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Auteur : Edward S. HERMAN

Krugman, Poutine et le New York Times (Dissident Voice)

Edward S. HERMAN
Paul Krugman est un journaliste-spécialiste de premier plan, sans doute, le plus instructif parmi les journalistes qui écrivent régulièrement pour le New York Times. Il a mûri au cours de ses années au Times, probablement au grand dam des grosses légumes du journal. Quand il a été embauché comme chroniqueur permanent en 2000, Krugman était un fervent défenseur de l'économie de marché, et dans sa toute première tribune (le 2 janvier 2000), il reprochait aux manifestants lors du Sommet de l''Organisation Mondiale du Commerce qui s'étaient rassemblés à Seattle (12/99) de traiter la mondialisation d'"idéologie de et pour une élite cosmopolite sans racines, déconnectée des gens ordinaires". Il affirmait alors que le motif des manifestations était de "priver les travailleurs du Tiers Monde de chances de réussir". Le problème majeur pour le siècle à venir, tel que le voyait alors Krugman, était de savoir si cette récente révolution bénéfique qu'était la mondialisation obtiendrait une adhésion massive. Krugman (...) Lire la suite »

Le cinglé, le démagogue et l’ex-colonel du KGB

Edward S. HERMAN
Le cinglé c’est John Kerry, qui s’est complètement grillé à faire la navette avec empressement entre Washington et Tel-Aviv pour tenter de jeter au moins « les bases » d’un accord israélo-palestinien (susceptible de créditer de quelque progrès ses gesticulations d’honnête courtier), tout en dénonçant avec véhémence le Président du Venezuela, Nicolas Maduro, pour « la campagne de terreur qu’il mène contre son propre peuple », et en dénonçant bien évidemment les Russes pour leur « agression » contre un régime ukrainien issu d’un coup d’État. Sa vibrante déclaration : « On ne peut tout simplement pas au XXIe siècle se comporter comme au XIXe et envahir un pays sur le dernier des faux prétextes », est un archétype d’argument Orwellien, et dans l’improbable hypothèse où son nom apparaîtrait un jour dans les livres d’histoire, il pourrait bien se réduire à cette unique phrase. Ce coup d’éclat a instantanément déclenché une explosion d’hilarité et de sarcasmes en tous genre parmi les médias dissidents. Quant aux autres, ils (...) Lire la suite »

La “Responsabilité de protéger ” (R2P) comme instrument d’agression

Edward S. HERMAN

La « responsabilité de protéger » est une fausse doctrine conçue pour miner les fondements mêmes du droit international

La « responsabilité de protéger » est une fausse doctrine conçue pour miner les fondements mêmes du droit international. C’est le droit réécrit en faveur des puissants. « Les structures et les lois sous-jacentes à l’application de la R2P exemptent les exécuteurs des grandes puissances des lois et règles qu’ils imposent aux puissances inférieures. » La Responsabilité de Protéger (R2P) et le concept d’intervention humanitaire datent tous les deux du lendemain de l’effondrement de l’Union Soviétique – qui levait subitement toutes les entraves que cette Grande Puissance avait pu jusqu’ici opposer à la constante projection de puissance des États-Unis. Dans l’idéologie occidentale, bien sûr, les États-Unis s’étaient efforcés depuis la Seconde Guerre mondiale de contenir les Soviétiques ; mais ça, c’est l’idéologie… En réalité, l’Union Soviétique avait toujours été bien moins puissante que les États-Unis, avec des alliés plus faibles et moins fiables, et de 1945 à sa disparition en 1991 elle avait finalement toujours été (...) Lire la suite »

« Les crimes des Etats-Unis ne sont jamais appelés génocides en Occident »

Edward S. HERMAN
Algeriepatriotique : Quelle est votre position par rapport à la crise syrienne ? Edward S. Herman : Il s’agit d’une guerre par procuration déguisée en guerre civile qui implique l’intervention de nombreux pouvoirs étrangers, et menée par les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite, Israël et la Russie. L'intervention russe est la plus défendable puisqu’elle apporte son aide à un allié de longue date, la Russie étant la seule amie réelle de la Syrie dans la zone méditerranéenne. Les autres intervenants ont essayé de renverser le pouvoir syrien pour le remplacer par une marionnette à leur solde, et de détruire un Etat souverain qui ne serait plus un rival sérieux pour Israël. C’est une situation terrible pour les Syriens et pour le monde, avec un droit international en lambeaux – spécialement le droit contre les agressions, cœur de la charte des Nations unies – et un peuple en train d’être détruit. Vous avez travaillé sur la propagande des médias. Pouvez-vous nous expliquer le rôle des médias mensongers dans la (...) Lire la suite »

USA : Pire que Chutzpah ! (Z Net)

Edward S. HERMAN

CHUTZPAH : désigne le dernier degré de l’arrogance, de l’impudence, de la plus totale absence de honte ou de scrupules. Synonyme généralement péjoratif d’audace, d’insolence, d’impertinence, il cesse d’être péjoratif dans les milieux où l’impudence est de règle… En hébreu, le mot chutzpah marque une indignation envers quelqu’un qui a dépassé outrageusement et sans vergogne les bornes du comportement acceptable.

Quand on voit la Secrétaire d'État Hillary Clinton et le président Barack Obama, l'air grave et offusqué, mettre en garde la Syrie contre un recours aux armes chimiques, « totalement inacceptable » selon Obama, ou « qui passerait la ligne rouge et dont les responsables auraient à en répondre » selon H. Clinton, et qu'on voit le New York Times [comme la plupart des médias occidentaux] et tout l'establishment occidental reprendre et soutenir ces déclarations, on reste baba devant une aussi époustouflante hypocrisie. Alors que les États-Unis, précisément, détiennent le record d'utilisation des armes chimiques dans le monde, se sont toujours opposés à la signature d'accords internationaux visant à en interdire l'utilisation, et utilisent aujourd'hui régulièrement leur armement à uranium appauvri (armement à la fois nucléaire et chimique, dont le nombre et le type de victimes va bien au-delà des cibles directes) dans tous les conflits qu'ils déclenchent ! L'utilisation massive d'Agent orange au Vietnam ou de (...) Lire la suite »

L’hypocrisie du « deux poids deux mesures »

Edward S. HERMAN

Les doubles standards ne datent pas d’hier, mais je me demande si, à l’instar de l’hypocrisie ambiante, ils n’ont pas atteint de nouveaux sommets en ces temps de « guerre contre le terrorisme », « d’interventions humanitaires » et de prétendue « responsabilité de protéger » (R2P), apanage absolu des interventionnistes planétaires - ceux-là mêmes qui ont fini par institutionnaliser la torture (érigée de facto en option politique légitime), les « extraordinary renditions » (arrestations et déportations arbitraires vers des régimes tortionnaires), le recours intensif au bombardement par drone (« double tap » inclus), et qui ont décrété que la planète entière était une « free fire zone » (zone de feu à volonté).

(double standard : norme duplice ou discriminatoire, autrement dit « deux poids, deux mesures ») Ces mêmes planificateurs de frappes, qui ne jurent plus que par leurs drones, nous rebattent constamment les oreilles avec « nos valeurs », tandis qu'ils massacrent et terrorisent à merci, et se posent en défenseurs des droits de l'Homme et de la démocratie agissant en état de « légitime défense ». George W. Bush n'avait prétendument agressé l'Irak que par peur des armes de destruction massive de Saddam Hussein - une prétendue menace, montée de toutes pièces. Mais sitôt qu'il ne fut plus possible de cacher qu'il s'agissait d'une fraude et que déjà des centaines de milliers de personnes avaient été tuées à cause de ce mensonge, on lui reconnut le mérite d'imposer par les armes la liberté et la démocratie en Irak - sans se demander pourquoi il n'allait pas les imposer aussi en Arabie Saoudite ou au Bahreïn, ou pourquoi il les réduisait au contraire dans son propre pays ! Mais cette sanglante entrée en matière en (...) Lire la suite »
Tuer est notre affaire et les affaires marchent bien...

Produire des « Etats Ratés »

Edward S. HERMAN

Pendant la Guerre du Vietnam, au-dessus de l’entrée d’une base américaine on pouvait lire : « Killing Is Our Business, and Business Is Good. » (« Tuer c’est notre affaire, et les affaires marchent fort »). Et en effet, les affaires marchaient vraiment très fort au Vietnam (de même qu’au Cambodge, au Laos ou en Corée), où on comptait par millions le nombre de civils tués. D’ailleurs elles se sont plutôt bien maintenues aussi après la Guerre du Vietnam.

Les massacres ont continué sur tous les continents, aussi bien directement que par l'entremise de « proxies » (1), partout où la « sécurité nationale » américaine avait besoin de bases, de garnisons, d'assassinats, d'invasions, de campagnes de bombardements, ou de sponsoriser des régimes assassins et d'authentiques réseaux et programmes terroristes trans-nationaux, pour répondre à la « menace terroriste » qui ne cesse de défier le pauvre « géant pitoyable » (2). Dans son excellent ouvrage sur l'ingérence des États-Unis au Brésil (United States Penetration of Brazil, Pennsylvania University Press, 1977), Jan Knippers Black montrait déjà il y a des années, combien l'acception merveilleusement élastique du concept de « sécurité nationale » peut être élargie, en fonction de ce qu'une nation, une classe sociale ou une institution estime qu'elle devrait pouvoir recouvrir. Au point que ce sont précisément « ceux dont la richesse et la puissance devraient en principe garantir la sécurité, qui sont en fait les plus (...) Lire la suite »