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Les interventionnistes : des emmerdeurs ou des coopérants ?

Il y a à peine une semaine, la Secrétaire d’État des États-Unis avec ses collègues du Canada et du Mexique invitaient les Haïtiens à se prendre en main et à solutionner eux-mêmes leurs problèmes, prenant pour prétexte que la « communauté internationale » (parlant d’eux-mêmes) ne pouvait pas tout faire. Pas un instant leur est venu à l’esprit que le peuple haïtien se porterait sans doute beaucoup mieux si leurs relations avec ce pays avaient été moins interventionnistes et plus coopératives. Depuis la mise à la porte du Président Aristide par les GI, ils n’ont pas cessé d’en contrôler la gouvernance.

Plus au sud, le Venezuela et la Colombie vivent depuis plusieurs semaines de véritables désastres causés par des pluies comme jamais ils n’en avaient eues. En Colombie comme au Venezuela il y a des morts, de nombreux affaissements de terrains, des dizaines de milliers de familles qui doivent être hébergées dans des zones plus sécuritaires. Dans les deux pays c’est l’état d’urgence et les gouvernements doivent faire vite pour faire face à la situation.

En Colombie, le Président Juan Manuel Santos a décrété l’état d’urgence économique, social, écologique, mesure qui lui permettra de légiférer pour une période de 90 jours, l’autorisant à prendre des crédits internationaux et à utiliser des ressources budgétaires sans l’approbation du Congrès. Tout cela s’est fait sans que personne quelque part dans le monde s’en scandalise et pour cause.

Au Venezuela, le Président Chavez a demandé à l’Assemblée nationale de voter une loi, la Loi habilitante, qui lui donnera les pouvoirs nécessaires pour affronter l’état de crise que vivent des centaines de milliers de personnes. Cette disposition est prévue dans la Constitution et ne peut être décrétée unilatéralement par le Président comme c’est le cas en Colombie. Elle doit être débattue et votée par l’A.N. Ce fut fait jeudi dernier avecl’appui de 157 voix, amplement suffisant pour être validée au premier tour. Vendredi, le 17 décembre, le Président l’a sanctionnée. Dans les circonstances, il n’y avait vraiment rien pour scandaliser qui que ce soit.

Mais voilà que la Secrétariat d’État à Washington, plus préoccupée d’ « emmerder » que de « coopérer », a eu le temps de donner une conférence de presse pour dénoncer cette « loi habilitante » qui donne au Président Chavez les pouvoirs nécessaires pour accélérer les mesures à prendre pour venir en aide aux populations affectées par ces pluies torrentielles. Voilà que soudain, ce qui avait été interprété comme tout à fait naturel pour la Colombie devient, pour le Venezuela, matière à une campagne internationale de dénigrement contre le Président Chavez.

Cet acharnement contre le Venezuela et le Président Chavez n’a d’autre fondements que ces intérêts oligarchiques et impériaux qui ne peuvent se résigner à ce qu’un peuple s’affirme et assume son propre destin. Chavez est, à ce jour, celui qui représente le mieux la grande majorité des Vénézuéliens et c’est pour cette raison qu’ils votent pour lui et l’appui dans ses initiatives. Cette démocratie sur laquelle l’empire et les oligarchies n’ont pas de prise est un véritable poison qui tue le simulacre de démocratie dont ils se font hypocritement les apôtres.

Dans les nouvelles de ce matin, on apprend que Chavez se trouve de nouveau confronté à une nouvelle vague de tueurs à gage, plus nombreux que les vagues antérieures, dont l’objectif premier est de le tuer. Il a rassuré les siens en disant que ces menaces n’allaient pas l’enfermer dans une tour d’ivoire, mais qu’il allait plutôt et avec encore plus d’énergie se consacrer au service de son peuple et ,en ces temps particuliers, au service des plus affectés par ces pluies torrentielles.

Je pense que Chavez et son peuple méritent tout notre respect et j’ose espérer que la machine à la désinformation s’évanouira vite dans les ténèbres d’où elle vient.

Oscar Fortin

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Jean Bricmont est professeur de physique théorique à l’Université de Louvain (Belgique). Il a notamment publié « Impostures intellectuelles », avec Alan Sokal, (Odile Jacob, 1997 / LGF, 1999) et « A l’ombre des Lumières », avec Régis Debray, (Odile Jacob, 2003). Présentation de l’ouvrage Une des caractéristiques du discours politique, de la droite à la gauche, est qu’il est aujourd’hui entièrement dominé par ce qu’on pourrait appeler l’impératif d’ingérence. Nous sommes constamment (…)
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