Golias, janvier 2008.
Le discours de Sarkozy au Latran : Catholique et Français, toujours !
La nomination du président de la République Française au titre de chanoine de saint Jean de Latran est une coutume qui remonte, paraît-il, à Henri IV, une de ces vieilleries dont l’Eglise catholique garde jalousement le secret. Ca peut toujours servir. Mettant à profit ce rituel désuet, l’actuel Président a prononcé, dans le palais du Latran et devant une brochette de cardinaux, un discours qui défigure la République et l’Eglise, un discours déplacé au sens le plus rigoureux du terme.
(...) Il faut l’entendre faire le pape : « Comme Benoît XVI, je considère qu’une nation qui ignore l’héritage éthique, religieux, spirituel de son histoire commet un crime … » « Je partage l’avis du pape quand il considère, dans sa dernière encyclique, que l’espérance est une des questions les plus importantes de notre temps. » « Comme l’écrivait Joseph Ratzinger dans son ouvrage sur l’Europe… » Ainsi égalé au « Premier » de l’Eglise catholique romaine, il va se permettre de pâtir avec ceux qui ont souffert ou qui souffrent de la loi de séparation ( dont il est théoriquement le gardien !). « Je sais les souffrances que sa mise en oeuvre a provoquées en France chez les catholiques, chez les prêtres, dans les congrégations, avant comme après 1905. »
Il va célébrer la religion catholique comme « notre religion majoritaire ». Comme le pape, il va exhorter urbi et orbi, les congrégations, les prêtres, l’épiscopat même, rien ne l’arrête, et pour finir … les séminaristes. Et là encore il va pâtir avec eux, comme jamais il ne le fera avec aucun sans-papiers ou autres insignifiants du pays. C’est que les séminaristes en valent la peine ! En tant qu’ évêque-président, il va même les conforter dans leur foi : « Je sais que votre quotidien est ou sera parfois traversé par le découragement, la solitude, le doute. Je sais aussi que la qualité de votre formation, le soutien de vos communautés, la fidélité aux sacrements, la lecture de la Bible et la prière, vous permettent de surmonter ces épreuves. » ( On voit qu’en matière d’éloquence religieuse, il a plus de marge qu’avec le pouvoir d’achat des fonctionnaires ! )
Enfin, pour parfaire son identification personnelle aux ministres de droit divin, tels du moins qu’il les rêve, il joue la confidence : « Sachez que nous avons au moins une chose en commun : c’est la vocation. On n’est pas prêtre à moitié, on l’est dans toutes les dimensions de sa vie. Croyez bien qu’on n’est pas Président de la République à moitié … Je comprends les sacrifices que vous faîtes pour répondre à votre vocation parce que moi-même je sais ceux que j’ai faits pour réaliser la mienne. » Un chroniqueur notait récemment : « L’Elysée est un endroit rêvé pour tout faire, absolument tout, y compris autre chose (2)... » Nous y voilà tout à fait ! On peut même envisager un changement de régime. Il va s’en occuper lui-même. (...)
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Sarkoky, le pape et Carla, par Vincent Présumey.