je devais m’adresser au recrutement dans la Navy ou dans l’Air Force – mais cela ne m’intéressait pas. A voir tous ces soldats courir partout dans Bagdad et Bassora, je me disais que l’armée avait besoin d’augmenter ses forces au sol. J’espérais aussi que la vie militaire me « viriliserait » par ce qu’elle attendrait de moi. Et donc je me suis officiellement engagée le 1er octobre 2007, et j’ai commencé mon entraînement dès le lendemain.

J’espérais pouvoir aider au rapatriement des soldats envoyés en Irak et en Afghanistan, et protéger les civils qui étaient obligés de vivre dans ces pays. Je pensais que peut-être, si je faisais vraiment du bon travail, je pourrais maximiser notre capacité à percer à jour les insurrections et à mettre au point des stratégies pour les contrer, accélérant ainsi les choses. J’avais vraiment bon espoir.

Mon rôle d’analyste du renseignement multisource était de rassembler toutes les informations brutes provenant de différentes sources, telles que rapports d’interrogatoires, rapports d’observation, communications interceptées, images satellite, et de les combiner pour produire des synthèses ou – trop souvent – des diaporamas.

Tout le temps de ma mobilisation j’ai travaillé entre 12 et 14 heures par jour, tous les jours de la semaine, sans jours de repos complets, et la plupart du temps la nuit. C’était la nuit que les entraînements avaient lieu et que la logistique et les opérations de combat se décidaient. Souvent, je devais traiter de 40 à 100 e-mails, avec la conscience d’enjeux très élevés.

Si réduit qu’ait été mon temps de repos, j’avais souvent du mal à dormir, surtout avec le soleil rayonnant au-dehors et le vrombissement continu des générateurs près de mon mobile home. Alors je passais beaucoup de temps sur Internet, quand je pouvais obtenir une connexion correcte, et j’écoutais beaucoup de musique. Je ne parlais plus tellement aux gens au bout d’un moment. Tous ces gens qui mouraient autour de moi quotidiennement, tous ces efforts pour me montrer un « homme », commençaient à me peser. J’étais très anxieuse et souvent déprimée.

J’étais inondée de chiffres, de rapports, de coordonnées, de noms, de photos ! Submergée finalement. A un moment donné, le travail que je faisais a cessé de me faire l’effet d’une corvée abstraite et intellectuelle, pour devenir terriblement réel. Il s’agissait de vrais gens, vivant dans de vrais endroits. A toutes nos erreurs de planification, des innocents mouraient. A toutes nos erreurs d’appréciation, des innocents étaient détenus pendant des semaines ou des années. Nos erreurs sont devenues un fardeau pour moi, nos négligences aussi. Par exemple, nous n’avons pas pris la mesure du fait que le gouvernement irakien détenait des prisonniers sous des charges fallacieuses, et torturait ses citoyens pour faire des exemples. Une partie de moi en souffre encore.

BULLETIN D’INFORMATIONS, 6 AVRIL 2010 : L’armée américaine a confirmé l’authenticité de la vidéo de juillet 2007 qui vient d’être postée sur WikiLeaks.org, où l’on peut voir des forces armées américaines en train de faire feu sans distinction sur des civils irakiens, tuant 12 personnes, dont 2 employés de Reuters, et blessant 2 enfants. Les voix qu’on y entend semblent avoir cru que leurs cibles portaient des armes, mais les images montrent sans erreur possible qu’il s’agissait de caméras.

Le Pentagone n’a jamais rendu publique cette vidéo, ayant dégagé les auteurs du massacre de leurs responsabilités. WikiLeaks indique que le site a pu décoder la bande après l’avoir reçue d’une source interne à l’armée qui voulait qu’elle soit rendue publique.

Je n’avais alors qu’une vague idée des conséquences possibles. Je craignais un renvoi de l’armée. Deux ans de prison me semblaient le bout du monde à l’époque. Je m’attendais aux pires issues possibles, mais sans avoir une conscience précise des implications concrètes. Dans l’abstrait, je m’attendais à être démonisée et passée à la loupe. Je pensais que tous les défauts que je pouvais avoir, tous les reproches que l’on m’avait faits, toutes les fois où j’avais merdé seraient utilisés contre moi au tribunal de l’opinion publique. J’avais surtout peur que la question de mon genre soit utilisée contre moi et contre mes pareilles. Rétrospectivement, je pense que ces craintes étaient fondées.

L’ANIMATRICE : Chelsea fut arrêtée par l’équipe chargée des enquêtes sur les violations des lois militaires (CID), le 27 mai 2010. 4 jours après, elle était transférée au Camp Arifjan au Koweit, où elle devait passer les deux mois suivants à l’isolement.

Au début, tout semblait relativement normal. J’ai passé deux jours dans une tente avec d’autres gens. Ce n’est que lorsqu’on m’a placée en régime de détention maximale, dans une sorte de grande cage de métal à l’intérieur d’une tente, que la situation a vraiment empiré. Je m’attendais à être traitée comme tout autre prisonnier militaire, avec respect et dignité.

Il faisait chaud et sombre dans cette tente. Seuls les repas donnaient une idée de l’heure qu’il pouvait être. Finalement, tout s’est brouillé dans ma tête, et mes souvenirs de cette époque sont très confus. A être toujours seule dans cette tente, je n’avais aucune idée de ce qui se passait au-dehors, c’est à peine si je savais quel mois on était, ou depuis combien de temps j’étais là. Je ne savais même pas quels étaient les chefs d’accusation contre moi au juste.

Après quelques semaines à vivre dans cette brume mentale, j’ai commencé à devenir complètement dépendante de l’équipe qui me surveillait et me donnait à manger. Comme ils étaient ma seule connexion au monde extérieur, je croyais tout ce qu’ils me disaient, alors que, je m’en aperçois maintenant, ils n’étaient ni bavards ni fiables. Tout était possible.

Quand j’ai été transférée à la base de Quantico, j’ai été soumise à peu près aux mêmes conditions de détention, sauf que je me trouvais cette fois dans un immeuble climatisé en Virginie et que j’ai été autorisée à recevoir des visiteurs qui m’ont enfin informée de ce qui s’était passé les 2 ou 3 mois précédents. Je vivais dans une petite cellule de 6 m². Il y avait toujours au moins deux Marines qui me surveillaient depuis un miroir sans tain. Je n’avais pas le droit de posséder quoi que ce soit dont je n’aie pas un usage immédiat. Si je voulais aller aux toilettes, je devais demander un rouleau de papier, et le rendre dès que j’avais fini. Pareil pour les brosses à dents, les livres et parfois même mes lunettes. J’avais parfois le droit de regarder la télé, mais c’étaient les Marines qui contrôlaient ce que je regardais, et ils changeaient de chaîne dès qu’il y avait quelque chose qui ressemblait à un bulletin d’informations.

C’était un tel cauchemar surréaliste, que ça en devenait comique. Il faut avoir le sens de l’humour dans de telles situations, sinon on ne peut pas y faire face. De telles conditions de vie allaient bien au-delà de ce qu’on associe généralement à l’isolement cellulaire. Enfin quoi, il fallait que je demande la permission pour tout, même pour m’adosser au mur, et il y avait un gardien qui me regardait me brosser les dents tous les matins. C’était dingue.

L’ANIMATRICE : Après plus de 3 ans à l’isolement, le 21 août 2013, la deuxième classe Chelsea Manning fut condamnée à purger une peine de 35 ans dans une prison militaire pour avoir transmis à WikiLeaks des documents classés top secret en 2009 et 2010. Pendant son procès, elle a été empêchée de faire valoir ses propres preuves ou ses motivations, y compris son affirmation qu’elle avait agi dans l’intérêt public en révélant des abus militaires.

Mes avocats étaient consternés. L’un d’eux s’est mis à pleurer. Personne n’osait dire un mot, alors j’ai pris la parole. Je leur ai dit qu’ils avaient fait un travail formidable et travaillé très dur, et que je n’aurais pas pu leur en demander davantage.

Pourquoi ai-je annoncé publiquement : « Je suis Chelsea Manning, je suis une femme », le jour qui a suivi le verdict ? Eh bien, parce que c’est qui je suis. Je voulais le faire avant, mais mes avocats me l’avaient déconseillé. Je me sentais honorée de disposer d’une tribune telle que la télévision nationale et j’étais fière d’avoir pris la décision d’être honnête sur mon identité avec toutes mes connaissances. Et ce fut gratifiant, car j’ai reçu en retour un déluge de soutiens.

Fort Leavenworth est une base militaire très étendue, mais pas très peuplée, sur les bords de la Missouri River dans le Kansas. Elle est connue pour son école d’officiers venus du monde entier – et pour sa prison. J’ai décidé de m’intégrer et de m’efforcer d’y être à l’aise. Tous les matins je regarde la femme que me renvoie le miroir dans les yeux et je lui dis : « Allez, tu peux y arriver ». C’est le moment où je me motive pour la journée. Je crois qu’il est très important de diviser de longues années en petites unités faciles à maîtriser.

Ici, je suis une détenue comme les autres, et c’est tout ce que je demande. Je travaille de 7 h à 16 h, avec une heure et demie de pause-repas, dans une petite équipe de menuiserie qui fait des choses de grande qualité. Quand nous avons de la chance, il nous arrive de recevoir des commandes pour des articles élaborés, mais en général il s’agit de commandes en gros pour des articles militaires de série. C’est une occupation très agréable. Chaque équipe fabrique ces objets du début à la fin, ce n’est pas du travail à la chaîne. Et quand je retourne dans ma cellule le soir, je passe en revue les lettres, les cartes, les journaux et les magazines de la journée. Je me débrouille pour faire ma lessive, ou je vais à la bibliothèque pour y échanger des livres ou y taper des lettres. Quand le temps le permet, j’adore prendre de l’exercice physique. Et je tire le meilleur parti possible du téléphone. Puis je prends une douche et je me couche, après une heure environ de lecture en général.

J’ai fait une demande pour être traitée médicalement dès août 2013, mais le traitement lui-même n’a débuté qu’en février 2015. En décembre 2014, j’ai commencé à porter du maquillage – mais ce n’était qu’une solution de fortune.

Prendre des hormones est une expérience très étrange. Mes émotions sont plus immédiates et plus profondes. Auparavant, je les refoulais au fond de ma tête en me disant, on verra ça plus tard. Maintenant, quand je me sens triste, je pleure. Quand je suis heureuse, j’en ris de joie, et quand je me sens seule, je m’adresse à quelqu’un qui m’est cher. Physiquement, ma peau est devenue plus douce et plus sensible. La vie est plus riche, plus pleine.

J’ai décidé d’apprendre autant de choses que je pourrais. Je me fixe beaucoup de petits buts et de petits objectifs pour la journée ou pour la semaine, tels que la rédaction d’un essai pour un cours universitaire, la lecture sur un sujet donné, ou l’acquisition d’une technique. Mais tous se rejoignent dans le but d’enrichir mes connaissances, ma compréhension et mes points de contact avec le monde et les gens qui m’entourent.

Ce qui me donne le plus d’espoir, ce sont les lettres et les cartes que je reçois de toutes sortes de gens. J’ai de nombreuses lettres de jeunes gays et trans, chose que je trouve extraordinaire parce que c’est un moyen de communication depuis longtemps oublié. Au début de mon incarcération, je ne savais même pas où mettre le timbre, donc j’imagine combien cela doit être important pour ces jeunes d’apprendre à faire quelque chose d’aussi inhabituel à notre époque digitale. Ces lettres signifient beaucoup pour moi. J’y puise la force de continuer.

En fait, il m’est arrivé d’imaginer que je pouvais voyager dans le temps et me rencontrer alors que j’étais adolescente. Je connais toutes les peurs qu’elle avait, toutes les vulnérabilités qu’elle cachait. Je voudrais la prendre par la main et lui dire que tout ira bien. Je lui dirais qu’elle n’est pas un monstre, qu’elle est aimée et appréciée plus qu’elle ne le croit, qu’elle peut être heureuse et en bonne santé en restant fidèle à elle-même. Toutes choses que j’ai fini par comprendre, et toutes choses que j’aurais tellement eu besoin d’entendre quand j’étais jeune : que nous sommes tous des êtres humains, et que nous pouvons tous être aimés inconditionnellement.

L’ANIMATRICE : Chelsea est toujours à Fort Leavenworth. Elle ne sera pas libérée avant 2045, si elle purge sa peine entière. Amnesty appelle à sa libération immédiate. On lui a fait payer trop cher pour qu’elle serve d’exemple, et les abus qu’elle a rapportés n’ont jamais été examinés. En 2015, après un nouveau procès contre l’Armée, elle a gagné le droit d’obtenir un traitement hormonal transitoire. Mais elle ne peut toujours pas se laisser pousser les cheveux, et elle est toujours forcée de s’habiller en homme. Tel est donc son combat actuel. Si, aujourd’hui, l’armée américaine reconsidère la façon dont ses forces transgenre doivent être traitées, c’est en grande partie grâce à Chelsea.

C’était « In Their Own Words », une série podcast d’Amnesty International présentée par Anna Bacciarelli. Michelle Hendley a prêté sa voix à Chelsea Manning, qui n’est pas autorisée à nous parler depuis sa prison.

Traduit par Vernon LATHAM.

Emission originale : https://www.amnesty.org.uk/podcast-in-their-own-words-chelsea-manning-michelle-hendley

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Je définirais la mondialisation comme la liberté pour mon groupe d’investir où il veut, le temps qu’il veut, pour produire ce qu’il veut, en s’approvisionnant et en vendant où il veut, et en ayant à supporter le moins de contraintes possibles en matière de droit du travail et de conventions sociales.

P.Barnevick, ancien président de la multinationale ABB.

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