Bénin : Patrice Talon, un ami devenu encombrant pour sa garde rapprochée ?

Raphael NAMIER

Le Bénin, autrefois modèle de démocratie en Afrique de l'Ouest, vient de faire un saut gigantesque dans l'autoritarisme, sous la férule de son président de la République, Patrice Talon, qui a évincé les partis d'opposition des législatives du 28 avril dernier. Un tournant désastreux pour l’image du pays et de ses institutions, mais aussi pour celle du chef de l’Etat et de ses hommes de confiance, dont beaucoup ont bâti leur carrière autour de la défense des libertés individuelles, du libéralisme et de l’Etat de droit. Comme un hiatus.

Deux enseignements peuvent être tirés des élections législatives béninoises du 28 avril dernier, auxquelles n’étaient autorisées à participer que deux formations politiques pro-régime. Tout d’abord, le Bénin, modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, cité en exemple sur le continent, voire même à l’extérieur, a achevé de glisser vers un modèle autoritaire de l’exercice du pouvoir, au grand dam de tous les observateurs du pays – et des citoyens, surtout. Ensuite, le scrutin, qui tient davantage de la gabegie électorale qu’autre chose, vient prouver que, derrière tout personnage politique autocratique, se cache en réalité une frustration profonde.

Confiscation du pouvoir

Frustration, en l’occurrence, d’un président, Patrice Talon, élu en 2016 – à l’époque, le pays voyait en lui un « visionnaire » – et qui n’aurait pas supporté, selon certains politologues, de voir son projet de réforme constitutionnelle retoqué à deux reprises par le Parlement. Exit, par conséquent, ses désirs de grandeur, lui qui se voyait déjà rentrer dans l’Histoire en tant que premier président africain à instaurer un mandat de 7 ans. Jusqu’à cette manipulation de la procédure électorale pour évincer de facto, quelques mois avant les législatives polémiques, tout parti politique d’opposition. Une opposition qui avait d’ailleurs déjà tourné le dos à un chef de l’Etat accusé de confondre son patrimoine et celui de l’Etat, et d’avoir recours à la justice du pays pour éliminer ses adversaires politiques.

Aujourd’hui, personne n’est dupe. Les élections du 28 avril dernier n’ont pas fait que consacrer une Assemblée nationale « monocouleur » : elles devraient entrainer l’adoption de la réforme constitutionnelle de Patrice Talon, qui pourra se maintenir au pouvoir afin, notamment, de faire fructifier ses affaires dans le pays– le magazine Forbes Afrique estimait son patrimoine à plus de 400 millions de dollars en 2015 –, comme le redoute une opposition qui a d’ores et déjà appelé à la tenue d’un nouveau scrutin. S’il y a peu de chance qu’elle soit entendue par le régime, ses principales armes pourraient être néanmoins les fidèles du président Talon, tentés de se désolidariser d’un homme devenu bien trop autoritaire pour eux.

Olivier Boko, William Bourdon et Romuald Wadagni : péril en la demeure ?

On le sait, le monde des affaires supporte très mal les écarts anti-démocratiques. Ceux-ci pouvant rejaillir à tout instant sur l’image des entreprises qui flirteraient d’un peu trop près avec les régimes illibéraux. Raison pour laquelle Olivier Boko, homme de l’ombre de Patrice Talon, à la tête de la société anonyme Denrées et fournitures alimentaires (DFA), ex-Société intercontinentale de commercialisation et de négoce (Sicone), pourrait avoir du souci à se faire. Jeune Afrique, qui le présente comme « compagnon fidèle » de Talon, rappelait en 2017 qu’il était déjà « visé par les mêmes accusations d’association de malfaiteurs et de tentative d’assassinat » que le chef de l’Etat, sur la personne de Thomas Boni Yayi, ex-président béninois. Ses clients et fournisseurs étrangers pourraient être tentés, à présent qu’Olivier Boko évolue dans le giron d’un autocrate, de revoir une bonne fois pour toutes leurs partenariats.

Que dire, également, de William Bourdon, avocat français de la Ville de Paris et de Transparency International, notamment, qui a fait de la lutte contre les dictatures et pour la démocratie un engagement de carrière ? Le défenseur de Patrice Talon reverra-t-il les termes de sa relation avec le président béninois qui n’hésite pas à se servir de la justice de son pays à des fins politiques ? Pour rappel, William Bourdon, en 2010 et 2011, avait défendu des hommes d’affaires qui s’opposaient à la privatisation du processus judiciaire dans leurs pays d’origine...

Enfin, le ministre béninois de l’Economie et des Finances, Romuald Wadagni, proche parmi les proches de Talon, de tous les voyages présidentiels et « très sollicité » par le président, selon Jeune Afrique, était promis à un bel avenir politique. Le « meilleur ministre des Finances de l’année 2018 en Afrique », selon les « Financial Afrik Awards », qui sait allier l’économique et le social dans ses choix d’acquisitions, ne verra-t-il pas, cependant, ce futur prometteur lui échapper, en raison de sa trop grande proximité avec un chef de l’Etat ultra autoritaire ? Parce que Patrice Talon pourrait constituer la principale faiblesse de sa garde rapprochée, il n’est pas exclu que celle-ci s’en éloigne petit à petit.

COMMENTAIRES  

27/05/2019 15:51 par george

ce récit est un propos rapporté de voleur qui se disent de l’opposition qui fuit à l’exil au lieu de se défendre.
j’invite le journaliste qui à publié à se rendre au bénin afin de comprendre le processus qui a amené à cette
élection soit disant sans opposition.c’est beaucoup plus nuancé et cette opposition médiocre a joué à la politique de la chaise vide.
si vous le journaliste pensé que le bénin était en démocratie , demander vous pourquoi un petit pays de 10 millions d’hab est toujours aussi pauvre avec un PIB proche de son voisin le togo. La démocratie ne se résume pas à faire appel au peuple tous les cinq ans à déposer un bulletin dans l’urne et l’oublier après.sachez ce petit pays avait plus de 200 partis avec des député de quartier ne repentant pas le territoire national.
il faut leur dire d’aller se conformer aux nouveau loi en se regroupant en bloc pour couvrir tout le territoire.
il y a les élections communale qui arrive dans moins d’un an sinon il vont encore dire que talons a pris toute les mairie.
on est fatiqué de cette vielle classe politique qui ne pensent qu’a eux au lieu du peuple.
cette opposition qui était au pouvoir a fait un KO( elu directe au 1er tour) , ce qui était impossible avec tous ces partis, personne n’a appeler à la révolte et maintenant qu’ils sont écartés du partage du gâteau ils aboient et demande une ingérence extérieure pour renverser un président plébiscite à + 60 %.

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