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Auteur : Benjamin LE LOUARN

Tuer Bardamu

Benjamin LE LOUARN

Louis Ferdinand Destouches est un incontournable qui ronge. Pour ses partisans, l’auteur du Voyage au bout de la nuit est traité comme un chien crevé, et voué aux gémonies par des coteries jalouses et médiocres. Pourtant, force est de constater que ce Saint-Sébastien hérissé de flèches fascine tous les écrivains – et même l’ensemble de la planète littéraire. L’œuvre de Céline est cette ruine sulfureuse à honorer nécessairement, comme un rituel d’encanaillement, pour tous ceux qui, après lui, entendent explorer le rapport de l’écriture au langage, à la parole et au réel. Il est l’éternel absent qu’on lit honteusement, en frissonnant d’excitation. Une ambiguïté dont on raffole, archétype du mauvais garçon et lieu de tous les transferts, de toutes les projections.

Ce cintré dont se délectent les “jouisseurs” Bien souvent, le tempérament créatif est porté à l’excessivité et à la dispersion. Privé d’un logiciel de réflexivité historique, l’écrivain risque l’éclectisme ou l’irrationalisme. Céline ne se contente pas de partager ce tempérament versatile, ou de flatter chez ses contemporains, et ceux qui vont suivre, cette prédisposition de caractère. Autrement, il ne serait qu’une plume parmi d’autres, bien dans l’ère du temps : contre-révolutionnaire. Plus fondamentalement, Céline procède à une systématisation littéraire du despotisme des pulsions, que viennent compenser des marmonnages compassés. Dans l’exacte mesure où le Céline littéraire n’a aucun surmoi, le Céline réel, païen cosmétique, est un véritable crapaud de bénitier. Dans ses fictions, comme ses “analyses” littéraires, ses pamphlets ou, pire encore, sa correspondance, Louis Ferdinand Céline est toujours prêt à déduire un péché du moindre plaisir de banquet. Cigarettes, alcool, batifolage et fornication, autant de vices (...) Lire la suite »
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