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Auteur : Antonio GRAMSCI

Je hais les inconscients

Antonio GRAMSCI, PERSONNE

« On domine d’autant mieux que le dominé en demeure inconscient. Les colonisés et leurs oppresseurs savent que la relation de domination n’est pas seulement fondée sur la suprématie de la force. Passé le temps de la conquête, sonne l’heure du contrôle des esprits. C’est pourquoi, sur le long terme, pour tout empire désirant durer, le grand enjeu consiste à domestiquer les âmes. » (I. Ramonet, « Un délicieux despotisme »)

Je hais les inconscients. Ceux qui se moquent des conséquences de leurs actes, de leurs décisions. Comme ceux, plus nombreux, qui sont dénués de conscience politique, de conscience de classe. Je crois comme Friedrich Hebbel que « vivre signifie être partisan ». Il ne peut exister seulement des hommes, des étrangers à la cité. Celui qui vit vraiment ne peut qu’être citoyen de plein exercice, et prendre parti. Être citoyen de plein exercice, c’est ne pas se limiter à la parodie démocratique qui se renouvelle à intervalles réguliers. La façade démocratique cache le secret d’État, comme le secret des affaires : le régime est devenu de connivence, comme le gouvernement est devenu bonne gouvernance. L’inconscience, c’est l’aboulie, le parasitisme, la lâcheté, l’individualisme, la versatilité, c’est la négation du libre arbitre, ce n’est pas la vie. C’est pourquoi je hais les inconscients. Je hais ceux qui se mettent en marche à la première injonction et qui sont juste bons à jouer les utilités, ceux qui confondent (...) Lire la suite »

Pensées gramsciennes (sous-titre : Pourquoi les Shadoks marchent-ils ?)

PERSONNE, Antonio GRAMSCI

À l’heure de la Macronie triomphante qui semble avoir trouvé la pierre philosophale, à l’heure de la « société civile » qui est En Marche ! , il est peut-être salutaire de parcourir les « Cahiers de prison » de Gramsci : les mots d’hier gardent-ils leur pertinence, suscitent-ils une certaine résonance ?

De l’hégémonie culturelle : Tout État est éthique dans la mesure où une de ses fonctions les plus importantes est d'élever la grande masse de la population à un certain niveau culturel et moral, niveau (ou type) qui correspond aux nécessités de développement des forces productives et par conséquent aux intérêts des classes dominantes. L'école, comme fonction éducatrice positive, et les tribunaux comme fonction éducative, répressive et négative, sont les activités de l'État les plus importantes en ce sens : mais, en réalité, à ce but tendent une multiplicité d'autres initiatives et d'autres activités dites privées qui forment l'appareil de l'hégémonie politique et culturelle des classes dominantes. La conception de Hegel appartient à une période où le développement en extension de la bourgeoisie pouvait sembler illimité, d'où la possibilité d'affirmer le caractère éthique de la bourgeoisie ou son universalité : tout le genre humain sera bourgeois. Mais, en réalité, seul le groupe social qui pose la fin de l'État (...) Lire la suite »

Je hais le nouvel an

Antonio GRAMSCI

Le site dormirajamais vient de republier ce texte décalé de Gramsci.

Chaque matin, à me réveiller encore sous la voûte céleste, je sens que c’est pour moi la nouvelle année. C’est pourquoi je hais ces nouvel an à échéance fixe qui font de la vie et de l’esprit humain une entreprise commerciale avec ses entrées et sorties en bonne et due forme, son bilan et son budget pour l’exercice à venir. Ils font perdre le sens de la continuité de la vie et de l’esprit. On finit par croire sérieusement que d’une année à l’autre existe une solution de continuité et que commence une nouvelle histoire, on fait des résolutions et l’on regrette ses erreurs etc. etc. C’est un travers des dates en général. On dit que la chronologie est l’ossature de l’Histoire ; on peut l’admettre. Mais il faut admettre aussi qu’il y a quatre ou cinq dates fondamentales que toute personne bien élevée conserve fichée dans un coin de son cerveau et qui ont joué de vilains tours à l’Histoire. Elles aussi sont des nouvel an. Le nouvel an de l’Histoire romaine, ou du Moyen Âge, ou de l’Époque moderne. Et elles sont (...) Lire la suite »
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