On rigole, on rigole, mais c’est tout juste à pleurer.
Les affaires Woerth, Karachi, les troufions morts ramenés d’Afghanistan, la Côte d’Ivoire mise au pas dans le sang, la Libye soudain réduite à l’état de ruine et de cimetière. Aux noms de la France et de la démocratie... Sans que personne ne bouge ni se soulève...
Gavroche, mon Gavroche, l’impertinent Zadig, Aragon, Eluard, où êtes-vous ? Et vous, les 23 de l’Affiche rouge, les Guy Môquet, les Casanova, les Rol-Tanguy, les Fabien ? Où êtes-vous ?
Délocalisations, chômage, crises, un prolétariat vaincu, couché, soumis, groggy et hébété. Pire que l’Assommoir. Où es-tu Vallès, et toi Rimbaud ?
Ferrat chantant Ma France, Léo délirant des oppressions anarchisées, ce vieux Paris retors, brouillon, sublime, à deux doigts des barricades ?
Salut à vous, sans-culottesthermidoriens, frères jacques, rebelles de tous les temps, soyeux de Lyon, paysans du midi rouge ?
Salut à vous, Communards, 68tards, et vous autres fêlés, insoumis, marginaux, fous, petit peuple de la cour des miracles, héritiers de Rutebeuf et de Villon...
Que sommes-nous donc devenus ?