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Thème : Agatha Christie

Halloween et inégalités sociales chez Agatha Christie

Rosa Llorens

En Grande-Bretagne, selon la coutume, le soir de Halloween, on se réunit pour raconter des histoires de fantômes ou de morts ; les Etats-Unis ont radicalisé le concept : pour Halloween, on accomplit des meurtres rituels – dans la réalité comme au cinéma.

Mais Agatha Christie pratiquait déjà les meurtres de Halloween : il faudrait chercher combien de ses romans se passent à cette époque de l’année (ainsi, Un meurtre sera commis le... commence un 29 octobre). Un roman en tout cas est emblématique de cette ambiance macabre : Le crime de Halloween (1969). Pourquoi cette délectation saisonnière pour les meurtres ? Relire Agatha Christie à la lumière de l’étude de Denis Duclos : Le complexe du loup-garou. La fascination de la violence dans la culture américaine (1994) peut être éclairant. Deux grandes idées ressortent de sa thèse : la fascination pour la violence n’est pas seulement liée à l’histoire de la conquête des vastes espaces amérindiens, et au vertige qui naît de la toute-puissance actuelle des Etats-Unis ; elle vient du fonds mythologique des peuples nordiques et anglo-saxons, constamment réactivé aux EU par les thrillers et les films s’inspirant des personnages de serial killers et de leurs carrières. Pourquoi cette obsession dans la culture (...) Lire la suite »

Au-delà du spectaculaire des Dix petits Nègres, le charme discret du racisme chez Agatha Christie

Rosa LLORENS
Curieuse mésaventure, que celle d’Agatha Christie, indéboulonnable interprète du politiquement correct pendant cinquante ans, aujourd’hui montrée du doigt par le politiquement correct à la sauce des années 2000 ! On peut encore trouver, sur une même étagère, les Dix petits Nègres, et Ils étaient dix, nouveau titre insipide, d’allure nostalgique, pas vraiment stimulant pour un polar. Mais il ne s’agit pas seulement d’un changement de titre : le mot « nègre » apparaît 73 fois dans le roman ; c’est donc à toute une réécriture qu’on s’est attelé, remplaçant les statuettes de Nègres par des statuettes d’Indiens. Mais est-ce vraiment une victoire de la lutte anti-raciste ? On peut se sentir choqué par le fait que l’Indien apparaisse comme une version euphémistique du Noir, et que la figure et l’histoire des Amérindiens soient ainsi considérées comme anodines ; quant au titre qui s’était imposé aux Etats-Unis dès 1940, Et il n’en resta plus aucun, on pourrait y voir une référence cynique à l’extermination des Indiens, (...) Lire la suite »

La grippe au temps d’Agatha Christie... et aujourd’hui

Rosa LLORENS
On nous a convaincus que le Covid 19 était une maladie sui generis, et que cette épidémie était quelque chose d'inouï. Pourtant, en relisant, pour se détendre un peu, Agatha Christie, on reconnaît ici et là des notations familières. La grippe revient souvent dans ses romans, et il y a à cela de bonnes raisons : elle-même en a souffert, et elle a été contemporaine de la plus terrible épidémie de grippe qui ait frappé l'Europe depuis le Moyen-Age, cette grippe « espagnole » qui fit, à travers le monde, de 50 à 100 millions de morts. C'est ainsi qu'on lit dans son Autobiographie : « cette année-là [1915-16], j'attrapai une mauvaise grippe, qui tourna en congestion pulmonaire et me tint éloignée de l'hôpital [où elle travaillait comme infirmière volontaire] pendant trois semaines ou un mois ». Ou bien, dans La Maison du péril, la victime potentielle raconte que son père « a été blessé pendant la guerre et rapatrié, puis il a attrapé une pneumonie et il est mort en 1919 » : même si Agatha Christie ne la nomme (...) Lire la suite »
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