Cet anniversaire de l’abolition du mur a déjà commencé depuis plusieurs semaines, et rien que les couvertures des magazines me faisaient vomir, car on sentait déjà le triomphalisme. Faut bien se repasser de vieux films hein, vu qu’on est incapable de se projeter dans l’avenir, devant la débâcle à venir (la Crise n’étant qu’à ses tous débuts), tout en se repassant les plats congelés.
Une petite piqure de rappel sur l’organisation belliciste qu’on appelle OTAN : tout comme Blum nous éclaire sur les sabotages en ex-Allemagne de l’Est (qui rappellent, en plus modéré, l’attitude criminelle des USA envers Cuba), il faudrait rappeller le terrorisme d’état du Gladio -voir le livre essentiel de Daniele Ganser "Nato’s secret armies"- et de ses clones de milices stay-behind, pour salir les comunistes et briser l’influence des PC italien et français (entre autres saloperies).
Quand je lis des articles comme celui-ci de Blum ou le ton général d’un site comme http://www.dedefensa.org/, qui peut parler de la Russie de Gorby à Medvedev avec une forme d’audace qui me semble inoüie à notre époque où les meRdias sont incapables de jouer leur rôle de contre pouvoir, je respire. Pour résumer, entre autres audaces, Dedefensa :
– Réfute complètement les hagiographies triomphalistes occidentalistes de la chute du mur et du rideau de fer,
– Réfute le discours sur la justification a posteriori de l’escalade militaire et nucléaire des américains qui aurait été un mal nécessaire, et efficace pour débarrasser le monde des tyrans soviétiques, et empêcher leur invasion (fantasmée) des pays dits libres,
– Considère la Russie actuelle en matière de politique étrangère comme un élément stabilisateur et structurant (ya qu’a voir comment ce pays a été trainé dans la boue lors de la mini-guerre de Georgie en été 2008 - avec ensuite l’ONU qui confirme un an après que la provocation venait bien du chouchou géorgien - l’Occident encore RI-DI-CU-LI-SE sur la scène internationale avec le coup des fraudes massives de la réélection Karzaï - fraudes bien avérées ELLES, au contraire de certaines autres "fraudes" électorales qui firent les 1ères pages de la presse pravda occidentaliste),
– A la plus haute estime pour... Mikhaïl Gorbatchev (carrément considéré comme le "seul homme politique notable de la fin du XXème siècle"), sans être dans l’adoration fanatique : ils estiment que la liquidation de l’URSS, qui on le rappelle était une initiative lucide venant du Haut et ne fut en aucun cas consécutive à un soulèvement populaire (d’où le caractère grotesque du ton triomphaliste de l’Occident) - les rédacteurs manifestent souvent une forme d’admiration pour cette initiative de liquidation, interprétée comme le renoncement adulte et consenti, par une élite lucide, à un rêve impérialiste, ce qui représente pour eux un acte politique assez unique dans l’Histoire (qui selon eux, implique aussi une forme de capacité de visionnaire -même s’il y a eu entre temps Elstine-, et ne peut donc pas être interprété comme un acte de défaite penaude comme il fut acclamé bruyamment par les vautours qui se léchèrent les babines) ; Comme le disait avec esprit un haut responsable russe : "En liquidant l’Union Soviétique, nous vous avons donné le pire des services : vous priver d’un Ennemi".
– Font des parallèles très intéressants entre la douloureuse transition russe (qui est loin d’être achevée) suite à cette décision Historique, avec les gesticulations pathétiques des américains pour préserver leurs banques zombies et à tout prix sauver le système (là où les russes après avoir tout fait pour préserver l’Union et contrôler les esprits, ont eu une attitude jugée adulte) ; comparent également le retrait encore une fois lucide des russes d’Afghanistan et les americains qui persistent dans le bourbier et refusent d’avoir la même attitude (on rêverait d’entendre un responsable gringo dire comme De Gaulle au retrait d’Algérie : "C’est bon, on a compris !") ;
Bref on aurait tant à gagner à reprendre, comprendre, relire l’expérience de l’ex-URSS de fin 1970 à 1991 non pas avec nos yeux de vautours qui aiment picorer des larmes et notre grille de lecture arrogante, pathétique, nombriliste, méprisante envers les expériences des autres peuples, mais admettre cetaines similarités formelles actuelles avec eux (Afghanistan, militarisme, murs aux frontières contre les éléments étrangers, presse pravda, Unions antidémocratiques -celles de l’Europe et les USA-, Centres destructurants -Bruxelles pour nous, le gouvernement fédéral US-) ; MAIS précise Dedefensa, les dirigeants russes de la glasnost ont au moins pour eux le mérite d’avoir "pressenti" l’Histoire, là où les élites européïstes béni-oui-oui et nordaméricaines sont sidérantes de prétention et de déni devant la réalité de l’échec de leur système ! Allons-y gaiement avec cette Union Européenne atlantiste bornée qui est un système absurde et auto-bloquant ! Imposons le Marché Transatlantique Libre sans même consuler les peuples (après tout, ils ont bien violé la souveraineté populaire avec les coups d’états déguisés que furent la ratification du Traité de Lisbonne en douce chez nous et aux Pays-Bas) ! Continuons à bombarder, coloniser, massacrer les malheureux irakiens et afghans et menaçons les pakistanais et les iraniens ! Sauvons les banques zombies avec de nouvelles bulles ! Etc.
Je répète qu’il ne s’agit pas d’angéliser les russes et de diaboliser les américains, il s’agit d’avoir une vision de l’histoire originale, qui m’est aparue dépoussierrée par rapport à ce que j’ai appris à l’école et la propagande des messe-medias. Le texte concernant le livre de Grasset "La Grâce de l’histoire" http://www.dedefensa.org/article-pour_introduire_la_grace_de_l_histoire_17_10_2009.html où cette fois-ci c’est un parallèle entre la France -qui est pour eux une nation- et les USA -qui est pour eux un pays anhistorique- était encore un réjouissant stimulant intellectuel que je désespère de voir dans nos meRdias (il ne s’agit pas d’être forcément d’accord, mais de lire des avis alternatifs qui font réfléchir).
Je me permets un apparté : les réflexions toujours intéressantes de Dedefensa sur ce "peuple de vaincus" que seraient les russes m’ont fait penser à un autre "peuple de vaincus" généralement traîné dans la boue, méprisé ou jugé avec condescendance : les arabes. Chez eux, il y a également eu la renonciation très très douloureuse à un rêve, celui du nationalisme arabe. Même si au contraire de l’élite russe de la glasnost, ce n’est pas formel, c’est plus diffus, car il existe toujours des mouvements dont l’antécédent politique est le panarabisme. Et ils sont opposés à une autre population aussi orgueilleuse, triomphaliste et arrogante que l’Occident le fut avec les russes : les israéliens, qui EUX refusent de faire le deuil de leur rêve égoïste, ici le Grand Israël (un truc basé sur du vent, un bouquin -la Bible- auquel la grande majorité de l’humanité ne croit pas). Dans ce cas aussi, la "grandeur" historique n’est pas forcément là où on le croit...
On peut ne pas être d’accord sur tout (ce qui m’agace un peu chez Dedefensa, c’est l’insistance sur le virtualisme pour parler des américains -même si tout ce qu’ils disent sur ses effets est parfaitement juste-, dans le sens où on a presque l’impression à les lire, que les responsables politiques étatsuniens criminogènes sont surtout victimes de leur virtualisme, car c’est presque les dédouaner - pour moi non, ils ONT un caractère proto-faschiste avec les pays étrangers qui leur sont rebelles, ils ne sont pas juste pris au piège de leur propre mise en scène de com’).
PS : Que LGS m’excuse de cette digression, mais ce sont les lectures chez ce site, de l’ancien article publié ici de CLM houspillant Gorbatchev http://www.legrandsoir.info/article8167.html, et l’énervante vantardise sur les "vaincus" chez nous à l’occasion de cet anniversaire, qui m’ont fait réagir.