Le manque absolu de martyrs dont souffre la contre-révolution cubaine, est proportionnel à son manque de scrupules. Il est difficile de mourir à Cuba, non seulement parce que l’espérance de vie est égale à celle des pays dits "civilisés" - personne ne meurt de faim, malgré le manque de ressources, ni à cause des maladies guérissables-, mais parce que la loi et l’honneur règnent.
Les "Dames en Blanc" et Yoani (Sanchèz) pourraient être arrêtées et jugées selon les lois en vigueur - dans aucun pays les lois ne peuvent être violées : par exemple, recevoir de l’argent et collaborer avec l’ambassade d’Iran (un pays considéré comme ennemi) aux États-Unis peut occasionner la perte de tous les droits civils dans cette nation-, mais elles savent qu’à Cuba personne ne disparaît ni n’est assassiné.
Par ailleurs, certains offrent leur vie par idéal pour le bonheur des autres, non pour leur propre intérêt. C’est ce qui s’est passé avec la mort lamentable d’Orlando Zapata, un prisonnier de droit commun - avec un lourd passé délictueux, n’ayant rien à voir avec la politique. Cela réjouit intimement ses hypocrites et "douloureux" partisans. Ceux-là mêmes qui ont transformé, après beaucoup d’allers et venues en prison, Orlando Zapata en "activiste politique", en ont fait le candidat parfait pour l’auto exécution.
C’était un homme "malléable" pour les groupuscules et facile à convaincre pour qu’il persistât dans une grève de la faim absurde, assorties de demandes impossibles (une cuisine personnelle et un téléphone dans sa cellule) qu’aucun des meneurs réels n’a eu le courage d’avouer.
Chaque grève antérieure de "dissidents" avait été annoncée comme devant déboucher sur une mort probable, mais les grévistes renonçaient toujours en bon état de santé. Incité et encouragé à poursuivre jusqu’à la mort - ces mercenaires se frottaient les mains dans l’attente qu’il meure, malgré les efforts permanents des médecins-, le cadavre de Zapata s’exhibe maintenant avec cynisme comme un trophée collectif.
Les médias -les mercenaires étasuniens et de la droite internationale-tournaient comme des vautours autour du moribond. Son décès est un festin. Ils l’offrent en spectacle. Ils ne s’apitoient pas de la mort d’un être humain mais ils l’arborent presque avec joie et l’utilisent à des fins politiques préméditées. Le cas de Zapata me rappelle celui-là de Pánfilo : les deux ont été manipulés et, d’une certaine façon, conduits à l’autodestruction de manière préméditée pour satisfaire des nécessités politiques étrangères : l’un encouragé à une grève de la faim persistante de 85 jours (il en avait déjà réalisé d’autres qui, antérieurement, avaient affecté sa santé) ; l’autre, alors qu’il était en plein processus de désintoxication alcoolique, invité à boire pour qu’il dise face au tribunal ce qu’on voulait lui faire dire.
Je me demande si cela n’est pas une accusation contre ceux qui s’approprient maintenant sa "cause". Ils ont raison d’affirmer que c’était un meurtre, mais les médias cachent le véritable assassin.
Par Enrique Ubieta
(traduit de l’espagnol par Pierre Huguet)
Source : http://www.cubadebate.cu/opinion/2010/02/24/zapata-un-muerto-util/
EN COMPLEMENT
DÉCLARATIONS DE RAàšL CASTRO RUZ, PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ÉTAT ET DU CONSEIL DES MINISTRES, SUR LE DÉCàˆS DU DÉTENU ORLANDO ZAPATA TAMAYO,
EL MARIEL, 24 FÉVRIER 2010
Nous le regrettons beaucoup.
Il avait été condamné à trois ans de réclusion, mais il a commis d’autres délits en prison et sa peine s’est accrue. Après, on l’a conduit dans nos meilleurs hôpitaux. Il est décédé, nous le regrettons beaucoup.
Dans notre confrontation avec les USA, nous avons perdu malheureusement des milliers de Cubains, surtout victimes du terrorisme d’État. Entre morts et invalides, cela fait environ cinq mille, sans compter des milliers d’autres blessés qui sont parvenus à se rétablir. Des diplomates à nous ont même été assassinés à l’étranger ou faits disparaître dans d’autres pays.
Le jour où les USA décideront de vivre en paix avec nous, tous ces problèmes finiront et nous en surmonterons bien d’autres. Nous devons tout simplement nous habituer à vivre en nous respectant les uns les autres.
L’administration étasunienne dit vouloir discuter avec nous et nous sommes prêts à discuter avec elle tous les problèmes qu’elle veut. Je l’ai dit trois fois au Parlement : tous, tous, tous. Nous n’acceptons de discuter que si l’égalité absolue règne entre les deux parties. Elle peut parler de toutes les questions de Cuba, mais nous avons aussi le droit à notre tour de parler de toutes les questions des USA.
Nous ne reconnaissons à aucun pays, aussi puissant qu’il soit, ni à aucun groupement de pays, comme l’Union européenne, le droit de s’immiscer dans nos affaires intérieures. A partir de là , nous sommes prêts à discuter de tout.
En un demi-siècle, nous n’avons assassiné personne ici, nous n’avons torturé personne, nous n’avons jamais réalisé une exécution extrajudiciaire. En fait, à Cuba, oui, on a torturé, mais sur la base navale de Guantánamo, par sur le territoire où gouverne la Révolution.
ANTÉCÉDENTS DE ORLANDO ZAPATA TAMAYO
Orlando Zapata Tamayo, quarante-deux ans, ne fait pas partie des mercenaires jugés et condamnés en mars 2003 (il n’est pas un des 75).
Il purgeait une peine de vingt-cinq ans de réclusion après avoir été condamné en 2004 à trois ans pour désordre public, outrage à magistrat et résistance. Son passé de délinquant relève du droit commun.
Il avait été jugé et condamné à plusieurs reprises, dès juillet 1990, pour des délits de droit commun, dont désordre public, dégâts, résistance, escroquerie (deux chefs d’accusation), exhibitionnisme public, blessures et port d’armes blanches. Une fois en prison, il avait été puni plusieurs fois pour désordre en établissement pénitentiaire et outrage à magistrat.
En 2001, il s’est lié à la contre-révolution, contacté entre autres mercenaires par
Oswaldo Payá Sardiñas et Marta Beatriz Roque.
En 2003, il est de nouveau incarcéré. Dès lors, il a réalisé plusieurs actions violentes, agressant des fonctionnaires pénitentiaires. Il a refusé à de nombreuses occasions de manger la nourriture de la prison, ne consommant que les aliments reçus de sa famille.
Il a commencé à faire la grève de la faim le 18 décembre 2009, refusant de recevoir des soins médicaux. Il a pourtant été transféré d’abord au poste médical de la prison, puis à l’hôpital provincial de Camagüey et enfin à l’hôpital national des détenus à La Havane.
Il a subi partout des examens cliniques et reçu toute l’assistance médicale requise, dont des soins intermédiaires et intensifs et une alimentation volontaire par voie parentérale (intraveineuse) et digestive (par sonde), et a disposé de tous les médicaments et traitements nécessaire jusqu’à son décès, ce que sa propre mère a reconnu.
Le 3 février, il a fait une poussée de fièvre qui a disparu en vingt-quatre heures. On a diagnostiqué ensuite une pneumonie qui a été traitée aux antibiotiques et par des traitements plus avancés. Les deux poumons ayant été touchés, on l’a placé en respiration artificielle jusqu’à son décès.
Après l’emprisonnement de Zapata Tamayo, sa mère, Reyna Luisa Tamayo, s’est engagée dans les activités de groupes contre-révolutionnaires, ce pour quoi elle a reçu de l’argent d’organisations contre-révolutionnaires opérant aux Etats-Unis, telle la Fondation nationale cubano-américaine.